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Communiqué n° 1923 : Sur les manifestations de jeunesse

Communiqué n° 1923, mardi 12 avril 2016
Sur les manifestations de jeunesse

Le parti de l’In-nocence est affligé de voir d’importantes fractions de la jeunesse de France, tandis que son pays est envahi et occupé par des peuples étrangers, ne descendre en masse dans la rue qu’afin de défendre de petits intérêts corporatistes, n’exprimer d’inquiétude qu’au sujet de son futur statut d’employé, ne raisonner en tout, déjà, qu‘à l’instar d’employés, dont le plus grand cauchemar serait de ne plus l’être. Maîtresse de l’école, maîtresse de l’industrie de l’hébétude, la dictature de la petite bourgeoisie a gagné : de toutes les composantes de la société, la plus aliénée, la plus petit-embourgeoisée, c’est la jeunesse. Celle d’antan a parfois lutté pour la liberté, celle d’aujourd’hui se bat pour la sécurité dans le servitude sans contrainte.

Le parti de l’In-nocence remarque d’autre part que l’appel constant à l’égalité, cette égalité qui a déjà détruit l’école, détruit la culture, détruit la famille, détruit la citoyenneté, cesse de se faire entendre, bizarrement, dès qu’il s’agit de l’emploi : car exiger de certains hommes qu’ils en emploient certains autres alors qu’ils n'en auraient pas ou plus besoin, pour les employer, en somme, pour les payer, c’est évidemment créer deux catégories de citoyens (ce que le vieux paternalisme avait bien compris). À la vérité le problème n’a jamais été l’emploi, mais le revenu. Il n’y a pas de problème de l’emploi. Ce peut-être à l’État et au contrat social d’assurer le gîte et le couvert — éventuellement avec contre-partie — à ceux qui, provisoirement ou à jamais, n’y suffisent pas par eux-mêmes ; ce n’est certainement pas à quelque caste néo-féodale, les “employeurs”, dont la mission sur terre serait d’employer, comme aux prolétaires il ne reviendrait, selon l’antique définition, que de faire des enfants. Salariat et assistanat doivent cesser de constituer l’horizon indépassable de toute mise en condition socio-pédagogique. « Vous êtes quelle société ? » ne doit plus signifier « Où êtes vous employé ? », comme pour les standards téléphoniques, mais : « Quelle est la forme de votre liberté ? ».
« Mais l’histoire et même le sens commun ne laissent pas de nous apprendre que ces idées de parfaite égalité, malgré leur apparente séduction, sont dans le fond impraticables ; et que, praticables, elles seraient extrêmement pernicieuses à la société humaine. Rendez les possessions aussi égales que vous pourrez : les différents degrés d’art, d’application et d’industrie qu’on rencontre chez les hommes, ne tarderont pas à rompre cette égalité. Si vous contrariez ces vertus, vous réduisez la société à la plus extrême indigence ; et au lieu d’éviter à quelques-uns le besoin et la misère, vous y plongez inexorablement toute la communauté. Ajoutons que l’inquisition la plus rigoureuse serait nécessaire pour guetter le moindre début d’inégalité, ainsi que la plus sévère législation pour la punir et la corriger. Mais outre le fait que tant d’autorité ne manquerait pas de dégénérer bientôt en tyrannie et de s’exercer avec beaucoup de partialité, qui donc pourrait en être le dépositaire dans la situation que nous supposons ? La parfaite égalité des possessions, détruisant toute espèce de subordination, affaiblit extrêmement l’autorité des magistrats et conduit inévitablement à niveler toute espèce de pouvoir aussi bien que de propriété. »

David Hume – Essais et traités sur plusieurs sujets – Trd. Michel Malherbe.
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