Pour un bloc euro-africain

Le Grand remplacement n'existe pas ; la Trilatérale est un fantasme ; le mondialisme une illusion :


(Agence Ecofin) - Rédigé par 5 auteurs dont Peter Sutherland, PDG de Goldman Sachs International, et Elisabeth Guigou, ex ministre française, présidente de la commission des Affaires étrangères, le dernier rapport de la Commission Trilatérale plaide pour la création aussi rapide que possible d’une communauté euro-méditerranéenne, dans un premier temps, puis euro-africaine.

Pour Peter Sutherland, les printemps arabes ont créé les conditions pour l’établissement d’un grand marché unique EuroMed qui permettra de multiplier par 3,5 à 4 les échanges entre l’Europe et l’Afrique du Nord en conjuguant l’expérience et les moyens de l’Europe avec la jeunesse et le dynamisme d’une population africaine jeune.

Selon les auteurs, ce marché nécessitera une « Europe ouverte », ce qui implique quatre libertés fondamentales : libre circulation des biens, y compris agricoles et textiles, des services, du capital et surtout des personnes. C’est sans doute sur ce dernier point de la libre circulation que le projet aura le plus peine à se réaliser pour des raisons politiques.

Cette libre circulation est pourtant inéluctable aux yeux des auteurs car l’Europe, vieillissante aura de toute façon besoin d’immigration.

D’ici 2050, la population européenne comptera 500 millions d’habitants, tout comme les pays d’Afrique du Nord et du Moyen Orient. Pour Elisabeth Guigou, avec la population de l’Afrique subsaharienne qui rassemblera 2 milliards d’habitants en 2050, un « bloc euro-africain atteindrait alors 3 milliards d’êtres humains », c’est-à-dire plus que la Chine et un tiers de la population mondiale.

La Commission Trilatérale est une organisation privée créée en 1973 par les Américains David Rockefeller, Henry Kissinger ou encore Zbigniew Brzezinski. Elle regroupe plus de 300 personnalités parmi les plus influentes dans les domaines politique, économique et intellectuel. Son but est de rapprocher les points de vue et les intérêts entre les grandes régions du monde, plus particulièrement l’Amérique du Nord, l’Europe et l’Asie Pacifique.

Plus d’information : www.trilateral.org

Rédigé par 5 auteurs dont Peter Sutherland, PDG de Goldman Sachs International, et Elisabeth Guigou, ex ministre française, présidente de la commission des Affaires étrangères

Une liste d'auteurs qui fait vraiment froid dans l'dos.

Hobbes, dans le chapitre XXIV du Léviathan, affirme que le modèle politique repose sur le modèle biologique, au sens où les deux exigences de toute communauté sont de produire et de se reproduire, c.a.d. de protéger les citoyens du danger de la mort. Nous avons hélas largement dépassé ce stade-là... Maintenant, pour Guigou et ses amis, nous devons disparaître !

D’ici 2050, la population européenne comptera 500 millions d’habitants, tout comme les pays d’Afrique du Nord et du Moyen Orient. Pour Elisabeth Guigou, avec la population de l’Afrique subsaharienne qui rassemblera 2 milliards d’habitants en 2050, un « bloc euro-africain atteindrait alors 3 milliards d’êtres humains », c’est-à-dire plus que la Chine et un tiers de la population mondiale.

Ces gens qui comptabilisent les humains et les pèsent comme sacs de blé appellent sur eux l'Apocalypse. Ils raisonnent non point en politiques mais suivant une logique d'éleveurs de ferme industrielle. Nous ne sommes rien d'autres que veaux, vaches et cochons de consommateurs dont les comportements doivent être rentabilisés par des regroupements, remembrements, assemblages, découpes par secteurs, mises en vaine pâture, économies d'échelle et facteurs de prolifération.

Comment osent-ils, en 2016, raisonner en termes de blocs d'humains indifférenciés et indistincts à une échelle pluricontinentale, et vouloir modeler l'avenir des hommes sur pareil raisonnement ? Ils n'ont pas le droit de nous faire ça. Nous sommes autres que cela !

Ce type de "plan" -- je ne sais au juste comment nommer ce type de projection/prospective en forme de plan des opérations proposé aux politiques -- vaut insulte à l'humaine condition. On aimerait pouvoir faire entendre à ces auteurs que l'humaine condition les dépasse ; que nous en sommes et qu'ils n'en sont point. Leur faire entendre que ce jeu d'apprenti sorcier sur l'humain n'est plus de mise après les catastrophes qu'il a produites durant le plus clair du siècle passé ; qu'ils en sont encore à la théorie des blocs comme en 1950, quand les "scientifiques" pensaient l'humain comme le rat ; qu'ils sont très en retard sur tout en général et sur nous en particulier ; que nous ne sommes ni de l'animal humain, ni du matériau conditionnable comme farine de blé, ni non plus leurs inférieurs, ni même leurs égaux. Nous leur sommes inébranlablement supérieurs et nous demeurerons jusqu'au bout réfractaires à leurs vues sur nous. Nous les méprisons et ne leur cèderons sur rien.

Ce qu'ils ont décidé de ne pas comprendre, ou qu'ils ne comprennent que trop bien (pour mieux nous mépriser), c'est que si l'homme est de l'énergie, de la matière, de la vie, il est aussi quelque chose de plus. C'est ce "plus" qui lui donne toute sa spécificité.
Il y a un ordre totalitaire, un ordre réductionniste, qui consiste à évacuer la spécificité de l'homme. Ce totalitarisme est l'un des plus graves dangers qui nous menacent. Au lieu de permettre à l'homme de prendre appui sur ce qu'il a de spécifique, sur ce qui le fonde en-tant-qu'homme, pour exploiter sa condition et, dans un second temps, pour se dépasser, il vise à le ramener au dessous de lui-même : soit à un quelconque biologisme, soit, ce qui est le plus courant, à un mécanisme, à une physique sociale.

Je me suis replongé récemment dans l'oeuvre du grand Lévi-Strauss et j'y ai découvert quelque chose qui m'avait échappé en première lecture : l'objectif avoué de la résolution de l'humain en non humain.

Lisez plutôt ce passage : "Nous croyons que le but dernier des sciences humaines, n'est pas de constituer l'homme, mais de le dissoudre (...). Après avoir résorbé les humanités particulières dans une humanité générale, il faudrait réintégrer la culture dans la nature et finalement la vie dans l'ensemble de ses conditions physico-chimiques" (La pensée sauvage).

Retrouvé également ceci, d'Althusser : "On ne peut connaître quelque chose des hommes qu'à la condition absolue de réduire en cendres le mythe philosophique de l'homme" (Pour Marx).

"L'homme est en train de disparaître", écrit M. Foucault dans "Les mots et les choses".

Cet extrait de Lévi-Strauss véhicule l'idée même des développements de Koestler que je suis en train de traduire dans le fil sur "la névrose noogénique". Les idées de la Trilatérale ne sont rien que ce que la "science" du XXe siècle a produit dans la nuit du siècle dernier. Ces imbéciles prétentieux ont presque 80 ans de retard sur nous qui lisons ces auteurs critiques et visionnaires des années 50 et 60 (Koestler, Lévi-Strauss, etc.).

Le Foucault des Mots et des Choses (1966) est en effet très contemporain du Koestler de Rébellion sous vide (1969), et traite de la même problématique, mais dans une optique toute différente, Koestler n'étant pas anti-humaniste comme pouvait l'être le Foucault d'alors.

Cet extrait de Lévi-Strauss véhicule l'idée même des développements de Koestler que je suis en train de traduire dans le fil sur "la névrose noogénique".

Absolument Francis. Ca m'a aussitôt frappé moi aussi.