"Je ferai le bonheur des Français malgré eux..."

M. Hollande et Mme Merkel se sont consultés après les événements de la fin de semaine dernière au Royaume-Uni et ailleurs, par ministres des Affaires étrangères interposés. La dépêche vient de tomber :

"Les ministres français et allemand des Affaires étrangères appellent dans un document commun publié lundi à Berlin à renforcer l'intégration "politique" en Europe en réponse à la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.

"Nous allons faire de nouvelles avancées en direction d'une union politique en Europe, et nous invitons les autres Etats européens à nous rejoindre dans cette entreprise", écrivent Frank-Walter Steinmeier et Jean-Marc Ayrault dans un document en allemand publié sur le site internet du ministère allemand.

Ils viennent d'apprendre que les peuples d'Europe (en Hollande, en France, en Angleterre, en Autriche et dans l'Est) ne veulent pas d'une intégration politique du corps supranational européen. Leur réaction est immédiate, ils annoncent qu'ils ont tiré la leçon des événements : ils vont mettre les bouchées doubles pour réaliser cette intégration, de manière plus poussée, plus résolue et le plus rapidement possible. Le populisme ne passera pas !

"Je ferai le bonheur des Français malgré eux" annonçait le Premier ministre de Vichy Pierre Laval au début de l'année 1944...

Au fait, pourquoi ce document est-il publié à Berlin ???

En effet, le choix indiscuté de Berlin comme lieu, destination finale du sauvetage de l'UE, est tout à fait frappant. Je suis par ailleurs sidéré par le ton menaçant et agressif qu'utilise Juncker à propos de la sortie effective de la Grande-Bretagne de l'UE. J'entends bien qu'en se comportant très lourdement de la sorte il met à mots couverts la pression sur d'autres pays désireux de claquer la porte, mais tout de même, un peu de tenue, de composure, Jean-Claude!

S'agissant du couple franco-allemand, la formule couramment désormais admise est la France, passager clandestin de l'Allemagne.
Dans ces conditions pourquoi s'étonner que les choses soient discutées à Berlin ?

A titre d'exemple, pour bien comprendre ce qu'est l'Allemagne, considérons le projet Iter, ce projet international de recherche sur la fusion nucléaire, dans lequel sont parties prenantes tous les pays industriels de la planète, Allemagne, y-compris. Pour autant, l'Allemagne développe son propre projet nommé 'Stellarator' ou Wendelstein 7-X. Y-a t-il un autre pays capable d'une pareille performance ?
Bref:
Si le Salon de l'Agriculture incarne la France,
si le Salon de la machine Outil incarne l'Allemagne;
entre la France et l'Allemagne, il y a sans doute autant de différence qu'entre une personne qui vend des frites, et une autre qui vend des friteuses.

Faire le bonheur des Européens malgré eux. Tout le monde n'est pas d'accord en Europe :

La Première ministre polonaise Beata Szydlo a déclaré ce lundi que "le duo franco-allemand" n'avait plus de rôle décisif à jouer dans les réformes à mener dans l'Union européenne après le Brexit. "Je ne pense pas que le duo franco-allemand puisse faire quelque chose de nouveau pour l'Union européenne", a déclaré Beata Szydlo à la chaîne d'information en continu publique TVP Info.

"La France et l'Allemagne disent : 'Approfondissons l'intégration de l'UE'. Nous, nous disons : non, on ne peut pas poursuivre dans cette voie. Cette UE-là n'existe plus. Les Britanniques ont rejeté cette vision de l'UE au référendum", a souligné Beata Szydlo.

"Oui, l'Union doit changer, elle a besoin d'un nouveau traité et nous allons proposer des changements. (...) On a besoin de nouveaux visages, d'une nouvelle vision, d'une nouvelle conception", a-t-elle ajouté, reprenant l'idée d'un nouveau traité lancée par Jaroslaw Kaczynski, chef du parti Droit et Justice (PiS) au pouvoir en Pologne

Pour éviter que l'on puisse dire des mensonges, nanni Juppé a la solution : empêcher le débat, comme une méchante maîtresse d'école :

Le maire de Bordeaux s'est également déclaré défavorable à un référendum sur le maintien ou non dans l'Union européenne six mois après l'élection présidentielle de 2017. "Aujourd'hui, faire un référendum c'est offrir sur un plateau une victoire à des partis qui feront une campagne mensongère", a-t-il ajouté.

Il n'y aura pas de référendum parce que s'il y en avait un, certains pourraient avancer des mensonges et remporter la majorité dans les urnes alors c'est non. Non et non ! J'ordonne le silence !

Le maire de Bordeaux s'est également déclaré défavorable à un référendum sur le maintien ou non dans l'Union européenne six mois après l'élection présidentielle de 2017.


Désolé mais Alain Juppé, notre-futur-Président-selon-les-médias, s'occupe de questions autrement plus sérieuses que de savoir si oui ou non il faudra un référendum sur le maintien ou pas de la France au sein de l'UE ! On a pu le voir, par ex., saluer les passagers du "Petit Train Vert" lors de sa visite à Colmar le 22 mai 2016… Apparemment il ne s'opposerait à la tenue d'un référendum du genre : "Pour ou contre des Petits Trains Verts dans toute la France ?"


[www.youtube.com]

Peter Sutherland, l’ancien Commissaire européen à la concurrence, ancien directeur général de l’OMC, actuel président de l’European Policy Center et actuel président de Goldman Sachs International a diffusé le tweet suivant suite à la victoire du Brexit au référendum britannique :




« La jeune génération au Royaume-Uni a été sacrifiée, tout ça à cause d’une déformation des faits et des conséquences. D’une façon ou d’une autre, ce résultat doit être annulé. »

BBC

Je viens d'entendre ce même Alain Juppé, maniant la langue française avec une grâce prometteuse, déclarer :

"Il s'agit pas de s'antagoniser avec la Grande-Bretagne, bla, bla, bla..."