En effet, ce n'est ni de la science-fiction, ni de la fiction puisque
ça existe. Je voulais simplement suggérer que tenter de réfléchir à ce genre de phénomène implique d'en passer par un lexique et un style de SF (androïd, norms, upload que sais-je ?). Autrement dit un lexique et un style de facture
littéraires échouent à rendre compte du phénomène. On doit fatalement user de ce type de vocabulaire qui, précisément, empêche les amateurs de littérature, les intellectuels profonds, de lire plus de trois pages de SF, ce qui les conduit, généralement, faute de mots, à ne pas prendre au sérieux les modifications comportementales induites par la technologie, à hausser les épaules, à tout ramener au bon vieux "outil" ou au méprisable "gadget", à se persuader que le
réel reprendra le dessus et balaiera ces fadaises technologiques ou à sombrer dans la déploration. Même choses pour les "politiques", englués dans leur propre jargon dixneuviémiste et bien empêchés, on peut les comprendre, de légiférer sur la présence de "Pokémon" sur la voie publique...
L'analogie avec les "ready-made" de Marcel Duchamp me parait aussi pertinente que glaçante, quand on songe au fait que l'art ne s'est jamais vraiment remis de son meurtre par le dadaïsme. En sera-t-il de même pour ce qu'il est convenu d'appeler la réalité, si les "applications" mises en circulation dans le sillage de ces "Pokémon" se multiplient et se perfectionnent ?