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Forcément inéquitables, par Pierre-Noël Giraud

Envoyé par Gérard Rogemi 
Assez bon article paru hier dans Le Monde.

Imprévisible. Un large consensus qualifie la crise en cours de crise de confiance. Tirons-en donc toutes les conséquences : elle ne se terminera qu'avec le retour de la confiance et ses dégâts seront d'autant plus importants qu'elle aura duré. Comment se reconstitue la confiance ? Il y faut certes quelques gestes forts des gouvernements : fournir des liquidités et fixer des prix planchers aux marchés déboussolés en reprenant ou en assurant certains des actifs les plus risqués.

En la matière, le plan Paulson est ce qu'il convient de faire. Sur ce socle, la sortie de crise ne peut résulter que d'une décision collective des acteurs financiers. Qu'ils craignent qu'elle continue, elle continuera. Qu'ils décident de reprendre confiance, ses conséquences resteront modérées. C'est pourquoi, proclamer en toute occasion : "Ce n'est pas si grave !", loin d'être le fait de cyniques hypocrites qui dissimulent la vérité au peuple, manifeste l'intelligence de ceux qui ont compris que la finance est dominée par des anticipations autoréalisatrices.

Evidemment, le retour de la confiance obéit à des lois encore plus impénétrables que sa disparition : la longueur de la crise, la profondeur de ses conséquences économiques et ce qu'à la fin il en aura coûté d'argent public restent donc imprévisibles

La suite i c i
Très interessante recension trouvée sur le site Econoclaste

Le commerce des promesses
Titre : Le commerce des promesses.
Auteur : Pierre Noël Giraud
Editeur : Le Seuil
Parution : 2001
Prix : 20,90 €


La finance n'est que l'activité qui consiste à vendre des promesses sur une richesse qui sera peut-être créée plus tard. elle propose d'acquérir et de vendre des droits qui pourraient s'avérer être en excès a posteriori. C'est là le fil rouge de ce livre tout à fait sympathique. Il faut croire en tout cas que cette perspective est féconde. En effet, à partir de cette idée, Giraud est capable de dresser un panorama des questions liées à la finance plutôt complet, très cohérent et d'une grande fluidité.

Plutôt complet car il faut bien reconnaître qu'en balayant les thèmes de la gestion du risque dans une économie complexe, du financement des investissements, du système de paiement, de la valorisation des entreprises, des crises financières, des inégalités, du financement des retraites et quelques autres encore, l'auteur fait largement le tour de la question. On pourrait craindre alors le syndrome du catalogue sans autre liant que celui des numéros de chapitres. Ce n'est pas le cas. Chaque paragraphe est une étape dans le raisonnement. Et les renvois (pertinents) à des thèmes précédemment évoqués ou à venir le confirment tout au long du livre. On pourrait alors redouter une lecture soit aride soit un peu superficielle. Là encore, Giraud rend une excellente copie. Les pages théoriques, où les concepts clé sont efficacement résumés, s'imbriquent avec la présentation de faits stylisés s'y rapportant.

Par ailleurs, des remarques personnelles, généralement brèves, jalonnent le livre. Traduction des convictions de l'auteur, elles ne s'imposent jamais bruyament dans la progression de l'exposé. Le lecteur éprouve cette impression assez rare de lire le travail de quelqu'un qui a souhaité présenter un état des savoirs sur un thème et donner son sentiment sans pour autant chercher à braquer les projecteurs sur sa personne ou sur ses sensibilités. Le style de l'ouvrage, où le "je" est très présent, ne doit pas faire illusion. Il ne s'agit généralement pas d'un "moi" orgueilleux, mais plutôt de celui du conférencier qui s'adresse à un public bien vivant et qu'il souhaite proche (à la manière du "Victoires et déboires" de Bairoch).

Une seule exception peut être : quand il s'agit d'évoquer la question de la formation des cours des actifs financiers, Giraud devient insistant : la notion de valeur fondamentale n'a pas de sens, Keynes l'a dit et Giraud le répète, qu'on se le dise. Autre point qui tient à coeur à l'auteur, l'accent est mis sur l'importance de la question de la répartition en économie. Pour lui (même s'il n'est pas le seul ni le premier à le clamer), c'est la question fondamentale de l'économie. Et là encore, sa démonstration est d'une grande cohérence. Puisque tôt ou tard, nous montre-t-il, les droits créés par la finance sont excessifs, il faut bien que certains paient pour d'autres en n'accédant pas à tous leurs droits. Il faut bien renflouer une grande institution financière en difficulté, il faut bien qu'une moindre croissance se matérialise dans une évolution plus ou moins asymétrique des salaires et profits, il faut bien accepter l'idée que si l'économie réelle n'a pas tenu les promesses de la finance, il doit y avoir des perdants. Qu'on le veuille ou non, qu'on la nomme ou pas, la répartition nous rattrape toujours. Et ici encore, on apprécie le recul de l'auteur. S'il considère, de manière un peu axiomatique cela dit, que les entreprises ne peuvent pas s'abstraire d'une logique de rentabilité financière, il juge que la société ne pourra s'accomoder longtemps des charrettes brutales façon Michelin, Danone ou Mark's and Spencer. Liencier pour tenir la concurrence, pourquoi pas ? Mais des actionnaires réellement soucieux de leurs intérêts à plus ou moins long terme ne seraient-ils pas capables de comprendre que si on peut laisser partir un PDG avec des millions de dollars de stock-options, il est tout à fait imaginable de dédommager aussi les salariés licenciés ? Sur ce sujet comme sur d'autres (le nucléaire par exemple, défendu en quelques lignes), les points de vue de Giraud sont intéressants, car assez peu développés en fin de compte. Pas question d'imposer des principes ou solutions fermes, juste émettre des conjectures, et laisser entrevoir des possibilités de débat.

Ce livre est donc un exercice rédactionnel tout à fait remarquable, je ne peux que le conseiller à ceux qui souhaitent faire le point sur les enjeux de la finance moderne
Pardonnez-moi, cher Rogemi, mais la prose de ce Pierre-Noël Giraud est une épreuve !

"Un large consensus qualifie la crise en cours de crise de confiance"
"Tirons-en donc toutes les conséquences"
"Comment se reconstitue la confiance ?"
"le plan Paulson est ce qu'il convient de faire"
"la longueur de la crise, la profondeur de ses conséquences économiques et ce qu'à la fin il en aura coûté d'argent public restent donc imprévisibles"

Le rédacteur de cet article est, paraît-il, professeur d'économie à l'Ecole des Mines...
Ah, mais je vois qu'il a également commis un livre !
La fin de la confiance obéit à des lois qui à la fin se révèleront aussi impénétrables que celles de son retour. Evidemment, car le retour de cette disparition comme on le sait, ne présume aucunement de la longueur de la crise, laquelle, imprévisible dans ses conséquences, ne sera connue dans sa profondeur que par l'argent public qu'elle aura coûté. CQFD.

Pierre-Noël Giraud, Premier puériculteur de France.
Citation
ne sera connue dans sa profondeur que par l'argent public qu'elle aura coûté. CQFD.

Je ne crois pas que l'on apprenne vraiment un jour combien nous aura coûté en argent public cette crise ... qui ressemble beaucoup au tonneau des Danaides.
La confiance est peut-être une denrée volatile, mais c'est une denrée nécessaire... N'oublions pas tout de même que l'agent public investi l'est, en grande partie, à racheter à bas pris des actions de sociétés, actions dont le sort peut être surprenant... Je comprends celui qui, maintenant, achète du Fortis...
Utilisateur anonyme
03 octobre 2008, 14:56   Journée de crise en direct du Café du Commerce
Effets de la crise, en vrac :

- Courses à Lapeyre (magasin d'équipements d'huisseries) où j'accompagne un ami à qui je donne un coup de main sur un chantier de rénovation : trois semaines d'attente pour obtenir un certain type de fenêtre : les carnets de commande sont archi-pleins.

- Trouver difficilement une table en terrasse, entre midi et deux : tous les restaurants sont pleins. Deux énormes motos de science-fiction (à trois roues) garées, des voitures partout.

- Courses dans un supermarché : caddies à bloc dans tous les rayons, une heure de queue pour payer.

- Deux douzaines de lampadaires "néo-rustiques" installés au village en remplacement des autres (qui, bien sûr, éclairaient très bien)

- Salon de l'érotisme : 27 euros l'entrée, centaines de visiteurs.
Utilisateur anonyme
03 octobre 2008, 15:20   Re : Journée de crise en direct du Café du Commerce
Vous ne m'avez pas reconnu, au moins ?
C'était vous, la sono, avec les voix de bandeurs célèbres ?
Utilisateur anonyme
03 octobre 2008, 17:08   Voices band Les Églogueurs
Hein, quoi, j'ai pas entendu…

(Père Favor, piano il sono !)
Utilisateur anonyme
03 octobre 2008, 17:40   Les Églogueurs à explosion
Ah ? J'avais plutôt cru l'apercevoir vrombissant là-dessus : Bombardier présente le roadster Spyder - Moto Station
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