On connaît l'affaire : le mois dernier, une équipe de télévision dirigée par Bernard de La Villardière (lui-même écrit bizarrement son nom avec une capitale à “de”) est agressé par la racaille d'une cité de Sevran alors qu'elle tourne une des séquences d'une émission sur l'islam en France. L'agression est filmée et rapidement diffusée. La majorité des collègues de La Villardière s'en prend à ... lui, sous prétexte qu'il aurait provoqué l'agression. Pour en savoir davantage on peut regarder ce qui s'est passé réellement
ici ou lire les explications du journaliste agressé
sur sa page facebook..
Ce qui m'intéresse, dans cette affaire, c'est la réaction des journalistes. La presse bien-pensante, au premier rang de laquelle on trouve l'Express, Libération, 20minutes, Canal + (l'émission d'Hanouna), prend donc le parti de la racaille contre l'équipe de M6. Prenons
l'article de d'Éric Mettout, éditorialiste à L'Express. Il y a, au début de son libelle, cette incroyable phrase : « On ne s’invite pas sans leur consentement chez des gens » à propos d'une équipe de télévision venue tourner dans l'espace public d'une cité. Donc Éric Mettout sait que cet espace n'est plus public, qu'il s'agit d'un “territoire perdu de la République”, et il trouve ça normal, il écrit que c'est « chez les gens ». Et du reste La Villardière en était parfaitement conscient puisqu'on le voit, dans la séquence de l'agression, s'énerver en disant que c'était son pays et qu'il avait le droit d'y tourner.
Cela m'a rappelé cette extraordinaire scène, rapportée par “Le Monde” il y a plus de dix ans je crois : accueillie dans un quartier immigré (ce que les journalistes appellent aujourd'hui un “quartier populaire”) de la ville dont elle est le maire par un imam, Martine Aubry se voit gratifiée d'un jovial « Bienvenue chez nous ! ». Bien entendu, elle n'a pas moufté. C'est extrêmement clair : si c'est chez “eux” et que ce n'est donc pas chez “nous” cela nous signifie très précisément deux choses ; la première est qu'ils ne font pas partie du “nous” national — précisément ce qu'expriment une foule d'autres faits (leur habitude de nous appeler “les Français”, de se faire enterrer “au pays”, de sortir leur drapeau, etc) que seuls refusent de voir et de comprendre les aveugles volontaires ; la deuxième est qu'ils s'approprient, au sens le plus fort du terme, des portions de plus en plus nombreuses de notre territoire (ce que les imbéciles appellent les “quartiers de relégation”) — précisément ce que l'on appelle une conquête. Et lorsque l'éditorialiste de l'Express prend acte de cette conquête, qu'il approuve sans réserve la catastrophe qui advient, il écrit quelque chose qui est l'exact équivalent du « Je souhaite la victoire [des conquérants]. »
Tout ça vient d'assez loin.Il y a une quarantaine d'années Giscard d'Estaing — plus ou moins contraint par le Conseil d'État, les associations, l'Europe et l'ONU mais c'est une autre histoire — instaura le regroupement familial, cela fit débat, car on pouvait encore un peu, à cette époque, exposer des avis différents sur la question. Interrogé là-dessus par une radio publique, le premier ministre Raymond Barre dit ceci, parlant des immigrés : « Ces gens sont ici chez eux. » C'était assez définitif et, à part Le Pen et quelques rares vieux grincheux gaullistes, tout le monde approuvait.
Ils nous ont pris au mot : ils sont ici chez eux. Mais ce que nous n'avions pas prévu, c'est qu'au lieu de se fondre dans le “nous” national, ils sont restés “eux” et ont pris tranquillement possession de portions du territoire national qu'ils ont transformées en un “chez eux” qui n'est pas “chez nous”. Cette affaire le proclame on ne peut plus clairement et les collabos sont complètement sortis du bois.