Brimstone, ... C'est bizarre. Quand j'ai eu lu votre résumé, je me suis demandé si ce n'était pas un western. Il y a quelques mois, je suis tombé sur un western intitulé 'bone tomahawk'. Ce film m'a vraiment mis très mal à l'aise. Et ce, dès le début du film.
En fait, c'était un navet. Mais son esthétique avait de quoi susciter la curiosité d'abord, puis l'inquiétude.
Et pour qu'un film me mette autant mal à l'aise, il faut vraiment faire très fort. Je ne parvenais pas à comprendre ce qui me faisait cet effet. Ou alors je ne le comprenait que trop bien.
Le western, c'est le champ exploratoire de l'esthétique américaine. On se sert du western pour mettre en exergue tout ce que l'Amérique a de plus america, comprenez par là export-table. Ces films se composent d'acteurs proprement habillés, très cultivés car nous sommes dans la tragédie, des villages 'OK Coral' fraîchement repeints, sans accros, composés d'une seule rue où même le saloon est plus propre que l'église, le tout sans aucun hennissement de cheval. Quant aux migrants, ils sont plus américains que John Wayne.
Pourquoi ?
Parce il ne s'agit pas d'un western. Il s'agit d'une tragédie. Le modèle, c'est Shakespeare. L'esthétique du western détourné afin de préparer la mise à mort, la mise en scène finale, celle au cours de laquelle les bras seront arrachés, les têtes brisées, les yeux décillés, les corps démantibulés. Chaque 'western' voué à banaliser la violence extrême au cours de laquelle pas un os n'échappera au voyeurisme du spectateur.
La tragédie au service du voyeurisme.
Dans mon western, il y avait même une tribu indienne cannibale ! Quoi de plus con qu'une tribu indienne cannibale ? Mais dans ce théâtre, ça n'a en fait pas d'importance.
Dites-moi si je me trompe. A quel gros plan ce western prépare-t-il ? A un démembrement ? A un écartèlement ? A un décapite ment ?