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Communiqué n° 736 : Sur le film "Entre les murs"

Le parti de l'In-nocence se réjouit vivement que le film "Entre les murs" dresse un tableau relativement exact, même s'il est sensiblement adouci, non seulement de l'état de prolétarisation avancée et d'hébétude idéologique d'une part importante du corps enseignant mais aussi, et surtout, de la situation véritable de notre système d'enseignement en société multiculturelle, pluriethnique et dogmatiquement antiraciste : les raisons du désastre scolaire y sont implicitement exposées au même titre que sa réalité.

Le parti de l'In-nocence s'étonne en revanche qu'un tel film, d'une rare insignifiance cinématographique malgré le caractère dramatique de son sujet, ait pu remporter la Palme d'or au festival de Cannes : convenait-il de signifier de manière aussi emphatique, aux jeunes acteurs qui sont aussi les protagonistes de l'accablante réalité exposée, la reconnaissance de la civilisation en général et de la civilisation française en particulier pour la mise à sac à laquelle on les voit se livrer sur elles ? Rarement culture agonisante aura-t-elle à ce point encouragé, honoré, remercié et félicité ses vainqueurs et ses fossoyeurs.
Les victimes se sentent coupables, il y en a même qui cherchent des bourreaux.
Vu seulement le clip bande-annonce sur "youtube". Je trouve particulièrement déplaisant l'exploitation de Schubert à des fins sentimentales (il m'a même semblé que c'était le fameux trio utilisé par Kubrick dans Barry Lyndon, mais je peux me tromper...)
Utilisateur anonyme
08 octobre 2008, 20:33   Agonie.
"Rarement culture agonisante aura-t-elle à ce point encouragé, honoré, remercié et félicité ses vainqueurs et ses fossoyeurs."



"Seuls peuvent déceler l'agonie d'une culture ceux qui sont encore cultivés, et qui, sachant ce que la culture leur a donné, savent également ce que sa disparition leur ôtera."
J'achète (les yeux fermés et à prix coûtant) l'humour de ce communiqué ! J'en veux d'autres du même tonneau...
"Rarement culture agonisante aura-t-elle à ce point encouragé, honoré, remercié et félicité ses vainqueurs et ses fossoyeurs."

Magnifique !
08 octobre 2008, 23:45   Cinema
Bien qu'assez largement d'accord avec le communiqué, je ne partage pas un de ses aspects. Il est notamment question d'une rare insignifiance cinématographique.

Certes, ce n'est pas du Visconti, mais ce n'est pas non plus une version grand écran des "Feux de l'amour".

Ce film a le très grand mérite d'exposer clairement ce que sont certaines dérives de notre société et entre donc, de mon point de vue, dans la catégorie (fort peuplée) du "cinéma social". Dans ce genre-là, c'est une réussite indiscutable. Dit autrement, je n'ai pas aimé le message du film, mais j'ai aimé le film.

A ce sujet, un intéressant article du Figaro :

[www.lefigaro.fr]
Notez que le film "Entre les murs" bénéficie d'excellentes critiques dans la presse "populaire" (vous savez, celle que la gauche n'aime pas, cette presse qui est lue des classes laborieuses françaises et qui n'a pas une extrême complaisance pour le désastre).

Vous pouvez vous reporter aux critiques du Parisien et de Match.
Utilisateur anonyme
09 octobre 2008, 07:39   Re : Communiqué n° 736 : Sur le film "Entre les murs"
"Ce film a le très grand mérite d'exposer clairement ce que sont certaines dérives de notre société"


Il me semble que ce film nous présente ces "dérives" comme autant de "chances pour la France" (n'oublions pas que ces "gosses sont géniaux", que les "profs se défoncent pour ça bouge", "qu'y a un sacré potentiel dans ces quartiers et qu'on passe à côté d'quelque chose en ne l' exploitant pas"), ce qui, vous en conviendrez, n'est pas tout à fait la même chose que de pointer du doigt la réalité sans la voir (et la faire voir) à travers le prisme grossièrement déformant de l'"idéologie du sympa". De là à palmer une navet pareil... Quant à la catégorie du "cinéma social", je vois mal un tel fim être capable de rivaliser ne serait-ce qu'avec le plus raté des films de Ken Loach.
» convenait-il de signifier de manière aussi emphatique, aux jeunes acteurs qui sont aussi les protagonistes de l'accablante réalité exposée, la reconnaissance de la civilisation en général et de la civilisation française en particulier pour la mise à sac à laquelle on les voit se livrer sur elles ?

Tarabiscoté, en tout cas...
C'est curieux, quand vous écrivez Ken Loach, je lis Koh Lanta, c'est que ce film, que je n'ai pas vu, doit être une sorte de Koh Lanta scolaire, où c'est le plus sympa , jamais le plus méritant, qui part avec le trophée.

A vrai dire, la série Koh Lanta, dont j'ai presque suivi la saison 2007, est du cinéma social, au sens le plus primitif et le plus fort qui soit; rien d'étonnant à cet égard que Entre les murs soit ainsi palmé.

L'école en général est probablement en train de se transformer en un vaste Koh Lanta avec jungle, haines, rivalités mimétiques et communautaires, grands frères, cool attitudes, chipies, bouffons, lèches, etc.. où l'apprentissage n'est plus qu'un vague prétexte au film que chacun se fait. Quoi de mieux dès lors pour la représenter que d'en faire un film de cinéma-réalité.
"où l'apprentissage n'est plus qu'un vague prétexte au film que chacun se fait. Quoi de mieux dès lors pour la représenter que d'en faire un film de cinéma-réalité."
En effet, dans le "cinémonde" qui s'est surimposé au réel il n'y a plus que des "cinégens" qui ne se font plus que du cinéma. C'est sans doute, entre autres, ce qui enchante les professionnels de ce milieu.
J'éprouve les mêmes sentiments que Jmarc à l'égard de ce film : la réalité qu'il montre est détestable mais son mérite justement est de la montrer dans tout son éclat, et avec un certain talent (rare insignifiance cinématographique me semble trop dur). J'ai même été plutôt agréablement surpris par Bégeaudeau, qui est parfois émouvant, voire bouleversant, dans son obstination à maintenir une sorte de dialogue avec ses "élèves". Ce qui est intéressant aussi c'est que, contrairement à ce que nous explique Pascal Orsoni, le film n'est pas là pour illustrer un discours idéologique précis. Il s'agit plutôt d'une sorte d'état des lieux. C'est pour cela d'ailleurs qu'il a pu enthousiasmer Présent et gêner certains "grands" pédagogues de gauche comme Meirieu. Ce n'est vraiment qu'à la toute fin du film, lors de la dernière scène , que l'on devine les parti pris du réalisateur. A la demande de leur professeur, les élèves tirent une sorte de bilan de leur année en matière de connaissances acquises. C'est à ce moment seulement du fil que Laurent Cantet se décide à nous délivrer son message, lequel tient en ceci : En dépit de tout, la transmission a lieu, et voici que la "pétasse" lit Platon. Le miracle a eu lieu : alléluia e pur si muove. Et là effectivement je pense que le Cantet il y va un tout petit peu fort et qu'il est même un peu relou comme dirait Souleymane
09 octobre 2008, 13:10   Ken Loach
Personnellement, je n'ai jamais apprécié Ken Loach (mais c'est, je le concède, une question de goût : je ne nie pas qu'il ait des qualités cinématographies).

Pour le reste, je suis de l'opinion de Petit-Détour. Pourrait-il nous communqiuer plus en détail l'appréciation de "Présent" ?
Jmarc, je crois que le genosse Rogemi, dans un message prédédent, nous avait communiqué la critique de Présent.
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(Mais ne fallait-il pas une majuscule à Genosse ?)
09 octobre 2008, 13:23   Editorial
Bien cher Rogemi,


Recevez toutes mes excuses, je viens de lire cet éditorial que vous aviez porté à notre connaissance.

Ce texte me conforte dans mon appréciation.
Utilisateur anonyme
09 octobre 2008, 13:33   Re : Communiqué n° 736 : Sur le film "Entre les murs"
"le film n'est pas là pour illustrer un discours idéologique précis"


Parce que d'après vous, cher Petit-Détour, nous serions en dehors de l'"idéologie du sympa", sorte d'"ailleurs" désidéologisé, en quelque sorte... ? Il n'est que d'écouter l'insupportable Bégeaudeau 5 minutes pour se convaincre du contraire. En clair, cette Palme d'or n'est rien d'autre qu'une récompense pour "bonne conduite idéologique"
Utilisateur anonyme
09 octobre 2008, 14:18   Quitter l'émission, Francis
Quelquefois, un candidat veut quitter l’émission. Il fait valoir pour cela une clause du contrat qui lui donne le droit d'exprimer ce souhait à tout moment. La Production n’en a pas moins le droit, elle aussi, d’essayer de convaincre le candidat de ne pas quitter l’émission. Dans ce but, elle fait appel aux géniteurs directs du candidat, à qui elle demande d’employer tous les moyens de la persuasion pour le convaincre de ne pas quitter l’émission. Si ces arguments restent sans effet, que le candidat persiste à vouloir quitter l'émission, on s’adresse alors à ses grands-parents, lesquels, s'ils échouent eux aussi, sont remplacés par de plus lointains aïeux. Défile ainsi dans l’émission la théorie de tous les ancêtres de l’obstiné jeune homme qui ne veut toujours pas entendre raison, s’obstine à vouloir quitter l’émission. De proche ne proche, si l’on ose dire, le candidat est ainsi confronté – moyennant l'intervention de traducteurs assermentés - aux arguments de personnages de moins en moins enclins à comprendre qu’on les ait tirés du sommeil éternel pour prêcher un descendant qu'ils ne connaissent pas, le convaincre de ne pas quitter l’émission. Le clou du spectacle est atteint à l'instant où apparaît sur le plateau, guidé de loin par des dresseurs, un couple d'authentiques australopithèques, entièrement nus, un gros galet ébréché dans chaque main et qui s'avancent en grognant vers le jeune homme pour le convaincre de ne pas quitter l'émission.
Le recours aux ancêtres ultimes du candidat est un ressort de l’intrigue dont il faut user avec pondération.
"Il y a de la dévotion après l'Histoire, il n'y a même plus que cela, et la comédie de cette nouvelle bigoterie est à inventer (...) comme scellés mis sur une époque qui dépose son bilan tous les jours mais qui dit qu'elle avance, à la façon dont un cadavre, s'il pouvait parler, se féliciterait d'être engagé, par tous les mouvements et grouillements dont il est la proie, dans la plus fabuleuses des aventures."

Philippe Muray, Festivus, festivus, page 20.
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