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Après la palme d'or et le prix Nobel de médecine...

Envoyé par Michel Le Floch 
Le Nobel de littérature décerné au Français Jean-Marie Le Clézio
LEMONDE.FR avec AFP | 09.10.08 | 13h15 • Mis à jour le 09.10. 13h33


Le prix Nobel de littérature 2008 a été attribué à l'écrivain français Jean-Marie Gustave Le Clézio pour son oeuvre "de la rupture", a annoncé, jeudi 9 octobre, l'academie suédoise. L'académie a fait ce choix d'un "écrivain de la rupture, de l'aventure poétique et de l'extase sensuelle, l'explorateur d'une humanité au-delà et en-dessous de la civilisation régnante", selon les attendus de l'académie. Il recevra un chèque de 10 millions de couronnes suédoises (1,02 million d'euros), le 10 décembre à Stockholm.


En 45 ans d'écriture, Jean Marie Gustave Le Clézio, âgé de 68 ans, grand voyageur fasciné par les mondes premiers, est l'auteur d'une cinquantaine de livres, portés par une grande humanité. M. Le Clézio est né le 13 avril 1940 à Nice d'une famille bretonne (son nom signifie "les enclos" en breton) émigrée à l'île Maurice au XVIIIe siècle. Son père était un médecin de brousse anglais et sa mère, française.

Après sa licence de lettres, il a travaillé à l'université de Bristol et de Londres, consacrant un diplôme d'études supérieures à Henri Michaux. A l'âge de 23 ans, il obtient le prix Renaudot pour Le Procès-Verbal. En 1967, il fait son service militaire en Thaïlande en tant que coopérant mais est expulsé pour avoir dénoncé la prostitution enfantine. Il achève son service au Mexique. Pendant quatre ans, de 1970 à 1974, employé par l'Institut d'Amérique latine, il partage la vie d'Indiens, au Panama : une expérience qui aura beaucoup d'influence sur son oeuvre. Il enseigne ensuite à Albuquerque (Etats-Unis).

UNE ŒUVRE FOISONNANTE

Son œuvre, qui comprend des contes, des romans, des essais, des nouvelles, des traductions de mythologie indienne, des livres de photo, d'innombrables préfaces, articles et contributions à des ouvrages collectifs, est perçue comme une critique de l'Occident matérialiste, sous-tendue par une attention constante aux faibles et aux exclus. Son écriture est classique, simple mais raffinée, colorée. Jean-Marie Le Clézio, qui fait partie du jury Renaudot, a notamment écrit La Fièvre, L'Extase matérielle, Terra amata, Le Livre des fuites, La Guerre, Désert, Le Chercheur d'or, parus chez Gallimard pour l'essentiel.

Un sondage, paru dans la revue française Lire en 1994, le désignait comme "le plus grand écrivain de langue française" devant Julien Green. Il avait dit : "Moi, j'aurais mis Julien Gracq en tête". Marié et père de deux filles, il vit à Albuquerque mais vient souvent à Nice et dans sa maison bretonne de la baie de Douarnenez.
"né (...) à Nice d'une famille bretonne (son nom signifie "les enclos" en breton) émigrée à l'île Maurice au XVIIIe siècle. Son père était un médecin de brousse anglais et sa mère, française."

Vous comprenez quelque chose à cela, vous ?
09 octobre 2008, 14:59   Tout s'explique
Il faut que vous sachiez, Marcel, que le rédacteur de la dépêche a fait toute sa scolarité au collège Françoise-Dolto et a eu François Bégaudeau comme professeur de français.
09 octobre 2008, 15:54   De tous les temps ?
Un sondage, paru dans la revue française Lire en 1994, le désignait comme "le plus grand écrivain de langue française" devant Julien Green.

Ah bon ben oui alors d'accord.
"Jean-Marie Gustave Le Clézio ou la mystique du cocotier".

C'était, je crois, le titre d'un papier écrit par Renaud Matignon pour saluer à sa manière la sortie de /La Quarantaine/...
09 octobre 2008, 17:07   Re : De tous les temps ?
Citation
Jean-Marie Gustave Le Clézio ou la mystique du cocotier".

Ah Renaud Matignon qu'est-ce qu'il nous manque...
Il faut supprimer les prix littéraires; ça ne veut rien dire.
Si le Prix Nobel de littérature était un prix littéraire, cela se saurait...
C'est un admirable prix d'éloquence morale, d'édification des peuples, etc.
Je crois que le comité Nobel avait rarement fait plus creux et crétin : "écrivain de la rupture, de l'aventure poétique et de l'extase sensuelle, l'explorateur d'une humanité au-delà et en-dessous de la civilisation régnante".
Qu'est-ce que cette humanité en-dessous et au-delà de la civilisation régnante ? Est-elle à côté ? En marge ?
Ce qui compte, c'est l'attention à l'au-delà et à l'en-dessous... Plus la justification se déploie, plus nous quittons le terrain de l'écriture !
J'ai beaucoup apprécié aussi, l'autre jour, la déclaration du secrétaire perpétuel de l'académie Nobel selon qui le littérature américaine d'aujourd'hui ne vaut pas grand-chose. J'avoue ne pas avoir lu Le Clézio, mais pensez-vous qu'il soit un grand écrivain ? Meilleur écrivain que Philip Roth ?
Le Nobel n'a-t-il pas manqué Proust et Nabokov, entre autres ?
Cher Marcel Meyer, j'ai lu très peu de Le Clézio, mais ce que j'en ai lu ne souffre en effet pas la comparaison avec Philip Roth.
Des gens qui ont manqué Proust ne sont plus crédibles.
M. Virgil a raison de rappeler que le Prix Nobel de littérature est assez peu littéraire, mais plutôt édifiant et moral. Le Clézio est un auteur de valeur, mais les raisons alléguées pour le récompenser ne sont pas d'ordre littéraire. On remercie l'écrivain d'avoir fait l'éloge de ce qu'il est convenu d'honorer, et le blâme de ce qu'il est convenu de désapprouver : souvenons-nous d'Albert Camus. En d'autres cas, Frédéric Mistral ou I.B. Singer, par exemple, on veut encourager ou couronner une langue et une culture en danger, ou bien encore faire un acte politique en distinguant un dissident. Il ne s'agit pas de faire la fine bouche : un prix, pour un écrivain, est une grande chose, mais ses lecteurs doivent garder présent à l'esprit qu'une société ne récompense pas ceux qui la prennent vraiment à rebrousse-poil, quelle que soit leur valeur littéraire, ce qui, après tout, est logique. Nabokov ou Proust n'ont pas été "manqués" par le Nobel (et le second par le Goncourt) : il ne pouvaient, par nature, recevoir le moindre prix d'une société de vertu. Je me garde cependant de réduire la valeur d'un écrivain à sa capacité de déranger : on sait à quels abus ridicules mène cette idée.
Henri Bès, vous avez parfaitement raison mais le public prend pour argent comptant ces verdicts. Il en résulte une certaine confusion dans les esprits.
La fine analyse d'Henri Bès me fait songer que les Suédois pourraient, pendant qu'ils y sont, créer des prix Nobel de vertu, ce serait plus simple et plus clair : on pourrait ainsi avoir un Nobel pour les combattants du développement durable, un autre pour la protection de l'environnement, un pour la promotion de la femme, pour l'intégration des infirmes, pardon des handicapés, pour le métissage culturel, un pour la promotion de la diversité ethnique et, bien sûr, un spécial pour l'invention festive.
Et celui-là, cher Marcel, dans quelle catégorie le classeriez-vous ?
[www.causeur.fr]
Ah oui alors, un Nobel spécial afro et afro-diasporique, suivi du Nobel de démonstration-de-l'inexistence-des-races.
Utilisateur anonyme
10 octobre 2008, 12:57   Re : En passant...
On remercie l'écrivain d'avoir fait l'éloge de ce qu'il est convenu d'honorer, et le blâme de ce qu'il est convenu de désapprouver : souvenons-nous d'Albert Camus.

Je me permets cette incursion dans le débat pour dire à M. Bès qu'il a bien mal choisi son exemple ; en effet, Albert Camus a été mis au ban de l'intelligentsia de gauche à la suite de ses interventions en faveur des Pieds-Noirs (voir ses Chroniques algériennes) et surtout de sa critique radicale (et visionnaire) des régimes communistes dans L'Homme révolté. S'il y a un écrivain qui a refusé de hurler avec les loups et d'avaler toutes les couleuvres progressistes, c'est bien lui ! J'ajoute qu'une oeuvre comme L'Etranger ne me semble pas dénuée de toute qualité littéraire.
En tout cas, il y a un Nobel qu'on ne verra jamais, c'est celui de l'humour volontaire!
10 octobre 2008, 16:04   Re : En passant...
Oui, je suis entièrement d'accord avec Alexis.
Je ne me souviens plus à quel moment Albert Camus a prononcé à l'intention d'interlocuteurs algériens partisans de l'indépendance la fameuse phrase qui, rapportée tronquée, lui a été si violemment reprochée par les progressistes et les tiermondistes de l'époque : "Entre la justice et ma mère, je choisirai toujours ma mère" . En réalité la phrase est beaucoup plus longue, plus explicite . Camus y évoquait le terrorisme qui à chaque instant, dans les rues, les marchés, les cafés ou les autobus, pouvaient frapper des innocents comme sa mère et il terminait en disant qu'entre cette justice, celle du FLN qui s'accomplissait sur le dos des innocents, et sa mère, il choisirait toujours sa mère.
Utilisateur anonyme
10 octobre 2008, 16:35   Re : En passant...
La phrase a été prononcée en décembre 1957 à Stockholm, lors d'une conférence de presse à l'occasion de la remise du prix Nobel à Camus. Il est dommage, comme vous le faites justement remarquer, qu'on la cite trop souvent hors de son contexte :

"J'ai toujours condamné la terreur. Je dois condamner aussi un terrorisme qui s'exerce aveuglément dans les rues d'Alger par exemple, et qui peut un jour frapper ma mère ou ma famille. Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice."
Je me permets de nuancer le propos d'Alexis. Si Camus (Albert) a toujours, ou presque (un petit passage très court au Parti communiste), été hostile au progressisme stalinien, il a aussi déclaré et écrit que ses sympathies politiques le faisait pencher du côté du socialisme libertaire et de l'anarcho-syndicalisme. Voir L'Homme révolté et la préface qu'il a donnée à Alfred Rosmer pour son Moscou sous Lénine.
Où ai-je dit que les Prix Nobel de littérature étaient de mauvais écrivains ? Et que la prose d'Albert Camus était sans valeur ? D'autre part, le jury Nobel a toujours incarné précisément, une mesure occidentale à base de progressisme démocratique, et ne s'est pas laissé coloniser par les staliniens. Il n'est pas, et n'a jamais été, composé d'intellectuels français.
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