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Leçon 398. – Compte rendu de lecture de Chanson douce de Leïla Slimani, 1/5
Lecture terminée, nous en arrivons à notre compte rendu.
Notre première appréciation était juste et non entachée d’exagération et de précipitation : littérature paresseuse, et disons tout de suite que le « style sec et tranchant de Leïla Slimani » dont parle la quatrième de couverture nous ne l’avons trouvé nulle part, absolument nulle part. Cette qualification de « style sec et tranchant » est une énorme supercherie, et c’est tout le contraire que nous avons trouvé entre deux soupirs accablés par nous exhalés.
Supercherie monumentalesque aussi pour la « poésie ténébreuse » et pour le « suspense envoûtant ».
Ce qui nous a le plus frappé dans
Chanson douce et qui nous a beaucoup dérangé c’est l’inadéquation des mots, l’approximatif de son lexique (mots imprécis, maladroits, excessifs ou qui détonnent). De nombreuses fois, l’auteur hésite, tâtonne, cherche le mot en direct, là sous nos yeux, écrit d’abord celui qui lui vient, puis, nous laissant voir tout de son embarras à atteindre à l’expression exacte de sa pensée, ajoute une deuxième approximation à la première en pensant qu’une accumulation d’approximations finira par aboutir à une représentation claire.
Parfois il semble être allé piocher dans le dictionnaire des synonymes et y avoir pris le plus élégant (tant qu’à faire ! c’est le même prix), le plus littéraire, mais hélas il est inadéquat.
Il confond synonyme et équivalent quand, par exemple, il choisit de dire pisser plutôt qu’uriner ; accomplir plutôt que faire ; chier plutôt que soulager ses intestins ; ces mots mal choisis détonnent dans le contexte alors qu’ils auraient été adéquats dans un contexte différent.
L’auteur a un problème avec le lexique et avec l’expression de sa pensée. Nous pouvons appeler ce problème la paresse ou l’immaturité littéraire.
Nous notons que Chanson douce, de Leïla Slimani, a obtenu quatre prix : prix Goncourt 2016, Prix des lecteurs Gallimard 2017, Grand Prix des lectrices Elle 2017, Grand Prix des lycéennes Elle 2017. Palmarès !
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Leçon 401. – Compte rendu de lecture de Chanson douce de Leïla Slimani, 2/5
Les tics de langage, comme se mettre à suivi d’un infinitif (30 occurrences) :
1: La sonnette se met à retentir.
2: Ils se mettent à évoquer des souvenirs.
3: Que l’autre se mette à lui faire des remarques en arabe.
4: Elle se met à croire que Louise est vraiment partie.
5: Louise se met à ranger la salle de bains.
6: Tout le monde se met à danser.
7: Paul se met à parler d’elle.
8: Leurs corps se mettent à flotter.
9: Ils se mettent à danser.
10: Ses mains se mettent à trembler.
11: Elle se met à astiquer la lampe.
12: La pluie se met à tomber.
13: Des hommes se mettent à se battre.
14: Elle se met à hurler.
15: Ses genoux se mettent à flancher.
16: Il ouvrait la fenêtre et se mettait à fumer.
17: Ils se mettront à rire.
18: Louise, brusquement, se met à rire.
19: Le téléphone se met à sonner.
20: Au corps qui se met à dérailler.
21: L’enfant, réveillé en sursaut, se met à hurler.
22: Nina se met à croire qu’elle connaît Louise mieux que quiconque.
23: Mila s’est mise à rire aux éclats.
24: Mila s’est mise à découvrir les cachettes.
25: Ils font signe à Mila, qui s’est mise à ricaner.
26: Elle s’est mise à disparaître, des week-ends entiers.
27: Louise s’est mise à dormir plus profondément que jamais.
28: Et il s’est mis à rire.
29: Ils se sont mis à parler d’argent.
30: Paul s’est remis à donner rendez-vous à sa femme.
Peut-être avons-nous oublié quelques occurrences.
Ce tic se fait d’autant plus repérer et remarquer que sa répétition est souvent inutile (La sonnette se met à retentir/La sonnette retentit ; Ils se mettront à rire/Ils riront ; etc.), et son visage nous devient vite familier ; mais il est une scorie parmi beaucoup d’autres.
Inutile de préciser que les tics de langage indisposent généralement le lecteur et sapent lentement la crédibilité de l’auteur, qui semble n’avoir rien à dire de vraiment nouveau, et répète sa pauvre idée fixe. L’auteur a une seule solution, une solution unique et enfantine à tous ses problèmes d’expression, solution dont il abuse paresseusement, ici le « se mettre à » ; nous verrons plus bas le tic « finir par », également dérisoire.
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La question que l'on est en droit de se poser : qu'est-ce qui pousse nos jurys de prix littéraire, notre critique encartée, et l'oligarchie régnante à couvrir d'honneurs pareille daube, totalement étrangère à toute oeuvre littéraire digne de ce nom, et propulser son auteur aux sommets des institutions de la francophonie ?
Je ne vois qu'une réponse possible :
le parternalisme néo-colonial qui se complaît à lisser le poil de son inférieur comme on le fait d'une main paterne celui d'un animal de compagnie. Cela ressemble à cette manière qu'ont certains adultes de pousser un enfant de six ans à monter sur les planche (seul ou en chorale) pour "chanter" quand il ou elle chante manifestement faux comme une vache, mais avec de tels airs de petits anges, et "une voix d'or" que tout le monde est intimé de fondre d'amour devant le phénomène. Je ne vois aucune autre explication.