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BHL / Houellebecq : ennemis intimes

Envoyé par Gérard Rogemi 
Christian Authier sur le livre de BHL / Houellebecq : ennemis intimes

Les deux auteurs français les plus en vue publient un livre de correspondance en forme de pacte de non-agression, mais que l’épaisseur et la sincérité de Houellebecq sauvent pour moitié de la banale opération marketing.

«Ennemis publics» ? Vraiment ? N’exagérons pas. D’ailleurs, l’accueil critique et médiatique réservé au livre cosigné par le tandem n’est pas vraiment celui de parias… Même ces journaux que Houellebecq vomit et poursuit (pour certains) d’une rancune tenace ont salué avec enthousiasme et sur les grandes largeurs l’événement. De Marianne au Journal du Dimanche en passant par Libération, Le Nouvel Observateur, Paris Match, Le Point… Dès les premières pages de leur dialogue, Houellebecq et BHL endossent la tunique des réprouvés et des persécutés. Si l’auteur des Particules élémentaires peut légitimement invoquer de violentes campagnes médiatiques envers lui (par exemple celle initiée par le magazine Lire en septembre 2001 pour ses propos sur l’islam qui déboucha sur des menaces de mort et un procès absurde que l’écrivain remporta), il bénéficia cependant de soutiens importants, notamment lors de cet épisode. Quant à BHL, les quelques livres à charge parus ces dernières années contre lui n’eurent guère d’échos médiatiques et son réseau d’influence (dans les médias, l’édition, le pouvoir politique et économique) pèse mille fois plus que toutes les critiques possibles.

«Le cinéma de Bernard-Henri Lévy»

Pour preuve : les propos définitifs prononcés à son endroit voici déjà presque trente ans par des intellectuels aussi respectés et si peu «extrémistes» que Pierre Vidal-Naquet, Raymond Aron («Un auteur qui emploie volontiers les adjectifs infâme ou obscène pour qualifier les hommes et les idées invite le critique à lui rendre la pareille. Je résisterai autant que possible à la tentation, bien que le livre de Bernard-Henri Lévy présente quelques-uns des défauts qui m’horripilent : la boursouflure du style, la prétention à trancher des mérites et des démérites des vivants et des morts, l’ambition de rappeler à un peuple amnésique la part engloutie de son passé, les citations détachées de leur contexte et interprétées arbitrairement.») ou Cornelius Castoriadis («Sous quelles conditions sociologiques et anthropologiques, dans un pays de veille et grande culture, un “auteur” peut-il se permettre d’écrire n’importe quoi, la “critique” le porter aux nues, le public le suivre docilement – et ceux qui dévoilent l’imposture, sans nullement être réduits au silence ou emprisonnés, n’avoir aucun écho effectif ?») n’ont nullement ébréché le prestige – du moins médiatique et social – de l’olibrius.

Mais s’adosser au sulfureux Houellebecq, qui décrivit si bien dans ses œuvres l’alliance mortifère du libéralisme et du libertarisme, permet au «philosophe» humanitaire barbotant depuis des années dans toutes les bonnes causes de se parer d’un parfum d’incorrection. C’est la pensée dominante et le centre qui cherche à occuper aussi les marges. BHL bavardant avec Houellebecq, c’est un peu Christine Angot montant sur le scooter de Doc Gynéco.
Ce mariage éditorial entre la carpe «humaniste» et le lapin nihiliste est évidemment une excellente idée commerciale. Le contenu – correspondance par mails de janvier à juillet 2008 – aurait pu être une confrontation assez sportive car apparemment rien sur le fond ne semblait lier un Houellebecq, toujours prompt à pourfendre «la racaille gauchiste qui a monopolisé le débat tout au long du XXème siècle», et le défenseur des Tchétchènes, des Bosniaques musulmans, des Kosovars ou de Cesare Battisti. On aurait aimé un échange de vues sur la politique française (Houellebecq soutint Chevènement – bête noire de BHL – en 2002), l’Amérique ou la «gauche morale» à propos de laquelle Houellebecq écrivait en 2002 : «Le sale petit secret de la “gauche morale”, c’est qu’elle est fascinée par l’Amérique ; parce qu’elle est, au fond d’elle-même fascinée par la force et le fric (…) la “gauche morale française” ne sera bientôt plus qu’un souvenir. On pourra se la remémorer à travers le théâtre de Genet et Sartre, le cinéma de Bernard-Henri Lévy ou de Romain Goupil, les interventions de Pierre Bourdieu, les chroniques de Jean Baudrillard ; au moins, ce ne sera pas un souvenir écrasant.» Rien de cela. Dommage, mais les auteurs ont scellé un pacte de non-agression sur les sujets qui fâchent et leur dialogue tient plutôt de la conversation amicale.

Teigne contre ténia

Si les tirades de BHL sont sans surprise, c’est-à-dire pompeuses et barbantes, il faut reconnaître que le premier plaisir que fait naître la lecture d’Ennemis publics réside dans les saillies de Houellebecq contre ses ennemis qui deviennent à leur tour publics. En premier lieu des journalistes traités de «charognards», de «cloportes» (François Busnel, Didier Jacob, Eric Naulleau…) ou de «sacrée conne» (Florence Noiville). Ce garçon est méchant comme une teigne, mais il est difficile de ne pas rire à ses règlements de comptes. Quand Télérama est qualifié de «plat torchon», Le Figaro Magazine s’en tire avec un simple «torchon». Plus indulgent envers de «vieux croûtons à peu près civilisés» (Angelo Rinaldi, Michel Polac), il réserve ses flèches empoisonnées à Pierre Assouline comparé à un «ténia». Cela lui vaut d’ailleurs une petite leçon de BHL qui lui reproche d’enfreindre «la saine loi de diététique rhétorique et politique (établie, au demeurant, par Sartre dans la préface aux Damnés de la terre) selon laquelle il ne faut jamais animaliser, zoologiser, physiologiser, ses adversaires, - règle d’or… »

Une telle pudeur de vierge effarouchée peut surprendre chez celui qui, dans un récent livre, écrivait que Jean-Pierre Chevènement était «peut-être né vieux» et ressemblait à «un croupier de casino» tandis que sa voix était «une forme dégénérée de la voix de Mitterrand». On se souvient également de quelques descriptions physiques de Serbes dans Le Lys et la Cendre qui flirtaient avec le racisme… Quant à Sartre, rappelons à son hagiographe qu’on lui doit notamment le fameux : «Tout anticommuniste est un chien». Passons.

Au-delà de ces friandises qui nous changent un peu du robinet d’eau tiède habituel, l’intérêt des développements de Houellebecq tient dans l’éclairage qu’ils apportent à sa sensibilité et sa vision du monde. Les lecteurs les plus fidèles et attentifs de l’auteur d’Extension du domaine de la lutte connaissaient vraisemblablement déjà la plupart des motifs exposés dans Ennemis publics, mais les autres découvriront par exemple son rejet de l’engagement en général et de l’action violente en particulier : «J’ai toujours éprouvé la plus profonde défiance pour ceux qui prennent les armes, pour quelque cause que ce soit. J’ai toujours éprouvé chez les fauteurs de guerres, de révolutions, de troubles quelque chose de radicalement malsain. Qu’est-ce qu’une guerre ou une révolution au fond, sinon un passe-temps guidé par la méchanceté pure ? sinon un divertissement sanglant, cruel ?»

De même, Houellebecq revient sur le contresens consistant à voir en lui un réactionnaire, nouveau ou ancien, alors que son tempérament et ses pensées le porteraient vers une sorte de conservatisme critique, cher à Orwell – auquel d’ailleurs Houellebecq rend hommage en louant sa définition de la «common decency» (socle de valeurs morales élémentaires qu’Orwell prêtait aux gens ordinaires) : «s’il y a une idée, une seule, qui traverse tous mes romans, jusqu’à la hantise parfois, c’est bien celle de l’irréversibilité absolue de tout processus de dégradation, une fois entamé. Que cette dégradation concerne une amitié, une famille, un couple, un groupement social plus important, une société entière ; dans mes romans il n’y a pas de pardon, de retour en arrière, de deuxième chance : tout ce qui est perdu est bel et bien, et à jamais, perdu. C’est plus qu’organique, c’est comme une loi universelle, s’appliquant aussi bien aux objets inertes ; c’est, littéralement, entropique. À quelqu’un qui est à ce point persuadé du caractère inéluctable de tout déclin, de toute perte, l’idée de réaction ne peut même pas venir. Si un tel individu ne sera jamais réactionnaire, il sera par contre, et tout naturellement, conservateur. Il considèrera toujours qu’il vaut mieux conserver ce qui existe, et qui fonctionne tant bien que mal, plutôt que de se lancer dans une expérience nouvelle. Plus sensible aux dangers qu’à l’espérance il sera pessimiste, d’un naturel triste, et en général facile à vivre.»

Le spectacle contre la poésie

Ce sentiment de la fin de toute chose est bien celui d’un artiste et c’est ce qui fait le prix de cet échange dont on aura compris que le lecteur de bon goût pourra sauter les pages béhachéliennes. On voit aussi la profonde solitude qui entoure celui qui accéda à la notoriété et au succès en septembre 1998 avec Les Particules élémentaires. On a observé par la suite que cette célébrité – dans laquelle un BHL s’ébroue avec la satisfaction d’un people comme un autre – fut pour l’écrivain un terrible piège, le coupant un peu plus de ses semblables pour le projeter dans une autre dimension : celle du spectacle annoncée par Guy Debord où «Tout ce qui était directement vécu s’est éloigné dans une représentation» et où s’accomplit «le renforcement constant des conditions d’isolement des foules solitaires». Les rares amis ou soutiens que Houellebecq revendique – Beigbeder qui le lâcha au micro du Masque et la Plume au moment de la polémique sur l’islam, Sollers sur lequel il écrit : «il m’attaque quand je faiblis, me soutient quand je me renforce, plus précis à lui seul qu’un régiment de grenouilles», Sylvain Bourmeau des Inrockuptibles, BHL aujourd’hui ? – ont plutôt l’allure de planches pourries. Mais la mise à l’écart de Houellebecq était inévitable tant son propos était libre et iconoclaste. Ne restait alors que la possibilité d’une île (l’Irlande, Lanzarote…) et une clandestinité plus ou moins officielle (comme Céline ou Debord avant lui) que les sunlights des plateaux de télévision et le ronron promotionnel ne suffiront à rompre durablement. «J’avais, dans un moment de lucidité particulière, considéré à la fois ce que j’écrivais, ce que j’avais l’intention d’écrire, et ce qu’était le pouvoir intellectuel dans le temps où je vivais ; et j’en avais conclu que j’étais, que je ne tarderais pas à être reconnu comme inacceptable.», confie Houellebecq comparant la vie à un séjour à l’hôtel où il faut bien se résoudre à un moment à libérer la chambre…
Cependant, les plus belles pages d’Ennemis publics – mais est-ce réellement surprenant ? – concernent la création littéraire et le curieux «métier» d’écrivain. Houellebecq y évoque ses personnages de roman qui l’ont accompagné et qui vivent encore aujourd’hui, tout en reconnaissant la supériorité de la poésie sur le roman «comme si le poème avait déjà été écrit bien avant nous, qu’il avait été écrit de toute éternité, et qu’on n’avait fait que le découvrir». Et l’écrivain de constater l’avènement d’un monde «où la poésie n’a simplement plus sa place». Parmi ces «ennemis publics», lisez le vrai, oubliez le faux.
Christian Authier

Ennemis publics, Flammarion /Grasset, 332 p.

Article paru dans l'édition de l'Opinion Indépendante du Vendredi 10 Octobre 2008
Autre excellent article de Christian Authier sur un auteur qui est beaucoup apprécié sur ce lieu de rencontre.

Michéa : anarchiste conservateur

En ces temps de crise financière et morale, la lecture de Jean-Claude Michéa est un puissant antidote.

On ne peut que se réjouir de l’écho toujours plus grand rencontré par les ouvrages de Jean-Claude Michéa. Son premier opus, Orwell, anarchiste tory, sorti en 1995 et opportunément réédité (1) ainsi que L’Enseignement de l’ignorance, l’un de ses maîtres livres, durent d’abord leur existence au bouche à oreille de lecteurs curieux. Ces dernières années, même les médias institutionnels – auxquels Michéa reproche leur «uniformité idéologique» – n’ont pu faire l’impasse sur l’une des œuvres les plus excitantes de notre époque produite par un philosophe pas «nouveau» pour un sou. Prolongeant son remarquable L’Empire du moindre mal publié l’an passé (mais chaque livre de Jean-Claude Michéa ne fait que creuser de manière toujours plus fructueuse le même sillon : comment créer une société «décente» à l’écart d’un libéralisme économique, politique et culturel faisant avancer les pires régressions sous les joyeux intitulés de «modernité» et de «progressisme» ?), son nouvel essai, La double pensée, s’attaque à la «pensée unique» qui «apparaît toujours curieusement dédoublée : elle croise en permanence un discours économiquement correct (qui a plutôt les faveurs de la bourgeoisie de droite) et un discours politiquement correct (qui a plutôt les faveurs de la bourgeoisie de gauche)». S’inspirant de l’expression «double pensée» forgée par Orwell dans 1984, l’auteur va s’employer à démontrer qu’il «n’existe, en effet, aucune contradiction de principe entre la lutte des libéraux économiques pour la mondialisation des échanges et pour l’abolition de toutes les frontières, et celle que les libéraux politiques et culturels ont engagée contre tous les «tabous» arbitraires de la morale». Pour faire simple et employer des termes démonétisés : une «économie de droite» ne peut fonctionner durablement qu’avec une «culture de gauche».

Une telle thèse déroutera le lecteur moyen de Télérama ou de Libération, mais ne surprendra pas ceux qui se sont rendus compte que le discours dominant manie à la perfection «le principe de pouvoir penser en même temps deux propositions logiquement incompatibles». Quelques oxymores à la mode – «guerres humanitaires», «développement durable», etc. – suffisent à saisir la schizophrénie qui sous-tend l’idéologie contemporaine de l’homme moderne, ce jouisseur enfin libéré de toute entrave.

Difficile de résumer l’ampleur et la force de ce petit livre dense qui décrypte notamment si bien la culture de la consommation généralisée et la religion de la croissance illimitée, la «fascination caractéristique des intellectuels modernes pour le crime et la délinquance (du Marquis de Sade à Jacques Mesrine)» ou «la guerre totale que les industries combinées du divertissement, de la publicité et du mensonge médiatique livrent quotidiennement à l’intelligence humaine». On aura compris qu’il ne faut pas prendre Jean-Claude Michéa pour l’un de ces idiots utiles du capitalisme mondialisé (d’Alain Badiou à Olivier Besancenot) se battant contre des tyrannies éteintes (la réaction, le fascisme… ) en épousant la plupart des revendications (destruction des frontières, libre circulation intégrale et déréglementée de la main d’œuvre, chère au Medef, qui dans la langue de la nouvelle extrême gauche se nommera «régularisation de tous les sans-papiers»… ). C’est plutôt du côté – outre Orwell et Christopher Lasch qu’il a contribué à faire connaître en France – de Guy Debord ou du Marx déplorant que «tout ce qui avait solidité et permanence s’en va en fumée et tout ce qui était sacré est profané» qu’il faut chercher ses sources. À cela, il faut ajouter un humour pince-sans-rire et un style lumineux que même la floraison de notes ne parvient à obscurcir. À lire et à faire lire.
Christian Authier

La double pensée, Flammation, collection Champs.
(1) Orwell, anarchiste tory, 176 p, Climats.

Article paru dans l'édition de l'Opinion Indépendante du Vendredi 10 Octobre 2008
Utilisateur anonyme
14 octobre 2008, 21:30   Re : Pas un souvenir écrasant....
Citation

Houellebecq écrivait en 2002 : «Le sale petit secret de la “gauche morale”, c’est qu’elle est fascinée par l’Amérique ; parce qu’elle est, au fond d’elle-même fascinée par la force et le fric (…) la “gauche morale française” ne sera bientôt plus qu’un souvenir. On pourra se la remémorer à travers le théâtre de Genet et Sartre, le cinéma de Bernard-Henri Lévy ou de Romain Goupil, les interventions de Pierre Bourdieu, les chroniques de Jean Baudrillard ; au moins, ce ne sera pas un souvenir écrasant.»
Tiens, il est plus intéressant que je ne le supposais cet Houellebecq et nous avons au moins quelques détestations communes.
Entre l'opportuniste pistonné et le roquet asthmatique je p... sur la connerie.
Utilisateur anonyme
14 octobre 2008, 21:35   Re : BHL / Houellebecq : ennemis intimes
Vaste vessie, Florentin
Pas de quoi faire une cornemuse, cependant.
Utilisateur anonyme
14 octobre 2008, 21:54   Re : BHL / Houellebecq : ennemis intimes
"les chroniques de Jean Baudrillard "

Baudrillard faisant partie de la gauche morale française... ? N'importe quoi.
Beaucoup de peine, quant à moi, à mettre Bourdieu et Baudrillard dans le même sac...
Merci, cher Rogemi, pour cet article. J'ai de l'estime pour Christian Authier, auteur du Nouvel ordre sexuel, mentionné dans l'Agora des lecteurs. J'ai bien envie de lire ce livre d'entretiens. Je trouve les romans de Houellebecq intéressants, et je me délecte de son humour.
Utilisateur anonyme
15 octobre 2008, 17:51   Re : Enfin, une valeur qui monte....
Avec la bénédiction d'Henri Bès, Houellebecq sera ma prochaine proie libriophage
Utilisateur anonyme
15 octobre 2008, 18:30   Re : Enfin, une valeur qui monte....
Quelle déconfiture !
Citation
J'ai bien envie de lire ce livre d'entretiens. Je trouve les romans de Houellebecq intéressants, et je me délecte de son humour.

Toujours à votre service, cher Henri, mais attention avec cet aveu sur Houellebecq vous allez vous mettre les cadors du forum sur le dos.

Je vous fais une confidence moi aussi je les aime les romans de Houellebecq. D'ailleurs c'est un des seuls auteurs francais à avoir fait des chiffres de vente significatifs en Allemagne, pays qui par ailleurs se désinteresse complétement de la scéne culturelle francaise. La réciproque est vraie aussi.

C'est beau l'Europe.
Qu'est-ce qu'un cador, cher Rogemi? En tous cas, nous sommes d'accord sur les romans de Michel Houellebecq. Il reprend à Balzac cette manière romanesque qui consiste à interrompre parfois le récit par des digressions d'ordre sociologique, ou politique, ou historique, digressions qui éclairent la narration plus qu'elles ne la retardent, d'ailleurs. C'est visible dans les deux romans qui m'ont le plus intéressé, Les particules élémentaires et Extension du domaine de la lutte, que je me permets de suggérer à notre ami Corto.
Trouvé, cher Henri, en googlant:

Cador, en langage populaire, désigne quelqu'un de haut placé, de privilégié socialement.

Moi, je dirais que les "cadors" sont ceux qui parlent fort, qui sont sûr d'eux.
Merci, cher Rogemi, pour votre définition. J'ai aussi regardé dans Google, qui donnait un autre sens à ce mot: d'abord, comme vous dites, le grand caïd, celui qui se fait respecter; mais aussi, des équivalents argotiques du chien: clebs, yench, etc... Le point commun semble être le bruit. Il suffit de ne pas écouter.
Je crois que "ca-", c'est cabot, caïd, capo, et "-dor", Médor...

On cherche un féminin.
Utilisateur anonyme
16 octobre 2008, 08:55   Féminin ?
Allons allons, Cher Bernard, vous savez mieux que quiconque que la femme n'existe pas !
(Erreur de branchement.)
16 octobre 2008, 09:08   Re : Féminin ?
Le petit lacanais vous dira qu'elle n'est pas toute...
16 octobre 2008, 10:18   Re : Féminin ?
"Cador" faisait parti du sabir pied-noir. Il signifiait l'un des meilleurs dans une spécialité quelconque, un champion.
16 octobre 2008, 10:36   Re : Féminin ?
Ce serait donc le "ca-" de "caïd", autre mot arabe, je suppose ?
N'y a-t-il pas une connotation de "chef de bande" ?
16 octobre 2008, 22:45   Re : Féminin ?
J'entendais "cador", qualificatif attribué à tout auteur un "exploit", quel qu'il soit, dans quelque discipline que ce soit (jeu de boules, mathématiques, drague), dans la bouche de gens qui, en Provence rhodanienne, dans les années 1960, n'avaient jamais mis les pieds de leur vie en Afrique du Nord. Ce vocable devait faire partie du pourtour méditerranéen, enfin de sa moitié Ouest, que personne ne pouvait revendiquer linguistiquement comme entièrement à soi . L'Algérie (bourrée d'Espagnols et d'Italiens en plus des Français) devait à cette époque présenter ce cosmopolitisme de conservatoire linguistique régional pour le nord-ouest de la Méditerranée.

Le service militaire, que les jeunes hommes de la moitié sud de la France effectuaient très souvent au Maghreb, participait à la diffusion de ces termes, à leur lissage dans le parler popu des pays de France (je crois que "faire fissa" en est un autre).
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