La rémigration est un principe. Ce n'est pas un programme politique, mais la possibilité concevable d'un événement.
Dans ma ville, il y a un établissement de pompes funèbres musulman, au fronton duquel on peut lire, dans une rue passante, parmi de nombreuses publicités de prestations, "rapatriement des corps".
Le
rapatriement est ainsi posé par les intéressés comme mesure qui fait sens à ces vies, celles de "musulmans de France". Les dépouilles musulmanes sont rapatriées en Tunisie, en Algérie et ailleurs au Maghreb, ce qui dit toute l'appartenance foncière des vifs, temporaire et transciente, à nos pays européens. La France est à ces hommes et ces femmes ce que la Malaisie était aux colons hollandais, le Kenya ou la Rhodésie aux colons anglais il y a 150 ans : un lieu de souffrance, inappropriable, un séjour de damné temporaire.
Camus propose à ces personnes d'anticiper ou de devancer ce salutaire rapatriement, de faire que cette rentrée dans l'ordre des choses ait lieu de leur vivant. Sage proposition, qui est à croiser avec l'intérêt de dynamiser l'économie et les campagnes de ces contrées ultramarines d'où nos compatriotes arabo-musulmans sont originaires.
La remigration n'est pas un article programmatique chargé de violence mais se lit comme proposition raisonnable et sage à l'adresse de gens dont l'appartenance identitaire et foncière se passe volontiers de notre pays.
La remigration est un humanisme.