L'Union européenne fut une idée kojévienne, du Kojève de Hegel, comme il y eu un Hegel de Kojève, lorsque K. tenait son fameux séminaire à la Sorbonne.
Le problème de l'Empire continental européen tient moins au fait qu'il soit un empire (je parle de son avatar itératif) qu'au fait particulier qu'il se soit montré avec constance fauteur de chaos dans cet espace. Toute l'histoire de cet avatar depuis l'expédition de Charles VIII en Italie est marquée par des désastres. Les guerres, dans cet espace ne sont jamais le fait des nations mais des empires qui les y poussent et celles-là se sont invariablement soldées par des champs de ruines à perte de vue. Les plus épouvantables champs de ruines post-conflits (hormis ceux de Hiroshima et Nagasaki) qu'il ait été donné à l'humanité de contempler ont toujours été en Europe.
Ceux qui nous disent (les propagandistes maastrichtiens) que "les nations c'est la guerre", nous trompent, mentent devant l'histoire. En Europe, la guerre est toujours une volonté impériale. Seuls les empires veulent la guerre, souhaitée par ceux qu'habite l'ambition impérialiste. Cela n'est pas nécessairement le cas sur d'autres continents (Chine, Amérique latine et peut-être même Afrique) et de ce constat, on pourra tirer certaines conjectures.
L'empire Austro-Hongrois fut peut-être le plus va-t-en guerre de tous ceux qui participèrent à la Première guerre mondiale, il contribua généreusement à l'étalement des décombres de cette guerre, et finit par y périr lui-même.
La conjecture : que l'Europe est un continent géographiquement imparfait. Les façades maritimes y sont trop nombreuses, ce qui a eu pour effet de rendre la volonté impérialiste continentale, par exemple en France, pays qui compte deux de ces façades sur des mers distinctes (aux navigations orientées diversement), velléitaire, féroce et pourtant oscillante (cf. sa conversion lente et tardive à la thalassocratie au XIXe siècle). Le cas des puissances européennes très ouvertes sur la mer est éloquent : dès leur conversion précoce à la thalassocratie (extension impériale outre-mer) les voilà qui se désengagent des ambitions continentales : Espagne, Angleterre et Portugal, puis Provinces-Unies. On a dit par exemple de l'armée anglaise dans l'ouverture du premier conflit mondial qu'elle n'était rien d'autre qu'une grosse police coloniale, avec une puissance de feu inférieure à celle de l'armée belge.
Il n'y a pas, en Europe, hormis l'Allemagne, de puissance purement continentale qui eût pu établir un empire durablement. Il manquera toujours à l'appel de cette fondation la liste des puissances thalassocratiques qui en contestent le projet. C'est encore aujourd'hui le cas de l'Angleterre face au projet eurogermanique de l'UE.
L'Eurogermanie, l'Empire Mol, donc, fondé en 1992 (cinq centième anniversaire de la prise de Grenade) suite à la réunification de l'Allemagne et l'effondrement de l'Urss, prit pour première décision, dans les journées qui suivirent sa proclamation, de verser une lampée de kérosène sur le conflit yougoslave en poussant la Croatie à la sécession. Et c'est ce que l'Empire Mol n'a depuis cessé de faire : le conflit du Dombass sur son interface avec la Russie, a été le dernier en date à attester sa volonté de, comme l'aimant la limaille de fer, agréger tous morceaux de toute dislocation nationale à laquelle il aura conspiré. Même chose en Espagne avec la Catalogne.
Le grand jeu impérial en Europe ne convient pas ce continent, c'est la conclusion qu'il faut en tirer. Toute fondation impériale conduit les peuples réunis dans cet espace dans l'antichambre du désastre et favorise l'étalement de la Barbarie.
L'actuel avatar n'y fait pas exception. C'est aux décisions de ses maîtres que l'on doit les quotidiennes attaques au couteau gratuites, actes de barbarie s'il en est, et les assauts à la kalachnikov sur des innocents pacifiques. C'est à ce projet "d'Empire des droits de l'homme" (le ministre Bruno Le Maire) que l'on doit en Europe l'étalement de la pire barbarie dans l'espace public depuis le 3e Reich, voire bien avant -- à ce propos on retiendra que Paris ne fut jamais touchée par une tuerie de l'ampleur de celle du 13 novembre 2015 pendant les quatre années d'Occupation par les forces du 3e Reich (la plus grande exécution de masse pendant l'Occupation eut lieu au Mont Valérien, où les Allemands fusillèrent 69 otages le 15 décembre 1941). Le nombre des seules victimes du Bataclan dépasse celui-là. D'après mes recherches personnelles, peut-être trop sommaires, et dans ce cas je serai reconnaissant à quiconque me corrigera, il faut pour trouver tuerie d'ampleur équivalente dans la Capitale
en temps de paix (ce qui exclut la
Semaine sanglante, etc.) remonter à la Saint-Barthélémy.
Bien dire à quiconque avance l'élément de langage "les nations c'est la guerre", que l'on doit ce record dans l'horreur aux politiques migratoires de l'Empire Mol.