Non plus, Roland. La conquête spatiale, serait-elle ce que vous dites ("tentative de retour aux sources"), n'en continuerait pas moins d'être un emprunt, un signe, un renvoi aux espèces animales migratrices -- les anguilles en quête de mer des Sargasses, les saumons acharnés à remonter les cours d'eau.
Il se peut que nous ne soyons qu'un projet d'espèce,
qui les singe toutes, le coucou de la création, enclin à se travestir afin de s'accaparer les ressources et les soins de familles d'oiseaux en se faisant passer pour un congénère, un lointain cousin doué pour l'imitation.
Il est possible, si nous sommes une création, fruit d'un acte transcendant, que celle-ci ne soit qu'une pure création du vivant (lui-même partie à la Création), enfantée par des virus empruntant à différentes espèces animales les briques dont nous sommes faits, de bric et de broc.
Homo sapiens est généralement un organisme très médiocrement bricolé, spécialiste de rien (pas de crocs, pas de griffe, ni ne fourrure ou d'écailles, et seulement quatre membres ridicules, qui ne sait s'envoler et à qui il faut apprendre à nager!) et qui meurt au moindre choc (une des rares créatures à pouvoir périr dans une chute malencontreuse d'une hauteur à peine quatre fois celle de son corps dressé). Il n'existe pas, rigoureusement pas, en tant qu'espèce. De ce point de vue, et dans le meilleur des cas,
il ne fait que singer le singe. Tout son être n'est que Signe.