La remarque de Michel Platini peut paraître étrange de prime abord, mais il me paraît nécessaire de replacer cela dans le contexte social d'éducation de cette personne.
Michel Platini n'est pas fils de mineur, contrairement à la légende, mais n'en demeure pas moins originaire du bassin houiller de Lorraine. La Lorraine est une terre très nationaliste, très française, qui a su se montrer accueillante aux Italiens et aux Polonais, qui sont maintenant aussi Lorrains que les autres (J'ai travaillé durant cinq ans à Nancy et dans le Pays haut Longwy, je connais donc un peu).
Quand Michel Platini nous dit : "Je n'ai jamais chanté la Marseillaise. Même si je trouvais que c'était le plus bel hymne du monde, et que je le fredonnais de temps en temps, je n'ai jamais pu me résoudre à le chanter avant un match car c'est un chant guerrier. et que, pour moi, un match de foot c'est un jeu et pas la guerre.", je lis deux choses :
- il aime notre hymne, c'est évident ;
- un hymne guerrier a peu à voir avec le sport, qui ne reste qu'un jeu.
Autrement dit, "réservons la Marseillaise à des choses sérieuses". On peut discuter de cela, mais je ne trouve pas cette opinion ridicule.
Ce qui me semble être une pudeur réelle peut être comparé à la position de Maurice Thorez quant au poing levé : le "Fils du peuple" ne levait jamais le poing dans un meeting, non par correction politique, chose inconnue à l'époque, mais parce que c'était, dans sa conception, un signe de haine.