Je ne retrouve pas ce passage du Journal de Kafka où il compare la portion très congrue de monde qui lui est accessible aux mouvements buccaux respiratoires d'un poisson dans un bocal, toute la réserve d'air respirable de l'écrivain se mesurant à la distance entre deux mots dans sa vaine tentative de trouver celui qui serait le plus juste.
A moins, puisque mon souvenir est flou, qu'il ne s'agisse que d'un seul mot couvrant la totalité de sa perception des choses, aussi muette et étouffée que celle d'un poisson ouvrant éperdument la bouche pour respirer.
Ici, perception, connaissance, vision du monde se confondent avec un acte aussi élémentaire et vital que respirer, qui est pour lui celui-là même d'écrire.
Nul doute encore que cette image ne soit plus juste et fidèle à la réalité que l'immense grand angle artificiel, le
fish eye trompeur que projettent sur le monde ces grands illusionnistes qui, non contents de seulement savoir ce qu'il est et devrait être pour tous, se mêlent de le vouloir amender et rectifier en le pliant de force à leurs hallucinations sensorielles.
