Entendu l'accorte Marie-Estelle Dupont, que je prends toujours grand plaisir à regarder et écouter, décréter dans une émission de télévision que « la pornographie, ce n'est pas la sexualité : c'est en fait l'anti-sexualité, car la sexualité, c'est avant tout le lien... l'établissement d'un lien avec une autre personne... », asséna-t-elle avec le désarmant sourire de qui est persuadé dire l'évidence.
Mais l'évidence n'est jamais si évidente que cela, surtout quand elle prétend si doctement positiver moralement les choses : encore un éclatant exemple de la confusion entre ce qui est et ce qui devrait être, entre le fait et la valeur, pensai-je...
Nonobstant le fait piquant que
sexus désigne à proprement parler ce qui sépare et distingue les intéressés plutôt que ce qui les accole dans une éperdue autant que vaine tentative d'établir quelque lien, osons une définition aussi neutre que possible, encore que générale : la sexualité, c'est tout ce qui a trait au désir susceptible de recevoir sous forme de plaisir une quelconque satisfaction. Les possibles objets du désir et les modalités de son éventuelle et circonstancielle satisfaction étant innombrables, nous n'allons évidemment pas faire le tri. Ce dernier sera toujours affaire d'un certain hygiénisme social normatif, mais n'aura jamais rien à voir avec la bandaison en soi.
