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Pour Henri Bès

Envoyé par Cassandre 
23 octobre 2008, 14:08   Pour Henri Bès
Cher Henri, vous m'aviez demandé ce que je pensais d'un article de "Causeur" sur le courage des femmes d'origine maghrèbine, demande dont j'ai perdu le fil, c'est pourquoi j'en amorce un nouveau.
Je vais essayer de vous répondre aujourd'hui, rapidement, car je n'ai toujours pas beaucoup de temps en ce moment.
Je suis globalement d'accord avec l'article. Mais, malheureusement, je crains qu'il faille beaucoup nuancer l'optimisme de l'auteur. J'ai assez longtemps cru que les Maghrèbines grandies en France allaient, en s'émancipant, faciliter l'émancipation et la modernisation ( au bon sens du terme ) de la société musulmane. Il m'a fallu rapidement déchanter. L'école ne suffit pas à permettre à ces jeunes filles de se libérer . Pour cela il faudrait qu'elles rompent avec leur famille et leur cité, qu'elles s'en désolidarisent. Là serait pour elles le vrai courage, et ce courage-là peu d'entre elles l'ont ( et comment pourrait-on le leur reprocher tant elles sont habituées dès la naissance à un strict encadrement familial, rigide mais aussi, à certains égards, sécurisant, et tant elles auraient à subir d'intimidations, de menaces et de chantage, y compris affectif, de leurs proches ). Autrement dit, elles restent sous la loi du mâle et des grands frères. Ceux-ci ne voient pas du tout d'un mauvais oeil que les filles travaillent bien à l'école puisque, d'une part, le succès scolaire relève pour eux d'un "bouffonnat" auquel un vrai mec doit se soustraire mais qui, par contre et conséquemment, convient fort bien aux femmes, et que, d'autre part, il permet aux "soeurs" de trouver un travail qui est un appoint non négligeable aux revevenus de l'assistanat social, du deal et autres rackets. Si, au moins, la République française donnait à ces jeunes filles des gages forts qu'elles seraient soutenues dans leur volonté d'émancipation, mais ce n'est, hélas, pas le cas. Dès lors le risque est trop grand pour elles. Il ne leur reste plus qu'à épouser les revendications de leur communauté, voire de se faire , peut-être par dépit pour certaines, plus royalistes encore que le roi : en cas de succès, c'est toujours mieux que rien.
23 octobre 2008, 15:16   Re : Pour Henri Bès
ttt ttt ttt...
23 octobre 2008, 15:53   Re : Pour Henri Bès
un "bouffonnat"
Excellente trouvaille !
23 octobre 2008, 16:27   Re : Pour Henri Bès
Il y a loin des babouches au porte-jarretelles.
(proverbe gaulois)
Utilisateur anonyme
23 octobre 2008, 16:49   Re : Pour Henri Bès
"le succès scolaire relève pour eux d'un "bouffonnat" auquel un vrai mec doit se soustraire mais qui, par contre et conséquemment, convient fort bien aux femmes, "

Mais aujourd'hui ce "bouffonnat" n'est plus réservé aux seuls mâles. Ainsi on observe que les valeurs "viriles" et les comportements "masculins" sont reproduits avec force mimétisme par les filles de banlieues, "beurrettes" ou pas (voir les chanteuses de rap auxquelles elles s'identifient (Diam's, par exemple), les bandes de filles singeant les bandes de mecs, etc.).
D'une manière générale tout ce qui est regardé comme étant "féminin" est systématiquement déprécié, voire proscrit.
23 octobre 2008, 16:51   Re : Pour Henri Bès
Moi je crois en la dialectique hégélienne.
Utilisateur anonyme
23 octobre 2008, 16:56   Re : Pour Henri Bès
Après Iéna que reste-t-il de la dialectique hégélienne ?...
Utilisateur anonyme
23 octobre 2008, 17:27   Re : Pour Henri Bès
> D'une manière générale tout ce qui est regardé
> comme étant "féminin" est systématiquement
> déprécié, voire proscrit.

C'est-à-dire l'inverse de ce qu'on enseigne à nos bonnes petites têtes blondes...
23 octobre 2008, 17:31   Re : Pour Henri Bès
"Il y a loin des babouches au porte-jarretelles.
(proverbe gaulois)"

A mon tour de dire "Excellent !"
23 octobre 2008, 17:54   Re : Pour Henri Bès
Je vous remercie, chère Cassandre, pour cette mise en perspective générale de cas individuels. J'ai rencontré dans mes classes plusieurs jeunes filles qui étaient des prodiges de mérite et de volonté, mais faute d'informations, je ne replaçais pas le phénomène dans un milieu social plus large. Vous avez raison de signaler que la xénophilie officielle empêche les autorités, éducatives ou autres, d'aider vraiment ces jeunes Maghrébines à se libérer de l'islam, au nom d'un désespérant "respect de l'Autre". J'ai beaucoup apprécié dans l'article du Causeur, cette remarque de Jérôme Leroy sur Bégaudeau : selon lui, son attitude est "le comble du mépris de classe".
23 octobre 2008, 21:09   Re : Pour Henri Bès
Certes. En même temps, les beurettes de "ni Putes ni Soumises" peuvent toujours se brosser en attendant un mot favorable de Cassandre. Dites-moi si je me trompe.
23 octobre 2008, 22:05   Re : Pour Henri Bès
Cher Henri, vous le savez, je suis convaincue qu’il faut ramer à contre-courant. Je l’évoquais ici en d’autre termes dernièrement et de manière un peu provocatrice mais il n’y a aucune de raison de se conformer à la « déférence » et à la crainte de choquer frileusement recommandées par la République ou par un ministre de L’Education socialiste. Ces jeunes filles et jeunes gens vivent dans une société européenne, ce sont donc nos références culturelles que nous avons le devoir de leur imposer. Ces jeunes filles musulmanes, je vois évoluer- non pas dans ma section car il n’y en a pas - mais dans une autre section de mon école où elles sont nombreuses. Elles entrent parfois voilées et rasant les murs mais lors de la séance de remise des diplômes, elles affichent une tout autre coquetterie et arborent des décolletés tout aussi profonds, si pas plus, que leurs collègues « de souche ».
Je ne sais pas évidemment comment elles se débrouillent avec leur famille...
23 octobre 2008, 22:11   Re : Pour Henri Bès
J'ai oublié de préciser que le voile est interdit (il ne reste, je crois, que 3 écoles d'enseignement dans tout Bruxelles qui l'accepte encore) et qu'on voit ces jeunes filles l'enlever à l'entrée.
24 octobre 2008, 07:58   Re : Pour Henri Bès
» Après Iéna que reste-t-il de la dialectique hégélienne ?...

Hegel aimait bien Napoléon, mais après Iéna, il y eut Waterloo, et l'histoire ne s'est pas arrêtée.

Je veux dire que si les femmes deviennent hommasses, il y aura, disons, comme un appel d'air pour un autre type...

Problématique semblable : le déficit démographique de filles en Inde ou en Chine, dû au choix du sexe à la naissance. Les filles vont forcément devenir rares et chères, si j'ose dire. Qu'en pensez-vous, Francis ?
24 octobre 2008, 08:05   Re : Pour Henri Bès
Oui, chère Aline, il y a aussi des raisons d'espérer, non peut-être l'assimilation, mais au moins une acclimatation et un adoucissement de l'islam patriarcal en Europe. On en rencontre de nombreux exemples parmi les individus que l'on croise. En même temps, on fréquente rarement les épouses ou les filles des adhérents extrémistes de certaines mosquées londoniennes.
24 octobre 2008, 12:18   Béatrice David
Cher Bernard,

Pour toutes questions de ce type sur la Chine, on est prié de consulter le blog de Béa, devant qui j'ai absolument honte de jouer à l'expert en ces choses. Béa, outre qu'elle est un authentique savant de cette civilisation et de cette langue, connaît la Chine de part en part, en ethnologue exigeant. Elle possède en outre cette qualité, fort rare chez un savant: l'intelligence, laquelle se double chez elle de cette capacité mémorielle fraîche, impertinente et aiguisée, qui, pour être ordinaire chez la fillette, déserte tout aussi ordinairement l'adulte après 35 ans.I C I
25 octobre 2008, 13:51   Re : Béatrice David
Merci de nous avoir fait connaître le blog de cette femme d'exception, cher Francis, mais parle-t-elle de ce problème ? Il me semble que vous-même, jadis, ici, en aviez touché un mot (vous aviez même fait allusion à la question de la dot en Inde). Mon idée est que la dialectique se charge de rétablir les choses, à plus ou moins long terme. Il y a un déficit de femmes en Inde, mais la démographie est toujours très forte, et je ne sache pas que les femmes nubiles soient transformée en reines des abeilles...
25 octobre 2008, 23:01   Re : Béatrice David
Cher Bernard,

Mme David a fait des questions démographiques et ethniques du monde chinois une de ses spécialités, et son blog est riche de matériaux et pistes bibliographiques sur ces sujets.

Quant à votre serviteur, qui ne s'est pas rendu en Chine continentale depuis des années et qui se tient assez mal informé de l'actualité sociologique de ce pays, je crains qu'il ne vous soit d'un grand recours pour trancher ces questions. Je dois cependant rencontrer dès lundi une personne, elle aussi sinologue, qui a passé tout l'été dernier à Pékin (en prenant soin d'éviter tout ce qui pouvait de près ou de loin se rattacher aux J.O.), et qui a pu à cette occasion prendre le pouls sociologique de la société chinoise. Je ne manquerai pas de solliciter ses vues sur une hypothétique revalorisation de la fillette au sein de la famille chinoise moderne dans un contexte de rareté croissante de la composante démographique féminine de ce pays, ainsi que vous souhaitez, vues dont je vous réserve la primeur il va de soi.

Croyez-moi votre obligé,

FM.
26 octobre 2008, 10:54   Re : Béatrice David
C'est moi, cher Francis, qui vous suis très obligé des bontés que vous avez pour moi.
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