Cher Henri, vous m'aviez demandé ce que je pensais d'un article de "Causeur" sur le courage des femmes d'origine maghrèbine, demande dont j'ai perdu le fil, c'est pourquoi j'en amorce un nouveau.
Je vais essayer de vous répondre aujourd'hui, rapidement, car je n'ai toujours pas beaucoup de temps en ce moment.
Je suis globalement d'accord avec l'article. Mais, malheureusement, je crains qu'il faille beaucoup nuancer l'optimisme de l'auteur. J'ai assez longtemps cru que les Maghrèbines grandies en France allaient, en s'émancipant, faciliter l'émancipation et la modernisation ( au bon sens du terme ) de la société musulmane. Il m'a fallu rapidement déchanter. L'école ne suffit pas à permettre à ces jeunes filles de se libérer . Pour cela il faudrait qu'elles rompent avec leur famille et leur cité, qu'elles s'en désolidarisent. Là serait pour elles le vrai courage, et ce courage-là peu d'entre elles l'ont ( et comment pourrait-on le leur reprocher tant elles sont habituées dès la naissance à un strict encadrement familial, rigide mais aussi, à certains égards, sécurisant, et tant elles auraient à subir d'intimidations, de menaces et de chantage, y compris affectif, de leurs proches ). Autrement dit, elles restent sous la loi du mâle et des grands frères. Ceux-ci ne voient pas du tout d'un mauvais oeil que les filles travaillent bien à l'école puisque, d'une part, le succès scolaire relève pour eux d'un "bouffonnat" auquel un vrai mec doit se soustraire mais qui, par contre et conséquemment, convient fort bien aux femmes, et que, d'autre part, il permet aux "soeurs" de trouver un travail qui est un appoint non négligeable aux revevenus de l'assistanat social, du deal et autres rackets. Si, au moins, la République française donnait à ces jeunes filles des gages forts qu'elles seraient soutenues dans leur volonté d'émancipation, mais ce n'est, hélas, pas le cas. Dès lors le risque est trop grand pour elles. Il ne leur reste plus qu'à épouser les revendications de leur communauté, voire de se faire , peut-être par dépit pour certaines, plus royalistes encore que le roi : en cas de succès, c'est toujours mieux que rien.