Le site du parti de l'In-nocence

le désastre, noir sur blanc

Envoyé par Bruno Chaouat 
24 octobre 2008, 20:28   le désastre, noir sur blanc
Par erreur, je viens d'acquérir le texte de la pièce de théâtre de Reza, "Art", en édition "lycée" (Magnard, je crois), pensant qu'il s'agissait du texte, tout simplement. Je suis consterné par les notes, car il s'agit d'une édition "pédagogique". L'auteur de l'édition croit nécessaire d'expliquer "rat d'exposition", "sardonique", "croûte", "vélin", "monacal". Evidemment, vingt ans que je vis hors de France, mais là, tout de même, l'impression unheimlich qu'il y a eu une explosion atomique et que la France est habitée par un homme nouveau, une néo-créature qui parle une novlangue et ne comprend plus les mots les plus usuels qui faisaient mon quotidien il y a vingt ans. Rêvé-je ?
Utilisateur anonyme
24 octobre 2008, 20:41   Ils sont là, parmi nous…
Oh non, vous ne rêvez pas, Cher Bruno Chaouat ! Qu'était-ce, je ne me souviens plus, j'ai lu il y a quelques années un grand classique de la littérature que je n'ai trouvé à ce moment-là qu'en une version telle que celle que vous nous décrivez. Et la lecture, de la même façon, en était rendue horripilante par le nombre invraisemblable de notes en bas de page, pour expliquer (traduire, plutôt) des mots du vocabulaire courant. En général, on a (j'ai) un peu de mal à tourner les pages, quand les notes sont en fin de volume, et très nombreuses. Là, le problème était inverse, et consistait à ne pas céder à la tentation (on ne sait jamais…) de lire les notes.
Pas du tout certain que les lycéens, il y a vingt ans, trente ans, ou même cinquante ans, connaissaient tous la définition de "sardonique".
Dans un dîner en ville une enseignante de lettres en classe de 1ère (jeunes de 16-17 ans) nous racontait récemment comment une élève l'a interrompue dans son exposé pour poser une question: "Madame, qu'est-ce que c'est, l'inceste ?"

- .... euh....ça signifier "abuser".

- Ah... merci madame."
Oui, mais toute la question est de savoir si c'est du zèle de l'auteur de l'édition qui se croit forcé de légitimer son "intervention pédagogique", ou si c'est du réalisme, si en effet, il est aujourd'hui nécessaire d'expliquer ce que veut dire "lyonnais" dans l'expression "dîner dans un lyonnais" (en plus, c'est du Reza, on imagine ce que serait une édition "pédagogique" de Genet !)
Utilisateur anonyme
24 octobre 2008, 20:54   20, 30, 50
« Pas du tout certain que les lycéens, il y a vingt ans, trente ans, ou même cinquante ans, connaissaient tous la définition de "sardonique" »

Quoi ??? Quand-même, Olivier, vous forcez un peu le trait, là !
Vous trouvez ? Peut-être alors... Mais un peu seulement !
24 octobre 2008, 23:14   60, 70, 80
Si je me souviens bien, dans le film Entre les murs, une élève demande au professeur ce que signifie le mot "désormais".
25 octobre 2008, 09:23   Re : 60, 70, 80
Non, non, pas du tout ! Il demande : "woo, sa veut dire quoi d zormé ?"
25 octobre 2008, 11:15   Re : 20, 30, 50
De toute manière, l'élève était supposé pratiquer le dictionnaire...
Utilisateur anonyme
25 octobre 2008, 11:21   Dick Sioneer
On avait le Sâr Donick et le Sâr Péladan, avantageusement remplacés (dé zormè) par le Sâr Google.
Je n'ai vu du film Cantet Bégaudeau que deux ou trois séquences (diffusées à la télévision), en particulier celle qui se rapporte au subjonctif imparfait, "j'allasse". Le professeur a écrit (sauf erreur de ma part) au tableau la phrase "il faudrait que j'allasse", pour illustrer, non pas une leçon sur le subjonctif imparfait, mais (semble-t-il) des formes désuètes de la langue. Les élèves ont ri ou se sont indignés ou ont protesté ou se sont rengorgés, etc. : réactions sur lesquelles s'est longuement attardé le cadreur, comme par délectation.
Aucun des commentateurs dont j'ai lu la prose à cette occasion n'a souligné l'absurdité ou la nullité de la façon dont procédait ce "prof" (car il n'y a pas de meilleur mot pour le désigner). Il semble qu'il n'ait jamais fait de leçon sur le subjonctif, sur le sens de ce mode, sur les formes sous lesquelles il se présente, sur les contextes dans lesquels il doit être employé : que les formes soient celles du subjonctif présent, imparfait, passé, plus-que-parfait. Il s'est contenté de choisir une phrase qui atteste qu'il n'a rien compris au subjonctif imparfait, lequel s'emploie dans des contextes littéraires (et non dans des phrases banales et quotidienne), plus souvent avec "il" ou "elle" que "je" (qu'il allât) et que, en discours, la forme correcte du subjonctif après "il faudrait" (conditionnel à sens modal d'éventuel, et non pas "temps du passé") n'est pas "que j'allasse", mais "que j'aille".
En réalité, cette séquence dénote surtout l'ignorance de Bégaudeau en matière de langue : s'il avait voulu que les spectateurs rigolassent, non pas du subjonctif imparfait, mais de lui, il ne s'y serait pas pris autrement.
Dans la séquence proprement dite, ce qui est choquant, c'est que, demandant quelle est la forme du verbe être qui soit être employée après "il fallait que je...", il ne donne pas la parole à celle qui répond correctement, à savoir la voisine de celle qui va monopoliser la parole. Elle répond "fusse" et dit ensuite (masquée par le brouhaha) qu'elle avait raison.
Le rôle du professeur eût été, s'il était tenu par l'abbé godeau, de prendre note de la bonne réponse, ce qui lui eût permis de montrer qu'une telle réponse était pensable puisque l'une d'entre eux en avait été capable. Au lieu de ça, il fonce tête baissée dans le débat vide où il ne pourrait avancer que de plats arguments d'autorité du type "mais non, c'est pas du moyen âge"... Il eût pu souligner que ce mode était encore en usage au français, qu'il l'était encore au passé en occitan, en espagnol et en portugais, ce dernier connaissant aussi le subjonctif futur (encore en usage aussi). Il eût pu faire un cours sur la concordance des temps et les notions de potentiel, d'éventuel et d'irréel.
Non, il préfère la tchatche...
Qu'on s'étonne après que mes élèves arrivent aussi peu formés en terminale, souvent peu capables de suivre un cours de philosophie.
Mes collègues de Chartres, qui eurent l'abbé godeau comme collègue à Dreux, ont quelques histoires accablantes pour le personnage et son piteux "enseignement". Il était souvent chahuté, n'enseignait pas grand chose et se contentait de flatter et d'admirer ceux qu'ils avaient classés dans la catégorie "rebelle", ne les aidant pas du tout...
Utilisateur anonyme
25 octobre 2008, 13:41   Re : le désastre, noir sur blanc
« lequel s'emploie dans des contextes littéraires (et non dans des phrases banales et quotidienne) »

Merci M. JGL !
Utilisateur anonyme
25 octobre 2008, 13:46   Re : le désastre, noir sur blanc
Si j'en crois l'extrait proposé sur You Tube (je n'ai pas vu le film et n'ai vraiment aucune envie de le voir), les deux phrases écrites au tableau sont :
"Il faut que je sois en forme." et, au-dessous, "Il fallait que je fusse en forme." Cela dit, vos remarques sur l'absurdité de cette "leçon" demeurent fort pertinentes.
25 octobre 2008, 14:13   Ehu
J'ai aussi à l'esprit, bien que ce soit ici un peu hors de propos, les mots abominables que le professeur Bégaudeau a dans le film sur l'Autriche : "L'Autriche ? Vous en connaissez, vous, des autrichiens, hein ? Non, hein. Je crois bien que si l'Autriche disparaissait de la carte, on ne s'en soucierait pas plus que ça, hein..." (ou quelque chose approchant).
Utilisateur anonyme
25 octobre 2008, 16:29   Re : Ehu
Quel redoutable connard ce Bégaudeau ! S'il disparaissait de la surface de la terre ... etc, etc.
Utilisateur anonyme
25 octobre 2008, 16:38   Re : Ehu
Allons, pas d'appel au meurtre, tout de même.... Mais abbé Godot est très bien.
En l'attendant...
Utilisateur anonyme
25 octobre 2008, 16:55   L'Abbé Godot se perd en chemin
Oh non, pas d'appel au meurtre, je n'ai pas les mœurs de Corto, moi, Monsieur, mais enfin, s'il venait à disparaître, dans un mauvais tournant des Alpes ou des Cévennes, dans le petit bolide qu'il ne va pas manquer de s'acheter, je n'irais pas pleurer, on va dire…
Je suis d'accord avec Virgil : les Amis du Désastre ( politiques, professeurs, éducateurs, journalistes, "artistes" et j'en passe ) sont les principaux responsables du comportement des "cpf". Même si le substrat musulman est un terreau favorable à leurs genres de dérives et délires, une France qui se serait montrée à leur égard ferme, réaliste et de bon sens, aurait évité bien des problèmes qu'ils lui posent.
Utilisateur anonyme
25 octobre 2008, 17:46   Re : l'Auberge rouge
Fais gaffe Boris ! Je scierai le pont pour toi aussi.
Utilisateur anonyme
25 octobre 2008, 18:27   Re : l'Auberge rouge
J'envoie des inno-cents en éclaireurs…
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