Le site du parti de l'In-nocence

à Bernard Lombart

Envoyé par Francis Marche 
03 novembre 2008, 16:38   à Bernard Lombart
C'était me semble-t-il la semaine dernière que je vous avais promis de vous transmettre le témoignage d'une personne retour de Pékin sur le statut, revalorisé ou non, des filles et des femmes dans la Chine de 2008.

La réponse est positive. Le déséquilibre démographique entre les sexes a favorisé l'émergence de la femme "qui choisit", ses rôles, ses hommes, impose ses volontés sur la famille, etc. Bref voici qu'apparaît une génération de "petites impératrices" capricieuses et impatientes envers leur entourage.

Seulement voilà: l'évolution est parallèle au Japon, pays qui n'applique aucune des politiques anti-natalistes de la Chine, et où aucun déséquilibre des sexes n'est apparent dans la démographie.

Ce qui pourrait nous conduire à une spéculation qui apporterait des éléments de réponse à une question posée en filigrane dans une arborescence proche: lorsqu'une évolution est mondiale (l'ascendant de la gent féminine) dans toutes les sociétés, cette évolution s'affirme insubordonnée, non liée, aux facteurs environnementaux ou sociaux, si chers à nos évolutionnistes, qu'elle rencontre ça et là sur sa route. Les macro-évolutions existent bel et bien, leur phénoménologie est puissante, animée d'un génie particulier: elles s'emparent en effet des conditions diverses que leur offre le terrain, ici et là, s'en accommodent, les exploitent, s'y appuient en des façons toujours différentes, par un ressort interne, dans une cuisine cachée, pour se manifester dans leur uniformité phénoménale, leur ubiquité: en Occident le Women's Lib, en Chine le déséquilibre démographique des sexes sont autant de facteurs disparates mobilisés pour produire un même miel. L'environnement, la coque socio-historique de la fabrique à phénomènes, fortement contrastée d'un continent à l'autre, obéit aux ordres de l'évolution et fabrique un corps social nouveau comme l'ADN le corps biologique, mais le processus est d'ordre phénoménologique, le maître-d'oeuvre demeurant occulte: ce ne sont nullement les conditions rencontrées dans l'environnement pour le vivant, dans la démographie ou même l'idéologie pour le social qui créent le phénomène. Ce dernier est appelé d'une instance, qui peut être un moteur interne ou un démiurge externe, je n'en sais rien, et par cette instance mu dans une direction que seule connaît cette instance.
03 novembre 2008, 17:30   Re : à Bernard Lombart
Merci, Francis. D'une certaine façon, en Chine comme en Inde, la dialectique est donc enrayée. La dialectique simple, la loi du marché, serait que la pénurie de filles les rende plus souhaitables à la naissance. Ce n'est pas le cas. En Inde, la dot est une question de prestige de la famille, et doit aider la fille à s'intégrer dans une famille honorable. Elle ruine souvent la famille de la fille à marier. La dot est parfois compensée par le "prix de la mariée", mais c'est un phénomène local. La dot a été interdite, mais cette loi est sans effet réel, évidemment. De même l'interdiction de la révélation du sexe de l'enfant par échographie prénatale. La fille est donc une charge, à éviter si on le peut. Il semble qu'il n'y ait pas vraiment de mécanisme compensatoire. Cela va dans le sens d'une moindre natalité, mais que de frustrations et de déséquilibres... Il faut attendre, semble-t-il, une lente évolution de la société, sous la pression de la mondialisation et de nouveaux standards de vie...
03 novembre 2008, 17:47   Re : à Bernard Lombart
Nous avions abordé ici ce sujet il y a fort longtemps, souvenez-vous, à propos de certains pays d'Asie du Sud-Est où le "mécanisme compensatoire" est le mariage de la fille avec un Occidental, dont la famille ne réclame ni dot ni "service chez les beaux-parents". L'échappatoire du cercle vicieux de l'endettement familial causé par une fille peut ainsi s'opérer sans attendre "l'élévation (entendre 'occidentalisation') des niveaux de vies locaux" ou plus précisément en empruntant vers ces niveaux de vie un raccourci, celui du mariage hors sa culture, ce qui vaut en outre, au plan général, acte de dissolution, de défaite de la culture en cause, de reconnaissance implicite qu'elle a failli, et même qu'elle est inférieure.
03 novembre 2008, 17:54   Re : à Bernard Lombart
Je me souviens parfaitement bien de cette discussion. En Inde, un tel mariage (épouser un mleccha, un étranger hors-caste) est souvent synonyme de la sortie irrévocable de la caste. Il est toujours dur d'être rejeté définitivement par les siens. Ce doit donc être relativement rare.
03 novembre 2008, 18:01   mleccha
Cela ne veut-il pas dire "barbare", au sens grec du terme ?
03 novembre 2008, 20:19   Re : mleccha
Oui, et avec un peu le même sens étymologique : barbaros, celui qui parle par borborygme, mleccha, celui qui est mlecchita, incompréhensible... Mais la mlecchitavikalpa est l'un des 64 arts : la connaissance des langues étrangères !
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter