Ils portaient des uniformes rayés de prisonniers...

Et voilà qu'une bande de crétins nous ressert - et en uniformes rayés ! - le "spectre de Vichy" (Jean Daniel)... Expression bien trouvée, puisque ces chasseurs de fantômes ne laissent pas de nous mettre en garde contre des revenants. En clair, il s'agit de faire croire que le passé est toujours présent - et même plus présent que le véritable présent !
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Libération.fr, 3 nov 2008. A Vichy, des manifestants dérapent

Quatre personnes, qui portaient des uniformes rayés de prisonniers, ont été arrêtées aujourd'hui à Vichy. Elles entendaient dénoncer la politique européenne d’immigration alors que se tient une conférence sur le sujet dans la ville.


Des manifestants déguisés en prisonniers de camps de la Seconde guerre mondiale afin de dénoncer la politique européenne d’immigration ont été interpellés aujourd’hui à Vichy, où se tient jusqu’à demain une conférence européenne controversée sur le sujet. Il s’agit de la troisième conférence ministérielle européenne sur l’intégration, qui intervient après l’adoption du Pacte européen sur l’immigration et l’asile lors du sommet de Bruxelles du 16 octobre.

Quelque 80 manifestants réunis à l’appel d’un mouvement altermondialiste, «Les désobéissants», sont partis de la gare vers 15h30, avant d’être bloqués par un cordon de CRS 100 mètres plus loin.

Les quatre interpellés portaient des uniformes rayés de prisonniers et des étoiles avec les inscriptions «Sans papiers» et «étrangers», histoire de «faire l’amalgame» entre la période vichyste et l’époque actuelle.

Xavier Renou, à la tête du petit mouvement, a expliqué, avant d’être interpellé, avoir «choisi de faire le rapport entre le dispositif de la fin des années 30 et les politiques actuelles de l’Europe en matière d’immigration», contrairement aux mots d’ordre de la grande manifestation «unitaire» de 18 heures.

«Nous dénonçons l’évolution inquiétante des politiques migratoires au niveau européen, qui nous rappellent les prémices des politiques qui ont mené à la déportation à la fin des années 30», a-t-il expliqué.

«Rafles, camps, déportation. L’Europe assassine», pouvait-on lire sur la banderole rouge déployée par les manifestants.

Les «désobéissants» comptaient rejoindre la grande manifestation, prévue en fin d’après-midi, lancée à l’appel d’un collectif rassemblant le Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples), la CGT, le PS, le Syndicat des avocats de France ou encore le Réseau éducation sans frontières (RESF).

A Lyon, deux cars transportant une centaine de manifestants devant se rendre à la manifestation, sont restés bloqués pendant trois quarts d’heure en gare de Perrache en raison de contrôles d’identité. Les deux cars sont finalement partis après une vingtaine de contrôles, avec 45 minutes de retard.

Source AFP

Bien cher Pascal,


Le titre de l'article, que je viens de lire dans Libération, est :

"A Vichy, des manifestants dérapent".


[www.liberation.fr]


Par ailleurs, comme vous le voyez, le lien est sans équivoque.

Je pense très sincèrement que vos interventions gagneraient à un usage moins sélectif des ciseaux et du pot de colle.

Cher Jmarc, il faut bien reconnaître que dans ce cas précis, M. Orsoni a reproduit tel quel l'article de Libération (y compris le titre) et qu'il n'y a eu aucune censure de sa part...

Merci, cher Alexis...

C'est parfaitement exact.

Je vais donc faire un usage moins sélectif des lunettes (c'est sans doute la perspective de l'acquisition du "Royaume de Sobrarbe" qui me cause ces troubles).

Toutes mes excuses hypocrites à Pascal, car il sait très bien que je n'attends qu'une occasion pour le cribler de mes dards, en lui "donnant sur la queue", comme dit dans les textes militaires anciens.

J'ai cru voir le gardien de buts du Red Star.

"histoire de «faire l’amalgame» entre la période vichyste et l’époque actuelle."


D'habitude ces mêmes personnes détestent les amalgames...

Mais enfin tout de même, si on voulait relancer Vichy (la ville, la station), quelle idée d'aller choisir d'en faire le site d'une conférence sur un sujet aussi sensible... Et si l'on voulait débattre en une conférence internationale d'un sujet aussi sensible, quelle idée d'aller choisir Vichy...

C'est vrai, quel manque de subtilité et de sens politique. Nos gouvernants sont des ânes.

Cher Corto, je ne partage pas votre sentiment sur ce point ; en effet, il me semble que ce choix est beaucoup plus subtil du point de vue de la stratégie politique qu'il n'y paraît. Il permet par exemple de faire apparaître en pleine lumière l'outrance et l'inanité de l'argumentation de certaines associations farouchement immigrationnistes, qui s'en donnent ici à coeur joie en comparant les mesures prises par M. Hortefeux et les lois scélérates du gouvernement de Vichy et en assimilant les "sans-papiers" aux victimes de la déportation (cf. le déguisement obscène de ces énergumènes dont il est question dans l'article mis en ligne par M. Orsoni). Ces rapprochements ne peuvent que discréditer leurs auteurs, y compris auprès de ceux qui éprouvent de la sympathie pour la cause des "sans-papiers" : voyez Libération qui parle de "dérapages" à propos de ces manifestations !

Oui, cher Alexis, même Libération...

Il faut rappeler également qu'au cours de l'histoire la critique de Vichy a subrepticement changé d'axe. A la Libération on reprochait aux collaborateurs de s'être mis au service de l'ennemi, c.a.d d'avoir trahi leur pays. Aujourd'hui, on leur reproche de s'être rendus complices d'une persécution idéologique et "raciale". Ce n'est plus la même chose. A ce propos, certains, comme Paul Thibaud, ont parlé d'une critique "gaulliste et pariotique" de Vichy, opposée à la critique "droit-de-l-l'hommiste". La première visant à refonder une communauté politique éprouvée par la guerre, la seconde visant à créer sa destabilisation permanente : l'important n'est plus que la France ait été envahie en 1940, mais la nature de l'idéologie dans laquelle elle a alors baigné.

Il faut rappeler également qu'au cours de l'histoire la critique de Vichy a subrepticement changé d'axe. A la Libération on reprochait aux collaborateurs de s'être mis au service de l'ennemi, c.a.d d'avoir trahi leur pays. Aujourd'hui, on leur reproche de s'être rendus complices d'une persécution idéolique et "raciale". Ce n'est plus la même chose.

J'ai du mal à saisir le sens de ce distinguo : l'ennemi à l'époque étant le nazisme, se mettre à son service (comme l'a fait le gouvernement de Vichy), c'était de façon simultanée trahir son propre pays et rejoindre l'idéologie et les finalités racistes des nazis.

Il y a un lien bien sûr, mais la perception et partant la critique de Vichy ont bel et bien changé de centre de gravité : les lois sur les Juifs, la rafle du "Vel d'Hiv", la complicité active dans les déportations, tout cela n'était a à peu près pas évoqué à la Libération, ni même au procès de Pétain. Aujourd'hui, on ne parle pratiquement plus que de cela.

Pour illustrer ce propos de Marcel Meyer, l'extraordinaire interview de Meir Weintrater, rédacteur en chef de la revue l'Arche (N° de mars-avril 2005)


« Je vais vous donner un exemple qui m'a frappé. La chanson « Nuit et
brouillard », décrit les victimes des gens qui sont dans des « wagons plombés » et dit :

« Ils s'appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel,
Certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vishnou
D'autres ne priaient pas mais qu'importe le ciel
Ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux ».

Les deux derniers vers évoquent les résistants, essentiellement les
résistants communistes, puisque c'était la mouvance à laquelle appartenait Jean Ferrat.
Dans les deux premiers vers, Natacha fait référence à l'Union Soviétique,
Jean-Pierre, on comprend aussi. Le seul moment où l'identité juive apparaît
est dans Samuel et Jéhovah. Quant à Vishnou, on suppose que c'était pour faire la
rime. Aujourd'hui, un tel texte serait attaqué pour négationnisme implicite.
Pourtant, je me souviens que j'étais à l'époque très content de cette chanson
et ma génération l'a accueillie avec soulagement. On avait le sentiment que
l'on reconnaissait quelque chose implicitement même si cela restait très
marginal.

NAM : Que faut-il en déduire ?
M.W : Que Jean Ferrat lui-même, en tant que Français communisant, et bien que de père juif avait intériorisé la minoration de la persécution des Juifs, alors même que son propre père est mort en camp d'extermination.


Quand on en arrive à ce niveau-là, on doit s'interroger. La réponse de Jean Tennenbaum, dit Jean Ferrat, dont le père fut effectivement assassiné à Auschwitz, fut remarquable d'indignation.

Voici le texte de la réponse :

Monsieur,


Je viens de prendre connaissance de votre interview publiée par « Nouvelles d'Arménie Magazine» de janvier 2005 et ne saurais rester sans réagir à vos déclarations me concernant et concernant aussi ma chanson: «Nuit et brouillard », car c'est la première fois depuis 42 ans qu'elle suscite une réaction de cette nature. C'est la première fois qu'on me reproche, en définitive, de n'avoir pas parlé uniquement de l'extermination des juifs.
Vous osez le faire. J'ai envie de dire : « Tant pis pour vous », mais je vous rappelle que justement, «Nuit et brouillard» est dédié à toutes les victimes des camps d'extermination nazis quelles que soient leurs religions et leurs origines, à tous ceux qui croyaient au ciel ou n'y croyaient pas et bien sûr, à tous ceux qui résistèrent à la barbarie et en payèrent le prix.
Que vous puissiez justement, faire un compte dérisoire en regrettant que : «Le seul moment ou l'identité juive apparaît est dans Samuel et Jéhovah» me paraît particulièrement indigne. Je ne puis également accepter vos interprétations tendancieuses qui concernent les résistants que je célèbre et qui seraient, d'après vous, : « essentiellement communistes ». Je passe sur l'évocation de « Vishnou » que je n'aurais utilisé que pour la rime alors qu'il symbolisait pour moi toutes les autres croyancespossibles.
Si j'avais aujourd'hui à regretter quelque chose, c'est de n'avoir pas cité les autres victimes innocentes des nazis, les handicapés, les homosexuels et les Tsiganes.
Mais il est temps, à présent, d'en venir à votre affirmationfinale : «Aujourd'hui, un tel
texte (vous parlez, bien entendu, de « Nuit et brouillard ») serait attaqué pour négationnisme implicite ».
Je me demande par quelle dérive de la pensée on peut en arriver là, et si vos propos ne relèvent pas simplement de la psychiatrie.

Citation

Si j'avais aujourd'hui à regretter quelque chose, c'est de n'avoir pas cité les autres victimes innocentes des nazis, les handicapés, les homosexuels et les Tsiganes.

Très bien, ce Jean Ferrat.

Corto vous auriez dû remarquer que Ferrat "oublie" (comme par hasard) les victimes europénnes "de souche"... je veux parler de l'homme blanc lambda, non nazi.

Ferrat "oublie" (comme par hasard) les victimes européennes "de souche"... je veux parler de l'homme blanc lambda, non nazi.

Et Jean-Pierre, il a fait la Nuit des Longs Couteaux ?

Vous voulez dire que les nazis ont aussi déporté en masse des européens de souche, pour le seul motif de leur souche ? Merci, Pascal, pour cette précieuse information que les lobby juifs ont réussi à celer depuis plus de 60 ans !

De qui peut-il bien être question ?

"Vous voulez dire que les nazis ont aussi déporté en masse des européens de souche, pour le seul motif de leur souche ?"

Ah... je croyais qu'une guerre qui fit autant victimes ne choisissait pas toujours ses morts (les Juifs, les homosexuels, etc)... et que, le "de souche" lambda, lui aussi, pris dans un conflit aussi meurtrier...

Cette chanson parle des déportés, qu'ils soient de souche ou autres, qu'ils prient Jésus ou pas, qu'ils soient déportés raciaux ou politiques. Elle concerne aussi bien Geneviève de Gaulle (prototype du "de souche" de droite catholique) que des communistes juifs étrangers.

Elle fait penser en grande partie à "La rose et le réséda".

Bein oui, cette chanson elle parle de l'HOMME quoi !... Je propose même une reprise, version rap...

J'ai des liens avec le côté Anthonioz de la famille de feu Madame Geneviève de Gaulle-Anthonioz. Tous les Anthonioz sont originaires des Gets !

Elle a écrit un très beau livre : La Traversée de la nuit.

"J'ai des liens..."

Mais oui Corto nous en avons tous, des liens...

...Ou si nous n'en avons pas, nous en créons, du lien...

Grand bien vous fasse !