A qui profite le mot "sionisme" ?

[publié dans Actualité Juive le 13/11/2008]

Depuis quelques temps, Israël a remplacé les juifs dans le rôle du grand méchant loup, et la théorie du complot juif mondial laisse désormais la place au complot sioniste mondial. Et ce d'autant plus facilement que l'antisionisme n'est pas juridiquement condamnable. Les esprits les plus brillants n'ont pas manqué de le faire remarquer, de Taguieff à Finkielkraut, mais hélas rien n'est proposé pour essayer de sortir de cette impasse.
Or le terme "sionisme" est-il encore approprié pour définir la réalité que nous connaissons tous ? Non seulement il semble bien que non, mais de plus l'analyse la plus prosaïque tend à démontrer que son utilisation est plutôt contre-productive. On peut dès lors se demander s'il est bien raisonnable et sérieux de continuer à scier une branche sur laquelle on est assis.
Puisqu'on parle des mots, un minimum de sémantique s'impose, penchons-nous un instant sur la définition du mot "sionisme" :
"SIONISME, subst. masc.
Mouvement politique et religieux né de la nostalgie de Sion, permanente dans les consciences juives depuis l'exil et la dispersion, provoqué au XIXe s. par l'antisémitisme russe et polonais, activé par l'affaire Dreyfus, et qui, visant à l'instauration d'un Foyer national juif sur la terre ancestrale, aboutit en 1948 à la création de l'État d'Israël."
Et sur celle d' "aboutir" :
"ABOUTIR, verbe.
Toucher un bout, trouver un terme, avec ou sans nuance d'effort."
L'observateur extérieur aux questions du Moyen-Orient, et même celui qui baigne dans cet environnement, ne peut qu'être frappé par ce constat : le sionisme est un mouvement politique qui a trouvé son terme dans la création de l'Etat d'Israël, en 1948. Pourquoi dès lors se réclamer encore d'un mouvement qui a abouti ?
Ceux qui emploient aujourd'hui le mot sionisme en en faisant une accusation, voire une insulte, sont dans une logique bien définie : la diabolisation, et la théorie du complot. On ne pourrait donc leur en vouloir d'employer ce terme en y rattachant des réalités actuelles, la politique de l'Etat d'Israël notamment. Mais ceux qui sont accusés d'être des sionistes, pourquoi devraient-ils accepter de revêtir cette tunique de Nessus ?
En refusant la légitimité même de ce terme, et en le renvoyant à une réalité historique concrète, réelle et bien limitée dans le temps, de 1895 à 1948, les défenseurs de la politique de l'Etat d'Israël rendraient à cet Etat son rang d'Etat-Nation parmi les Etats-Nations, et renverraient la théorie du complot sioniste aux complotistes.
Un tel désaveu permettrait de couper l'herbe sous le pied des plus farouches opposants à la politique de l'Etat d'Israël. Il n'y aurait plus d'ambigüité possible entre antisionisme et antisémitisme, alors que c'est derrière ce paravent sémantique que se cachent aujourd'hui tant de judéophobes inavoués. Les cartes du débat seraient redistribuées, on parlerait soit de la réalité d'Israël, via l'expression "politique de l'Etat d'Israël", soit de fantasmes complotistes, via les termes de "sionisme" et de "sionistes". La loi ne manquerait pas d'être changée, l'antisionisme n'étant plus différent de l'antisémitisme, puisque qualifiant le même fantasme des juifs dirigeants le monde, étant riches ou tirant les ficelles de la finance mondiale.
Il n'est pas acceptable qu'un seul Etat au monde soit, par le langage, dépossédé de sa légitimité, or c'est aujourd'hui le cas avec le mot "sionisme". Ceux qui emploient ce terme pour désigner autre chose que le mouvement historique initié par Herzl en vue de créer un Etat d'Israël, doivent être renvoyés à leur réalité complotiste du Protocole des Sages de Sion, et Israël doit regagner sa légitimité d'Etat souverain, ainsi on y verra plus clair.
Jean Robin

Pfffff.... quel ennui. Nous sommes en France, que Diable !

(Ca y est, il redémarre...)

Qui, Pascal ? Robin ou Rackham ?

Tant qu'Israël ne peut vivre en paix par ses propres moyens, le sionisme est toujours actif. Mais pour certains la paix serait un problème.

"Tant qu'Israël ne peut vivre en paix par ses propres moyens"

Israël, depuis sa création, et comme par définition, ne peut vivre selon ses propres moyens...

Le terme "antisionisme" est aujourd'hui le faux-nez des antisémites, comme les négationnistes se cachent derrière le "révisionisme".