Aubry ou Royal, après tout, on s'en fiche... De toute façon le PS ne dit plus rien, ne propose plus rien, ne sécrète plus rien.
..................................................................................
Aubry élue avec 50,02%, Royal demande de revoter
Le Parti socialiste, "c'est la Floride!"
(REUTERS. il y a 1 heure 4 min)
Huit heures pour 42 voix: le Parti socialiste a vécu une nuit électorale épique, émaillée de tensions, de conciliabules et de recomptages pour finalement déboucher tôt samedi matin sur la victoire de Martine Aubry face à Ségolène Royal, d'un cheveu.
CONTESTATIONS ET RECOMPTAGES POUR ÉLIRE LE PREMIER SECRÉTAIRE DU PS
Le film d'une nuit qui a fracturé le PS
A 22h00, les bureaux de vote ferment. Sourires aux lèvres, partisans et soutiens de Ségolène Royal arrivent par grappes dans un hôtel particulier de Paris, loué pour l'occasion à quelques encablures du siège du PS, rue de Solférino.
"52 ou 53%, quasi certain pour Royal. Ouf, on a évité le pire, le moit'-moit'! Et maintenant, accrochez vos ceintures", plaisante par SMS un ancien ministre.
A trois reprises, pendant que des ouvriers installent une tribune et des micros, Manuel Valls viendra expliquer la situation aux journalistes réunis sous les dorures de la Maison des Polytechniciens. Calme d'abord, tendu ensuite pour terminer sur des accusations de "triche". "Nous ne nous laisserons pas voler la victoire", clame-t-il enfin.
Arrivée discrètement en TGV de Lille vers 22h00, Martine Aubry s'est installée à la Questure de l'Assemblée nationale avec ses proches, qui lancent la contre-offensive médiatique. "Si on vous annonce la victoire de Royal, c'est qu'il y a une fraude massive ou ceux qui vous le disent sont des abrutis finis", tonne Claude Bartolone vers 23h00, évoquant toutefois un score de 50,9% en faveur de la présidente de Poitou-Charentes.
"L'écart se resserre, aucun commentaire", transmet laconiquement par téléphone le premier secrétaire sortant François Hollande.
"Le PS, c'est la Floride!", s'exclame un jeune militant royaliste en allusion aux contestations qui avaient marqué l'élection présidentielle américaine de 2000 dans cet Etat.
LES JOURNALISTES AU FRIGIDAIRE
Il est 01h00 du matin, le camp Aubry ne doute plus. Claude Bartolone, Jean-Christophe Cambadélis et François Lamy décrochent leur téléphone pour annoncer la victoire de la chef de file des "Reconstructeurs".
Au même moment au siège du PS, rue de Solférino, Vincent Peillon, Patrick Mennucci et David Assouline, trois proches de Ségolène Royal, se sont installés dans le bureau du premier secrétaire, au premier étage. L'oreille rivée à leur téléphone portable. Les photographes immortalisent la scène.
"Il est impossible de proclamer les résultats ce soir", affirme Manuel Valls devant les caméras. Même constat pour Daniel Vaillant, qui était chargé par la direction de siffler la fin du duel 100% féminin. "Je ne peux pas dire qui l'emporte", se désole l'ancien ministre de l'Intérieur.
Dehors, le ton monte entre partisans des deux rivales - une petite centaine de personnes - sous l'oeil éberlué de caméras étrangères en plein direct sur le trottoir, pendant que les journalistes français sont bloqués derrière les grandes grilles du siège.
"Magouilleurs", crient les militants pro-Royal. "Unité", leur répliquent les troupes de Martine Aubry.
Dans les bureaux, entre les négociateurs des deux équipes, l'agressivité est également de mise. "Ils nous font la totale, on se bat pour 40 voix et Ségo veut imposer Peillon comme premier secrétaire délégué", commente un jeune dirigeant.
Martine Aubry appelle sa rivale malheureuse au téléphone pour parler "responsabilité" mais Ségolène Royal, elle, réunit d'urgence son "conseil politique" dans ses bureaux du boulevard Raspail.
Dehors, la température est polaire. "Elle met pas sa candidature au Frigidaire, elle met les journalistes au congélateur", lance un photographe réfugié dans une cabine téléphonique.
Dans un monospace, le trio Peillon-Mennucci-Assouline débarque et s'engouffre dans l'immeuble, sous la protection de trois gardes du corps.
04h15, les rideaux blancs du quatrième étage s'agitent. Au rez-de-chaussée, Jean-Pierre Mignard demande que l'on rejoue le deuxième tour. "Nous appartenons à un très grand parti et détenteur d'une très grande éthique et garant de la démocratie", conclut l'avocat, ami et conseiller de Ségolène Royal.
Edité par Henri-Pierre André