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Jean Markale.

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
24 novembre 2008, 22:19   Jean Markale.
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Letélégramme.com (24/11/05)

Nécrologie. Jean Markale un passionné de celtisme

Auteur d’une centaine d’ouvrages, notamment sur les Celtes, Jean Markale est mort hier matin, à l’hôpital d’Auray. Il avait quatre-vingts ans.

De son vrai nom Jacques Bertrand, Jean Markale avait, avant de se lancer dans l’écriture, exercé, pendant vingt-cinq ans, le métier de professeur de lettres classiques dans un collège parisien. Mais, en 1979, fort de son succès avec « La femme celte » (Payot), il avait arrêté l’enseignement et était venu s’installer à Camors, près d’Auray, le pays de ses ancêtres. C’est là qu’il écrira, à une cadence pour le moins soutenue, tous ses livres. Ses grandes spécialités : les Celtes, le mythe du Graal, l’histoire de la Bretagne, l’ésotérisme et les énigmes historiques. Autant de thèmes qu’il a développés à satiété et exploités sous différentes formes, en particulier à travers des « cycles » qui lui permettaient de laisser libre cours à sa verve épique et à son imagination.
Poète plutôt que chercheur
Son manque de rigueur scientifique était, d’ailleurs, le reproche que lui faisaient ses nombreux détracteurs. Mais Markale s’en moquait : « Je préfère être considéré comme poète plutôt que comme chercheur », assurait-il. En 1998, il avait reçu le prix Trévarez pour son premier roman, « Notre-Dame de la Nuit ». Un genre dans lequel il envisageait de poursuivre. Mais il avait finalement repris le sillon qu’il avait creusé et qui lui réussissait : la civilisation celtique et le Graal. Coïncidence troublante : Jean Markale s’est éteint une semaine seulement après la mort de son ami Charles Le Quintrec, qu’il avait connu dès 1948, à Paris. La maladie l’aura ainsi empêché de respecter le pacte que tous deux avaient passé : le survivant devait prononcer l’éloge funèbre du premier décédé !


Yves Loisel
24 novembre 2008, 22:57   Re : Jean Markale.
Qu'il repose en paix. En fait de poète, et l'homme ne manquait pas de charme, il fut un vulgarisateur prolixe qui prenait des libertés avec la chronologie, les sources et la vraisemblance.
Utilisateur anonyme
24 novembre 2008, 23:50   Re : Jean Markale.
Et quel beau visage...
25 novembre 2008, 07:24   Re : Jean Markale.
Triste nouvelle. Markale préférait être considéré comme un poète, mais cela ne l'empêchait pas de faire figure d'autorité incontestée dans un domaine savant où il n'avait que faire, et où il usurpait la place de véritables chercheurs. Usurpation n'est pas trop fort, puisqu'il passait pour connaître des langues et des littératures celtiques qu'il faisait mine de traduire sans en savoir le premier mot. Le mal qu'il a causé dans ce domaine du savoir est grand, et ses ouvrages occupent tout le terrain à la manière de ceux d'Onfray dans les rayons "philosophie" des Fnac de province ; mais il aura eu au moins cette utilité de nous prouver, s'il était encore nécessaire, que la faveur des médias va d'instinct aux faussaires, ou aux poètes, comme il disait.
25 novembre 2008, 09:47   Re : Jean Markale.
Puisque vous insistez à juste titre, Henri Bès, j'en profite pour attirer l'attention sur le travail formidable des médiévistes français ces dernières années.
Exemple, la collection Lettres Gothiques(Livre de Poche)dirigée par Michel Zinc offre aux étudiants et lecteurs curieux des grands textes en vieux français avec, en regard, l'adaptation moderne. Notes et bibliographies abondantes complètent ces ouvrages d'un prix abordables. La rigueur n'exclut pas le plaisir.
25 novembre 2008, 11:48   Re : Jean Markale.
« ses ouvrages occupent tout le terrain à la manière de ceux d'Onfray dans les rayons "philosophie" des Fnac de province. »

Superbe !
26 novembre 2008, 07:40   C'était mieux avant
Vous faites bien, Florentin, de signaler cette excellente collection, Lettres Gothiques, qui donne à lire les textes eux-mêmes. J'ai suivi les cours de M. Zink dans mon jeune temps, parmi des centaines d'autres étudiants de Licence. Il faisait partie d'une brillante pléiade de médiévistes, à Paris IV, qui rendaient ce temps et sa civilisation absolument passionnants. En plus de ses indispensables cours de langue, nous suivions ceux de Charles Méla pour la littérature. J'ai passé deux années délicieuses, Licence et maîtrise, à n'étudier que des oeuvres médiévales (mais dans un accès de modernisme échevelé, le bureau de la scolarité m'avait prescrit tout de même un certificat sur Boileau et Rousseau). Quant aux études celtiques, les travaux de l'université de Rennes sont extrêmement recommandables. C'est en lisant quelques brochures venues de là que j'ai vu le mal qu'un Markale a commis avec sa profusion de sottises "poétiques". Malheureusement, l'école a perdu cette belle imperméabilité aux prestidigitateurs malhonnêtes du savoir : quand on tombe de l'université au collège et au lycée, on se rend compte que bien des Markale y usurpent de fausses réputations. Par exemple, La Controverse de Valladolid, qui a fait pleurer les seiziémistes, est si bien placée dans l'air du temps que les critiques de ses anachronismes et de ses bourdes laissent l'Inspection de marbre. Ce texte est enseigné comme un classique. C'est le syndrôme Dan Brown, qui ravage les esprits. Quand l'auteur est convaincu de mensonge (rarement, les médias étant devenus indifférents à la distinction de la vérité et de l'erreur), il rétorque qu'il est un poète et qu'il a droit à ses licences. Quand on a le dos tourné, voilà le même qui joue aux spécialistes et se fait passer pour un historien.

C'est bien de l'ignorance, de l'à-peu-près, du faux, du Markale, du Plénel, de la Halde, que l'on enseigne aux élèves, dans un système scolaire de plus en plus lyssenkiste... La lecture des livres prescrits aux collégiens, écrits pour eux, est quelque chose de terrifiant. Voilà la seule et dernière cause qui me ferait risquer le ridicule de m'armer d'un fouet, de chasser Onfray de la Fnac et Valladolid des salles de classe.
26 novembre 2008, 07:51   Re : Jean Markale.
« En 1992, La Controverse de Valladolid, téléfilm de David Verhaeghe, sur un scénario de Jean-Claude Carrière, ancien élève de l’Ecole Normale de Saint-Cloud, très bien construit, servi par une riche brochette de bons interprètes, courut sans risque au succès, présenté sur une chaîne majeure, encensé avant d’être diffusé. Concert d’éloges et tintamarre sans qu’aucun critique, dans un journal de grande diffusion, n’eût l’idée et le courage de mettre en doute le bien-fondé d’un message asséné de façon si agressive, aux limites du burlesque. Cette Controverse n’était qu’imposture et tissu d’arnaques. On présentait les conseillers du roi d’Espagne et les hommes d’Eglise discutant gravement, l’an 1550, pour décider si les Indiens, montrés devant eux comme des bêtes curieuses, étaient vraiment des êtres humains, créatures de Dieu dotées d’une âme, alors qu’au retour de son premier voyage, le 31 mars 1493, soixante et quelques années plus tôt, Christophe Colomb avait fait une entrée solennelle dans Séville, accompagné de six Indiens parés de leurs costumes de cérémonie, de leurs armes et de leurs ornements d’or ; Indiens que le roi, la cour, les évêques et les prêtres, les gens du peuple avaient ensuite, dans un bon nombre de cités, pu approcher tout à loisir, les entendre parler entre eux, dire quelques mots de castillan et constater qu’ils s’accommodaient fort bien de vivre parmi les Chrétiens. Les personnages assis dans le film les virent un moment éclater de rire et s’en étonnèrent. On nous montre aussi, présidant la docte assemblée, prêt à trancher le débat, un gros cardinal tout exprès mandé de Rome… alors que tout lecteur d’un manuel peut savoir que, depuis le traité de Tordesillas, le 7 juin 1494, le pape Alexandre VI Borgia avait laissé aux rois et à l’Eglise d’Espagne et du Portugal tout pouvoir pour évangéliser et organiser le clergé dans les nouveaux territoires d’outre-Atlantique. Rome ne devait en aucun cas intervenir. » (Jacques HEERS, L’Histoire assassinée, Les pièges de la mémoire, Editions de Paris, Paris, 2006,269 pages, pp. 201-202.)

(Source : Wikipedia, article "La Controverse de Valladolid".)
26 novembre 2008, 08:05   Re : Jean Markale.
Oui, la connaissance précise du passé est devenue vraiment révolutionnaire dans "ce régime intellectuel communiste du XXI°s".
26 novembre 2008, 08:27   Re : Jean Markale.
Mille fois merci, cher Bernard, pour cet extrait remarquable !

Il faut, de temps en temps, remettre en question la "machinerie" si bien huilée de l'agit-prop progressiste qui nous asséne depuis si longtemps ses contre-vérités.
26 novembre 2008, 10:06   Re : Jean Markale.
A propos d'adaptations cinématographiques, on a le meilleur et le pire. Si j'avais aimé Jean Pierre Marielle et Jean Carmet dans Bouvard et Pécuchet, j'ai détesté le mauvais parti qu'on leur fait prendre dans La Controverse Valladolid.
Cela me fait penser à un autre de ces mauvais coups dont on nous gratifie régulièrement, Saint-Germain ou la négociation. Pour qui a lu le livre de Francis Walder (Goncourt 1958), la trahison est insupportable.
26 novembre 2008, 10:22   Re : Jean Markale.
Je signale aussi le film de P. Leconte "Ridicule" qui n'est rien d'autre qu'un tissu de mensonges cad une charge de propagande de bas étage contre l'ancien régime.
Utilisateur anonyme
26 novembre 2008, 10:27   Ridicule, oui, c'est bien le mot…
De toute façon, Cher Rogemi, regarder un film de Patrice Leconte est une pénible épreuve en soi.
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