Vous faites bien, Florentin, de signaler cette excellente collection, Lettres Gothiques, qui donne à lire les textes eux-mêmes. J'ai suivi les cours de M. Zink dans mon jeune temps, parmi des centaines d'autres étudiants de Licence. Il faisait partie d'une brillante pléiade de médiévistes, à Paris IV, qui rendaient ce temps et sa civilisation absolument passionnants. En plus de ses indispensables cours de langue, nous suivions ceux de Charles Méla pour la littérature. J'ai passé deux années délicieuses, Licence et maîtrise, à n'étudier que des oeuvres médiévales (mais dans un accès de modernisme échevelé, le bureau de la scolarité m'avait prescrit tout de même un certificat sur Boileau et Rousseau). Quant aux études celtiques, les travaux de l'université de Rennes sont extrêmement recommandables. C'est en lisant quelques brochures venues de là que j'ai vu le mal qu'un Markale a commis avec sa profusion de sottises "poétiques". Malheureusement, l'école a perdu cette belle imperméabilité aux prestidigitateurs malhonnêtes du savoir : quand on tombe de l'université au collège et au lycée, on se rend compte que bien des Markale y usurpent de fausses réputations. Par exemple,
La Controverse de Valladolid, qui a fait pleurer les seiziémistes, est si bien placée dans l'air du temps que les critiques de ses anachronismes et de ses bourdes laissent l'Inspection de marbre. Ce texte est enseigné comme un classique. C'est le
syndrôme Dan Brown, qui ravage les esprits. Quand l'auteur est convaincu de mensonge (rarement, les médias étant devenus indifférents à la distinction de la vérité et de l'erreur), il rétorque qu'il est un poète et qu'il a droit à ses licences. Quand on a le dos tourné, voilà le même qui joue aux spécialistes et se fait passer pour un historien.
C'est bien de l'ignorance, de l'à-peu-près, du faux, du Markale, du Plénel, de la Halde, que l'on enseigne aux élèves, dans un système scolaire de plus en plus lyssenkiste... La lecture des livres prescrits aux collégiens, écrits pour eux, est quelque chose de terrifiant. Voilà la seule et dernière cause qui me ferait risquer le ridicule de m'armer d'un fouet, de chasser Onfray de la Fnac et Valladolid des salles de classe.