Merci de m’avoir répondu, cher Florentin. Ce qui me plaît dans cette citation (volontairement hors contexte pour susciter d’éventuels commentaires), c’est cette affirmation qu’il faut partir des racines nationales pour atteindre l’universel. Les artistes Cobra, au sortir de la guerre, lancèrent un appel - unique dans l’histoire de l’Art du XXe, non ? - aux sources, via les mythologies nordiques notamment en même temps qu’à une réelle conscience européenne. Cette conscience européenne qu’on tente toujours d’inventer. Ils en étaient proches pourtant.
Mais, outre cela, certains d’entre eux voulaient remonter par le geste pictural aux images les plus archétypales, à l’énergie enfouie en l’homme depuis des temps immémoriaux. Dotremont, l’intellectuel, le rédacteur des « Petit Cobra » qui avait le sens de la formule (et un lyrisme qui ferait ricaner aujourd’hui) disait ceci : « Cobra, c’est le mélange non dosé de l’origine première par des origines immanentes pour une origine future ».
Pourtant, l’appel fut entendu, le réseau des peintres, écrivains, musiciens s’est étendu très rapidement dans toute l’Europe. A-t-on suffisamment prêté attention à cette époque, à ce formidable élan ? À présent, on commémore mais c’est un peu tard, le train est passé. Sauf pour les artistes qui, tous ont continué à peindre ou écrire ou « peindre-écrire » dans l’esprit Cobra et, contre vents et marées (les théories fumeuses, les doctrines endoctrinantes, les technologies réfrigérantes), ont poursuivi leur idéal, individuellement ou collectivement. Hélas, la plupart d’entre eux sont morts. Pas toujours depuis longtemps « mais pour longtemps » comme a dit Alechinsky de la mort d’Hugo Claus.