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Racines nationales d'abord

Envoyé par Aline 
01 décembre 2008, 11:19   Racines nationales d'abord
« L’art doit avoir des racines nationales et une visée internationale. Sans racines nationales, l’Art est nécessairement distraction, évasion, une sorte de mathématique aérienne de la sensibilité qui peut avoir son charme, son éclat mais dont l’utilité ne peut être que de 32ème ordre. Les seules racines que l’Art peut avoir sont nationales. »
Ces notes prises hier dans l’exposition Cobra organisée au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles pour fêter le soixantième anniversaire du mouvement (1948-1951), proviennent d’un fac-similé d’un texte de Christian Dotremont paru dans la revue « « Le petit Cobra 2 » en 1949.
Il précise dans le même texte, que la Nation n’est pas une affaire de Gouvernement d’abord mais une affaire de peuple, une affaire de gens.
La Nation dit-il « est d’abord pour nous l’ensemble des propriétés mentales et affectives de ce peuple, de ces gens ». Et que c’est en partant de la sensibilité, de l’état d’esprit propre à un pays que l’on peut tenter de contribuer à « l’aménagement général du plaisir esthétique de l’époque, de l’Homme ».
01 décembre 2008, 13:16   Re : Racines nationales d'abord
Oui, chère Aline, l'artiste a besoin du peuple, du public; il s'exprime dans un langage connu du public. On voit où en est la chanson; remplacée par des cris de bêtes furieuses.
Fini le temps où Antoine Blondin, dans l'Equipe, parlait du dopage en pastichant Madame de Sévigné(L'affaire des poisons).
Vous me direz que Racine écrivait pour une poignée de gens; on en est là et on doit tenir le coup.
01 décembre 2008, 14:55   Re : Racines nationales d'abord
Une poignée de gens, une poignée de gens... Une poignée de gens peut-être, mais qui tenaient le pays et décidaient de son goût...
01 décembre 2008, 15:35   Re : Racines nationales d'abord
Merci de m’avoir répondu, cher Florentin. Ce qui me plaît dans cette citation (volontairement hors contexte pour susciter d’éventuels commentaires), c’est cette affirmation qu’il faut partir des racines nationales pour atteindre l’universel. Les artistes Cobra, au sortir de la guerre, lancèrent un appel - unique dans l’histoire de l’Art du XXe, non ? - aux sources, via les mythologies nordiques notamment en même temps qu’à une réelle conscience européenne. Cette conscience européenne qu’on tente toujours d’inventer. Ils en étaient proches pourtant.
Mais, outre cela, certains d’entre eux voulaient remonter par le geste pictural aux images les plus archétypales, à l’énergie enfouie en l’homme depuis des temps immémoriaux. Dotremont, l’intellectuel, le rédacteur des « Petit Cobra » qui avait le sens de la formule (et un lyrisme qui ferait ricaner aujourd’hui) disait ceci : « Cobra, c’est le mélange non dosé de l’origine première par des origines immanentes pour une origine future ».
Pourtant, l’appel fut entendu, le réseau des peintres, écrivains, musiciens s’est étendu très rapidement dans toute l’Europe. A-t-on suffisamment prêté attention à cette époque, à ce formidable élan ? À présent, on commémore mais c’est un peu tard, le train est passé. Sauf pour les artistes qui, tous ont continué à peindre ou écrire ou « peindre-écrire » dans l’esprit Cobra et, contre vents et marées (les théories fumeuses, les doctrines endoctrinantes, les technologies réfrigérantes), ont poursuivi leur idéal, individuellement ou collectivement. Hélas, la plupart d’entre eux sont morts. Pas toujours depuis longtemps « mais pour longtemps » comme a dit Alechinsky de la mort d’Hugo Claus.
01 décembre 2008, 16:50   Re : Racines nationales d'abord
Vous avez parfaitement raison, Renaud Camus, ce qui rend la tâche encore plus difficile. Je crois que le premier écueil est la dispersion; ainsi faut-il cultiver des sites comme celui-ci.
La question que vous posez, Aline, est des plus intéressantes. On est d'un temps et d'un lieu; le langage, la technique que nous utilisons ont une histoire. On ne peut faire l'impasse sur l'histoire sans se condamner à de maladroites redites.
01 décembre 2008, 20:09   Tenir le pays
Bien cher Maître,

Vous avez parfaitement raison. Comme le dit le peuple, "c'est par la tête que se gâte le poisson". Si les "élites" se laissent aller, s'avachissent, il est fatal que le reste suive.

Je persiste à penser que la catastrophe actuelle est celle de nos intellectuels, et non celle de notre "population générale" qui n'est la cause de rien.
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