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Comédie française

Envoyé par Marcel Meyer 
07 décembre 2008, 11:21   Comédie française
Eprouvante sortie à la Comédie Française hier. On donnait L’Illusion comique, dans une nouvelle mise en scène de Galin Stoev, et c’était la première représentation. Je n’avais pas été à la salle Richelieu depuis des décennies, depuis le lycée, en grande partie parce qu’on y avait réussi à me persuader que c’était vieillot, poussiéreux, académique en un mot. En prenant des places pour toute la famille, je souhaitais permettre à mes fils de voir, sur une scène prestigieuse, fonctionnant comme une sorte de conservatoire, une belle pièce du grand répertoire du XVIIe Siècle. Tout le monde s’était préparé en lisant ou relisant la pièce à l’avance et l’on s’habilla avec soin. Comme nous aurions aimé aimer cette soirée !
Nous nous attendions à voir le public en tenue très négligée et de fait, les gens étant habillés en blue jeans à l’image des lycéens qui formaient un tiers peut-être des spectateurs et qui étaient vêtus comme au lycée ; la surprise fut de ne pas apercevoir une seule personne habillée en tenue de soirée, sauf le personnel. Avec mon nœud papillon, je me disais que j'allais recevoir les manteaux des gens sur les bras.

Le premier choc vint du décor, visible dès l’entrée dans la salle car il n’y avait pas de rideau : en gros, la salle d’attente d’un centre médico-social dans une banlieue "sensible", en plus sombre seulement et sans la plante verte. Des cloisons géométriques, une grande vitre opaque, genre verre dépoli, des tubes fluorescents en guise de luminaires et des sièges à deux sous. Le programme que l’on vous distribue montrait aussi qu’on aurait droit à ce qu’on attendait dès lors, des acteurs habillés de nippes contemporaines quelconques, très quelconques, tout à fait assorties au décor. Nous n’avions pas envie de cela car il est difficile de faire quelque chose de plus banal, de plus attendu, de plus usé jusqu’à la corde que ce procédé-là pour une pièce classique. Et, malgré quelques belles réussites – je pense notamment à une Carmen très dépouillée donnée naguère par Peter Brook aux Bouffes du Nord avec une orchestration de chambre réalisée par Jolivet – il me semble qu’il est plus que temps de passer à autre chose, ou alors de rester ou redevenir classique. Donc, on soupire, mais enfin tant pis, on s’apprête malgré tout à ne pas bouder son plaisir car la mise en scène peut réserver de bonnes surprises, les acteurs sont certainement de grands professionnels et surtout, il y a le texte de Corneille. Hélas, trois fois hélas !

La mise en scène ? Une bonne idée (un écran tout au fond qui reflète, déformées, les têtes des personnages qui passent là), bonne parce que cohérente avec la pièce, mais pour le reste… La direction d’acteurs est constamment bizarre, les personnages ont tantôt des attitudes dilettantes (Pridamant, le père éploré qui recherche désespérément son fils, les mains dans les poches, vêtu d’un gros pull flottant, ressemble à un badaud faisant du lèche-vitrines), tantôt se lancent dans des courses hystériques sans queue ni tête, se roulent par terre (à l’occasion de quoi, la jeune femme qui joue Isabelle, l’héroïne, montre longuement et très généreusement ses cuisses, ce qui ne m’a pas paru désagréable en soi, la donzelle les ayant alléchantes, mais ne semblait pas être très cohérent avec le personnage incarné), tantôt se font des poutounes comme de braves petit-bourgeois d’aujourd’hui, y compris entre nobles et valets. Le parti adopté pour le décor et les costumes montre tout de suite ses limites lorsqu’à la Scène 2 le magicien Alcandre donne, dit le texte, un coup de baguette magique et on tire un rideau derrière lequel sont en parade les plus beaux habits des comédiens. Ici, le père est invité à monter sur une chaise et à jeter un coup d’œil par une demi-fenêtre haute. Nous ne voyons rien du tout, ce qui fait tomber à plat la remarque du père : « Mon fils n’est point de rang à porter ces richesses / Et sa condition ne saurait endurer / Qu’avecque tant de pompe il ose se parer », d’autant qu’à l’acte V, les acteurs, qui sont censés porter ces magnifiques habits seront vêtus aussi pauvrement et banalement qu’au début. Ces acteurs sont du reste beaucoup moins nombreux que ce que prévoit le texte : le magicien par exemple, devient, sans changer de vêtement, Géronte, le père de l’héroïne ; pourquoi ? Par souci d’économie ? Si l’on ne connaît pas la pièce, comment comprendre ? La troupe de serviteurs est absente. Ainsi, lorsqu’après avoir tué son rival en duel (ici d’un coup de surin à cran d’arrêt), Clindor abandonne la partie face à la « Troupe de domestiques » prévue par Corneille en s’écriant « Hélas, je cède au nombre ! », il crie dans le vide, face à absolument personne.

Les acteurs ? Inégaux, pour dire le moins. Dès qu’elle veut parler fort, l’héroïne a une voix de crécelle qui bascule dans les aigus ; bien des répliques de presque tous les acteurs se perdent complètement dans des murmures inarticulés couverts par les quelques toux de spectateurs. La prosodie, ou métrique si l’on préfère, n’est pas respectée, bien souvent : C’est grossir mes douleurs que de tair’ mes peines clame par exemple Isabelle.

Mais le pire est à venir. Il restera toujours, pensais-je, le texte de Corneille. Eh bien non ! Galin Stoev a opéré des coupes. Entendez-vous bien, bonnes gens ? A la Comédie Française, on taille dans le texte des classiques, parfois des scènes entières ! Ici a, entre autres, été complètement enlevée la Scène 4 de l’Acte V. C’est pour le moins cavalier en soi, mais en l’occurrence c’est parfaitement imbécile car il s’agit de l’une des scènes les plus fortes de la pièce, avec un texte magnifique (quelques heures avant la représentation, je déclamais à la petite famille les terribles vers dans lesquels Rosine montre à Clindor qui la repousse qu’il trahit doublement…), et le personnage de Clindor en est appauvri, simplifié ; quant à sa mort, qui survient immédiatement après la scène coupée, elle devient totalement incompréhensible. J’aimerais bien, par curiosité, entendre le metteur en scène justifier cette coupe-là.

En un mot comme en cent, une catastrophe. Mais, de même que nous étions biens seuls par la vêture, nous le fûmes aussi par la déception : le public applaudit d’enthousiasme. Je me demande ce qu’en écriront les critiques. Mieux vaut, beaucoup mieux vaut, se contenter de lire le texte et se le déclamer les uns aux autres en famille ou entre amis. Ou alors suivre les conseils d’une publicité aperçue sur le chemin du théâtre : vantant les mérites d’un téléphone portable permettant de capter la télévision, Orange proclame : « Laissez-vous envahir par la télévision ». Quelle époque, grands dieux, quelle époque !
07 décembre 2008, 11:30   Re : Comédie française
Tough...
07 décembre 2008, 14:54   Avant les Perses...
... il y eut cette émission, qui enchantait la famille moderne: on y découvrait la France, on y citait Victor Hugo, on y présentait la Dauphine, puis bientôt la belle Floride, aussi belle et racée que Marina Gray. Les Français étaient invités à s'évader en France pour y découvrir son territoire, comme l'avaient fait jadis les soldats dans les trains les conduisant au front. Pour la première fois, les gens du peuple et la naissante petite bourgeoisie se voyaient invités à découvrir le territoire national en le parcourant en temps de paix, en automobile (grande différence avec la ruée des congés-payés prenant les trains d'assaut vingt-cinq ans auparavant), à leur rythme, pour la jouissance esthétique et culturelle (pas pour le camping à la plage ou la foutue neige sale et régimentaire comme aujourd'hui).
I C I

La Roue tourne était par excellence l'émission des parents, qui finirent par s'acheter une Floride blanche et rouge décapotable (le toit rouge en acier (la face intérieure capitonnée d'un simili cuir piqueté gris souris ) pouvait se retirer pour l'été laisser se déployer une capote en toile noire) - véritable merveille
07 décembre 2008, 15:00   Re : Comédie française
Il est rarement nécessaire d'aller au théâtre ces temps-ci, vous savez. La dernière fois que j'y ai applaudi d'enthousiasme et à tout rompre, à l'étonnement de la salle, ce fut pendant une comédie de Shakespeare, à Grignan, au cours de laquelle un acteur trouva bon de montrer son cul. Mon applaudissement, d'ailleurs, ne gêna personne, car on ne comprenait rien au texte vociféré. Finalement, ce cul était ce qu'il y avait de mieux dans la "production".
08 décembre 2008, 08:29   Re : Comédie française
Cher Marcel Meyer,

Vous eussiez dû, avant de vous rendre à la CF, lire, non pas les vers de Corneille, mais la prose de celui qui a été désigné pour les mettre en scène (à la Seine ? en cène ? Les avaler ?).
Voici, pour le fun, quelques lignes copiées sur le site internet de ce menteur en Seine.


Définir les grandes lignes d'une nouvelle compagnie théâtrale comporte le danger de produire un manifeste, et j'en suis parfaitement conscient, et ce n'est pas du tout mon but. En effet, un manifeste tend à fixer d'une certaine manière les choses, ce qui annonce aussi leur potentiel de dogmatisation. De mon point de vue, le théâtre se trouve aux antipodes du dogme. Une performance théâtrale est inévitablement liée aux moments de sa conception et de sa fin. Le temps est un terme que l'on utilise pour définir l'infini processus du changement. Je m'intéresse au théâtre en tant que moyen pour manipuler les conventions du temps, un moyen nous permettant de comprendre le sens du chaos, réduisant ainsi la souffrance qu'il engendre.
A mon sens, le théâtre trouve son intérêt s'il crée un espace artificiel entre nous et ce que nous vivons. Un théâtre qui trompe le temps et permet de nous observer à distance, un théâtre qui sépare le « nous » de notre for intérieur, et nous force ainsi à nous retourner sur nous-même. Ce paradoxe est à mon avis la seule raison valable de son existence. Le théâtre existe grâce au paradoxe d'un moment bien précis - l'instant où l'on sait tout, tout en étant conscient qu'on ne sait rien. Simplement parce que ce moment est remplacé par le suivant et tout recommence depuis le début.
L'emprunte digitale porte toute l'information sur la personne qui la laisse. L'emprunte digitale est un code immuable, un dessin précis, une preuve, un monument du crime. Pourtant, contrairement au crime, l'emprunte peut être effacée, de la même manière que le moment de vérité apparu lors d'une performance peut être effacé peu après la fin du spectacle. Cela veut-il dire que la vérité est elle aussi effacée ? Même lorsqu'il nous échappe, ce moment de vérité peut être retrouvé et réactivé, mais au prix d'un crime commis contre nos certitudes. Le paradoxe de l'emprunte digitale est le paradoxe du théâtre : les deux comportent l'information ainsi que la possibilité de sa disparition. Le théâtre ne prêche ni ne sermonne. Le théâtre laisse ses empruntes sur la conscience, laissant la responsabilité de leurs conservations ou de leurs obliterations à chaque spectateur.
Galin Soev
08 décembre 2008, 11:20   Re : Comédie française
Il écrit réellement "l'emprunte digitale" ou est-ce là une facétie jigélesque ? Ou peut-être faut-il y voir un profond jeu de mot lacanien ?
08 décembre 2008, 11:48   Re : Comédie française
Oui, c'est bien "emprunte". Il n'y a pas de facétie de ma part.
08 décembre 2008, 13:23   Re : le Monde et la particule
Les noms à particule n’ont plus la cote à Paris !

Je viens de recevoir ce texte sur ma messagerie. Il ne mérite pas l'ouverture d'un nouveau fil mais sa "cocasserie" me pousse à vous en faire prendre connaissance. Il s'inscrit assez bien dans l'esprit de déploration (que je partage) de celui-ci.
(Pardonnez-moi de ne pas fournir le lien, il ne faisait pas partie de l’envoi et je ne le trouve pas.)

Le Soir 8-12-2008 :
Le Monde devient fou
Le Monde évoquait samedi le traitement réservé par le Conseil de l’Europe aux trois bourgmestres non-nommés de la périphérie. Pour illustrer l’article, une photo montre nos maïeurs dans l’hémicycle strasbourgeois. La légende du cliché vaut le détour. Arnold d’Oreyer (au lieu d’Oreye…) est présenté comme premier citoyen de... Lantremange (au lieu de Crainhem) et François van Hoobrouck comme celui d’... Aspres (au lieu de Wezembeek). Ne cherchez pas ces communes sur votre plan du Brabant flamand : Lantremange, c’est près de Waremme et Aspres, c’est dans les Hautes-Alpes. Et que viennent faire ces paisibles bourgades dans notre marigot institutionnel ? Les connaisseurs des bisbrouilles belgo-belges auront identifié l’erreur. Le bourgmestre de Crainhem s’appelle Arnold d’Oreye de Lantremange. Celui de Wezembeek-Oppem se nomme François van Hoobrouck d’Aspre. Depuis 1789, les noms à particule n’ont plus la cote à Paris... "(E.D.)
08 décembre 2008, 14:59   Re : Comédie française
Eh bien moi je trouve que le sexisme, la femmophobie et la haine de l'Art qui transpirent de ce témoignage sont ahurissants. Le passage sur les "cuisses" de la "donzelle" nous ramènerait presque au Moyen-Age. Je n'y vois que la rancoeur d'un grand bourgeois, arborant qui plus est noeud [hum hum] papillon et progéniture mâle, devant la vivacité de la culture de notre temps.
08 décembre 2008, 15:22   Re : Comédie française
Et ce mépris de la jeunesse qu'on lui voit afficher sans le moindre regret. M. Meyer est mûr pour la rééducation: projections forcées d'Entre les murs, les paupières tenues aux forceps, comme dans Orange Mécanique, suivies de séances d'autocritiques menées par le professeur Wachorkia, sous la surveillance politique d'un agent de la Halde, un peu en retrait, assis sur une fesse à un rebord de table, se tapotant un genou de sa badine en mordant dans des sandwichs entre deux goulées de bière sous une ampoule électrique dénudée.
08 décembre 2008, 15:25   Re : Comédie française
Francis Marche, votre indulgence n'a d'égale que votre laxisme.
08 décembre 2008, 15:32   Re : Comédie française
Et si je faisais mon autocritique, échapperais-je à la rééducation entre les mains des professeurs de sociologie et des haldistes ?
08 décembre 2008, 15:38   Re : Comédie française
Je ne vous répondra qu'après avoir consulté le Japon.
08 décembre 2008, 15:43   Re : Comédie française
C'est qu'avec des billets comme celui que vous avez mis en ligne sur la Comédie Française, votre cas est sérieux Marcel. Vont par vous laisser rentrer chez vous comme ça, les haldistes. Je vais tâcher de les convaincre d'échanger les séances de cinéma de rééducation par des travaux d'intérêt public, 72 heures de nettoyage à la mains des tags sur les murs de l'EHESS peut-être, mais je ne vous promets rien. Enfin préparez déjà un seau d'eau et une éponge, montrez de la bonne volonté, faites-vous bien voir quoi, aidez-moi un peu à vous aider Marcel, c'est que je me mouille moi aussi dans tout ça ! J'ai une femme et des gosses, je voudrais pas finir en banlieue moi non plus !
08 décembre 2008, 15:54   Re : Comédie française
Ah mais non Marche ! Nettoyer les tags c'est du racisme, de la discrimination, de la haine de l'Art ! C'est très grave. Et si le Marcel, on lui f'sait pas organiser un p'tit concert de hip hop dans sa cave avec Joey Starr et Daft punk (pour le côté électro) ?
08 décembre 2008, 16:12   Re : Comédie française
Vous rigolez, vous rigolez, mais voyez un peu ce qui se passe d'ores et déjà aux Etats-Unis : un entraîneur y a été accusé de racisme pour avoir licencié des joueurs noirs... d'une équipe exclusivement composée de Noirs.
08 décembre 2008, 16:21   Re : Comédie française
Et qu'est-ce qui vous attendrait, cher Marcel, on n'ose y penser, si, en plus, vous vous appeliez "genre" (comme disent les étudiants) Marcel de Meyer de Ghellinck d'Elseghem Vaernewijk!
08 décembre 2008, 16:26   Re : Comédie française
Alors là, oui, Aline, on pourrait plus rien pour lui.
Utilisateur anonyme
08 décembre 2008, 17:55   Re : Comé-comédie
Mais l'on gardera son emprunte immarcescible dans notre mémoire, avec l'espoir que l'aile du papillon finira par oblitérer définitivement ce redoutable crétin de Galin Soev et ses semblables...
08 décembre 2008, 20:31   Re : Comédie française
Est-ce que par hasard quelqu'un aurait le DVD de cette émission mémorable des Perses ? Je le lui rachèterais volontiers...

(Rappel du lien.)
08 décembre 2008, 21:57   Re : Comédie française
Vous devriez pouvoir le commander à L'INA.
Utilisateur anonyme
08 décembre 2008, 22:12   La scie des scies
"Cette adaptation et réalisation de la tragédie d'Eschyle par Jean Prat marque une date dans l'histoire de la télévision française." précise la "fiche média" qui ferait peut-être mieux d'écrire que cette "dramatique" (comme on disait) marque LA date de l'histoire de la tv française. On ne s'en est pas remis. Comme la télé commençait à peine on ne peut encore établir le rythme d'apparition des émissions mémorables. Une chose est sûre, ce n'est pas tous les cinquante ans, puisque Les Perses jouent encore ce rôle. Moyennant quoi, sauf grands progrès de la médecine, l'espoir s'amenuise déjà pour les quinquagénaires de voir une deuxième émission mémorable.
09 décembre 2008, 00:08   Re : Comédie française
Pardonnez-moi mais puisqu'on est en pleine tragédie, je cherche le film de Cacoyannis, ELECTRE, avec Irène Papas.
09 décembre 2008, 08:32   Re : Comédie française
Merci bien, Marcel, j'ai remarqué. Les frais sont d'ailleurs d'un prix supérieur à celui du film. Mais s'il y a moyen d'éviter les transactions en ligne...

À Florentin : je le cherche aussi (Électre), et il n'est pas à la médiathèque que je fréquente (il y a seulement la musique du film, de Theodorakis). Je surveille ce titre. En revanche, je possède le Médée de Pasolini, avec Maria Calas. Je trouve le film remarquable en particulier quant à la musique (musique japonaise vivante, plus proche qu'on ne pense de ce qu'à été, sans doute, la musique grecque antique...)
09 décembre 2008, 11:03   Re : Comédie française
Vous refusez les payements en ligne, même quand elles sont sécurisées et qu'il s'agit d'administrations ou de grandes enseignes ? Et quid de Paypal ?
09 décembre 2008, 11:58   Re : Comédie française
Non, je ne refuse pas les paiements en ligne. Quand à la « sécurisation », il ne s'agit que de la transmission. Au bout, il y a un commerçant, qui fait ce qu'il veut de mes références de cartes de crédit. Je dis : quand il y a moyen d'éviter, j'évite les paiements par Internet. D'accord avec votre remarque sur les grandes enseignes, mais les grandes enseignes sont aussi celles où il passe le plus de personnes dans les couloirs des différents services... Si je ne reçois pas de réponse en privé, j'achèterai peut-être le disque en ligne. Où alors, je téléphonerai à l'Ina... Sachez aussi que je ne refuse pas de payer "tout court" et que je considère que le film vaut bien la vingtaine d'euros qu'il me coûtera pour la gravure et l'envoi en Belgique.
Dans le récit que j’ai fait de la décevante soirée à la Comédie Française, j’accusais Galin Stoev de s’être livré à des coupes arbitraires. En fait, c’est un peu plus compliqué. J’avais relu la pièce dans l’édition du théâtre complet de Corneille publiée par Flammarion. Or, contrairement aux vieux Garnier Flammarion jaunes, les GF actuels sont complètement dépourvus d’appareil critique. Mon épouse en revanche, lisait la pièce dans les Petits Classiques Larousse, une édition qui vous explique en note que bien signifie richesses, rodomontades vantardises ou encore l’entretenir lui parler, ce qui a le don de beaucoup m’énerver. Cependant, son petit livre à l’intention des lycéens d’aujourd’hui donne aussi des renseignements utiles qu’elle a découverts après-coup.

Eh bien, il se trouve que Corneille a publié en 1660, vingt-cinq ans après sa création, une version profondément remaniée, sans la scène 4 de l’acte V, et avec un nouveau titre, L’Illusion. La suppression de cette scène s’explique, lit-on, par des raisons de conformité à l’ordre moral, le personnage de Rosine, une princesse adultère, paraissant incompatible avec les nouvelles règles de bienséance.

Galin Stoev a donc taillé de façon pas tout à fait arbitraire. Cependant, il donnait L’Illusion comique et non L’Illusion. Or la première comporte bel et bien cette scène magnifique. Et faut-il vraiment aujourd’hui sacrifier à la bienséance de 1660 ? Monsieur Stoev ne paraît pas du reste, à en juger par sa direction d’acteurs, être un parangon de vertu et de pudeur. L’interrogation sur le sens de ce choix en forme de panachage, demeure donc. Et, bien sûr, demeurent toutes les autres critiques.
09 décembre 2008, 13:34   Re : Comédie française
Marcel Meyer parle de Paypal, je réponds.
J'utilise Paypal pour mes achats sur Ebay, Amazon, Price minister, etc. Paypal est sûr mais attention aux faux Paypal. Plusieurs bandes sévissent sur Internet en se faisant passer pour Paypal. Sous prétexte de mises à jour ils en viennent à vous demander vos coordonnées bancaires. Ainsi, en Juin dernier, j'ai vu mon compte débité de plusieurs achats fictifs pour une somme de 2000€. Les assurances payent mais on perd un temps fou en plaintes et paperasses multiples. Paypal n'écrit jamais. Ils répondent, c'est tout. Toujours vérifier les adresses mail.
Utilisateur anonyme
09 décembre 2008, 15:12   L’Illusion retrouvée
"Plusieurs bandes sévissent sur Internet en se faisant passer pour Paypal. "

"Paypal est sûr mais attention aux faux Paypal."
Bien cher Marcel,


Je pense que cette coupe obéit plutôt à la volonté profonde de Corneille, qui qualifiait la première version de la pièce de "galanterie extravagante". Il n'est pas illogique que, portant un tel jugement, il élague un peu.

[books.google.fr]
Merci pour ce lien intéressant.

La coupe obéit-elle à la volonté profonde de Corneille ? Du Corneille de 1660, celui qui publie L'Illusion, c'est probable. Il a comme tout le monde, suivi le mouvement qui a mené du baroque au classicisme et aboutira, encore quelques décennies plus tard, à la bondieuserie étouffante de la fin du règne. Mais certainement pas du Corneille de 1635, celui de L'Illusion comique, pièce encore très baroque d'esprit et qui est passionnante par cela même.
Grâce à un contributeur occasionnel de ce forum qui me l'a obligeamment signalé — qu'il en soit remercié chaleureusement — j'ai pu entendre sur France Culture Galin Stoev parler de sa mise en scène. C'était très curieux car l'animateur de l'émission ayant dit que Stoev avait préféré utiliser la version de 1660 et l'ayant invité à expliquer pourquoi, le metteur en scène a éludé d'une façon que j'ai trouvée très confuse, parlant des libertés prises par Corneille avec les règles classiques, expliquant que c'est ce qui l'avait attiré mais que le texte n'était pas forcément intéressant uniquement par ces libertés : comprenne qui pourra.

A part cela, on a bien sûr trouvé le décor, les costumes et la gestuelle des acteurs passionnants.
11 décembre 2008, 17:34   Libertés prises
Efectivement, je crois me souvenir que Corneille avait spécifiquement évoqué cette pièce pour critiquer les obligations des unités de temps et de lieu, mais je ne me rappelle plus du tout où.
12 décembre 2008, 09:56   Re : Comédie française
Dans la lettre à Mademoiselle M.F.D.R. Corneille écrit:"...Le premier acte n'est qu'un prologue, les trois suivants sont une comédie imparfaite, le dernier est une tragédie, et tout cela cousu ensemble fait une comédie. Qu'on en nomme l'invention bizarre et extravagante tant qu'on voudra, elle est nouvelle, et souvent la grâce de la nouveauté parmi nos Français n'est pas un petit degré de bonté.."
12 décembre 2008, 12:01   Re : Comédie française
Dans Le Figaro de ce matin, une critique écrite par Armelle Héliot, intitulée Désillusion scénique, illusion comique, commence ainsi : « Détruire l'un des plus grands chefs-d'œuvre de la littérature dramatique française sur la plus prestigieuses des scènes françaises est navrant. C'est aussi révoltant. »

Me sentant moins seul, j'ai voulu placer ici un lien vers cet article. Je vais donc sur le site Lefigaro.fr, je clique sur la rubrique "culture" et vois s'afficher en tout premier un article intitulé L'icône érotique Bettie Page est morte. Bien, bien, soit, on a la culture qu'on peut (je n'ai bien sûr rien contre Betty Page, bien au contraire). Mais, plus étonnant encore, l'article d'Armelle Héliot ne figure pas dans la rubrique. Bref, pour paraphraser Clemenceau, Lefigaro.fr est au Figaro ce que la musique militaire est à la musique, (ou ce que Laposte est à la poste d'antan), Le Figaro lui-même étant du reste (non, je m'arrête).
Utilisateur anonyme
12 décembre 2008, 12:44   Re : Comédie française
Pourtant, l'article est toujours disponible: ici.
12 décembre 2008, 13:02   Re : Comédie française
Ah, vous avez raison. Pourtant, je n'ai pas trouvé l'article par le moteur de recherche du site, même à présent.
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