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Et dans la grande série "Les gens ne disent plus rien..."

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
25 décembre 2008, 13:51   Et dans la grande série "Les gens ne disent plus rien..."
OLIVIER MOUTON
Un noël pathétique, comme si notre système était mort

mercredi 24 décembre 2008, 10:37

Vous êtes donc bien en Belgique au crépuscule de l'an 2008. Au moment où vous vous attelez aux derniers préparatifs de Noël, la situation est ahurissante. Nous vivons dans un pays divisé, sans gouvernement, dont les banques restent très fragiles tandis que tous les indicateurs économiques annoncent une débâcle pour 2009. Le Roi, lui, se prépare à un exercice délicat : l'enregistrement quasiment en direct de son discours de Noël au cours duquel il devrait prendre la tangente pour évoquer l'urgence d'un sursaut national avant d'évoquer l'un ou l'autre fléau de ce monde inquiet – faute de mieux. Rassurez-vous : de retour de Disneyland, un ancien Premier ministre « explore », fort de son expérience des années 1980 où il a géré les mêmes dérives. La Belgique était encore unitaire et les nouvelles générations ne voient plus l'avenir du pays de la même manière, mais ce ne serait qu'un détail.

C'est tout ? Non. Alors que tout imposerait la mise en place rapide d'un nouveau gouvernement, les querelles entre partis ressurgissent de plus belle, en vue des élections de juin prochain. Les libéraux se plaignent d'être tenus à l'écart par un CD&V KO debout. Les francophones se sentent de plus en plus minorisés. La possible ouverture de la majorité à l'un ou l'autre parti de l'opposition nécessiterait l'improbable renégociation d'accords conclus.

Grâce… Ce nouveau sommet du pathétisme à la belge pourrait vous faire exploser de rire. Dans les faits, les énièmes rebondissements de la déliquescence belge suscitent une lassitude croissante. Or, l'heure est grave. Avec la démission acceptée d'Yves Leterme, il n'y a plus de pilote en Belgique. Pas de budget pour 2009. Pas de réaction possible en cas de nouvelle déconvenue bancaire. Pas de plan de relance activé. Pas de projet, pas de vision…

Est-ce trop demander aux partis de renoncer à leurs vues à court terme ? Trop exiger du CD&V de renouer avec la raison d'État ? Trop espérer d'attendre enfin une politique à la mesure de l'enjeu ? Dans d'autres démocraties, vivantes, la population serait déjà descendue dans la rue pour manifester. Ici, on se prépare à passer à table. Et on se tait… Comme si notre système était mort. Joyeux Noël ?
Source
26 décembre 2008, 01:19   Re : Voici le discours royal
Mesdames et Messieurs,

Comme l’eût dit mon aïeul Léopold le Premier dont le cœur battait à Londres mais dont la tête penchait en Prusse, le choix que nous avons posé sur Monsieur Wilfried Martens a rendu baff nombre d’entre vous.

Estomaquée, mon épouse le fut aussi, qui me faisait remarquer en souriant maliziosamente qu’il était heureux que je n’ai pas fait appel au fantôme de M. Churchill, à l’esprit du Général ou aux mânes de M. Spaak.

Cette remarque de la Reine, pour drôlette qu’elle fut, m’a piqué au vif. C’est que, depuis dix-huit mois, j’en ai soupé des ectoplasmes ! Ras la couronne ! Ces prétendus Premiers, ces soi-disant hommes d’Etat qui passent et repassent les murs de nos châteaux depuis le mois de juin 2007 nous causent courants d’air, désagrément moral et courroux récurrent.

C’est qu’à la fin, nous n’oserions plus mettre notre bateau à l’eau, cueillir le champignon en Ardennes ou sortir le hamac dans le jardin de Grasse, n’est-ce pas ! Bernique : nous passons notre vie à écouter dans les trois langues plaintes et jérémiades, à reconstruire, à étançonner, à réconforter, à échafauder. A écouter d’incessants vagissements, à craindre le pire et à chercher vainement des hommes sinon providentiels ou dont le regard porte au moins au-delà de leurs principautés.

Alors, oui !, nous le confessons : nous avons décidé de frapper les imaginations. Profitant de l’un de ces rares moments d’autonomie que le vide de pouvoir nous accorde, nous avons fait jouer à plein… régime nos prérogatives monarchiques en rappelant à la manœuvre un homme certes blanchi sous le harnais (encore que jeune marié…) mais qui incarne à la fois le fédéralisme d’union et une conception aujourd’hui trop rare, du sens de l’Etat.

Et les voilà tous baff !

Mesdames et Messieurs, permettez-nous ici une confidence : lorsque l’idée de rappeler Martens nous a saisi au mitan de la nuit de lundi à mardi dernier, elle s’est imposée à nous comme le sparadrap sur le pouce du capitaine Haddock.

Bon sang, c’était bien sûr ! Wilfried ! Le petit homme de Sleidinge ! Le complice de feu notre Frère !

Secoué par l’un de ces rires dorénavant trop rares, de ces quintes à démantibuler un baldaquin couronné, nous imaginions alors la stupeur et les têtes de Carême rue de la Loi.

Dans quelques jours, nous leur rendrons la main bien sûr. J’espère qu’ils se souviendront de l’épisode et afficheront en lettres d’or le vieux précepte de James Clarke : « La différence entre l’homme politique et l’homme d’État est que le premier pense à la prochaine élection, le second à la prochaine génération ». Ou, à tout le moins, un peu des deux, à dose égale.

Joyeux Noël à tous. Aimons-nous dans le partage et la diversité qui est le ciment de… Et puis zut : faites comme bon vous semble.

(C'est l'une des quatre propositions pour le discours du Roi parues dans le journal Le Soir, celle de Luc Delfosse, rédacteur en chef adjoint)
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