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Effondrement de la langue présidentielle

Envoyé par Virgil Waldburg 
Non seulement M. Sarkozy omet systématiquement les "ne" de négation, mais je viens de l'entendre dire la chose suivante, que je n'ai d'abord pas comprise :
"Pour l'hôpital, on a la loi de Roselyne."
Y a-t-il un M. Roselyne ou une Mme Roselyne ayant donné son nom à une loi ?
Heureusement, la fois suivante, il n'a pas omis de dire le nom en entier : la loi de Roselyne Bachelot.
(plus tard: "Roselyne y travaille.")
Je crois que Renaud Camus avait diagnostiqué il y a déjà longtemps (dans le Journal et dans le Répertoire) cette dictature du prénom, couplée à une dictature de la langue orale adolescente, indique un effondrement des formes et de la juste distance sociale qui permettait, avant, de ne pas tout personnaliser : depuis, tout devient une affaire personnelle, sinon une attaque. Voilà, je crois l'une des choses qui contribuent à rendre le débat impossible.
Plus qu'un effondrement c'est un véritable glissement de terrain.
09 janvier 2009, 16:33   O Dieu, l'étrange peine
Et Mauriac qui le 5 février 1961 écrivait dans son Bloc-notes (page 21) : " D'ailleurs, en France, les intellectuels ne sont-ils pas au pouvoir ? Charles de Gaulle est homme de lettres comme chacun de nous : soucieux de son style, attentif aux virgules, furieux des coquilles. Il a fait un ministre d'André Malraux, un directeur des Lettres de Gaétan Picon. La plupart de ses ministres et de ses fidèles ont plus de vraie culture que tel ou tel d'entre vous [il s'adresse aux intellectuels]. Le pouvoir en France n'a jamais été pénétré comme il l'est aujourd'hui de cette vérité que les écrivains et les artistes, dans tous les ordres, ont été et demeurent notre honneur et notre gloire" ...

On ne saurait raisonnablement exiger de Nicolas Sarkosy, au point où il en est, d'être attentif, comme l'était le Général, aux virgules. Son vocabulaire est très pauvre (ne parlons pas de la syntaxe). Chaque fois que je l'entends, je sens monter en moi une gêne qui ressemble à celle que l'on ressent parfois quand nous souffrons de voir quelqu'un se ridiculiser sans s'en apercevoir.
Oui, c'est vrai, et ce quelqu'un, c'est peut-être bien un peu la France.
Cher S. Bily,
Je partage un peu votre malaise et le partagerais tout à fait si Sarkozy, ancien avocat, ne se sentait obligé de faire le malin, comme au cours des voeux aux hôpitaux de ce matin. Il ramène sans arrête les choses à lui, comme un enfant gâté, fait des boutades assez faciles, le tout dans une langue racoleuse et ne ressemblant plus à rien.
Mauriac eût été bien triste de devoir décrire une telle situation politico-linguistique. Elle signe un effondrement complet des formes qui est toujours plus inquiétant.
09 janvier 2009, 16:56   Il n'y a pas que le président.
Comme le dit avec un bel humour François Desouche dans son commentaire de


cette vidéo, l'avenir du PS est assuré. Remarquez que la journaliste se retient à grand-peine d'éclater de rire.

Il n'empêche : hier, à cause de quelques guignols de ce genre, mon fils n'a pas pu entrer dans son lycée.
Utilisateur anonyme
09 janvier 2009, 17:06   Re : Il n'y a pas que le président.
Il semble bien en effet qu'au PS (dont la FIDL n'est qu'une petite succursale), la discrimination positive fonctionne à pleins tubes !
J'ai des élèves qui ne sont même pas de ce niveau-là ! Discutant avec un des élèves, par ailleurs assez sympathique, qui faisait grève avant les vacances, il me dit, n'ayant pas lu la réforme et espérant n'être plus au lycée l'an prochain (il est en terminale), qu'il protestait contre les suppressions de postes. Je dus lui dire que ce n'était pas son affaire, mais celle des professeurs.
Plus manipulé (et donc entubé), tu meurs !
Utilisateur anonyme
09 janvier 2009, 17:24   Re : La Corde
J'ai des élèves qui ne sont même pas de ce niveau-là !

Je cours rejoindre M. Bily.
J'ai l'impression que pour ce monsieur Zaki (dont la fonction officielle au sein de la FIDL est "porte-parole" (sic)), le verbe entuber (ou est-ce "entchuber" ?) fait partie du registre tout à fait courant de la langue. Manifestement, ce délégué à l'"expression quotidienne" et à la représentation extérieure" (re-sic) ne paraissait pas plus provocateur ou agressif que ça.
Que la journaliste se retienne de rire, c'est tout aussi consternant, d'ailleurs : il n'y a malheureusement pas grand chose de risible dans ce déballage de vulgarité sans contenu. Une remarque un peu sèche aurait plutôt été la bienvenue.

Le Bureau National & Membres Associés
I. Direction du Bureau National

Alix Nicolet, présidente – Direction du Bureau National et représentation extérieure.
Blaise Aguillela, secrétaire général – Suivi du Bureau National et liaison entre les délégués nationaux.
Oriane Briançon, trésorière – Gestion des finances, des subventions, et de la bonne tenue des comptes.
Marouane Zaki, porte-parole – Expression quotidienne et représentation extérieur.

(Source : Wikipedia)
Sans compter un fait inquiétant : l'étrange compréhension de ce jeune homme de ce que signifient "légitimité", "gouvernement" et "négociation". Il ne représente que quelques écervelés manipulés par le PS impuissant tandis que le gouvernement est l'émanation de la volonté du peuple : considérer que les deux se valent ne laisse pas de m'inquiéter sur le sens que prennent les mots désormais, car ce garçon n'a aucune légitimité et le gouvernement a toute légitimité. Qu'il invite son groupuscule à discuter est déjà un honneur immense qu'il semble fouler aux pieds sans réaliser que ce qu'il foule ainsi aux pieds, c'est la volonté du peuple français (institutionnellement).
Utilisateur anonyme
09 janvier 2009, 17:44   Re : Il n'y a pas que le président.
Marouane Zaki, porte-parole – Expression quotidienne et représentation extérieur.

J'imagine la sélection : "Bon, Marouane, c'est quand même lui qui s'exprime le mieux, on va le mettre à l'expression quotidienne et à la représentation extérieur."
Entuber, bien sûr. C'est la disparition radicale de toute idée de niveaux de langue différents. Il serait sans doute très étonné si on lui disait que c'est grossier. Mais il y a aussi le "aujourd'hui", répété deux ou trois fois par phrase, sans que le mot ait le moindre sens. Remarquez que Tarik Ramadan, qui parle habituellement un français un peu plus relevé, l'utilise lui aussi constamment dans l'extrait que j'ai copié sur un autre fil.
Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui
Va-t-il nous entuber avec un coup d'aile ivre
Ce lac dur oublié que hante sous le givre
Le transparent glacier d'école, Marouane Zaki!
Utilisateur anonyme
09 janvier 2009, 18:03   Re : Effondrement de la langue présidentielle
Il me semble que c'est Bernard Tapie qui a commencé avec ces "on" et ces " pas" sans négation, le genre frottage de manche sur barboteuse.
Au fond Marouane ne s'exprime pas beaucoup plus mal que notre président : plus jeune que lui, il dispose de moins de vocabulaire, c'est tout.
Notre président n'hésite pas, lui aussi, à téléscoper les registres.

L'autre scie que revient sans cesse est : "à un moment donné". Je me souviens des interventions d'Abd Al Malik à On n'est pas couché, qui en fit une usage très important, du type : "A un moment donné, chacun a son histoire."
Je crois que cette expression est en passe de remplacer le "j'veux dire".
Elle n'a pas dû se faire grand mal...
Lors du débat télévisé de l'entre deux tours de l'élection présidentielle de 2007, en écoutant les deux candidats, j'ai eu honte pour la France, moi l'immigré.
Je crois que ce débat nous consterna tous en effet. Entre l'incompétence complète et la vulgarité achevée, il était difficile de ne pas nourir les plus grandes craintes touchant l'avenir de notre pays.
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