Le site du parti de l'In-nocence

Symétrie ?

Envoyé par Bruno Chaouat 
27 janvier 2009, 19:31   Symétrie ?
Bien loin de la France, géographiquement du moins, j'entends un témoignage d'un ami parisien : dans son quartier à forte population juive sépharade, on peut entendre, en déambulant dans les rues, "sale bicaud". Les In-nocents savent-ils si l'hostilité est effectivement symétrique, partagée, et si de tels invectives sur la place publique sont courantes dans la communauté juive ? Il m'est très difficile de savoir s'il s'agit d'incidents isolés ou représentatifs de la radicalisation tribale de la jeunesse juive en France.
27 janvier 2009, 19:42   Re : Symétrie ?
Je crois qu'on écrit plutôt bicot. Ce qui n'excuse d'ailleurs rien.
Bien cher Bruno,


A vrai dire, je n'en sais rien. C'est possible, il y a des imbéciles partout. Un mien ami, juif sioniste (au sens que ce terme avait il y a soixante ans), déplore ce qu'il nomme "les exactions du Betar". Je ne sais s'il fait allusion à cela.

Une chose, pour moi, est sûre : si un musulman risque de se faire interpeller ainsi dans un des rares quartiers du style évoqué, il est certain qu'un porteur de kippa se fera lyncher dans n'importe quelle banlieue.
Utilisateur anonyme
27 janvier 2009, 20:59   Re : Symétrie ?
Oui cher Bruno Chaouat, les Arabes sont régulièrement traités de "bicots" par une certaine jeunesse juive, voire de "bougnoules", les Noirs de "négros", et les Français de "patos" (ou "tospa"), ce qui en clair signifie ploucs, beaufs, couillons, "qui n'en a pas". Malgré tout "Français", ou "patos", reste l'insulte absolue ("être français ("cèf") c'est la honte !" ), de même dans la bouche des jeunes "beurs", Zemmour explique cela très bien.

Je précise que je n'invente rien. J'ai simplement grandi dans des "quartiers difficiles" (mais là ça n'intéresse personne).
27 janvier 2009, 21:04   Re : Symétrie ?
Mais tout cela est catastrophique, Monsieur Zendji, et en vingt ans, tout a changé...
27 janvier 2009, 21:07   Re : Symétrie ?
Cela signifie qu'il y a bel et bien conflit inter-communautaires, plutôt qu'une hostilité unilatérale...
27 janvier 2009, 21:27   Patos
Le terme a toujours été péjoratif, il désigne en fait les "Français de France" appelés aussi "Francaouis".

Il était utilisé aussi bien par les pieds-noirs chrétiens que pas les juifs Algériens (qu'en est-il des juifs Marocains ?).


Le sens se comprend bien, c'est, comme de nombreux mots pieds-noirs, un emprunt à l'espagnol : "pato" signifie "canard", donc malhabile.

Le parler d'Afrique du Nord était très métissé : souvenez-vous des paroles de "Trabadja-la-Moukère" (le titre est en lui même évocateur, "trabadja" étant issu de l'espagnol et la traduction étant "travaille la femme") qui disent à un moment "atini douro", "atini" pour "donne-moi" en arabe et "douro" pour l'argent, en souvenir de la pièce de cinq pesètes, dite "douro".
Utilisateur anonyme
27 janvier 2009, 21:31   Re : Symétrie ?
Oui M. Chaouat, et Eric Zemmour, dont l'existence médiatique relève du miracle, décrit très courageusement la situation inextricable dans laquelle nous n'en finissons plus de nous enfoncer. Je vous recommande vivement la lecture de son dernier ouvrage ("Petit frère").
Voici, trouvé sur un blog pied-noir :

Je ne sais trop si vous vous souvenez de la manie typiquement algéroise, voire algérienne de l’époque, d’utiliser les sigles. Outre que nous allions payer l’électricité et le gaz à l’"E.GA" (Électricité et Gaz d’Algérie), encore pour cela fallait-il prendre le tram, le trolley ou le bus des C.F.R.A (il fallait prononcer Céféra ) ou encore les trams des T.A. Et les dimanches sportifs offraient l’occasion de joutes homériques entre clubs de basket, foot ou volley. Alors là il y avait littéralement profusion de sigles. On était supporter de l’A.S.S.E ou de l’O.H.D. Et chacun savait qu’il s’agissait de l’Association Sportive de Saint-Eugène, qui rencontrait l’Olympique d’Hussein Dey. Seuls quelques " patos " égarés devaient se renseigner pour en savoir plus long.
Utilisateur anonyme
27 janvier 2009, 21:33   Re : Symétrie ?
un emprunt à l'espagnol : "pato" signifie "canard", donc malhabile.


Merci, je l'ignorais.
27 janvier 2009, 21:45   Re : Symétrie ?
j'ai lu Petit Frère, mais j'ai trouvé que Zemmour traitait plus de l'hostilité antisémite des Beurs que du racisme des Juifs, non ?
Utilisateur anonyme
27 janvier 2009, 21:51   Re : Symétrie ?
Oui c'est vrai, mais il lui arrive aussi, et même assez souvent, de dénoncer le communautarisme (et donc le racisme ?) des Juifs.
Utilisateur anonyme
27 janvier 2009, 21:57   Re : Symétrie ?
Je n'entends pas les mêmes choses que vous W.Zendji, les juifs français sont toujours très divers ...
Utilisateur anonyme
27 janvier 2009, 22:06   Re : Symétrie ?
Mais le plus à plaindre reste encore le jeune "de souche" qui lui, dans les banlieues, n'a plus aucune communauté (valorisante) à laquelle se raccrocher et qui, pour survivre, "se faire accepter", se doit de rejoindre une communauté "chaude", "virile" (conversion à l'Islam, fascination outrancière pour la "culture Black", etc.).
27 janvier 2009, 22:07   Re : Symétrie ?
Pensez-vous que c'est Kassowitz qui avait raison, dès lors ?
27 janvier 2009, 22:16   Eglise
N'oubliez pas les églises chrétiennes, notamment évangéliques. Je ne conseille pas trop au peuple en capuche d'aller troubler les célébrations des divers "évêques en croisade" (il est vrai que leur public est largement africain).
Utilisateur anonyme
27 janvier 2009, 22:21   Re : Symétrie ?
Kassowitz ? Je crois qu'il n'a jamais parlé que du "mal des banlieues", de "c'qui faut faire avant qu'ça explose", de l'exclusion, du racisme, etc, mais le bien-pensant qu'il était déjà (presque avant les autres) n'a, jusqu'à ce jour, jamais rien dit au sujet des affrontements communautaires (et des racismes). Mais j'avoue que je ne me souviens plus très bien du personnage...
Bien cher Jmarc,

Je vous en prie, si vous les connaissez, veuillez nous gratifier de l'intégralité du texte de Trabadja-la-Moukère

Trabadja-la-Moukère
Trempe ton cul dans la soupière...


et ensuite ?

La poésie, tant nécessaire et si rare sur ce forum, demande à certaines heures a être ravivée, entretenue par certains morceaux choisis qui berçèrent notre jeunesse.

Si vous n'avez pas la suite, veuillez compléter par quelque strophe bien sentie de "La fille du Bédouin" par exemple. Nous sommes nombreux à être tenus en haleine par la promesse que contient votre seule évocation des paroles de "Trabadja-la-Moukère", sachez donc que "La Fille du Bédouin" en encore à une intégrale de Trabadja, nous comblerait. Merci.
Voici ce que je trouve de plus ressemblant à mon souvenir :

Mes amis, d' l'Afrique,
J'en ai plein l'dos
On y marche trop vite,
On n' boit qu' de l'eau !
La bière est amère,
Le vin est trop cher,
L'on voit des moukères
Noir's comme des corbeaux

refrain:

Travadja la moukère
Travadja bono
Travadja sans devant derriere
Travadja chouetto
Bono Blida !
Boufarik et Mascara !
Barca !


La cantinière berbique
N'a rien dans l'bidon
Jamais l'nez ne se pique
Avec son picton
Pour prendr'sa pistache
Faut le dire à dach'
Qui repond macach'
Kifkif bourriquot

refrain

Pour laver sa limace
Faut voir l'mercanti
Qui fait une grimace
Kifkif le chadi
Ateni douro
Djid el monaco
Vilain arbico
Ou j'te crèv' la peau

refrain

Fumant une bouffarde,
Portant la chechia
On pille et on chaparde
Dans la razzia
Mais dans le gourbi
En f'sant du fourbi
Fatma qui sourit
Fait cocu l'arbi


refrain


La soupière intervient dans une version modernisée, et moins arabisante, qui finit mal :


Trabadja la moukère trabadja bono
trempe ton cul dans la soupière tu m'dira si c'est chaud
et si c'est chaud c'est qu'ça brûle si ça brûle c'est qu'c'est chaud
trabadja la moukère trabadja bono
Oh Oh vient dans ma guitoune
ah ah vient dans ma casba

Des bédouins engourdis du haut de la colinne
balançaient des pruneaux en guise de praline
par un éclat d'obus soudain je fus touché
j'eus trois côtes d'enfoncées et le ventre emporté

refrain

les médecins m'ont dit vous n'avez plus de bedaine
à la place ils greffèrent le ventre d'une Marocaine
et quand je fus guerri je repartis en guerre
sur l'air de trabadja, trabadja la moukère

refrain

je fus fait prisonnier par un pacha rebelle
qui m'fit déshabiller pour me couper les ailes
mais quand il me vit nu il s'écria Alla
il avait reconnu le ventre de sa fatma

refrain

chérie oh ma chérie dit-il tu sais je t'aime
ils t'ont défiguré mais j'te r'connais quand même
heureus'ment qu'les copains sont v'nus me délivrer
sinon je crois bien que j'étais déhonoré


Cela aurait pu mieux finir, non ? (j'ai renoncé à corriger les fautes de frappe de la version que j'ai recopiée, pardonnez-moi, mais je ne voulais pas vous faire languir de ce sommet du bon goût colonial).
En hommage à Aline, cette blague belge, qu'elle ne connaît peut-être pas.

Un jour, Harold d’Aspremont Lynden et Moïse Tshombé déjeunent et ont le dialogue suivant :

Tschombé :

Mais alors, dans le fond, vous aimez bien Patrice Lumumba ?

HAL :

Ma foi, oui...


Tshombé :

Alors, reprenez-en !
Merci cher Jmarc, c'est la larme au coin de l'oeil que je range tout cela dans mon petit keepsake entre les spondées et ïambes de John Donne, les péninsules démarrées d'Emily Dickinson (...Exultation is the going of an inland soul to sea/ Past the headlands...) et les douces odes à la pluie de Henri François-Joseph de Régnier

(La croisée est ouverte, il pleut
Comme minutieusement, à petit bruit et peu à peu
Sur le jardin frais et dormant
Feuille à feuille, la pluie éveille
L'arbre poudreux qu'elle verdit
Au mur on dirait que la treille
S'étire d'un geste engourdi.
L'herbe frémit, le gravier tiède crépite
Et l'on croirait là-bas
Entendre sur le sable et l'herbe
Comme d'imperceptibles pas.
Le jardin chuchote et tressaille,
Furtif et confidentiel
L'averse semble, maille à maille
Tisser la terre avec le ciel.
Il pleut et les yeux clos j'écoute
De toute sa pluie à la fois
Le jardin mouillé qui s'égoutte
Dans l'ombre que j'ai faite en moi.)
27 janvier 2009, 23:52   Le Guépard, en boucle
Les paroles des chansons que je cite et ces très jolis vers me font à nouveau penser au Guépard, à l'essentielle proximité de la beauté et de la pourriture.
Utilisateur anonyme
28 janvier 2009, 08:09   Re : Symétrie ?
Et une excellente nouvelle pour clore ce fil : c’est un beau "bébé métis" qui a été élu lauréat du prix “Bébé Cadum”, par un jury présidé par Inès de la Fressange...
28 janvier 2009, 09:52   Re : Symétrie ?
J'ai l'impression que Cadum va rappeler ses savons...
28 janvier 2009, 09:55   Re : Symétrie ?
« Mais le plus à plaindre reste encore le jeune "de souche" qui lui, dans les banlieues, n'a plus aucune communauté (valorisante) à laquelle se raccrocher et qui, pour survivre, "se faire accepter", se doit de rejoindre une communauté "chaude", "virile" (conversion à l'Islam, fascination outrancière pour la "culture Black", etc.). »

Très bien vu, il me semble...

Cela dit, j'aime bien pat(h)os...
28 janvier 2009, 10:08   Re : Symétrie ?
Oui, très bien vu. C'est pourquoi, quand les médias s'empressent de souligner, dès qu'il y a possibilité de le faire, que dans telle ou telle émeute il y avait aussi des "de souche", pour bien montrer qu'il ne s'agit pas de comportements culturels propres aux Africains, ils pratiquent un double déni de réalité.
28 janvier 2009, 12:47   Re : Le Guépard, en boucle
« Les paroles des chansons que je cite et ces très jolis vers me font à nouveau penser au Guépard, à l'essentielle proximité de la beauté et de la pourriture. »

Merci Jmarc, je ne connaissais pas votre blague. Pour prolonger votre rêverie sur cette proximité essentielle de la beauté et de la pourriture, j’aimerais évoquer pour vous cet opéra que j’ai vu il y a quelques jours et qui vous aurait charmé, j’en suis sûre. Il s’agit de « Death in Venice » de Benjamlen Britten. Dans la mise en scène de la Monnaie (Deborah Warner), la Beauté émerge constamment des relents pestilentiels et mortifères de la ville atteinte par le choléra. La beauté triomphe de la vulgarité et pas seulement au figuré, pas seulement par la grâce de la musique et des voix sublimes qu’il nous a été donné d’entendre mais grâce aussi au jeu des chanteurs- acteurs, aux costumes, à la chorégraphie et aux corps des jeunes danseurs, aux couleurs des lumières. Tout ne fait appel qu’à elle, cette beauté tant snobée par tant de metteurs en scène actuels. Il s’agissait d’un spectacle total, un spectacle parfait (un de ces rares opéras que l’on ne saurait écouter dans son fauteuil à la maison tant l’aspect visuel, spatial est important). Un spectacle sans aucun sentimentalisme exagéré ―, tout était so british ―, mais tellement poignant. J’ai beaucoup aimé la succession souplement enchaînée des nombreuses scènes menant un Von Ashenbach déprimé, du sinistre cimetière allemand (évoquant étrangement une installation de Kounellis), à travers un long voyage et une longue méditation alimentée par la rencontre foudroyante avec la Beauté, vers son destin lumineux et crépusculaire à la fois, vers la finale victoire sur la mort. A la fin de l’opéra, les lumières qui ont suggéré alternativement des matins vénitiens éblouissants et des brumes fuligineuses, virent progressivement aux nuances empoisonnées, les jaunâtres et les violacés. Mais la dernière scène dans un clair-obscur apaisé nous montre l’écrivain étendu sur son transat de plage, abordant doucement et sereinement les rivages éternels tandis que le jeune dieu Tadzio lui offre une ultime danse juvénile. Dans cette merveilleuse dernière image, bercés d’une musique céleste nous voyons presque nettement passer l’âme du poète au corps de à l’adolescent aimé.
28 janvier 2009, 15:38   Re : Le Guépard, en boucle
Chère Aline, vous avez le don de me faire cruellement regretter de ne pas habiter la Belgique. Ce n'est pa sla première fois que vous me mettez l'eau à la bouche.
28 janvier 2009, 16:43   Re : Le Guépard, en boucle
Merci de votre si aimable réponse chère Cassandre! Je viens justement de lire dans mon quotidien que Bernard Foccroulle a programmé pour le festival 2009 d’Aix-en–Provence cette merveilleuse Flûte dont il nous a régalés et enchantés à la Monnaie en 2005. Dirigée par René Jacobs et mise en scène par William Kentridge (qui a réalisé lui-même tous les dessins des décors), c’était une féérie. Ce n’est pas très loin de Béziers…Mais si un voyage « opératique » (ou autre) à Bruxelles vous tente, prévenez-moi, je serais ravie de vous y accueillir…

« Car c’est là l’un des nombreux mérites de William Kentridge: constamment surprendre le spectateur sans jamais le choquer ni l’agresser, en le faisant en plus réfléchir sans l’accabler de références et de symboles abscons! Tout jaillit ici du texte et de la musique, et des accociations qu’ils peuvent susciter, avec une simplicité que l’on retrouve dans le jeu des chanteurs, époustouflant d’aisance et de naturel, notamment dans les dialogues parlés. Les tableaux s’enchaînent sans cassure et l’on finit par ne plus distinguer les vrais dessins des projections, en particulier pour les temples égyptiens, preuve, s’il en était besoin, du degré de perfection dans la fusion atteint par le spectacle. [...] Cette Flûte, l’une des plus intelligentes et des plus pertinentes qu’il nous ait été donné de voir depuis longtemps. »
Richard Martet – Opera International – 06.2005

« Disons-le d’entrée de jeu: c’était la plus belle production de La Flûte enchantée que j’aie jamais vue. La mise en scène de William Kentridge est pleine de poésie et de magie, la direction musicale de René Jacobs incroyablement entraînante et enlevée, et les parties vocales satisfont aux plus hautes exigences. Le décor, pourtant, qui évoque un petit théâtre stylisé, se réduit presque exclusivement à un contraste en noir et blanc, que seules quelques touches de couleur dans les costumes viennent contrebalancer. »
Hans Reul – BRF – 28.04.2005

[demunt.smartlounge.be]
28 janvier 2009, 17:47   Re : Le Guépard, en boucle
Avis aux amateurs : Bruxelles est à 1h20 de Paris...
28 janvier 2009, 19:09   Re : Le Guépard, en boucle
Vous croyez que l'on peut encore avoir des places pour l'opéra de Britten (il est l'un de mes compositeurs du XXe siècle préférés et le récit d'Aline donne vraiment envie) ?
28 janvier 2009, 19:54   Re : Le Guépard, en boucle
Toutes les places semblent vendues, cher Marcel. Les Bruxellois, dans ce cas, viennent tenter leur chance avant le spectacle : il y a souvent des reventes de billets, mais il y a aussi beaucoup d'amateurs...

http://www.lamonnaie.be/
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