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Communiqué N° 810 : Sur la situation au Zimbabwe

Le parti de l'In-nocence attire une nouvelle fois l'attention sur la situation désastreuse du Zimbabwe, naguère encore un des plus riches pays d'Afrique noire, et dont la politique raciste anti-occidentale et anti-blanche du dictateur Robert Mugabé a fait une contrée de ruine, d'anarchie, de désolation et de misère, le plus récent exemple de cet effondrement général et dramatique étant l'absolue déliquescence du système d'éducation, qui fit longtemps l'admiration et la jalousie des États voisins. Le Zimbabwe est un cas extrême mais néanmoins révélateur — parce les mécanismes essentiels y sont grossis — du processus qui pousse les Africains à l'émigration massive et dont la principale origine est dans la chronique malgouvernance de leurs pays, trop souvent aux mains de potentats tyranniques et concussionnaires. Les Africains viennent en Europe pour y bénéficier de systèmes politiques et sociaux protecteurs et redistributifs dont ils envient les résultats sans en bien comprendre les contraintes, et par leur afflux ils les font s'enrayer.
Utilisateur anonyme
29 janvier 2009, 23:19   Sur la situation du lexique
Nous voici rassurés - du point de vue lexical : le mauvais gouvernement d'un pays, fût-il chronique, n'y est pour rien. Il ne reste plus qu'à attendre que la biengouvernance prenne le dessus.
Je me suis étonné de ce terme de "gouvernance", et à fortiori de "malgouvernance" dans un communiqué du parti. Ce terme me semble une nouvelle scie, et très à la mode. L'an dernier, dans les corridors d'une université que je fréquente, une affiche sur deux annonçait un événement lié à la "gouvernance", mise à toute les sauces (sociologique, politique, philosophique, mercatique, psycho-industrielle, organisationnelle, administrative...)
Le mot appartient au lexique du moyen français, voir ce lien :

[atilf.atilf.fr];;

Je crois qu'il est passé dans la langue anglaise, et qu'il nous est revenu beaucoup plus tard, comme de nombreux autres.
30 janvier 2009, 09:49   Traduction
Je pense (sous réserve du contôle des doctes anglophones) que le terme américain est, dans ce cas, leadership.
Oui. C'est peut-être pourquoi il me semble si moyen... (En fait, je n'ai rien contre le mot, qui me semble bien formé, et qu'il nous revienne par l'anglais ne me dérange absolument pas. Ce qui me dérange, c'est que son emploi peut sembler une allégeance à l'idéologie où il prolifère.)
Ce qui me dérange, c'est que son emploi peut sembler une allégeance à l'idéologie où il prolifère

Tout à fait d'accord avec ça.
Utilisateur anonyme
30 janvier 2009, 13:15   Re : Sur la situation du lexique
Dans le Dictionnaire historique de la langue française (Robert - 1992), on lit ceci :

GOUVERNANCE : D'abord équivalent de gouvernement (XIIIème s.), puis terme de droit (1478) et au sens de "charge de gouvernante" (1679), s'emploie aujourd'hui au Sénégal, par l'action philologique et politique du président Senghor, pour désigner les services administratifs d'une région.

Si l'on en croit ce dictionnaire, on voit donc que ce mot d'origine franco-sénégalaise s'est bien répandu depuis 1992. (Pour ma part, c'est le sens de 1679 que j'entends le plus clairement dans ce mot et ce qui, en dépit de sa relative attestation dans la langue française, me le rend très désagréable, allez savoir pourquoi.)
Je crois surtout que « management » était (déjà) dévalué, et que « gouvernance » le remonétise, en lui donnant aussi une extension plus large.
30 janvier 2009, 21:51   Sur la situation du Mexique
Le terme gouvernance est d'abord et avant tout un terme onusien et brettonwoodien dont l'usage s'est imposé non par l'anglais mais par le castillan "governabilidad" (souvent "gobernabilidad" en Amérique latine). Le terme malgouvernance me paraît excellent, du reste les hispanophones l'emploient déjà (comme le montre phrase ci-après extraite du quotidien El Païs) car de par sa morphologie, il signale en quelque sort l'origine proprement latine de "gouvernance". L'anglais ne possède pas *malgovernance - il doit se satisfaire de "lack of governance" ou "poor governance", etc.

Parler d'emprunt de l'anglais au sujet de ce terme pour spéculer sur ses connotations déplaisantes signale un manque d'information et témoigne d'un sourd esprit de système.

MI estimado la victoria del Hammas es producto de la mala governabilidad de la OLP
La gouvernance est aussi selon moi, un terme pour masquer les oppositions et divergences politiques dans l'administration. Compte-tenu du nombre de partenaires impliqués de façon obligatoire dans les dossiers traités, il est nécessaire de techniciser les problématiques politiques pour tenter de désamorcer les divergences qui ont toute chance de se manifester. La gouvernance dans son aspect positif est le consensus obtenu dans le traitement des affaires à partir de conceptions différentes. La bonne gouvernance sera constituée de l'accord qui permet de faire avancer la réalisation d'un programme, d'un projet; la mauvaise gouvernance expliquera l'enlisement de tel ou tel dossier. La gouvernance selon moi est la façon de "résoudre" la quadrature du cercle entre politiques et administratifs. C'est le gouvernement à la godille dans lequel il est entendu justement qu'il n'y a pas de leadership (du moins de façon reconnue et explicite).
Oui, mais y faut-il un nouveau vocable ? J'y vois, moi, plutôt l'aspect négatif de votre analyse : masquer les problèmes humains en faisant croire à une solution purement technique. Je ne parle pas du mot comme tel, qui, encore une fois, me semble très bien formé et même joli, mais de l'utilisation que l'on en fait, et qui devient une véritable scie, comme dans les nombreuses conférences universitaires auxquelles je faisais allusion.
Je suis d'accord avec vous, je déteste ce mot car il masque le réel. Ceci n'est peut-être pas assez apparent dans mon propos ? Mais comme on dit, faute de cailles on mange des grives. A ce propos il y a à choisir : récuser la pratique qu'il recouvre, ou se résigner à la navigation à la godille, qui permet toutefois d'avancer un peu en l'absence de leadership reconnu. C'est la façon de l'Europe, et celle de l'Etat français dans le bazar de la décentralisation. Je reconnais que le choix est très désagréable, mais la réalisation du principe de plaisir est une dure conquête...!
Utilisateur anonyme
31 janvier 2009, 14:06   Noms d'oiseaux et milieux sociaux
"faute de cailles on mange des grives."

C'est drôle, j'ai toujours entendu dire faute de grives on mange des merles.
Faute de cailles on mange des grives, faute de grives (dans les crises économiques) on mange des merles !
Bah, tant qu'on ne mange pas de moineaux...

masquer les problèmes humains en faisant croire à une solution purement technique

Encore une fois, je ne peux qu'abonder dans le sens de Bernard.
J'ai cru bon de préciser, Ostinato, car il y avait un côté positif de la chose, mis en relief dans votre analyse, à côté de l'aspect négatif : la recherche d'un compromis, l'élaboration d'un accord. À juste titre, et nous sommes sur la même longueur d'onde. Mais cela requiert-il un néologisme (à partir d'un ancien mot, soit) ? That's the question... Ce genre de "gouvernance", on la pratique au moins depuis Démosthène...
Il s'agissait d'enlever la caractéristique politique de "gouvernement", c'est un produit de la buraucratie qui pour fonctionner doit se prévaloir d'une certaine autorité mais ne peut assimiler son action à un gouvernement. La malgouvernance permet de ne pas se prononcer sur l'orientation politique ou l'idéologie d'un régime donné mais de le juger à ses fruits. Ce qui me paraît de nature à renforcer la portée des critiques et des dénonciations.
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