Le site du parti de l'In-nocence

C'est pour rire

Envoyé par Henri Rebeyrol 
07 février 2009, 08:25   C'est pour rire
Emission "C dans l'air", avant-hier (jeudi 5). Des spécialistes de sciences politiques ont savamment débattu de l'extrême-gauche révolutionnaire ou des extrêmes, principalement des trotskistes, de la LCR ou du NPA, comme il faut dire maintenant, et ont décliné, comme d'autres filent la métaphore, à tous les cas et même à tous les modes le nom "révolution"... Bien. Le même jour, dans le site internet du "Monde", était publié un "portfolio" : neuf photos légendées des leaders du NPA, le tout intitulé martialement "la garde rapprochée de Besancenot" et "Ceux sur lesquels Besancenot s'appuie".

Ces Neuf (comme les Muses ou comme les "Sages" ?) sont tous fonctionnaires ou assimilés : un "facteur" (La Poste, entreprise nationalisée), un "cheminot" (SNCF, entreprise nationalisée), un cadre de l'ANPE (organisme d'Etat ou para-public), une permanente d'association (vivant de subventions), trois enseignants en activité (fonctionnaires) et deux enseignants retraités, dont la pension est inscrite au grand Livre de la Dette (id est payée par l'impôt). Pas un seul ouvrier, pas un seul travailleur, aucun paysan évidemment, pas un seul artisan, pas un seul travailleur indépendant, pas un seul salarié d'une entreprise privée qui aurait eu à subir les exactions des méchants capitalistes. Tous sont à l'abri du capitalisme; ils ignorent la concurrence; ils sont loin du monde du travail; ils ne produisent aucun bien échangeable. Pendant ses décennies glorieuses, le Parti communiste exhibait ses ouvriers, ses métallos, ses soudeurs, ses fraiseurs, ses carrossiers, ses techniciens, ses paysans rudes et rustres, roulant les r et avalant une syllabe sur deux quand ils parlaient. Ils faisaient la fierté du Parti, qui leur donnait des responsabilités ou les faisait élire députés ou sénateurs. C'était l'époque où le travail était glorifié, les ouvriers et les paysans étant le sel de la terre et l'avenir de l'homme.

Ce que montre ce trombinoscope organigramme du Monde, c'est la fin du travail et le remplacement des ouvriers et paysans par les fonctionnaires ou assimilés comme "classe" (classe ou caste ?) messianique, seule capable de faire la Révolution ou de changer le monde : !!!!, car ces Neuf-là sont anti-capitalistes. Je ne sais s'ils le sont, ils disent ou ils prétendent qu'ils le sont. Du moins, ce qui les fait agir ou parler, c'est leur haine du capitalisme, avec lequel ils veulent en finir pour toujours. C'est l'anti-capitalisme sans capitalistes comme, dans les pays arabes, la haine des Juifs sans juif. Si Marx, d'où tout procède, apprenait cette bonne nouvelle, ou il en mourrait de rire, ou il s'indignerait à s'en étouffer. Lui, il jugeait, non sans raison objective, que l'Etat est une superstructure mise en place par le Capital (petit ou grand) et par la bourgeoisie son alliée, pour préserver ses intérêts, c'est-à-dire pour continuer à accaparer la plus-value tirée du travail. Il n'en croirait pas ses yeux, s'il constatait que des fonctionnaires, qui sont par définition les agents du capitalisme, puissent, dans une lutte des classes libératrice, se retourner contre ceux qui les font vivre, d'autant plus que, depuis deux ou trois décennies, les capitalistes ont pris sagement le chemin de l'étranger et que, à la première alerte, il serait aisé à Total ou à Michelin ou aux banques, les derniers "capitalistes" qui restent en France, d'établir leur siège social à Londres ou aux Pays Bas, comme cela a été fait pour EADS, et de se mettre ainsi à l'abri de la cupidité des profs qui forment la garde rapprochée de Besancenot.

Aucun des spécialistes de sciences politiques invités par M. Calvi à tenir un discours qui ne soit pas du semblant n'a relevé cette incongruité-là, qu'est la Révolution de ronds-de-cuir. On n'est plus dans Marx, mais dans les Marx Brothers ou dans Ubu Roi. Aucun d'eux n'a rappelé cette boutade de Marx (in La lutte des classes en France, 1848-49) : l'histoire ne se répète pas, ou si elle se répète, c'est sur le mode plaisant ou bouffon. Aucun d'eux n'a osé faire remarquer qu'avec tous ces fonctionnaires anti-capitalistes, on n'était plus sur la scène de l'Histoire, mais sur celle d'un Théâtre bouffe, avec Coluche, Bigard ou Canteloup.
07 février 2009, 09:13   Re : C'est pour rire
Excellent !Bravo !
Utilisateur anonyme
07 février 2009, 09:18   Re : C'est pour rire
Oui, bravo ! Alain Soral, à sa façon, ne cesse de répéter la même chose.
07 février 2009, 09:22   Re : C'est pour rire
Citation
l'histoire ne se répète pas, ou si elle se répète, c'est sur le mode plaisant ou bouffon. Aucun d'eux n'a osé faire remarquer qu'avec tous ces fonctionnaires anti-capitalistes, on n'était plus sur la scène de l'Histoire, mais sur celle d'un Théâtre bouffe, avec Coluche, Bigard ou Canteloup.

Ici en Allemagne avec les 36 chaines du cable on est sidéré par le nombre inoui d'émissions comiques dans lesquelles une multitude d'amuseurs nous divertissent tous les jours du 1 janvier au 31 décembre.

Comme le dit si bien JGL ce n'est plus de l'histoire c'est un théatre bouffe permanent. Absolument plus rien ne tient debout, tout est mis à bas dans un éclat de rire général et forcé.

Merci mille fois JGL...
Utilisateur anonyme
07 février 2009, 09:23   Re : C'est pour rire
Oui, bravo ! Alain Soral, à sa façon, ne cesse de répéter la même chose.

En effet, et s'il y en a un qui s'y connaît en matière de prolétariat, c'est bien lui !
Utilisateur anonyme
07 février 2009, 09:35   Re : C'est pour rire
Il s'y connaît surtout en matière de boboïsme ! C'est ici la matière qui nous occupe.
07 février 2009, 09:56   Re : C'est pour rire
Suis-je le seul à ne pas bien comprendre à cette sotie? M. Besancenot n'a certes pas à subir les exactions des méchants capitalistes, mais M. Camus, dans sa tour de Plieux, n'a pas à subir celle des méchants musulmans, ce qui n'empêche pas le souci qu'a M. Camus du petit peuple français des banlieues difficiles d'être parfaitement légitime. Par ailleurs, je ne vois pas en quoi un professeur ou un facteur sont "par définition des agents du capitalisme" (sans même parler du fait que ce genre de profession, indispensable au fonctionnement de toute société, existe aussi bien dans des monarchies que des dictatures communistes).
07 février 2009, 10:21   Re : C'est pour rire
Pour rire encore plus : j'étais l'autre jour sur RMC une émission intitulée "Les Grandes Gueules " (dites les GG). Etait invitée la nouvelle porte-parole de Lutte Ouvrière. Elle développa ses "théories économiques", expliquant que les entreprises devraient se passer de patron, confondant patron, actionnaire, direction de l'entreprise et conseil d'administration. Elle affirma un certain nombre d'énormités, assez peu relevées par les intervenants, pourtant prompts à exliquer le monde à tout le monde.
Le meilleur fut révélé à la fin : cette femme est fonctionnaire, comme il se doit. Elle enseigne... les sciences économiques et sociales. Je n'ose pas imaginer le contenu de son cours. En fait si. Je n'ai qu'à laisser traîner l'oreille et écouter mes collègues en salle des professeurs, qui récitent leur Bourdieu et émargent souvent au NPA (allant jusqu'à glisser des tracts dans nos casiers).
Pas étonnant que nos enfants fussent si peu lucides et qu'ils fussent si réclameurs et fainéants !
Utilisateur anonyme
07 février 2009, 11:05   Re : C'est pour rire
la France est un pays de vieux qui ressasse et radote

Comme disent les Italiens : senti da quale pulpito viene la predica !
Utilisateur anonyme
07 février 2009, 14:22   Re : C'est pour rire
Oui, l'analyse de JLG est remarquable, Qu'il est bon de lire des propos aussi fondés quand les prétendus anti-libéraux se pavanent à nos frais et tiennent des discours en faveur du petit peuple qu'ils renient sans la moindre vergogne chaque fois que leurs revendications corporatistes les conduisent à faire grève au mépris des difficultés et soucis qu'ils causent à ce cher petit peuple tant aimé en paroles, mais pris en otage et tant saigné pour assurer ä M. Besancenot et à ses amis, de bonnes retraites et une sécurité de l'emploi dont les travailleurs du privé ne parviennent même pas à rêver les jours d'ivresse. Les anti-capitalistes de cet acabit ne méritent d'autre qualificatif que celui de (pardonnez-moi, cher basho, je m'énerve et je dois encore beaucoup travailler pour espérer parvenir à votre exemplaire pondération) salauds.
07 février 2009, 14:47   Pupitre
Bien cher Alexis,

Ne confondons pas l'ambon avec un simple pupitre !
07 février 2009, 15:11   Re : C'est pour rire
Il est vrai qu'il n'est nullement besoin d'être ouvrier pour servir la cause ouvrière, pauvre pour lutter contre la pauvreté, habitant du "9-3" pour dénoncer les méfaits de l'immigration massive ; mais le militant de l'extrême-gauche révolutionaire bobo est un salaud, en ceci qu'il prétend faire partie de la "classe" malgré son train de vie de petit bourgeois (comme il a été dit, il n'y a que très peu d'ouvriers adhérents au NPA). Il est un salaud parce qu'il endosse l'habit de l'opprimé sans l'être aucunement. Je ne pense pas qu'un Jaurès aurait eu l'audace d'affirmer qu'il vivait dans sa chair le sort de la classe ouvrière. Il était solidaire de cette classe, ce qui est toujours possible, et fort différent du point de vue de la position politique. Et le mensonge fondamental du militant bobo ("Je suis un prolétaire") mène au mensonge politique le plus abject, car c'est alors le véritable prolétaire lui-même (si ce terme peut encore désigner quelque réalité) qui est nié et méprisé par ses soi-disant représentants. Lorsque le bobo rencontre, sur le pas de sa porte, un ouvrier en chair et en os, il croit voir en lui une incarnation du "beauf" réactionnaire, électeur potentiel du Front national (car c'est lui, bien évidemment, qui a voté pour Le Pen, puis pour Sarkozy, c'est l'Ouvrier Christique, figure de l'Opprimé Universel du Grand Capital !)
07 février 2009, 16:09   Re : C'est pour rire
Je ne pensais pas que le fait que M. Besancenot soit un clown et son parti une imposture, ce qui ne fait guère de doute, justifiait qu’on dise n’importe quoi, par exemple que les enseignants sont « par définition des agents du capitalisme ». Apparemment, si (et même sous les applaudissements de Corto... je n’ai plus qu’à tout doucement me retirer). Cher M. Olivier, il n’a pas été dit qu’il n’y avait pas d’ouvriers au NPA (ce qui est vrai et révélateur) mais, dans un raccourci très JGLesque, que la garde rapprochée de Besancenot n’en faisait pas partie, ce qui n’a guère de sens. La "garde rapprochée" de R. Camus, si j’ai bien compris, est pleine elle aussi de ces "agents du capitalisme par définition", ce qui ne l’empêche pas de prendre à sa façon, et avec des accents souvent déchirants, la défense du «populo».
07 février 2009, 16:20   Re : C'est pour rire
Citation
Lorsque le bobo rencontre, sur le pas de sa porte, un ouvrier en chair et en os, il croit voir en lui une incarnation du "beauf" réactionnaire,

Quand on voit les milliers d'usines et entreprises qui ont été fermées ces 25 dernières années sans que les partis soi-disants prolétariens se soient vraiment sentis concernés on pourrait en pleurer de rage.

Ils préférent défendre les sans-papiers, se faire les parangons de l'anti-racisme etc... etc...

Ils ont vraiment laissé le capitalisme cosmopolite se déchainer sans bouger le plus petit doigt !
07 février 2009, 16:25   Re : C'est pour rire
Je vous entends bien, Cher M. Brunet, et là où je vois une différence, précisément, entre la "garde rapprochée de M. Camus" et celle d'Olivier Besancenot, c'est que la première ne s'autoproclame pas victime de l'immigrationnisme (ou de tout ce que l'on voudra bien considérer comme un fléau à long terme), elle ne dit pas : je vous parle du fin fond des banlieues (quoique certains y habitent peut-être), elle se déclare solidaire de ceux qui en subissent les conséquences.

D'autre part, les effets négatifs de l'immigration massive ne touchent pas que certains Français, ils touchent tous les Français à différents degrés (l'état de la langue, par exemple, n'est-il pas lié à l'immigration, et n'importe-t-il pas pour chacun, a fortiori pour un écrivain ?)
07 février 2009, 16:26   Re : C'est pour rire
Le bobo anti-capitaliste méprise l'ouvrier "de souche" dans lequel il ne voit qu'un "franchouillard" même quand celui-ci est opprimé et bosseur, mais il ne voit jamais l'"arabouillard" dans l'Arabe, ni le "blacouillard" dans l'Africain même quand ceux-ci ne sont ni opprimés ni bosseurs.
07 février 2009, 16:37   Re : C'est pour rire
Il est vrai qu'il faut ajouter cette dimension, puisque la vision fantasmée du beauf réactionnaire (la vieille France, pour rebondir sur un autre message) ne concerne que l'ouvrier blanc et français. L'ouvrier africain ou arabe est beau comme une victime expiatoire de la colonisation.

Cela dit, tout Africain ou Arabe dont les comportements prouveraient qu'il est viscéralement de droite, serait ostracisé au même titre que le Français de souche. La seule question est celle de l'attitude de l'individu par rapport à la Cause, à la Doxa révolutionnaire : est-il ou non à son service ? (La nouvelle judéophobie d'extrême-gauche en est la preuve.)
Utilisateur anonyme
07 février 2009, 16:40   Lien n'est pas cause
"(...) l'état de la langue, par exemple, n'est-il pas lié à l'immigration, (...)"

Lié, sans doute, mais comme une sorte de cerise sur le gâteux, posée bien après l'action débilitante de l'audio-visuel de masse, du langage publicitaire, et l'usage de certaines méthodes d'apprentissage. Par exemple, je ne sache pas qu'on doive à l'immigration la nécessité d'introduire la très funeste "méthode globale", mise en œuvre bien avant la présence dans les classes d'enfants parlant mal le français (et cette méthode ne les a certainement pas aidés, non plus que le "pédagogisme" psychologisant...)
07 février 2009, 16:42   Re : C'est pour rire
Cher Olivier, je vous avoue que je n'ai pas écouté M. Besancenot depuis longtemps et qu'il m'avait échappé qu'il se déclarait personnellement victime de son employeur. Pour le rôle de l'immigration dans l'état de la langue telle que la parle Le Monde, France-Culture, les enseignants, etc., non, je ne le vois pas. Pas plus que dans un certain déclin de la science ou de l'art français, ni dans l'excès de prise de médicaments psychotropes ou la surabondance des animaux de compagnie et des crottes de chiens dans les rues des grandes villes de France, ni un certain nombre d'autres choses. (Mais je ne voulais pas lancer ce débat).
07 février 2009, 16:43   Re : C'est pour rire
Oui vous avez tout à fait raison, Cher Orimont. Je cherchais des liens directs entre l'immigration et la réalité quotidienne de tout Français, y compris de celui qui en apparence en serait totalement protégé, et cet exemple n'est peut-être pas le plus pertinent.

En revanche, M. Brunet, je n'affirmerais pas comme vous qu'il n'y a aucun lien entre l'immigration et un certain nombre de nuisances sociales telles que la "déculturation", le malaise général, etc.
07 février 2009, 16:51   Re : C'est pour rire
jfbrunet écrivait:
-------------------------------------------------------
> Cher Olivier, je vous avoue que je n'ai pas écouté
> M. Besancenot depuis longtemps et qu'il m'avait
> échappé qu'il se déclarait personnellement victime
> de son employeur.

Je connais plusieurs militants de l'ex-LCR qui se voient réellement comme des victimes directes du capitalisme. Ils vous disent qu'ils ont du mal à s'en sortir, qu'ils doivent se serrer la ceinture (traduction : cette année ils ne partiront en vacances à Rome que deux semaines, pas trois...), mais ils n'ont jamais connu pour la plupart aucune difficulté financière. Des employés de bibliothèque qui se considèrent comme des ouvriers. Cela me semble délirant.
07 février 2009, 18:32   Re : C'est pour rire
Je crains que l'on n'ait pas bien compris JGL. Il n'a pas dit, je crois, que que les enseignants (et donc lui-même) sont par définition des agents du capitalisme », mais qu'une telle affirmation découlait de l'analyse de Marx - en partie justifiée mais aussi en grande partie absurde - selon laquelle l'Etat "bourgeois" et ses agents sont au service du capital.
07 février 2009, 18:46   Re : C'est pour rire
Le désastre est endogène par ses racines, bien évidemment (jamais un peuple sain d'esprit n'aurait ouvert les vannes à l'immigration massive en provenance du Tiers Monde et, constatant les conséquences, aurait persévéré), notamment sur le plan langagier. Disons cependant que la présence massive, dans beaucoup d'écoles, d'enfants à peine francophones et souvent très peu motivés ne facilite pas la transmission des belles lettres, et que le rap n'en est pas non plus le véhicule privilégié.
07 février 2009, 19:27   Re : C'est pour rire
"Endogène évidemment"? C'est une évidence qui n'éclate pas tous les jours aux yeux du lecteur de passage de ce forum. D'ailleurs votre parole dépasse sans doute votre pensée: vous voulez dire la gauche, les bobos, etc., en d'autres termes: les autres.
Je rappelle au passage qu'une bonne partie du "populo" de souche pas du tout bobo, si ardemment défendu au PI —et tout particulièrement dans ce grand sud-est si bien représenté ici, qui va de Marseille à la Corse avec un détour par Perpignan—vit lui aussi très largement "aux crochets" de l'Etat, dans ses avatars national, régional, départemental et municipal.
Utilisateur anonyme
07 février 2009, 19:56   Re : C'est pour rire
Citation

Je rappelle au passage qu'une bonne partie du "populo" de souche pas du tout bobo, si ardemment défendu au PI —et tout particulièrement dans ce grand sud-est si bien représenté ici, qui va de Marseille à la Corse avec un crochet par Perpignan—vit lui aussi très largement "aux crochets" de l'Etat, dans ses avatars national, régional, départemental et municipal.
Je vous rejoins sur ce point, cher jfbrunet, mais je ne crois pas que le propos de ce fil était d'opposer des catégories de français. D'autre part, dans la mesure où les conditions légales sont respectées, il n'y a pas de honte à bénéficier des prestations sociales. Vous avez aussi raison de dire que les enseignants ne sont pas « par définition des agents du capitalisme ». J'avais plutôt retenu, comme le relève Marcel Meyer, que dans l'analyse de Marx l'Etat "bourgeois" et ses agents sont au service du capital.

Ma petite diatribe et mon adhésion au message de JGL portaient plus sur la duplicité de ces anti-capitalistes qui, par leur statut de fonctionnaire, sont souvent (pas toujours, pas toujours, les généralisations sont mortelles pour ceux qui ne sont pas des partisans...) des privilégiés dont les avantages n'existent que grâce à la production de richesses par le système capitaliste !
07 février 2009, 20:01   Re : C'est pour rire
Ma parole ne dépasse pas du tout ma pensée, en l'occurence. Et ce n'est pas la première fois que cela est dit ici, il s'en faut de beaucoup. Vous lisez de façon extrêmement sélective. Nous (je ne vous inclus pas dans ce nous, pardonnez-moi) sommes tous d'accord pour dire que le désastre est à la fois endogène et exogène mais, chronologiquement, il est d'abord endogène.

Quant au populo, si beaucoup d'entre nous lui sommes en effet attachés, nous ne le regardons pas toujours avec les yeux de Chimène : nous sommes un certain nombre à essayer de réfléchir aux rapports de pouvoir, d'éthique, de doxa, de propagande médiatique et de mauvaise conscience qui lient ce populo à l'oligarchie dominante. Je me permets de vous renvoyer à cette mienne analyse.

Et beaucoup ont écrit ici, à de nombreuses reprises, que la droite qui a dirigé la France le plus souvent au cours du dernier demi-siècle, est, politiquement sinon idéologiquement, autant responsable du désastre que la gauche.

Pour finir, vous devriez savoir que nous sommes plusieurs, probablement une majorité ici, à avoir été de gauche (mais sans doute pas "bobos"). D'une certaine façon, je ne m'exclue pas des responsables du désastre mais, n'en ayant jamais été l'ami, j'ai pu ouvrir les yeux.
Utilisateur anonyme
07 février 2009, 20:06   Re : C'est pour rire
Marcel Meyer écrivait:
-------------------------------------------------------
> > Pour finir, vous devriez savoir que nous sommes
> plusieurs, probablement une majorité ici, à avoir
> été de gauche (mais sans doute pas "bobos"). D'une
> certaine façon, je ne m'exclue pas des
> responsables du désastre mais, n'en ayant jamais
> été l'ami, j'ai pu ouvrir les yeux.

c'est exactement mon cas
07 février 2009, 20:10   Danger perçu
A la décharge de ceux qui nous gouvernaient dans les années 60 et 70, il faut bien se remémorer que le danger perçu par tous (à droite) à cette époque était celui du communisme. Souvenez-vous que les chars soviétiques étaient à peu près à 150 kilomètres de Munich, et que l'URSS avait de forts soutiens intérieurs.
07 février 2009, 21:51   Re : C'est pour rire
Je lis dans cette intervention vôtre, que je découvre effectivement à l'instant, que "la société est prisonnière de la vision du monde que lui impose l’oligarchie sous les auspices du Bien" ce qui reste un façon d'"exogéniser" le problème, ou d'éluder la période critique, antérieure, ou aucune "vision du monde" à mon sens, et certainement pas sous les auspices du Bien, n'a été imposée à personne. (Je me souviens que Cassandre et Renaud Camus lui-même avaient eu des réponses outragées quand j'avais osé dire il y a un an ou deux, que tout le monde était bien content, ou se fichait complètement de l'immigration "massive" quand celle-ci prenait vraiment son essor il y a 30 ou 40 ans —d'ailleurs, comme simple indice, il faudrait chercher à la loupe la moindre allusion à cette immigration dans les "Journaux" de M. Camus, avant la fatidique année 2000).
Utilisateur anonyme
07 février 2009, 22:31   Re : C'est pour rire
"(...) l'état de la langue, par exemple, n'est-il pas lié à l'immigration, (...)"

"[...] J'ai dit, et je le maintiens quoique cette affirmation m'ait naguère valu le pilori, que l'évacuation de la dimension littéraire de la langue au profit de sa démocratisation utilitaire a eu lieu en grande partie pour ne pas désespérer les enfants d'immigrés. Une langue sacrifiée pour la paix civile, c'est la mort d'une culture millénaire. Je n'en rends nullement les immigrés responsables ; les semeurs de vent, ce sont les idéalistes postchrétiens et les marchands d'esclaves au pouvoir. Les reliquats hystériques du gauchisme ont fait le reste : évacuer la dimension spirituelle de la culture. On comprend dès lors que nous soyons méprisés par ces mêmes immigrés : comment l'Islam, quand bien même il n'en serait pas l'allié objectif, ne trouverait-il pas à se renforcer au contact du nihilisme à l'oeuvre en Occident ?"


Richard Millet, L'opprobre, p. 38.
07 février 2009, 22:48   Re : C'est pour rire
M. Zendji, vous aussi vous avez bien fait de virer à droite, après votre longue période maoiste (comment, vous espériez nous le cacher ?...)

"Pour ne pas désespérer les enfants d'immigrés" : c'est très juste.
Utilisateur anonyme
07 février 2009, 22:56   Re : C'est pour rire
"Pour le rôle de l'immigration dans l'état de la langue telle que la parle Le Monde, France-Culture, les enseignants, etc.,"

Telle que la parle les enseignants ? Vous êtes sérieux ?? Autant dire que l'immigration ne joue aucun rôle (sinon positif), et qu'il n'y a "pas de problème" !
Comme d'habitude " le drapeau de l'antiracisme couvre le désert des idées" (François Furet)...
08 février 2009, 01:49   Re : C'est pour rire
"Pour ne pas désespérer les enfants d'immigrés".
Je pense que c'est non seulement pas très juste mais historiquement très faux (sauf, comme dit Orimont, sous forme de "cerise sur le gâteau"), et je ne serais pas étonné que M. Millet, qui déclare avoir dit ça "naguère", ne le disait pas "jadis" (à l'époque ou déjà M. Camus déplorait l'effondrement de la langue quotidiennement dans son Journal (Romain par exemple)), et il ne le disait pas car il ne le pensait pas, et il ne le pensait pas, en l'occurrence, car il n'y avait vraiment aucune raison de le penser. Et il ne pensait probablement pas non plus à d'autres, réelles conséquences à venir de l'immigration, parce que personne n'y pensait. M. Millet est un prophète anti-immigrationniste rétrospectif, comme tant d'autres.
08 février 2009, 09:03   Re : C'est pour rire
Mais tout Français, aujourd'hui, commence par un état de sujétion idéologique à la gauche et à ses médias, et progresse à son rythme vers l'Eveil. Allez-vous comparer les dates d'Eveil et compter le nombre d'années passées à aimer l'ordre des choses comme elles vont? J'ai vécu très confortablement quinze années au milieu des Chinois du XIII° arrondissement, et ce sont eux qui m'ont signalé la dégradation de la vie quotidienne en régime immigré, quand des foyers africains furent ouverts dans notre quartier. J'enseignais dans une banlieue sensible, et pourtant jamais je n'avais établi de lien bien explicite entre les ennuis que nous avions et l'origine nord-africaine des populations. Le Syndicat, la parole professorale admise, les médias, veillaient à ce que rien de clair n'émergeât à la conscience. Seuls les incultes, à savoir nos élèves et les prolétaires de souche, faisaient le lien, et nous étions dressés à y voir une marque d'ignorance et de mauvais goût polétaire. Un jour, je traversai à grand peine une foule de Djeun's à casquette qui bloquaient l'accès aux quais d'une gare de banlieue. A un collègue de travail qui s'y trouvait déjà et qui les regardait hurler, cracher et injurier les passants, je demandai : " Crois-tu qu'on puisse en tirer quelque chose?" (La thèse de l'époque consistait à croire qu'ils allaient "payer nos retraites"). Il me répondit non, puis nous nous regardâmes embarrassés, comme si nous nous étions oubliés en public. Cela rappelle l'histoire de ces deux augures romains qui ne pouvaient se croiser sans rire.
08 février 2009, 09:04   Re : C'est pour rire
Le bobo anti-capitaliste méprise l'ouvrier "de souche" dans lequel il ne voit qu'un "franchouillard" même quand celui-ci est opprimé et bosseur, mais il ne voit jamais l'"arabouillard" dans l'Arabe, ni le "blacouillard" dans l'Africain même quand ceux-ci ne sont ni opprimés ni bosseurs.

Celle-là, je la mets de côté, si vous permettez, chère Cassandre.
08 février 2009, 09:23   Re : C'est pour rire
Cher Henri Bès, tout comme certaines sociétés sont passées, suivant la célèbre boutade, de la barbarie à la décadence sans passer par la civilisation, certains individus peuvent hélas très bien passer du stade de jeune con anar à celui de vieux con réac sans passer par ce que vous appelez joliment l'Eveil !
(Je crains que ce ne soit mon cas)
Utilisateur anonyme
08 février 2009, 09:42   Re : Little Buddha
Mais enfin, Francmoineau, si vous êtes passé du stade de jeune con anar à celui de vieux con réac, c'est que l'Eveil a eu bel et bien lieu à un moment donné !
08 février 2009, 09:42   Re : C'est pour rire
A propos de Millet, je crois qu'il eut très tôt le sentiment d'assister à la fin d'un monde. Ses romans décrivent l'effondrement du monde traditionnel de la Corrèze, l'oubli de son patoi (le limousin, langue des troubadours, tout de même), l'apparition d'une forme de haine de soi face à une modernité à laquelle on aspire fébrilement sans bien comprendre comment ni ce que seront les conséquences de son accomplissement. Ses essais, en particulier l'un des premiers, "Le sentiment de la langue", montre une attention tout musicienne au danger qui menace tout équilibre harmonique.
Je ne crois donc pas que ce soit un combattant de la dernière heure : comme Renaud Camus, je crois qu'il a une pente vers l'élégie, vers le regret et la défense de ce qui meurt ou est déjà mort. C'est donc tout sauf un défenseur triomphant : même s'il tempête avec beaucoup d'effets, il sait qu'il a perdu.
Cf. "Le dernier écrivain" et "le retour qui est exil", thèmes très présent depuis une dizaine d'années dans ses interventions et ses romans.
08 février 2009, 09:59   Re : C'est pour rire
Je ne situerais pas le stade idéal entre sotte jeunesse et sotte vieillesse, mais au-delà. Nietzsche distingue trois étapes de l'esprit : celle du chameau, image du conformiste de somme qui porte volontiers le fardeau de la doxa, et reçoit son picotin en échange (Edwy Plenel, Laure Adler, les Haldistes, etc) ; celle du lion, image du révolté qui refuse les fardeaux, et dont la vie de l'esprit dépend étroitement du fardeau des opinions sociales contre lesquelles il se révolte (c'est là que je placerais le révolutionnaire, le polémiste, Dantec et certains In-nocents) ; enfin, ce qu'il nomme l'Enfant, le créateur de ses propres valeurs, celui qui n'a pas besoin de la société et de ses dogmes pour penser (c'est le cas de quelques écrivains, qui sont à eux-mêmes leur propre avenir). Quand je ne fais pas attention, je retourne à l'état de chameau ; si je me mets en colère, je deviens provisoirement lion (de cirque) ; je lis avec admiration quelques Enfants, en gardant présent à l'esprit l'avertissement nietzschéen contre les lecteurs.
08 février 2009, 10:12   Re : C'est pour rire
Merci Henri Bès pour cette lecture nietzschéenne de notre société.
Si je peux me permettre un petit ajout : les Plenel, Adler et autres haldistes se croient en fait des lions, car quand ils attaquent c'est toujours sur le mode de la défense (de ceci ou de cela). Le lion dépend tout à fait de ce contre quoi il s'attaque, il réagit. Nos haldistes se pensent comme des lions attaquant des chameaux sans voir, ni s'avouer, qu'il sont en fait des chameaux, puisqu'attaquer sans cesse ce qui n'existe plus, ou plus beaucoup, c'est précisément l'un des traits les plus singuliers de la doxa du temps.
Dans l'ancien monde, les bons bourgeois, ceux qui défendaient les bonnes valeurs, ne se prenaient pas pour des révolutionnaires, pour des lions. Ils étaient chameaux et se savaient chameaux.
Ce qui complique encore les choses, c'es que tous nos chameaux déguisés en lions furent avant des chameaux déguisés en enfant, lorsqu'ils prétendirent tout réinventer, l'école, la société, etc.
Ultime ruse du nihilisme et du ressentiment : il traite de chameaux les vrais lions et de monstres les vrais enfants. Les vrais lions doivent se déguiser en chameau et les enfants se taire.
A vous lire Henri Bès, il me semble que vous oscillez souvent entre le lion et l'enfant - vos interventions en témoignent - mais le lion ici se sent chameau et l'enfant se sent indigne. D'où votre impression d'être chameau (ce que nous sommes tous, si souvent, par ailleurs - mais j'imagine que vous n'écrivez pas ici tout ce qui vous passe par la tête).
08 février 2009, 10:21   Re : C'est pour rire
Je crois, M. Bès, que vous vous livrez exactement à l’exercice que je dénonce, qui est de mélanger les dates pour mieux donner à « l’idéologie immigrationiste » contemporaine de gauche un rôle dans l’immigration de masse qu’elle n’a pas eu, à l’époque où les choses se sont nouées. Il n’y avait pas de foules de jeunes à casquettes dans les années soixante et soixante dix, on ne pensait pas que les immigrés allaient payer nos retraites, et si on commençait à le penser vers la fin de cette période ce n’était pas une idée spécialement de gauche. Tout cela a été dit mieux que moi par Orimont, exemples vécus à l’appui. Il ne s’agit pas de donner des bons et mauvais points à ceux qui ont été lucides plus ou moins tôt, mais je ne vois pas que vivre dans le déni de ce qui s’est réellement passé et dans le pointage systématique du doigt dans une direction fictive puisse inspirer grand chose de bon. A tous le moins, ce n’est pas faire œuvre d’historien.
Utilisateur anonyme
08 février 2009, 10:34   Re : Le Signe du lion
Cher Virgil, je ne sais pas ce que vous avez pris au petit déjeuner, mais ce matin, vous êtes dans une forme éblouissante !
08 février 2009, 10:35   Re : C'est pour rire
Citation

"[...] J'ai dit, et je le maintiens quoique cette affirmation m'ait naguère valu le pilori, que l'évacuation de la dimension littéraire de la langue au profit de sa démocratisation utilitaire a eu lieu en grande partie pour ne pas désespérer les enfants d'immigrés. Une langue sacrifiée pour la paix civile, c'est la mort d'une culture millénaire. Je n'en rends nullement les immigrés responsables ; les semeurs de vent, ce sont les idéalistes postchrétiens et les marchands d'esclaves au pouvoir. Les reliquats hystériques du gauchisme ont fait le reste : évacuer la dimension spirituelle de la culture. On comprend dès lors que nous soyons méprisés par ces mêmes immigrés : comment l'Islam, quand bien même il n'en serait pas l'allié objectif, ne trouverait-il pas à se renforcer au contact du nihilisme à l'oeuvre en Occident ?"

Richard Millet, L'opprobre, p. 38.

D'accord. Mais un prolongement dialectique peut venir à l'esprit. L'anglais fut, et est encore, une langue purement utilitaire en Inde. Il y a cependant maintenant de grands auteurs indiens anglophones.

(Merci à Henri pour son évocation de Nietzsche : cela donne de l'oxygène sous un ciel plombé...)
Utilisateur anonyme
08 février 2009, 10:54   Re : C'est pour rire
"Une langue sacrifiée pour la paix civile,"

A méditer.


Merci à M. Bès pour ses messages "éveillants"... sans oublier Virgil, un vrai lion !
08 février 2009, 11:12   Re : C'est pour rire
M. Brunet, je me crois innocent du reproche que vous me faites. L'idéologie immigrationniste est peut-être apparue au moment où les populations immigrées, déjà installées, ont commencé à poser aux consciences des questions gênantes qu'il fallait oblitérer d'urgence. Il est bien possible qu'elle suive le fait, dans l'intention de le faire passer pour une chance et un avantage, et non qu'elle le précède. Mon tort est d'avoir oublié de dater ma petite anecdote : cela se passait vers 1985, en gros. Le travail de création et de formulation idéologiques incombe en grande partie à la gauche, mais c'est une oeuvre, si j'ose dire, littéraire et non une action politique proprement dite. Les faits, eux, sont antérieurs, et il est bien difficile de les attribuer à tels ou tels individus, puisqu'il s'agit de démographie, de courants migratoires, de tendances économiques, en bref de phénomènes qui échappent en partie à la volonté individuelle et à la politique. Ce que l'on peut reprocher à la gauche, c'est l'écriture et le rabâchage du roman rose des chances pour la France, quand la seconde ou la troisième génération d'allogènes étaient déjà nées.
08 février 2009, 11:26   Re : C'est pour rire
Oui, cher Henri, mais Bernard Stasi , l'immortel auteur de l'expression CPF dans son acception au premier degré, est centriste, UDF, Giscardien, Giscard étant le président qui a décidé le regroupement familial. De l'autre côté, à l'époque, les communistes étaient hostiles à l'immigration de masse et, un peu plus tard, Chevènement regroupa un temps des ennemis du désastre. L'idéologie du désastre est sans aucun doute enracinée à gauche (l'hyperdémocratie, le tier-modisme, le rejet de l'Etat-nation, la mauvaise conscience de l'homme blanc), mais le paysage politique ne répond qu'imparfaitement à cette dichotomie.
08 février 2009, 12:28   Re : C'est pour rire
Le travail de création et de formulation idéologiques incombe en grande partie à la gauche, mais c'est une œuvre, si j'ose dire, littéraire et non une action politique proprement dite.
Cher Henri, je souscris entièrement à cette analyse. C'est, en mieux dit, exactement ce que j'essayais dire.
Utilisateur anonyme
08 février 2009, 14:30   Re : C'est pour rire
S'agissant du Journal de Renaud Camus, je suis parfaitement d'accord avec vous cher jfbrunet. Et pour documenter mon propos, je suis parti fureter dans mon importante collection camusienne et voilà que, de passage en passage, je me suis égaré vers d'autres objets. Ainsi, par exemple, l'intérêt de RC pour le peintre Francis Limerat, dont je possède quelques oeuvres et que j'ai rencontré l'été dernier.
[www.francislimerat.com]

Une chronique achrienne après la mort d'Aragon et cette phrase qui m'avait inquiété :
Citation

Je trouve le Paysan de Paris un livre admirable. Mais Aragon n'aimait pas qu'on l'aimât pour le Paysan de Paris. D'un autre côté si les Cloches de Bâle est un chef-d'oeuvre, ce que je n'exclus pas tout à fait, hélas, je ne suis plus si sûr que la vie vaille la peine d'être vécue, ni les livres d'être écrits, ni lus.

Et ce passage admirable :
Citation

L'homosexualité a enfin le courage de s'examiner elle-même, et elle se trouve innocente absolument. Ce qu'elle désire voir juger maintenant, c'est l'homophobie.
Mais je m'égare...
Utilisateur anonyme
08 février 2009, 16:04   A la découverte de Francis Limerat...
Oui, ne vous égarez plus M. Corto, et revenez donc un peu (si vous le souhaitez) sur Francis Limérat...
Pour ma part, je n'ai absolument aucun souvenir de débats, dans les partis de droite, à propos de l'immigration autour de 1975.

Je me rappelle avoir été très surpris quand j'avais vu les affiches pour la campagne européenne du Parti Communiste dit Français, donc en 1979, lesquelles affiches étaient en effet ouvertement nationalistes.

Je me rappelle fort bien que, ces années-là, le débat tournait autour d'un point central : la puissance des communistes, l'union de la gauche et ses effets, et les séquelles du gauchisme. Tout le monde (sauf peut-être les communistes) se contrefichait (et moi le premier) de l'immigration.
Utilisateur anonyme
08 février 2009, 21:14   Re : A la découverte de Francis Limérat...
Citation

Mon souhait serait que la lecture de ce parcours de lignes, de ces croisements, de leurs suspens même, fût de la plus grande lenteur et qu'enfin libre de toute conduite la pensée s'accomplisse dans les figures du vide ainsi désignées.
Il exposait l'été dernier, chez Sabine Puget, dans la nouvelle galerie que celle-ci à ouvert dans la demeure de Barras, dite Château Barras, à Fox-Amphoux. Il a également créé les vitraux de la chapelle du château sur les murs de laquelle Jean-Pierre Schneider a peint des fresques somptueuses et émouvantes. Allez jeter un coup d'oeil sur le site de Sabine Puget, cher W. Zendji, vous y trouverez des artistes contemporains qui me sont chers.
Les artistes chers à Sabine Puget
Mais pour parler de l'oeuvre de Francis Limérat avec talent, il faut faire appel à Aline ou au Maître....
08 février 2009, 21:32   Re : Prise de conscience et date
Tout le monde (sauf peut-être les communistes) se contrefichait (et moi le premier) de l'immigration.

Oui, c'est bien ce qu'il me semblait, et même un peu plus tard que 1979. Le mot "contreficher" me paraît capturer parfaitement la chose.

Pour ce qui est de la passion immigrationniste de la gauche en ces temps-là, je me souviens qu'en 1981, la diversité, sur les affiches du candidat Mitterand, prenait la forme d'une petite église romane (bourguignonne ou saintongeoise?).
08 février 2009, 21:51   Re : Prise de conscience et date
L'affaire du bulldozer de Vitry et du discours de Marchais à la télévision expliquant qu'il fallait limiter l'immigration date de 1980. Mais dès 1972, la municipalité communiste de Gennevilliers avait rédigé un « plan de travail pour diminuer le pourcentage de travailleurs immigrés ». Voici un article sur la question.

Dans les autres milieux de l'échiquier politique, cette attitude fait scandale et le PCF devra reculer devant la sainte-alliance de la moraline tiers-mondistes qui ira des gaullistes aux gauchistes.
08 février 2009, 21:59   Moraline tiers-modiste
Bien cher Marcel,


Je ne crois pas qu'il ait été question, à un moment quelconque, de "moraline". Tout simplement, les communistes "verrouillaient" totalement la banlieue, circa 1975, et pour tout dire "la banlieue, c'étaient des affaires de communistes".

Je ne pense pas avoir été frappé par la moraline mais, pour en revenir au bulldozer de Vitry, quelques années plus tard, j'ai été choqué, non par accès de moraline, mais parce que ce genre de chose était inouï. J'avais été, à l'époque, très sensible à l'ordre public, et non au tiers-mondisme.

Je crois dangereux de ré-écrire le passé : tout simplement, l'immense majorité des Français de cette époque n'ont rien vu venir. Il ne faut pas chercher midi à quatorze heures.
08 février 2009, 23:01   Re : Moraline tiers-modiste
Il y eut, très exactement dans l'hiver 1974-75, des "Mouvements de sans-papiers", impulsés par des maoïstes tunisiens ou algériens (à cette époque, le Parti communiste tunisien était d'obédience maoïste); à Montpellier, où celui qui vous envoie ces lignes était un très jeune étudiant en sciences, le Temple protestant fut occupé par des hommes, des hommes uniquement, en grève de la faim pour obtenir des cartes de séjour. Le jeune étudiant, qui suivait sa "copine" (et oui!) se fit crosser son petit cul au petit matin nocturne par une compagnie de CRS qui nous évacua, les 140 "desouches" chevelus et bourrés de fumée et d'idées prodigieuses venus dormir et croupir "en soutien" à cette cause inédite, "Capitaine" de compagnie des CRS, inoubliablement théâtral, dans la râclée générale (arrachage de cheveux par poignés des petits couillons de ma trempe qui résistaient pour lever le cul de leur "lie-in") qui en profita du même coup pour crosser le cul du pasteur indigné par ces méthodes à qui l'homme à casque de pompier passé au Mirror, à baudrier en cuir d'hippopotame, bras séculier de la République tonna, éclatant, jeanvilardien, sous les voûtes à trois rangs de pigeonnier-mezzanines de ce temple: Il faut donner à Dieu ce qui est à Dieu et rendre à César ce qui est à César ! - décembre 1974.
Utilisateur anonyme
08 février 2009, 23:04   Encore un effort
"(...) tout simplement, l'immense majorité des Français de cette époque n'ont rien vu venir."

Eh bien, voilà ce qu'il est bienvenu de dire !

Reste à savoir, maintenant, de quelle "couleur" politique étaient ceux qui, bien que ne voyant rien venir, faisaient tout de même venir - et quand je parle de "couleur" politique, je n'entends pas celle de dirigeants, d'élus, de "décideurs", mais celle de ceux qui, "sur le terrain", comme on dit, faisaient venir sans se soucier de "voir venir", autrement dit, de quelle "couleur" politique étaient ceux qui employaient les immigrés ? L'horticulteur, l'industriel, le patron de B.T.P des années 70 introduisaient-ils dans l'urne un bulletin, mettons, du PSU ? Il est permis d'en douter et de les soupçonner plus raisonnablement d'avoir été de droite, conservateurs, bien-pensants, plus soucieux de leur intérêt que de celui de la nation - et quant à ce dernier aspect de leur tournure d'esprit, sans doute, n'étaient-ils pas idéologues.

Aujourd'hui, il est amusant, du point de vue du moraliste, de voir les membres de cette famille politique agonir les idéologues de gauche, alors même qu'ils ont fourni à ces derniers les conditions pratiques de l'expression de la propagande immigrationiste.
08 février 2009, 23:24   Conséquences
Je crois juste de dire qu'on n'avait pas mesuré les conséquences, et que Monsieur Giscard d'Estaing fut honnête quand il créa le regroupement familial. Rappelez-vous que 1975, c'était il y a trente-quatre ans, que treize ans avant l'extrême-droite voulait que TOUTE l'Algérie soit française et donc TOUS les Algériens soient Français.

Je ne crois pas qu'à cette époque-là on ait simplement imaginé ce qui allait se passer (en tout cas, je ne l'ai absolument pas deviné de mon côté).
08 février 2009, 23:29   Re : Moraline tiers-modiste
L'horticulteur, l'industriel, le patron de B.T.P des années 70 introduisaient-ils dans l'urne un bulletin, mettons, du PSU ?

Souvenez-vous, ou renseignez-vous, mon cher Orimont, le PSU était aussi le parti d'une certaine petite bourgeoisie de gauche en lutte contre le PC; il s'y trouvait en effet des petits patrons "amis" de leurs ouvriers. Dans les Côtes-du-Nord (Bretagne) ils avaient même un député (qui se nommait Le Goff), dont le rôle a dû être d'empêcher l'implantation électorale du PC dans ce coin de Bretagne. Le PSU c'était, pour les Communistes, pire que la social-démocratie: la collaboration de classe, autre nom, pour les Communistes, de cette maudite "auto-gestion" que prônait le PSU, parti des "porte-valise" de l'époque de la guerre d'Algérie, fort de visions populistes intellectuellement éclairées.

Etrange profil de ces gens, véritables proto-bobos, "engagés", souvent redoutables rhéteurs (et Français aux origines outre-méditerranéennes); curieuse engeance qui la première promut et diffusa, c'est en tout cas mon sentiment, le bourdieusisme dans l'EN dès ces années-là, dans les années charnières 68/71.
Trois petites notes de musique
Ont plié boutique
Au creux du souv'nir
C'en est fini d'leur tapage
Ell's tournent la page
Et vont s' en dormir
Mais un jour sans crier gare
Ell's vous revienn'nt en mémoire



J'avais oublié la maudite "Autogestion" et les LIP et le PSU...

Il ne faudrait pas vieillir... que cela est loin...
Utilisateur anonyme
09 février 2009, 09:00   Re : C'est pour rire
Je crois juste de dire qu'on n'avait pas mesuré les conséquences

Oui cher Jmarc, et je crois juste qu'on ne les mesure pas plus aujourd'hui... la seule différence c'est que, désormais, il est interdit de les mesurer !
Utilisateur anonyme
09 février 2009, 09:14   Re : A la découverte de Francis Limerat...
Cher Corto merci pour ce message.

Quant au site de Sabine Puget, que j'ajoute de suite à mes "favoris", c'est une pure merveille !
Utilisateur anonyme
09 février 2009, 10:02   Re : Trois petites notes de musique...
Merveilleuse chanson interprétée par Cora Vaucaire.




Trois petites notes de musique
Utilisateur anonyme
09 février 2009, 10:10   Re : Conséquences
"Le PSU c'était, pour les Communistes, pire que la social-démocratie (...)"

Tout à fait exact et je m'en souviens très bien, habitué par les hasards de la naissance à entendre parler de politique très tôt. Cependant, cet exemple choisi au pif n'invalide pas foncièrement ce qui me semble avoir prévalu très largement en ces années-là, c'est-à-dire la très nette responsabilité d'un électorat de droite dans le recours à la main d'œuvre immigré (et, soit dit en passant, on veut bien comprendre, avec jmarc, que "l'immense majorité des Français de cette époque" n'ait rien vu venir. Le même aveuglement est pour le moins difficile à avaler émanant de chefs d'entreprise qui n'ont jamais perdu une occasion d'en appeler à un "sens des responsabilités" qu'ils prétendent porter avec courage et abnégation, dans lequel ils se drapent hier comme aujourd'hui.)

Evidemment, c'est un point d'histoire qu'il peut sembler être vain de souligner aujourd'hui (on ne va pas réécrire l'histoire, c'est ce qui se passe maintenant qui compte etc.) et si je parais mettre un brin d'insistance à le relever, c'est à la mesure de la constante (et bienvenue) préoccupation, sur ce forum, à essayer de comprendre les origines de telle ou telle situation. Or, cet examen, la plupart du temps (et c'est peu de le dire) a pour conclusion sans surprise (pour ne pas dire comme ritournelle plus ou moins aigre) : "c'est la faute à la gauche, c'est la faute aux gauchistes !" (personne, j'imagine, ne prierait, par exemple, un participant qui remonterait à la Révolution française pour expliquer la Halde, de "tourner la page" et de ne pas "réécrire le passé".)

Cependant, je crois qu'une pensée bel et bien de droite, par son individualisme, son pragmatisme, son peu de confiance en la nature humaine, son "hobbessianisme" mal compris, s'est montrée au cours de l'histoire de France récente tout aussi gravement nuisible au pays qu'une pensée bel et bien de gauche, par son égalitarisme, son idéologisme, son rousseauisme creux et sa mièvrerie si-tous-les-gars-du-monde-voulaient-se-donner-la-main.
09 février 2009, 10:49   Re : Conséquences
Votre analyse est probablement juste, mais il faudrait la pousser plus loin. La bourgeoisie française, y compris la plus petite, l'entrepreuneuriale, celle des horticulteurs et petits chefs d'entreprise, présente une particularité en Europe qui est d'ordre culturel et historique, et qu'elle ne partage pas avec les Européens du Nord et seulement très marginalement avec les Européens du Sud, et cette particularité lui conféra un excès de confiance vis à -vis des populations qui ont envahi le territoire métropolitain depuis 30 ans: cent-cinquante années de maîtrise, de connaissance, de domptage, de "faire suer le burnous avec profit et sur place", de domination, de subjugation bref de colonisation des populations maghrébines qui font qu'en effet, on ne s'est pas méfié de l'arrivée de ces dominés en les murs de la cité. Il n'est pas faux de dire que la France, de toutes les puissances occidentales, fut la seule à parvenir à imposer une telle domination sur ces populations - les spécialistes nous éclaireront là-dessus mais il semble que l'on ne puisse dire que la présence anglaise en Egypte ou la présence Italienne en Libye doivent s'y comparer.

Cet excès de confiance, cette garde abaissée face au dominé, s'est très inopportunément conjugué dans les années 70 à un excès de droit-de-l'hommisme et compassion politique théorisée par les anti-colonialistes français (une Gisèle Halimi, un Costa-Gavras dans son dernier film en sont parmi les derniers vestiges) qui composaient la majorité de la population française lors des premiers mandats gaulliens, ne l'oublions pas. Les responsabilités du désastre sont donc à partager équitablement entre les deux bords politiques: celui du camp de l'aveuglement confiant et dominateur à quasi-égalité avec celui de l'aveuglement de l'ignorant péchant par excès de confiance en ses idéaux.
Utilisateur anonyme
09 février 2009, 11:06   Re : Conséquences
"Les responsabilités du désastre sont donc à partager équitablement entre les deux bords politiques: celui du camp de l'aveuglement confiant et dominateur à quasi-égalité avec celui de l'aveuglement de l'ignorant péchant par excès de confiance en ses idéaux."

C'est tout ce qu'il me semble opportun de rappeler.

Reste à savoir quelque chose de beaucoup plus difficile à percer : qu'est-ce que, aujourd'hui, nous ne voyons pas venir ?
09 février 2009, 11:23   Re : Conséquences
Excusez-moi d'insister : comment vouliez-vous que l'on se méfiât d'un population adepte d'une religion peu connue, dont les spécialistes, entendus sans cesse dans le smédias, vous répétaient à l'envie qu'elle était la tolérance même et qu'il s'agissait d'une chance pour la France ?
Je suis d'accord avec Fancis et Orimont pour le reste, qui rejoint ce que j'avais écrit : les Français se sentaient si sûrs d'eux qu'ils pouvaient même s'offrir le luxe du masochisme de gauche. En revanche, il faudrait discuter sur l'expression "faire suer le burnous". La plupart des Algériens qui travaillaient pour les Français étaient ouvriers agricoles, les autres petits fonctionnaires . Je ne sais pas si vous connaissez le sort des ouvriers agricoles de métropole aux mêmes époques jusque vers les années 60, moi j'en ai connu et j'ai des amis dont les parents l'ont été. Je peux vous assurer, ayant connu les deux rives de la Méditerranée, que leur sort pitoyable n'était pas meilleur, sinon pire. On leur faisait suer la blouse tout autant. D'autre part les fonctionnaires touchaient le tiers colonial comme les Français "de souche". Je me rappelle la tête de ceux que je connaissais quand l'Algérie indépendante le leur a supprimé ! Enfin ce ne sont pas les Arabes qui ont sué le burnous dans la Mitidja mais les petits colons français qui dans des conditions effroyable et en mourant comme des mouches ont fait de cette plaine insalubre et inhabitée une sorte de Californie du Maghreb. Rien de plus poignant que de voir dans les cimetères à l'abandon, sur les tombes délabrées, les noms français de ces familles entières décimées par les fièvres, ou tôt tuées au travail .
09 février 2009, 11:34   Re : Conséquences
Ah je sentais bien que "suer le burnous" vous horripilerait le poil (comme on peut lire dans Genevoix) Cassandre, mais enfin, ce n'est pas moi qui ai inventé cette expression, elle vient bien de "là-bas", non ?

Les inscriptions des tombes des "colonisateurs" qui perdirent la vie outremer sont toujours émouvantes à lire. Je me souviens de celles du cimetière hollandais à Malacca (Malaisie péninsulaire) - ce sont mes références, je ne connais pas l'Algérie - où les pierres portent les noms gravés de jeunes hommes de 26 ans, tués par les fièvres ou généralement l'insalubrité, le "défaut d'acclimatation", etc. - petits fonctionnaires, commis de factorerie, etc. Il ne connurent de regroupement familial pas davantage que les migrants clandestins que la mer rejette aujourd'hui sur les côtes d'Andalousie ou d'Italie du Sud
09 février 2009, 13:19   Suer le burnous
Bien chère Cassandre,

Il est à mon sens dangereux de ne pas reconnaître quelques travers : la colonisation eut des aspects positifs, elle eut aussi sa part d'ombre, dont "suer le burnous" est une réalité.

Cela ne concerne évidemment pas la très grande majorité des pieds-noirs, souvent des classes modestes, mais quelques gros colons, ceux qui surent si bien mettre leur argent à l'abri.

Cette politique fut un échec humain, pour toute l'Algérie et Lyautey ne voulut pas en entendre parler au Maroc.

Rappelez-vous ce que cet homme écrivait : "Les colons agricoles français ont une mentalité de pur Boche, avec les mêmes théories sur les races inférieures destinées à être exploitées sans merci. Il n'y a chez eux ni intelligence ni humanité." Lyautey n'était pas un ami du désastre, ni guidé par la moraline. On retrouve d'ailleurs ces interrogations chez le Franco que nous peint Michel del Castillo.

Je me souviens aussi de l'opinion de ma mère qui fréquenta la faculté des lettres de Toulouse à la fin des années 40. Le milieu social de ces facultés (droit et lettre) était largement celui de la bonne bourgeoisie de province, de souche soit robine, soit industrielle, soit foncière, et de religion catholique. L'orientation politique des étudiants était plutôt RPF (on se souviendra à l'époque que la proportion de personnes d'une génération obtenant les deux baccalauréats était d'environ 4%, et que le nombre de licenciés était d'à peu près 2%).

Force est de constater que ma mère et ses amis (j'ai eu l'occasion de rappeler ce souvenir avec l'un d'entre eux, maintenant un vieux monsieur) pensaient les fils de riches colons comme "puants".
09 février 2009, 13:23   Présence Française
Il y eut aussi, chère Cassandre, ceux qui, parmi ce parti colonial, ne voulurent rien entendre, et qui assassinèrent des personnalités comme Jacques Lemaigre-Dubreuil, qui n'était vraiment pas un homme de gauche (et cela moins d'un an avant le retour triomphal de Mohammed V !).


Ces gens-là, en Algérie, bloquèrent toute évolution autant qu'ils le purent, et ce furent les "pieds-noirs du rang" qui payèrent l'addition.
09 février 2009, 13:30   Re : C'est pour rire
"Ce que l'on ne voit pas venir", Cher Orimont, cela pourrait bien être la technicisation massive du monde, phénomène majeur qui relèguera même l'immigration au rang de "dommage collatéral". Ce qui nous attend, la résolution de tous les problèmes par des moyens techniques, est bien pire que la guerre civile dans les "quartiers".
09 février 2009, 14:04   Re : Présence Française
Bien sûr, cher Jmarc, cher Francis, vous avez aussi raison. Je ne veux pas dire qu'il n'y a pas eu de colons durement exploiteurs des Arabes, mais je crois que leur proportion n'a pas été beucoup plus grande que ceux qui faisaient suer la blouse aux travailleurs agricoles métropolitains aux mêmes époques. Je sais par expérience ( mon beau-frère et toute sa famille faisait partie des plus gros colons d'Algérie ) que certains parmi ces très gros colons, traitaient leurs employés avec humanité, bien plus d'humanité que les patrons arabes et les payaient plutôt mieux qu'ils n'auraient même été payés en métropole. Qu'ils se soient complètement fourvoyés politiquement est une autre histoire. Comment expliquez-vous, sinon, que les Arabes, d'une façon très générale, préféraient être employés par des Français plutôt que par leurs congénères ? Ce sont plutôt les gérants qui avaient tendance à maltraiter les employés. D'autre part les Arabes ont échappé au sort horrible des ouvriers fançais jusqu'à la première guerre mondiale, lesquels n'ont rien eu à leur envier, c'est le moins que l'on puisse dire, pour ce qui est d'avoir été exploités.
09 février 2009, 16:22   Accord
Cassandre, vous avez aussi raison.

Je souligne que mes interlocuteurs, lors de mes déplacements maghrébins, sont toujours attentifs à l'expertise française et ont gardé très largement les structures administratives héritées du passé.

Il est vrai qu'ils appartiennent à l'élite (souvent ancienne au Maroc et liée au Souverain et à sa Dynastie). Il est vrai aussi que l'élite Marocaine dispose, vis-à-vis des malabars perturbateurs, de tribunaux qui ne sont pas composés de pédopsychologues. Il est certain encore que, dans un pays de ce style, une collecte pour des petits voleurs brûlés dans un transformateur en étant poursuivis par la police recuillerait non des dirhams mais plutôt des bidons d'essence et des boîtes d'allumettes, et des présents pour les policiers qui auraient débarassé la société de malfaisants potentiels.

La chose que ne comprennent pas les élites (et aussi la "rue arabe") est notre inexplicable mansuétude pour des gens qui, à leurs yeux, sont des bandits.
Utilisateur anonyme
09 février 2009, 18:57   Always the inexpected happens
"La technicisation massive du monde", bien sûr. Mais peut-elle véritablement passer pour une chose qu'on ne voit pas venir, comme on n'a pas vu venir l'immigration ? Je n'en suis pas certain ; plutôt du contraire. J'ai l'impression que l'emprise technique, on ne fait que ça, la voir venir, et d'autant mieux qu'elle est déjà bien présente. Les uns en ont peur, les autres, dressés à l'anti-passéïsme, y applaudissent de leur mieux mais non sans réserve ; personne en tout cas ne fait comme si elle n'existait pas, comme si elle était "saisonnière" et s'arrêterait quand on n'aurait plus besoin d'elle.

De façon générale, en termes de menaces, il est difficile d'imaginer quoi que ce soit qu'on n'aurait pas vu venir. La palette des catastrophes promises est on ne peut plus large. Sur la base de ce qui est déjà à l'œuvre, les fantaisies les plus horrifiques peuvent se donner libre cours, avec l'embarras du choix pour dénicher les expertises qui les appuieraient. Que les livres d'un Houellebecq ne soient pas classés dans la catégorie "science-fiction" ou "anticipation" où ils eussent été mis d'évidence il y a seulement cinquante ans, me semble par exemple assez caractéristique d'une époque qui voit tout venir.

Qui ne s'attend à l'éventualité du clonage, des manipulations génétiques, de l'intrusion d'éléments électroniques dans le corps humain, du code-barre sous la peau, que sais-je, et, simultanément ne tient pour très possible la résurgence de la barbarie la plus fruste ?

En définitive, la seule chose que personne ne voit venir, c'est un monde meilleur...
Tous les espoirs sont donc permis, étant entendu que, par définition, on ne voit jamais venir ce qui vient et que, comme dit le poète, Always the inexpected happens...
Utilisateur anonyme
09 février 2009, 21:48   Re : Always the inexpected happens
Citation

En définitive, la seule chose que personne ne voit venir, c'est un monde meilleur...
Tous les espoirs sont donc permis, étant entendu que, par définition, on ne voit jamais venir ce qui vient et que, comme dit le poète, Always the inexpected happens...
Orimont est de bonne humeur ! Alors que souffle la tempête, je m'en réjouis.
Cher Corto,
Merci de ces images d’une oeuvre toute de légèreté et de tension. Ces puzzles graphiques, ces foisonnements de lignes souples ou heurtées , plein d’accidents de parcours, de ramifications, évoquent immédiatement pour moi le périple, les pérégrinations mentales et se raccrochent à une thématique qui me plaît infiniment, celle de la cartographie et particulièrement de la cartographie de l’imaginaire, des cartes personnelles, de la géographie intime, des itinéraires rêvés etc., concepts qui séduisent tant d’artistes du XXe. J’y suis sensible au point de l’avoir proposé comme thème d’année dans un cours de peinture. Voilà donc un lot d’images que j’ajoute, grâce à vous à celui déjà constitué !
J’aime beaucoup les délicats travaux sur papier et les fugaces aventures de la ligne. Et aussi les sculptures avec leurs espaces flottants, entre pleins et vides, entre matérialité des structures de bois et immatérialité des ombres portées. J’imagine « qu’en vrai » (et non d’après photo !), cette double perception du vide prenant de l’épaisseur tandis que le plein va s’évanouissant est troublante.
"Force est de constater que ma mère et ses amis (j'ai eu l'occasion de rappeler ce souvenir avec l'un d'entre eux, maintenant un vieux monsieur) pensaient les fils de riches colons comme "puants"."

Je ne vais pas nier qu'il y ait eu des fils de gros colons "puants". Mais connaissant bien les Pieds-noirs, je me demande s'ils n'en rajoutaient pas exprès. Ils aimaient bien choquer les "Patos" en se faisant plus ramenards et racistes qu'ils n'étaient. Leur côté fort en gueule, leur façon de remuer de l'air, devaientt beaucoup déplaire à la bourgeoisie métropolitaine et ils le savaient. Ils avaient, d'ailleurs, beaucoup emprunté aux Arabes, et j'ai toujours été étonnée que personne ne l'ait jamais relevé. Il était parfois difficile pour un nouveau venu en Algérie de faire la différence entre les uns et les autres, tant leurs intonations, leurs mimiques, leur gestuelle, étaient proches.
09 février 2009, 23:05   Re : C'est pour rire
C'est possible, bien chère Cassandre... c'est même probable, le côté "grande gueule" des pieds-noirs était patent...
Utilisateur anonyme
10 février 2009, 07:57   Re : A la découverte de Francis Limérat...
Vous me donnez pleinement raison, chère Aline : il fallait votre regard subtil et votre plume aérienne pour commenter l'oeuvre de Francis Limérat. Vous avez le talent de me faire mieux comprendre pourquoi j'aime cette oeuvre. Merci infiniment.
Utilisateur anonyme
10 février 2009, 09:50   Re : C'est pour rire
En définitive, la seule chose que personne ne voit venir, c'est un monde meilleur...

Oui, à part Besancenot et les "diversitologues"...
10 février 2009, 12:41   Re : C'est pour rire
Citation
Leur côté fort en gueule, leur façon de remuer de l'air, devaientt beaucoup déplaire à la bourgeoisie métropolitaine et ils le savaient. Ils avaient, d'ailleurs, beaucoup emprunté aux Arabes, et j'ai toujours été étonnée que personne ne l'ait jamais relevé. Il était parfois difficile pour un nouveau venu en Algérie de faire la différence entre les uns et les autres, tant leurs intonations, leurs mimiques, leur gestuelle, étaient proches.

Absolument et l'accent pied-noir résulte de l'influence sur le francais des parlers arabo-maghrébins.
10 février 2009, 20:01   Re : C'est pour rire
"La technicisation massive du monde", bien sûr. Mais peut-elle véritablement passer pour une chose qu'on ne voit pas venir, comme on n'a pas vu venir l'immigration ? Je n'en suis pas certain ; plutôt du contraire. J'ai l'impression que l'emprise technique, on ne fait que ça, la voir venir, et d'autant mieux qu'elle est déjà bien présente. Les uns en ont peur, les autres, dressés à l'anti-passéïsme, y applaudissent de leur mieux mais non sans réserve ; personne en tout cas ne fait comme si elle n'existait pas, comme si elle était "saisonnière" et s'arrêterait quand on n'aurait plus besoin d'elle.

Evidemment, il n'est pas question de dire que les méfaits de la technique livrée à elle-même sont méconnus, passés sous silence : ils font presque l'objet d'une chronique quotidienne dans tous les grands media. Ils font partie des choses absolument prévisibles, et vous avez raison de rappeler que par définition, l'impondérable échappe aux prévisions.

Je me demande toutefois si l'immigration était un impondérable pour tout le monde ? L'avenir est parfois prévisible, même si la prévision, dans la mesure où elle implique de voir l'évolution et l'interconnexion de plusieurs facteurs en même temps, est un exercice extrêmement difficile.

Pour jouer encore un peu à ce jeu des prospectives : ce que nous mésestimons peut-être aujourd'hui, ce n'est donc pas l'aspect négatif du progrès, mais sa réelle capacité à inventer le bonheur. Mais le bonheur, en tant qu'épuration du Négatif, c'est-à-dire l'enfer (mais un enfer tout à fait agréable à vivre pour la majorité).
10 février 2009, 22:52   Re : C'est pour rire
Je crois me souvenir qu'Alain Peyrefitte avait dénoncé les dangers de l'immigration dès 1 976.
11 février 2009, 12:58   Re : C'est pour rire
Il se trouve toujours des gens pour prédire des choses que l'Histoire se trouve confirmer, soit par hasard, soit parce qu'ils étaient visionnaires. Ça ne change rien au débat, ni à l'idée que, bien plutôt que de ne pas "se méfier" de quelque danger dont quelque méchant "spécialiste" aurait négligé de les avertir, les français ne pensaient pas aux immigrés ni à l'immigration dans les années 60 et 70. Tout ça se passait dans les marges vaguement crasseuses mais très oubliables de leur nouvelle prospérité.
J'admire au passage, chère Cassandre, comme votre "accord total" (avec Orimont par exemple) se complique toujours d'une reformulation ad hoc qui laisse la proposition initiale à peu près méconnaissable. C'est du très grand art.
11 février 2009, 14:44   Re : C'est pour rire
"J'admire au passage, chère Cassandre, comme votre "accord total" (avec Orimont par exemple) se complique toujours d'une reformulation ad hoc qui laisse la proposition initiale à peu près méconnaissable. C'est du très grand art."
Merci. Vous êtes trop aimable.
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