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Emmaus et l'immigration (suite). Pour un statut d'extraterritorialité aux associations du "bien" ?

Envoyé par Ostinato 
Emmaüs sous le choc : « On a violé notre histoire »

La fin de l'article ci-dessous est particulièrement révélatrice.

[20minutes.bondyblog.fr]

Après la perquisition des locaux marseillais de la communauté, compagnons et responsables font part de leur indignation. Ils annoncent la création d'un collectif destiné à alerter les politiques.


« Jamais, en venant en France, je n’aurais imaginé une chose comme ça. » Milan est sous le choc. Ce jeune homme blond de 28 ans au fort accent allemand a rejoint Marseille et la communauté Emmaüs il y a tout juste six mois. Comme ses deux camarades assis autours de la table, il ne se remet pas de l’arrestation, lundi dans les rues de la cité phocéenne, d’un compagnon algérien sans-papier.

Arrestation doublée le lendemain d’une perquisition des locaux d’Emmaüs par la police aux frontières. « Je ne me sens plus en sécurité. Vous vous rendez-compte, la police a demandé à voir tous les dossiers des compagnons. On viole notre vie privée et on fouille dans notre histoire personnelle », raconte un sexagénaire, allemand lui-aussi, qui porte une croix autour du cou.

A la communauté Emmaüs de la Pointe-Rouge, dans le 8e arrondissement de Marseille, colère et abattement étaient palpables hier. Un grand drap déplié, portant l’inscription « s’attaquer à Emmaüs, c’est s’attaquer aux pauvres », est visible de loin sur la route longue mais étroite qui mène au siège phocéen de l’association caritative. A l’intérieur du magasin Emmaüs, un compagnon ne mâche pas ses mots : « Je suis vraiment en colère, ce sont les valeurs sociales et humanitaires d’Emmaüs qui ont été attaquées. C’est très radical et sévère d’arrêter quelqu’un et de le faire venir à la communauté menottes aux mains devant tout le monde. »

La police se serait en effet rendue à Emmaüs lundi avec l’Algérien sans-papier, âgé d’une trentaine d’années, contrôlé et interpellé plus tôt dans Marseille Porte-d’Aix, tandis qu’il faisait du vélo. Le lendemain, c’était au tour du directeur de la fondation d’être placé en garde-à-vue pendant six heures, les locaux d’Emmaüs étant perquisitionnée. Au vue de ces actions, Jean-Marc Allegrini, président de la Communauté ainsi que plusieurs associations de lutte contre la pauvreté, ont annoncé hier qu’elles créeraient ce vendredi matin un collectif de lutte, accompagnée d’une déclaration commune demandant aux politiques de réagir, en vue d’obtenir un rendez-vous avec le préfet des Bouches-du-Rhône et le procureur de la République. « Il faut qu’Emmaüs reste un lieu d’accueil inconditionnel. Nous n’avons pas à demander les papiers des gens que nous accueillons », estime le président.

Un autre représentant d’association à Marseille, joint par téléphone, craint de voir les sans-papiers déserter son association et être livrés à eux-mêmes du fait de possibles contrôles de police, désormais, dans ses locaux. « Nous nous devons de mettre ces gens à l’abris. Dans le jargon associatif, on dit "mettre au chaud". Entre associations, nous avons passé un accord tacite consistant à protéger les gens en souffrance. » Une désobéissance civile qui pas au goût de tout le monde, mais assumée par les intéressés. Arrestation, garde-à-vue, perquisition : la police, c'est-à-dire l'Etat, aurait-elle agi ainsi du vivant de l'abbé Pierre ?
il ne se remet pas de l’arrestation, lundi dans les rues de la cité phocéenne, d’un compagnon algérien sans-papier.

Espérons qu'il puisse au moins rejoindre la communauté Emmaüs d'Algérie...
Quelle est à ce sujet la position du parti ?

Il est certes tout simplement illégal de séjourner sur le territoire de la France sans aucune autorisation. Mais n'est il pas tout simplement honteux d'en arriver à perquisitionner les locaux d'Emmaüs pour faire respecter la loi sur les étrangers ? Evidemment si il y avait mort d'homme les choses seraient différentes mais n'est il pas dangereux de s'attaquer ainsi à un sacro-saint de la charité chrétienne ?
un sacro-saint de la charité chrétienne ?

Dépêche AFP de ce jour:

Un Roumain a été battu à mort dans le foyer Emmaüs de Vénissieux (Rhône) où il résidait, par un autre compagnon d'Emmaüs roumain, après une dispute au sujet d'une femme. C'est une "première" au sein de la communauté fondée par l'abbé Pierre.
La victime est décédée des suites de coups de pieds et de poings assénés par son compatriote dans la nuit de mercredi à jeudi, alors que tous les deux avaient beaucoup bu et se disputaient au sujet d'une femme.

L'auteur présumé, âgé d'une quarantaine d'années, a avoué les violences, indiquant qu'il ne pensait pas avoir tué son compagnon quinquagénaire, arrivé dans cette communauté Emmaüs à la mi-2008.
Il devait être présenté au juge aujourd'hui en vue de sa mise en examen pour homicide volontaire, et le parquet a demandé un mandat de dépôt.
L'auteur présumé était "très mal psychologiquement" depuis son arrivée fin 2008 dans la communauté, selon le responsable des 117 communautés Emmaüs en France, Dominique Jeanningros, venu spécialement à Vénissieux (Rhône).
"C'est la première fois qu'une telle tragédie se déroule au sein d'une communauté Emmaüs en France", a-t-il souligné.

Cette histoire lamentable ne remet pas en cause, bien sûr, l'oeuvre de l'abbé Pierre et de ses compagnons.
On n'arrête pas le progrès...

N'empêche , je trouve que le titre de ce fil, Pour un statut d'extraterritorialité aux associations du "bien" ? , est mesquin, dans la mesure ou il sous-entend qu'Emmaüs est une association "amie du désastre". Je n'ai pas d'intérêts chez Emmaüs mais il me semble que cette institution a toujours oeuvré dans un esprit de compassion et d'amour du prochain.

Je suis désolé M. Marche mais je ne comprends pas où vous voulez en venir. Je crois qu'un raisonnement inductif n'a pas sa place ici. C'est comme si vous me disiez "il y a eu un meurtre à l'hopital, fermons les hopitaux". Je suis sûr que je vous comprends mal et que ce type de syllogisme facile ne fait pas partie de votre pensée.
Je n'ai rien contre Emmaüs, mais je vois un glissement de cette association vers des attitudes semblables à celles de RESF. Il me semble que si l'on accepte un accueil "inconditionnel" des immigrés irréguliers chez Emmaüs, il n'y a aucune raison de ne pas en faire de même pour RESF- ou pour toute autre- au nom de la compassion... Dans l'article que j'ai cité on indique (je ne me prononce pas sur la véracité des faits) qu'il y aurait une entente entre les associations de soutien aux immigrés irréguliers.
Personnellement, chaque fois que j'ai eu à faire avec Emmaüs, j'ai été frappée par l'absolu manque d'aménité, voire de simple politesse de ces gens, comme s'ils mettaientt un point d'honneur à montrer qu'ils n'avaient pas à se montrer aimables à l'égard de la "nantie" que je leur paraissais être.
Chère Ostinato, ce grief est compréhensible et me parait sensé. Maisje ne crois pas qu'on puisse conférer la même dignité morale à Emmaüs et à RESF. Ce qu'Emmaüs a le droit de faire, parce qu'ellle a une tradition particulière et qu'elle personnifie une idée bien chrétienne de la charité , RESF ne peut pas le faire. Enfin selon moi. Je ne pense pas qu'il faille politiser l'action d'Emmaüs. Un peu comme l'asile que pouvait accorder l'Eglise quand celle ci était plus que l'ombre d'elle-même.
Je fais ici une distinction entre les gens qui aident pour aider, et les gens qui aident pour moraliser. Une perquisition dans les locaux de RESF serait la bienvenue, parce que pour moi, tout ce qui peut mettre des batons dans les roues de ces gens là est salutaire.
Emmaüs n'a pas un rôle "éducatif", elle est la simple expression d'un sentiment humain.
RESF n'est pas charitable, elle est intéréssée.

Chère Cassandre, vous avez du tomber sur des imbéciles. Je vous conseille de ne pas faire de ce cas une généralité,vous passseriez à coté d'une atmosphère apaisante. Je vais souvent au centre Emmaüs de Brest, on peut toujours y dénicher des meubles anciens (ma mère vient d'ailleurs d'y acheter une magnifique commode Charles X) ; cette odeur de renfermé, cette sensation de calme, que l'on ne peut trouver que dans ce genre d'endroits agissent ccomme un charme sur une colère ou une tristesse passagères.
Ne me prêtez aucune intention ou pensée inductive ou insinuation perfide au sujet d'Emmaüs, cher M. Ingvar, où il n'y a de ma part rien qu'une mise en contraste de votre perception du réel avec le réel lui-même. J'ai le plus grand respect pour cette institution et bien sûr pour son fondateur. Mais le réel est irrespectueux; il méprise les louanges à quiconque - et plus encore celles que reçoivent les institutions - et s'amuse à les contredire. C'est ce seul paradoxe que je me plaisait à relever: celui où les discours raisonnables et bien intentionnés sont toujours en retard d'une guerre contre le réel dans son cours infatigable - le réel qui jamais ne s'endort sur ses lauriers.
compagnons et responsables font part de leur indignation. Ils annoncent la création d'un collectif destiné à alerter les politiques.

« Jamais, en venant en France, je n’aurais imaginé une chose comme ça. »

« Je ne me sens plus en sécurité. Vous vous rendez-compte, la police a demandé à voir tous les dossiers des compagnons. On viole notre vie privée et on fouille dans notre histoire personnelle »,



Rien d'étonnant à ce que la bien-pensance "médiatico-emmaüsienne" instrumentalise, elle aussi, et de façon toujours plus dramatisée, la question des "sans-papiers"... La nécessité vitale dans laquelle la bien-pensance (comme discours, comme caste, comme système) se trouve de disposer d'un repoussoir (la France collaborationniste, la France coloniale, la France raciste, etc), parce que c'est seulement par rapport aux horreurs de ce siècle que sa médiocrité, son inefficacité, son arrogance, ses malversations, peuvent encore apparaître comme préférables. Ainsi l'on évoque des totalitarismes durs (à grands coups de "rafles") pour faire accepter des totalitarismes moux.
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