Le Japon ne désespèrera pas le Parti de l'In-nocence. Les sirènes de l'ouverture des frontières, très marginales au Japon, ne trouveront jamais l'écho politique requis pour infléchir les choix de civilisation fondamentaux. Le Japon pratique la politique de l'immigration choisie depuis seize siècles. Cette politique ne peut changer. Toute l'orientation de la recherche industrielle japonaise (la robotique) s'est calée sur ce choix séculaire. Plus personne pour payer les retraites ? à la bonne heure: nous aurons moins d'enfants, plus de robots. Les
hikikomoris existent au Japon comme les graines dormantes dans les sols en repos. Les
hikikomoris ne tiennent pas les murs comme dans le reste du monde, ne racketent pas dans les beaux quartiers: ils se plongent dans des univers virtuels, en créent de nouveaux, voyagent dans l'incréé, se perdent délicieusement, ne se montrent pas, ne sont pas nocents. Le
hikikomori étudie les possibles, les mondes inaboutis, cela lui prend des vingt, des trente ans, comme les graines. Le Japon, selon ce que j'en entends, vois et crois comprendre, préfèrera à l'invasion et à l'ethnocide, la disparition physique de l'Archipel et de sa population dans les grandes fosses des Mariannes; il préfèrera cette fin-là à l'occupation de son espace par des conquérants inutiles, des apporteurs-installateurs de
diversité redondante et superfétatoire, de diversité-même. Le
hikikomori est un être divers, profond, insaisissable, un être de tous les futurs parmi les plus divers. Le présent-divers, celui in-choisi qui vous pousse au mur le couteau sous la gorge n'est pas envisageable, personne au Japon n'a sérieusement commencé à l'envisager.