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Emmaüs (suite). Extraterritorialité ?

Envoyé par Ostinato 
Le sans-papiers qui avait été arrêté chez Emmaüs à Marseille a été renvoyé en Algérie.

Maintenant des associations demandent une loi pour le droit au soutien aux immigrés illégaux . Elles ont signé un manifeste en ce sens.
Et pendant ce temps là des directives sont données pour expulser les sans-papiers.

Si cela est accepté par Eric Besson et le gouvernement, les textes sur la régulation de l'immigration avec les expulsions qui en résultent ne seront qu'une farce.

Pour le moment il semblerait que la proposition d'Eric Besson serait de ne plus faire de contrôle dans les centres d'hébergement et lors de démarches en en préfecture. En fait c'est déjà pratiquement le cas.

Aux informations régionales hier soir la revendication était clairement le droit à l'hébergement pour toute personne qui le souhaite de recueillir des sans-papiers illégaux sans encourir aucun risque. ( courageux mais pas téméraires donc)

Ci-dessous l'article de "20 minutes" suivi du texte de la pétition et de la liste des premiers signataires.

Pour que l'accueil inconditionnel ne soit plus un délit, « il faut une loi ». Hier matin, les responsables du collectif à l'origine du manifeste pour le droit à l'accueil inconditionnel étaient réunis à Marseille dans les locaux de la fondation Abbé-Pierre. « Nous voulons que ce droit soit inscrit dans la loi française », a annoncé Jean-Pierre Cavalier, délégué régional de la Cimade et membre du collectif. « Le manifeste que nous avons rédigé a été signé par 86 associations, qui ont toutes été indignées par la perquisition menée dans les locaux d'Emmaüs Pointe-Rouge, le 16 février dernier », a expliqué Anne Issler, responsable de la communauté d'Emmaüs Marseille-Saint-Marcel.

Cette perquisition, réalisée suite à l'arrestation d'un compagnon sans papiers, a également choqué Louis Bartoloméi, ancien avocat général. « Sans concertation avec Emmaüs, j'ai lancé une pétition sur le Net : 10 500 citoyens se sont mobilisés, c'est inespéré », se félicite-t-il. Aujourd'hui, les deux appels sont hébergés sur le même site : www.pla ceauxdroits.net. Fort de ce soutien populaire, le président d'Emmaüs France, Christophe Deltombe, a rencontré le nouveau ministre de l'Immigration, Eric Besson. « Mercredi, il s'est engagé verbalement. Maintenant, il faut que cette promesse se transforme en loi », a rapporté Jean-Pierre Cavalier. Un tel texte protégerait les personnes en situation irrégulière, mais aussi celles qui leur viennent en aide. « Un bénévole est aujourd'hui passible de poursuites s'il porte secours à un sans-papiers », rappelle-t-il.


MANIFESTE POUR LE DROIT A L’ACCUEIL INCONDITIONNEL
Le 17 février dernier, un compagnon d'Emmaüs en situation irrégulière a été arrêté suite à une intervention des services de police dans les locaux de la communauté de la Pointe Rouge à Marseille.

Une telle arrestation va à l'encontre du principe d'accueil et de secours inconditionnel des personnes démunies quelle que soit leur situation.

Après avoir pris connaissance des investigations diligentées par la police au sein de la communauté d'Emmaüs de Marseille, nous, soussignés, reconnaissons avoir nous-mêmes priviligié l'accueil et le secours de personnes, fragilisées ou démunies, rencontrées à l'occasion de notre engagement professionnel, associatif ou militant, sans nous préoccuper au préalable de leur situation au regard de la loi.

les premières organisations signataires sont :
Communautés Emmaüs Pointe Rouge, Saint Marcel, Cabriès, Arles, Nice, La Seyne sur Mer, Toulouse - Fondation Abbé Pierre – Emmaüs International - Coordination Emmaüs Europe - CIMADE PACA – Médecins du Monde – Ligue des Droits de l’Homme 13 - Sud Santé Sociaux 13 - CFDT Bouches du Rhône - Pastorale des Migrants Marseille - CCFD -Centre d’Information Inter Peuple - Coordination Iséroise de soutien aux sans-papiers – Association de Solidarité avec les Travailleurs Immigrés – Action Catholique des Enfants Marseille – Coopération Missionnaire Marseille - Mille Bâbords – Association de Soutien à la Médiation et aux Antennes Juridiques – Sud Education 13 – Solidaires 13 – Association Osiris – SASS La Chaumière – DLPV – URIOPSS PACA- Habitat Alternatif Social – Habitat et Humanisme Var – Esclavage Tolérance Zéro – Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture – Union des Personnels du Pays Salonnais – SICHEM - Pastorale des Migrants Toulon – Association Soligone – Fraternité Franciscaine PACA – CSF Saint Marcel – PACT
Pour les amateurs de fables :


Dans l’état passé des choses, le combat éternel opposait ceux qui « rêvaient la prolongation indéfinie des choses défuntes », pour reprendre la formule de Victor Hugo, et ceux qui pensaient nécessaire de se délester du passé pour accélérer la course du progrès.

Nul ne peut nier le caractère filial des forces qui s’opposaient alors.

Dans l’état actuel des choses, le conflit perdure mais il a perdu d e son âpreté. La lute continuelle a mis la mère à l’agonie. Le passé se meurt, le présent triomphe, et la mère va mourir sans que les forces de progrès n’aient trouvé le temps de remplir leur devoir filial.

La fille, que le mariage a rendue oublieuse, considérait la brutalité des rustres avec bienveillance. C’est que les mœurs de la belle famille étaient inconciliables avec ceux qui constituaient son héritage. Il lui fallait donc y renoncer publiquement. Bonne fille pleine de cœur et de sentiments élevés, elle le fit.
06 mars 2009, 19:08   Encore du réchauffé
« Pour que l'accueil inconditionnel ne soit plus un délit, il faut une loi » :

Demander que soit votée une loi sur le droit de soutien aux "sans-papiers", c'est déclarer la guerre à l'idée même d'une politique visant les intérêts supérieurs de la Nation par-delà les beaux principes d'une morale strictement inter-individuelle. Pour certains, être moraux (au sens kitsch du terme), c'est réclamer le droit d'être irresponsables. La loi est alors conçue non comme une condition de la stabilité et de la subsistance de la communauté nationale, mais comme l'obstacle "hétéronomique" imposé au pauvre individu par une entité qui le dépasse et l'opprime. Ce qu'on demande, au fond, ce sont des lois "sympas", qui ne briment pas mais qui autorisent.

Finkielkraut parlait très bien de cela en faisant appel à Lévinas : au-delà du visage de l'Autre, au-delà de l'éthique, il y a le Tiers, il y a la responsabilité.
06 mars 2009, 19:40   Re : Encore du réchauffé
Tout ce qui ressemble de près ou de loins à une tentative de contrôle de l'immigration est immédiatement assimilé par tous les gentils, les bons sujets de l'Empire du bien, à d'intolérables atteintes aux droits de l'homme. Parmi ces fanatiques de l'immigrationnisme , il y a sans doute des opportunistes, notamment au PS, mais la plupart paraissent sincères ; la seule conclusion logique à tout cela, c'est l'ouverture des frontières, sans restriction, contrôle ou expulsion : certains le réclament d'ailleurs. Ils sont totalement déconnectés de la réalité car, évidemment, cela aboutirait immédiatement à l'effondrement de tout ce à quoi ils tiennent ou prétendent tenir — et ils le savent bien. C'est pour moi du même ordre que la thèse dont Stora rend compte et les commentaires qui accompagnent sa recension. Ces gens vivent dans un utopisme mortel.
Proposition : ceux qui sont contre tout contrôle de l'immigration auront les immigrés personnellement à charge : hébergement, soins médicaux, nourriture. L'accueil de tout immigré sera conditionnée à l'existence d'un "parrain" qui s'engage à le prendre en charge, sans aucune conre partie de la société. Ainsi les adeptes de l'immigrationnisme vont diminuer et de même les immigrés illégaux. Que chacun prenne ses responsabilités et arrête de moraliser à bon marché ! Ce sera légal, mais cher !
Ce que vous décrivez, chère Ostinato, est une forme de privatisation du chaînon terminal (le chaînon "accueil") des filières de transfert clandestin de populations. Privatisation autant que personnalisation - bref un raffinement et un degré supplémentaire de verrouillage (avec l'aide au besoin d'idiots utiles prêts à y mettre du leur) d'un système négrier dont le terme "parrain" que vous employez résume le concept à la perfection.
Utilisateur anonyme
07 mars 2009, 10:05   Re : Emmaüs (suite). Extraterritorialité ?
Vous semblez oublier que bon nombre de clandestins (je ne sais s'ils représentent la majorité) sont arrivés légalement et n'ont qu'à négliger de rentrer chez eux une fois la date limite dépassée. Aucune autorité ne vient les chercher ou les relancer. Ils n'ont pas besoin d'être hébergés ou nourris car ils travaillent et bénéficient de la CMU. Ils sont simplement un peu plus prudents et nerveux quand ils sortent dans la rue et évitent les endroits et les occasions de contrôle d'identité. Ils peuvent même partir en vacances à l'étranger, pourvu que ce soit dans l'Union. Je pense à plusieurs personnes de ma connaissance en écrivant cela (des gens très bien et d'ailleurs chrétiens et européens, non communautaires cela va sans dire).
Tout à fait d'accord avec vous. Mais apparemment on veut encore "mieux".
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