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Le sens des "manifs"

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
19 mars 2009, 10:52   Le sens des "manifs"
Chers membres du forum,
Je parcours depuis quelques mois ce forum - un des très rares sites à l’abri de la bêtise et de la vulgarité sur Internet - mais ceci est mon premier message. Je vous salue donc et vous encourage à entretenir cet oasis de culture et de réflexions au milieu de la déferlante quotidienne d’âneries.

Parmi celles-ci, justement, permettez-moi de citer l’éditorial de Libération d’aujourd’hui, belle synthèse de la pensée de gauche française, contemporaine mais dans un ton proche de 1793 :

Libération, le 18 mars 2009

« Indignation

Contrairement à ce qu’on entend trop souvent, ce n’est pas l’inquiétude qui fait descendre les Français dans la rue. C’est l’indignation.

Indignation devant l’inanité d’un plan de relance qui ne relance pas grand-chose et dont l’essentiel bénéficie non aux salariés, mais aux entreprises. Comme le remarque Daniel Cohen (qui n’est pas un boutefeu) dans le Nouvel Observateur (qui n’est pas un brûlot), les 26 milliards annoncés sont un chiffre en trompe-l’œil, fait de remboursements d’impôts sans grand effet sur la croissance ou d’investissements avancés d’une année sur l’autre. Ce plan est inférieur, en tout cas, aux autres plans européens, eux-mêmes inférieurs au plan américain.

Cette inefficacité, surtout, se double d’une grave injustice. Nicolas Sarkozy avait annoncé qu’on mettrait bon ordre aux excès d’avidité des hauts dirigeants de l’économie drapés dans leur bonne conscience et leur parachute doré. Or, Laurence Parisot, qui flotte comme un bouchon de plastique sur la crise déclenchée par ses mandants de la finance, est totalement incapable de mettre en œuvre ce mot d’ordre, qui n’est en conséquence d’une simple tartufferie. Mieux : alors qu’une partie de l’UMP le réclamait à juste titre, le Président, tel un Louis XVI au petit pied, a mis son veto a toute remise en cause du bouclier fiscal, qui protège une mince couche de privilégiés. En dépit d’un discours social appuyé et d’une apostasie purement verbale sur les excès du capitalisme, Nicolas Sarkozy confirme ce que nous savions. Il est avant tout l’intendant empressé des classes possédantes. A la manif ! »

Ainsi :
- le plan de relance aide les entreprises mais pas les salariés (effectivement, ce qui est dans l’intérêt de l’entreprise ne peut pas être dans l’intérêt des salariés...)
- le plan de relance français est inférieur aux autres plans européens et au plan américain : comme si tous ces Etats étaient dans la même situation dès le départ, avec un Etat protectionniste aussi dispendieux
- Louis XVI était conservateur, il protégeait les intérêts des privilégiés (M. Joffrin n’a pas dû lire la belle biographie de Jean-Christian Petitfils)
- Sarkozy est "l’intendant des classes possédantes", en d'autres termes ce sont les riches qui gouvernent et qui s'opposent à un vrai plan de relance
- Etc., etc.
Cher Guillaume,

Les exemples ne manquent pas, hélas, qui montrent que "(...) ce qui est dans l’intérêt de l’entreprise ne peut pas être dans l’intérêt des salariés...)".

Quid des délocalisations, par exemple ?
Utilisateur anonyme
19 mars 2009, 15:47   Re : Le sens des "manifs"
Certes, mais Laurent Joffrin va un peu vite en le posant comme axiome. Il conforte même une idée reçue - du moins pour les lecteurs de Libération. Un plan d'aide aux banques (dont dépendent les autres secteurs de l'économie et a fortiori, l'emploi) et au secteur automobile est aussi - indirectement - un plan d'aide aux salariés.

Mais l'éditorialiste, déplorant le choix d'une relance par l'offre, voulait peut-être en réalité opposer ce plan d'aide aux entreprises à un plan d'aide aux consommateurs. Il aura préférer parler de "salariés" plutôt que de "consommateurs" en ce jour de manifestations.
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