L’ami JGL l’avait déjà noté il y a plusieurs années dans sa roborative entreprise de démolition de la
Nouvelle Langue Française, le mot
mobilisation, terme juridique, puis propre à l’armée, s’est étendu par métastase aux domaines social, syndical, politique, ce parcours racontant à sa manière la genèse de la modernité.
Un nouveau pas a cependant été franchi : employé dans ce seul sens, le mot n’a plus besoin à présent d’être accompagné de la moindre précision. J’ai été quelque peu effaré, dois-je avouer, d’entendre Alain Finkielkraut et ses deux invités du dernier Répliques l’employer ainsi, comme s’il allait de soi que des étudiants et des professeurs ne sauraient se
mobiliser que dans une seule sorte de circonstances, sous une seule forme, dans un seul but : faire grève et manifester pour faire échouer un
mauvais coup préparé par le
pouvoir. Ainsi, l'homme moderne ne connaît plus que deux états : le médiocre et léthargique train-train de l'état de démobilisation et la mobilisation du mutin de panurge.