Des soutiens aux sans-papiers demandent à être poursuivis

LEMONDE.FR | 25.03.09 | 19h09 • Mis à jour le 25.03.09 | 23h03


Militants associatifs, simples citoyens, ils veulent, le 8 avril, se présenter devant le palais de justice de plusieurs grandes villes comme "prisonniers volontaires" pour avoir aidé, un jour, un homme ou une femme sans papiers en difficulté.(...)

le nombre d'interpellation d'"aidants" aux sans-papiers s'est élevé à 4 365 en 2006, 4 504 en 2007, et à quelque 4 800 en "prévision actualisée" en 2008. Et l'objectif est d'en réaliser 5 000 en 2009 et 5 500 en 2010.

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Il faudrait distinguer dans la loi la notion d'aide à un sans papier. Il ne fait pas de doute par exemple que si un sans-papier est sur le point de se noyer, il faut l'aider (non pas à se noyer mais à sortir de l'eau je vous rassure). Mais il doit toujours demeurer interdit de l'héberger, de lui fournir de l'argent etc...

Ceci mériterait un débat parlementaire.

Cinéma pour ciné-monde.

Vous croyez que les 4.000 "aidants" apportaient leur appui à des personnes en danger ? En danger de se faire prendre et reconduire à la frontière certainement. Si la demande est exaucée, oh le beau contentieux à venir ! Dans quel danger était le sans-papier algérien hébergé chez Emmaüs à l'origine de l'affaire ?.

Il faudrait enseigner à ces collectifs de soutien aux sans-papiers un peu de logique, aristotélicienne ou pascalienne, les spécialistes nous le préciseront:

Ils veulent des papiers pour tous les sans-papiers installés ou simplement arrivés en France, et ce pour des raisons humanitaires évidentes. Soit. Ces gens se mobilisent pour les droits humains des sans-papiers, qui, semble-t-il, à leurs yeux, passent par une régularisation administrative de leur séjour en France, laquelle leur facilitera l'accès au logement et à divers avantages sociaux devant leur procurer le confort et la sécurité souhaitables dans le monde moderne. Soit.

Mais alors, dans ces conditions, pourquoi ne pas accorder ce traitement humanitaire et digne à tous les sans-papiers de la terre sans imposer à quiconque, de manière injuste et arbitraire au possible, et ô combien cruelle, la terrible épreuve de parvenir en France sans protection, sans sécurité, sur des embarcations de fortune, dans des conteneurs, des camions-citernes et tout autre moyen de locomotion (vélo à une roue, etc.) dignes du cirque Pinder en déplacement ? Pourquoi n'accorder des papiers et des droits humains qu'à ceux qui auront subi de telles épreuves mettant leurs jours en danger ? Pourquoi faire payer les droits humains par la soumission à des épreuves inhumaines ?

En toute logique, cohérence philosophique, les défenseurs des sans-papiers devraient faire campagne pour que les papiers soient livrés par avion à tous les Africains, Kurdes, Srilankais, Chinois de la terre, directement chez eux, humainement, sans risque de noyade, d'étouffement dans des conteneurs, sans incertitude, dangers, arbitraire, extorsion, BREF SANS CINEMA NI CIRQUE POUR LE DIVERTISSEMENT DE LEUR AME ROMANESQUE ET TARTUFFIERE !

Bravo, cher Francis,pour votre raisonnement imparable !
Suggérons, aussi, dans la foulée, l'idée d'inscrire dans la déclaration universelle des droits de l'homme, la formule de Vialatte : le droit des peuples à disposer ... de la France.

Oui c'est bien vu, d'ailleurs chacun sait que tout homme a deux patries, la sienne et puis la France. Ne faisons pas mentir Benjamin Franklin.

Cher Francis, voici un peu de logique aristotélicienne inspirée des Seconds Analytiques :

Tout homme a deux patries, la sienne puis la France
Les Africains, les Arabes, les Asiatiques sont des hommes
Tous les Africains, Arabes, Asiatiques sont français.

En effet, Petit-Détour, grâce à votre science, venue opportunément éclairer et guider mes intuitions, les droits de l'homme peuvent enfin progresser sur une assise kantienne irréprochable.

Le droit-de-l'hommisme est décidément l'arme hermogénique absolue. Le droit de l'homme transcendantal venant corriger le droit de l'homme imparfait, impur - car encore soumis à la contrainte, au marchandage, au risque de mort par noyade, au viol, au racket, aux garde-côtes turcs, à la terreur qui envahit le fugitif à la vue, même lointaine, des chiens policiers bulgares, aux gueules immondes, au pelage poussière, à la voix de tigre - le droitdelhomme dis-je, état transcendantal, abolitionniste des frontières, bon et bien de part en part, généreux donateur et protecteur de lui-même dans tous ses moyens, annonce son règne proche. Le Nirvana était là et, par esprit moyennageux, par réflexe de peur face à l'immense liberté des hommes et reculant absurdement à l'idée d'une humanité bienheureuse et comblée de ses droits, ataviquement amoureux des contraintes, nous nous le refusions et de manière la plus égoïste, la plus inconsciente qui soit, nous en tenions à l'écart nos frères sans-papiers du monde entier. Ouvrons-leur donc enfin les portes ! mais surtout, épargnons-leurs les affres du voyage sans leurs papiers ! Faisons, du haut de nos aéronefs survolant les territoires de leurs tyrans, neiger sur leurs campagnes et leurs bourgs tous les papiers et formulaires prétamponnés qui leur sont nécessaires, pour que pas un pasteur patchouke, pas un berger éthiopien, pas un chauffeur de taxi de Bamako ne trouve sous ses pas un morceau de France qui lui doit destiné, un passage sûr et humain vers l'humanité, notre humanité. Merci.

Mais alors, dans ces conditions, pourquoi ne pas accorder ce traitement humanitaire et digne à tous les sans-papiers de la terre sans imposer à quiconque, de manière injuste et arbitraire au possible, et ô combien cruelle, la terrible épreuve de parvenir en France sans protection, sans sécurité, sur des embarcations de fortune, dans des conteneurs, des camions-citernes et tout autre moyen de locomotion (vélo à une roue, etc.) dignes du cirque Pinder en déplacement ? Pourquoi n'accorder des papiers et des droits humains qu'à ceux qui auront subi de telles épreuves mettant leurs jours en danger ? Pourquoi faire payer les droits humains par la soumission à des épreuves inhumaines ?

A moins que nous soyons dans la logique d'un "Punishment Park"?

C'est bien de cela qu'il s'agit, avec inversion de l'enjeu: dans Punishment Park, si vous atteignez le drapeau, vous êtes relâché; dans le jeu du sans-papier tel que voudraient l'organiser ces collectifs, vous êtes admis à l'intérieur de l'enceinte Europe. Mais le principe est immuable: on brandit une carotte, un jambon, au-dessus de la tête d'affamés pour le plaisir de les voir se piétiner pour l'atteindre, et ensuite chanter la gloire épique de l'esclave-héros musclé et malin qui aura su jouer des coudes, des ongles et des dents pour décrocher le pompon en papier et décréter son affranchissement en récompense de son exploit, ce qui doit logiquement entretenir le jeu en attirant d'autres candidats.

Ces collectifs de soutien aux sans-papiers sont des gens portés au divertissement cruel, vrai privilège des nantis. Ils ont trouvé ce jeu: faire courir les resquilleurs du visa d'entrée en Europe en triathlon sur 4000 km. On s'amuse du monde comme on peut.

En Amérique, au temps de la conquête de l'Ouest, on se plaisait ainsi à octroyer des droits fonciers aux pionniers en les faisant courir sur des terres où celui qui s'emparerait du fanion planté dans le sol pourrait revendiquer la propriété du terrain. Aujourd'hui, l'Amérique offre des cartes de séjour par loterie - tout aussi amusant, mais moins cruel, moins "romain" que le jeu du sans-papiers.

Francis,

Vous êtes dans l'erreur : le jambon n'attire personne...