Le site du parti de l'In-nocence

"Pour un journaliste français, il est plus facile de travailler à Islamabad qu'à Sarcelles"

Envoyé par Marcel Meyer 
C'est la conclusion de ce merveilleux [url=
]débat.[/url]

Autre perle : les [i]jeunes[/i] des [i]quartiers[/i] forcément, ils sont hostiles à tout ce qui est étranger. Heu... étranger au quartier.
L'essentiel, après tout, ce n'est pas la "vérité", c'est la préservation, à travers toutes les tempêtes, de l'idéologie de la Diversité.
Excellent ! J'ai bien aimé la réflexion, " il faut comprendre, on marque notre territoire", et la déploration à propos des médias qui "ne s'adaptent à note code culturel" !
D'ordinaire je n'apprécie pas toutes ces petites vidéos mal fichues (comme je trouve que notre forum use trop de la facilité des « liens ») mais celle-ci me semble excellente : c'est une mine (de celles que l'on creuse autant que de celles qui pourraient exploser). Merci, cher Marcel.
Merci Marcel Meyer pour cette vidéo instructive .

Hier soir , je suis allé voir la " Journée de la Jupe " , et ce matin je visionne cette vidéo : dur, dur ...

Une petite anecdote : pendant l ' été 1978 , en vacances sur la côte d' Azur , je rencontre un ami du lycée , vivant à Lyon . Pendant plus d' une heure , il me raconta ce qui se passait dans la banlieue lyonnaise : caillassages , voitures brûlées , agressions .... Moi , j' écoutais , d' abord médusé , puis scandalisé et révolté .
A la fin , résigné et sonné , je lui fis cette remarque , " Les barbares sont dans nos murs " .
Et , chaque jour , cette phrase me revient , lancinante , en tête .

Finalement , je n' ai plus qu' une question à vous poser : que peut-on faire pour que la France et l' Europe ne devienne pas le Maghreb dans cinquante ans ?

PS A mon tour de vous conseiller une vidéo

A propos de La Journée de la jupe, que je suis allé voir avant-hier (il n'y avait pas foule dans la salle) et qui m'a paru un meilleur film que ce à quoi je m'attendais : la vision d'un collège sensible qu'on reçoit manque terriblement de réalisme sur un point : l'état physique des lieux. Dans le film, tout est propre, neuf, en bon état et plutôt de bonne qualité. Allez-donc en voir un vrai.
L'analyse du déni dans la conclusion est excellente :

Et ce qu’il y a de passionnant dans ces aveux, c’est que ne ça concerne évidemment pas que la banlieue (ou, disons plutôt, que les banlieues en France constituent un formidable carrefour, une catalyse, de toutes les idéologies visibles et invisibles) mais absolument tous les discours sur l’époque et qui se confondent avec l’époque. Ce monde est un énorme storytelling et cette vidéo est une rayure sur le 45t qui tourne en boucle. Oh, il continue à tourner, bien sûr, mais tout le monde l’a entendu, ce scriiiitch.
Utilisateur anonyme
13 avril 2009, 19:55   Re : " Les barbares sont dans nos murs "
" Finalement , je n' ai plus qu' une question à vous poser : que peut-on faire pour que la France et l' Europe ne devienne pas le Maghreb dans cinquante ans ? "


A mon sens, deux voies seulement s'ouvrent aux indigènes que nous sommes pour éviter de voir leur quotidien douloureusement affecté par la présence massive des colons :

- soit faire en sorte que les colons se mettent un peu (et même beaucoup si possible) à nous ressembler, nous les indigènes amoureux de l'Europe, de sa haute culture, de ses us et coutumes de doux altruistes ;

- soit à l'inverse, nous résoudre à ressembler nous-mêmes un peu aux colons, de façon à devenir moins doux et moins altruistes, cela afin de mieux réduire leur pouvoir, leur nombre et leur influence, et bien entendu, sans perdre l'essentiel de ce qui fait que nous sommes ce que nous sommes.

L'une de ces deux voies me paraît peu réaliste.
- "soit faire en sorte que les colons se mettent un peu (et même beaucoup si possible) à nous ressembler, nous les indigènes amoureux de l'Europe, de sa haute culture, de ses us et coutumes de doux altruistes"

Oui, et leur parler d’Alceste, Lorenzo, Sisyphe, Bérénice… avec conviction et enthousiasme, comme ce jeune professeur du Collège Jean Jaurès d'Aubervilliers!

[www.aplettres.org]

Cela vaut la peine de lire son texte jusqu’au bout. Pour vous donner l’envie de le faire, en voici deux extraits :


« Ne peut-on enfin admettre à nouveau que les élèves sont naturellement portés vers le beau langage, dont ils saisissent, par un « instinct humain », la portée ? La reconnaissance unanime de la beauté d’un texte dans des classes extrêmement hétérogènes, du point de vue des nationalités d’origine, nous permet de relier cette « humanité » à un « universel ». N’est-ce pas finalement un moyen de lutter, sans moraliser, contre les dangers des discours identitaires, communautaires, ethniques ? Face à ces rhétoriques, l’étude des classiques revêt ainsi une fonction émancipatrice, celle-là même que s’imposait, dès l’origine, l’école de la République. »



« Il y a donc fort à parier que cette « culture commune » dont les élèves français contemporains doivent être dotés ne peut justement être que classique. L’éducation aux valeurs universelles que ces derniers promeuvent, loin de toute moralisation fade, suppose une imprégnation (valable !) par la générosité et l’esprit critique, par l’idéalisme et l’ironie, par le respect d’autrui et l’ambition de l’accomplissement de soi. Que chercher de plus éloquent, de plus sensé, comme remède aux maux de notre époque ? En ce sens encore, la lecture des classiques est indispensable à la formation actuelle de l’humain. En perdre la mémoire constituerait un risque inacceptable. C’est la part essentielle de l’héritage que la France lègue au monde qui est en cause, c’est cela que saluaient les cloches du monde entier le 25 août 1944. L’humain apparaît donc comme une mémoire venue à l’élève par les classiques ; non une charge, mais le moyen de sa liberté, et c’est encore Calvino qui l’exprime : « Les classiques nous servent à comprendre qui nous sommes et où nous en sommes arrivés ».
Utilisateur anonyme
13 avril 2009, 23:37   Re : " Les barbares sont dans nos murs "
Merci de ce beau texte. Gagner les populations immigrées à la lecture des classiques, aux humanités, à l'otium ou à la cultura animi chère à Cicéron serait en effet un moyen de sortir par le haut. Mais notre système scolaire en a-t-il vraiment les moyens ?

J'ai assisté en octobre dernier à une conférence de Marc Fumaroli sur les humanités qui conclut en disant croire davantage aux autodidactes des humanités plutôt qu'à l'Education nationale et à l'offre culturelle pour promouvoir les classiques.
Les moyens, c’est vraiment une question d’initiative personnelle, cher Agrippa, nul besoin de demander l’avis d’inspecteurs ou du Ministère. Mes étudiants insistent beaucoup (à notre instigation, nous professeurs) sur la culture générale dans leurs leçons d’Education plastique. Et certains y vont fort ! Exemple cette jeune fille qui, l’autre jour, dans une classe d’élèves de 12 ans issus d’origines diverses et qui a choisi comme thème, le mythe du taureau dans la culture classique. En guise d’introduction au travail (dont la réalisation finale était « une constellation imaginaire du Taureau » et après définition et examen de plusieurs d’entre elles, si bien qu’il était fait aussi appel aux sciences) elle leur a lu le texte d’Ovide (en traduction française, je précise !) relatant l’Enlèvement d’Europe, avec beaucoup d’intensité je dois dire et le leur a fait résumer et commenter avant de leur montrer différentes représentations de ce mythe dans la peinture. Je puis vous assurer de toute l’attention et même de la fascination de ces jeunes à cette lecture. Quelques questions sincères sur la nature ambigüe de ces amours, oui, …mais bien prises en main par la stagiaire qui a vite fait de faire tomber les dernières résistances quand la courte conversation a porté sur le rapt d’amour, le rapt consenti, conception qui a eu l’heur de paraître poétique à tout le monde. Ils ont donc travaillé,- malgré la grande quantité de techniques proposées - dans une fièvre très silencieuse.. Les résultats furent étonnants, très inventifs. Chaque fois qu’un stagiaire fonce, sans ce soucier de tabous ou de politiquement correct mais vise la Culture, Notre Culture, classique, française, européenne, la réussite de la leçon est assurée.
Je n’ai jamais compris l’autocensure que s’infligent certains professeurs. Pour en imposer à de jeunes incultes, il faut étonner en proposant de la Beauté, celle des mots, des idées, des sentiments, des tableaux. Nul n’est insensible à la noblesse si celui qui leur en parle en devient, de par son enthousiasme et sa conviction, une véritable incarnation.
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