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soit faire en sorte que les colons se mettent un peu (et même beaucoup si possible) à nous ressembler, nous les indigènes amoureux de l'Europe, de sa haute culture, de ses us et coutumes de doux altruistes"
Oui, et leur parler d’Alceste, Lorenzo, Sisyphe, Bérénice… avec conviction et enthousiasme, comme ce jeune professeur du Collège Jean Jaurès d'Aubervilliers!
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Cela vaut la peine de lire son texte jusqu’au bout. Pour vous donner l’envie de le faire, en voici deux extraits :
« Ne peut-on enfin admettre à nouveau que les élèves sont naturellement portés vers le beau langage, dont ils saisissent, par un « instinct humain », la portée ? La reconnaissance unanime de la beauté d’un texte dans des classes extrêmement hétérogènes, du point de vue des nationalités d’origine, nous permet de relier cette « humanité » à un « universel ». N’est-ce pas finalement un moyen de lutter, sans moraliser, contre les dangers des discours identitaires, communautaires, ethniques ? Face à ces rhétoriques, l’étude des classiques revêt ainsi une fonction émancipatrice, celle-là même que s’imposait, dès l’origine, l’école de la République. »
« Il y a donc fort à parier que cette « culture commune » dont les élèves français contemporains doivent être dotés ne peut justement être que classique. L’éducation aux valeurs universelles que ces derniers promeuvent, loin de toute moralisation fade, suppose une imprégnation (valable !) par la générosité et l’esprit critique, par l’idéalisme et l’ironie, par le respect d’autrui et l’ambition de l’accomplissement de soi. Que chercher de plus éloquent, de plus sensé, comme remède aux maux de notre époque ? En ce sens encore, la lecture des classiques est indispensable à la formation actuelle de l’humain. En perdre la mémoire constituerait un risque inacceptable. C’est la part essentielle de l’héritage que la France lègue au monde qui est en cause, c’est cela que saluaient les cloches du monde entier le 25 août 1944. L’humain apparaît donc comme une mémoire venue à l’élève par les classiques ; non une charge, mais le moyen de sa liberté, et c’est encore Calvino qui l’exprime : «
Les classiques nous servent à comprendre qui nous sommes et où nous en sommes arrivés ».