Le site du parti de l'In-nocence

Quelle France

Envoyé par Jean-Marc du Masnau 
13 avril 2009, 21:19   Quelle France
Bien chers amis,

Plusieurs messages m'amènent à préciser mon opinion. On parle de la France qu'il faudrait préserver. Encore faut-il s'entendre sur ce qu'est cette France.


Pour moi, une France avec un athéisme d'Etat, une France qui nie ses racines chrétiennes, une France qui nie l'ordre et le devoir, une France de la jouissance exacerbée, une France du tout est permis, alors cette France ne peut compter sur moi.

En revanche, la France laborieuse, le France éventuellement agnostique mais qui respecte la religion, la France de l'ordre et de la sécurité, la France des filles qui ne couchent pas à treize ans et qui donc ne sont pas victimes de tournantes, la France de ces mêmes filles qui au même âge ne sont pas habillées en putes, la France des jeunes gens qui ne passent pas leurs samedis soir à boire comme des trous et à forniquer comme des bêtes, la France pour laquelle la jouissance est forcément associée à une idée de faute, et donc appelle un sacrifice en compensation, cette France-là a mon appui.

Vous ne pouvez avoir le matérialisme à tout crin et le maintien d'une France traditionnelle, il vous faut choisir.
13 avril 2009, 21:38   Re : Quelle France
Ah, il y a du vrai, dans tout ça, cher Jean-Marc... A part votre penchant à blâmer les victimes ("si elle a été violée, c'est qu'elle le voulait"), je dois dire que l'idéal de l'hyperconsommation et de la jouissance à tout prix (Lipovetski et Charles Melman) est plutôt faiblard...
13 avril 2009, 21:47   Vision chrétienne
C'est sans doute mon éducation, celle d'un christianisme traditionnel et pour tout dire assez étroit : figurez-vous que jusqu'à treize ou quatorze ans on m'incitait à refuser des choses "pour faire plaisir au petit Jésus"...

J'ai été élevé dans l'idée de la faute (mais aussi, et c'est là la vraie grandeur du catholicisme, dans celle du devoir d'état), dans celle du remords et dans celle de l'expiation.

Il y a quelques messages, je parlais en termes directs de Pasolini : il était profondément catholique, et je ne suis pas persuadé qu'il n'ait pas cherché une sorte d'expiation.

Pour moi, il y a deux sortes de victimes : les victimes innocentes, et les autres. On ne peut comparer l'enfant martyrisé (pas maltraité, je pense aux "bourreaux d'enfants"), le vieillard assassiné, la mère de famille violée, le "de souche" persécuté par la racaille, le juif inquiété parce qu'il est juif, et d'autre part la fille qui se fait à la fin violer après avoir tout de même, sauf votre respect, apprécié d'avoir la virilité diverse entre ses cuisses.
13 avril 2009, 21:53   Devoir d'état
Bien cher Bruno,

Je comprends à certains de vos messages que vous n'êtes pas catholique. Je joins donc un exemple de ce qu'est le devoir d'état pour un écolier.

[www.laportelatine.org]
13 avril 2009, 22:10   Quelle Belgique
Merveilleusement austère...
Serait-ce possible pour la Belgique ?

A propos de la jeunesse contemporaine, pour ceux qui ne les ont pas vus, je conseille les films de Larry Clark, et, pour ceux qui ne l'ont pas lu, Closer de Dennis Cooper.
Utilisateur anonyme
13 avril 2009, 22:17   Re : Quelle France
Inciter les enfants à refuser des choses "pour faire plaisir au petit Jésus" me paraît assez pervers. J'ai été élevé chez les frères et je n'ai jamais compris pourquoi l'un d'entre, qui se disait infirmier, m'avait fait subir (j'avais dix ans) lors d'une colonie de vacances, un lavement par voie basse, alors que je n'étais même pas malade. Depuis je me méfie beaucoup des soutanes...
13 avril 2009, 22:20   Re : Quelle France
"un lavement par voie basse" ???? Vous avez porté plainte ? Vous pourriez être riche, si vous ne l'êtes déjà !
Utilisateur anonyme
13 avril 2009, 22:43   Re : Quelle France
Non c'était dans les années soixante-dix et on ne parlait pas de ces choses à l'époque. Vous me donnez une idée, il faudrait retrouver la trace de ce Frère Gérard, professeur d'Anglais...
13 avril 2009, 23:43   Re : Quelle France
Cher Jmarc, la semaine dernière, en attendant le bus, j'ai observé une jolie blonde envoyer ballader un jeune noir qui se croyait irrésistible. Je n'ai pas eu besoin d'intervenir, la fille se débrouillait très bien toute seule. Le pauvre bougre , vexé, ne savait plus quoi dire sauf: "ben quoi, je suis pas un bougnoul".
Il y a aussi la France qui gagne. Voir sur le site de la 2 le sujet sur les mathématiciens français et, en filigrane, les bienfaits du sentiment de culpabilité, de responsabilité, de modestie, qui dynamisent la recherche, l'entreprise, la solidarité vraie.
(journal de 20h du mercredi 8 Avril)
14 avril 2009, 00:23   Re : la France fière d'elle-même
Tous les soirs (ou presque?) au JT de la Deux, un sujet de fierté française est développé. Je m'étonne toujours de ce qu'on n'en parle pas ici.
14 avril 2009, 07:18   Re : Quelle France
» l'idéal de l'hyperconsommation et de la jouissance à tout prix (Lipovetski et Charles Melman)

Charles Melman ????
Utilisateur anonyme
14 avril 2009, 09:25   Re : Quelle France
En revanche, la France laborieuse, le France éventuellement agnostique mais qui respecte la religion, la France de l'ordre et de la sécurité, la France des filles qui ne couchent pas à treize ans et qui donc ne sont pas victimes de tournantes, la France de ces mêmes filles qui au même âge ne sont pas habillées en putes, la France des jeunes gens qui ne passent pas leurs samedis soir à boire comme des trous et à forniquer comme des bêtes, la France pour laquelle la jouissance est forcément associée à une idée de faute, et donc appelle un sacrifice en compensation, cette France-là a mon appui.

Vous ne pouvez avoir le matérialisme à tout crin et le maintien d'une France traditionnelle, il vous faut choisir.


Je suis tout à fait en accord avec vous comme cela.
14 avril 2009, 09:43   Re : Quelle France
Moi aussi, cher Jmarc, je suis d'accord avec vous.
Ce que je ne comprends pas c'est que la France du dévergondage, celle qui déroule le tapis rouge devant les stars du porno, celle qui toujours caresse l'homme et la femme dans le sens du poil ... de la bête à deux dos, celle pour qui l'avenir de l'homme est le singe bonobo, la France de Canal + en somme, passe son temps à faire la courte échelle à des gens, les musulmans pour ne pas les nommer, qui , victorieux, imposeront une morale rigoureusement opposée à la leur.
14 avril 2009, 10:56   Re : Quelle France
Oui, très chère Cassandre, c'est toujours le même casse-tête, la même incompréhensible schizophrénie déjà formulé il y a des années par Jean Raspail.

Comme lui, comme d’autres, je me suis longuement demandé quelle force mystérieuse pouvait pousser une majorité de nos compatriotes, une majorité des hommes et des femmes de tout l’Occident à dépenser tant d’énergie, de temps et de conviction à défendre bec et ongles des populations dont le comportement est l’exact opposé de ce qu’il prétendent souhaiter, promouvoir et défendre, et même à exiger leur arrivée de plus en plus massive. Ce ne peut être la bêtise ; car, si la moraline bien-pensante ne dégage pas une impression d’intelligence étincelante, si la grande déculturation a de plus en plus visiblement fait son œuvre, le fait qu’il y ait, à l’avant-garde de cette majorité, la quasi-totalité des instituteurs, professeurs, universitaires, journalistes, la grande majorité des écrivains, des militants, et notamment des féministes exclut cette explication. De toute façon, comme on l’a souvent souligné ici à la suite de Renaud Camus, l’évidence de la réalité du désastre est devenue tellement écrasante qu’on peut dire avec certitude que la foi dans les fadaises de la pensé bisounours qui nous sert d'idéologie officielle n'a plus rien à voir avec la raison.

Il faut donc qu'il y ait autre chose.

J’avais il y a quelque temps fait part à l’honorable assemblée d’une réflexion qui m’avait valu quelques quolibets. Dans une certaine mesure, écrivais-je, la haine que les "néofrançais" éprouvent pour la France les Français de souche européenne vient de ce qu'ils ont conservé et qu'ils défendent des valeurs morales et familiales qui ont été, ici, jetées aux orties : l'attachement à la différence sexuelle, le respect dû aux parents, la pudeur, la religion, le sens de l'honneur (faut-il le préciser à nouveau, je ne suis pas un admirateur passionné du modèle familial maghrébin, des crimes d’honneur ni même de la burka). Le fait est cependant que les protagonistes du carnaval matriarcal hyper-protecteur, geignard, infantilisant et déculturant qu’est devenue notre « civilisation », en imposant avec ferveur, avec fanatisme, avec une intolérance absolue l'antiracisme dogmatique, la métissolâtrie et l’immigrationnisme massif, travaillent avec ardeur au naufrage de la dite « civilisation » laquelle ne tardera pas à être jetée dans les poubelles de l’histoire dès que leurs protégés en auront le pouvoir.

J’en suis arrivé à penser que c’est exactement ce qu’ils souhaitent. Certains poursuivront leurs grotesques parades jusqu’au naufrage et sombreront en riant de façon hystérique. D’autres, que je prévois de plus en plus nombreux, se convertiront, discrètement d’abord puis publiquement, pour donner l’exemple. Leur route est déjà tracée par ces petits blancs, garçons et filles, qui ont choisi l'apaisement de la soumission, ou bien la protection pour elles et, pour leurs enfants, les gènes d’un mâle dominant.

Leur route est déjà tracée et ils le savent. Ils le savent et n’attendent que cela.
14 avril 2009, 11:15   Re : Quelle France
Une autre explication peut être donnée et j'avais l'intention de lancer un fil sur le sujet, c'est la problématique de la petite bourgeoisie, de mai 68 et de ses conséquences dans la vision qu'en donne Jean-Claude Milner dans son dernier livre "L'arrogance du présent". Son analyse peut être considérée comme complémentaire de celle de Renaud Camus, en ce qu'elle explique le désastre actuel par les faiblesses de le petite-bourgeoisie en tant que classe d'une part, et d'autre part par la manière dont ont réagi les pouvoirs, mus par la crainte, pour éviter le renouvellement de semblable épisode (déculturation et mise en pratique dans la réalité de tous les thèmes sociétaux développés de manière embryonnaire lors de mai 68). C'est le dernier chapitre du livre. Je me propose d'en copier quelques extraits mais cela est assez compliqué car la numérisation n'est pas très facile.
Je ne sais pas si quelques extraits peuvent être considérés comme une atteinte au copyright.
14 avril 2009, 11:19   Re : Quelle France
Citation
Leur route est déjà tracée et ils le savent. Ils le savent et n’attendent que cela.

Cher Marcel,

Je ne crois pas qu'il y ait vraiment un souhait caché qui serait de se rallier à une forme de civilisation plus virile. En fait votre explication est trop rationnelle car elle présuppose un comportement guidé par une certaine clairvoyance et prévoyance de ce qui est en train de venir.

Pour ma part je ne vois dans cette approbation d'un antiracisme rabique que le résultat du matraquage permanent de l'idéologie égalitariste et mondialiste qui a ramolli de manière certaine les cellules grises et par là-même diminué la capacité de jugement du plus grand nombre de nos concitoyens.

Dans un banc tous les poissons vont toujours dans la même direction...
14 avril 2009, 11:20   Re : Quelle France
Citation
Je ne sais pas si quelques extraits peuvent être considérés comme une atteinte au copyright.

En principe les extraits dont on donne la source sont autorisés.
14 avril 2009, 12:06   Re : Quelle France
"En revanche, la France laborieuse, le France éventuellement agnostique mais qui respecte la religion, la France de l'ordre et de la sécurité, la France des filles qui ne couchent pas à treize ans et qui donc ne sont pas victimes de tournantes, la France de ces mêmes filles qui au même âge ne sont pas habillées en putes, la France des jeunes gens qui ne passent pas leurs samedis soir à boire comme des trous et à forniquer comme des bêtes, la France pour laquelle la jouissance est forcément associée à une idée de faute, et donc appelle un sacrifice en compensation, cette France-là a mon appui."

Il faudrait savoir à quelle époque a prospéré cette France-là. Je ne crois pas que ce soit sous l'Ancien Régime, ni au XIXème siècle. Il me semble y reconnaître une parenthèse d'années situées, mettons, dans la première moitié du XXème siècle, époque, en effet, et peut-être la seule, de "la France des filles qui ne couchent pas à treize ans".

Or, cette époque, de 1914 à 1950 (re-mettons) doit beaucoup de son rayonnement, de son labeur et du respect qu'elle condescend à offrir à la religion à, précisément, la constante énergie avec laquelle elle lutte contre la domination religieuse. En somme, c'est la France laïcarde que je vois évoquée dans le message de jmarc, bien plus que la France catholique ; la France de la croyance, au travail émancipateur, au positivisme, au scientisme, au progrès en somme, comme facteur de civilisation, de colonisation, de sentiment de puissance et de santé d'un peuple, quitte à conserver ce que les plus actifs représentants de cette France d'alors nomment les "hochets religieux". Les filles qui ne couchent pas à treize ans, on les doit bien plus à la vertu, morale et austérité républicaine qu'aux confessionnaux de l'église.

Et si nous en sommes arrivés aux "bolos", aux "bobos" et autres toto-dénigrés contre-colonisés, on peut se demander si la cause n'en vient pas, au moins autant de la perte de foi religieuse, que de la perte de foi dans le progrès.

Ce n'est pas dans leur religion que les Européens ont puisé ce sentiment de puissance qui leur a permis d'établir leur domination sur le monde mais dans leur maîtrise des lois physiques et dans la croyance que cette maîtrise leur apporterait un avenir meilleur, moins de peine, plus d'occasion de vivre, de sentir, d'éprouver et s'ils sont affaiblis aujourd'hui, c'est qu'ils doutent des bienfaits que cette maîtrise sur la nature pourrait leur offrir. Ceux par quoi ils ont brillé ne les éclaire plus.
14 avril 2009, 12:06   Re : Quelle France
J'aurais tendance à rejoindre Ostinato s'agissant du dernier opus milnérien. La petite-bourgeoisie en "libération" instaura le tout-de-suite et le ici-maintenant comme principe de gouvernance, principe souverain, qui connut ses dérivés fameux (le moi-d'abord, le moi-mêmisme). Il s'agit d'un principe de la spontanéité (au sens mao spontex que développe Milner dans ce livre) et de l'instantané, de l'éclatement du temps de médiation entre soi et son désir.

Cette philosophie et cette politique (et cette philosophie-politique) de la petite-bourgeoisie rendue au pouvoir avec la génération Mitterrand se marie à merveille à la volonté de promotion de groupes allochtones qui voient en la France le terrain idéal du court-circuitage des interdits, des tabous, qui régissent les sociétés africaines où le passe-droit est le bien le plus précieux.

Le passe-droit, la transgression de l'ordre ethnique et hiérarchique n'a de valeur que dans les sociétés pluriethniques ou à tensions ethniques fortes comme le sont les sociétés africaines (Maghreb et sub-sahariennes); il est la chose de leur désir. Dans les sociétés extrême-orientales ethniquement unifiés (les Chinois sont un peuple, les Hans), la transgression, le passe-droit n'est nullement désirable en soi, et c'est ainsi que les problèmes que posent ces communautés en France sont d'une tout autre nature que ceux apportés par les quêteurs de passe-droit transgressifs venus d'Afrique. Les communautés d'origine extrême-orientale au socle ethnique unifié ont pour objet de leur désir, pour quête sociale, la réussite économique et matérielle; l'objet de leur désir est a-politique et a-ethnique, a-politique parce que a-ethnique.

La quête du passe-droit - et qu'est-ce que la discrimination positive sinon très précisément la récompense de cette quête dans nos sociétés ? - qui est le fait de ces éléments de l'immigration africaine issus de sociétés ethno-tendues, ethno-rigides où les passe-droit désirés leur ont été refusés, cette quête dis-je, s'unit avec la philosophie petite bourgeoise indigène moderne soixante-huitarde du tout-tout-de-suite et de l'ici-maintenant pour produire cette chimère, ce monstre politique où l'on voit la petite-bourgeoise à la Canal+ promouvoir la quête transgressive de groupes et catégories rigides et immiscibles dans nos sociétés occidentales.

Voilà comment peut s'expliquer le paradoxe de Cassandre exposé supra dans ce fil.
14 avril 2009, 12:28   Re : Quelle France
Cher Francis, votre analyse est brillante comme toujours et je suis d'accord avec ce que vous écrivez, bien que je tienne à souligner, comme je l'ai déjà fait, que la culture arabo-musulman est une culture du passe-droit basée sur la discrimination positive à l'égard des musulmans : dhimmitude, et la pratique ouverte du bakchich, qui n'est rien d'autre qu'un passe-droit acheté).
Mais, ce que je ne comprends pas non plus, c'est que tous ceux qui ont oeuvré avec tant d'opniâtreté à l'avènement de cette société d'enfants gâtés, n'aient jamais été alertés par cet instinct venu du fond des âges qui nous dit que la prospérité d'un pays n'est jamais acquise pour toujours, qu'il est probable qu'elle ne soit qu'une parenthèse de l'Histoire, et qu'il viendra un jour où il ne sera plus possible de satisfaire les caprices d'enfants gâtés des nouvelles générations.
14 avril 2009, 12:29   Re : Quelle France
Il est à souligner que l'approche et la grille de lecture de la quête du passe-droit par ces groupes permettent d'expliquer la plupart des manifestations et les épiphénomènes de la contre-colonisation qui s'opère sur notre sol et qui dans certains domaines (les domaines socio-professionnels) reflètent ceux particuliers aux colons européens d'Afrique de jadis, soit, pour aller vite, la promotion accordée à tous sur la bonne foi de l'appartenance raciale et ethnique (discrimination positive). Elles éclairent également ce phénomène relevé par Orimont de l'inconscience apparente de certains de ces jeunes qui, ne sachant pas aligner trois phrases compréhensibles hors de leur quartier de naissance, se voient grands avocats, chirurgiens, dirigeants de groupe de com, quand on les invite à se projeter dans l'avenir.

Le schéma contre-colonial est bien identique au schéma colonial: des ratés de la réussite sociale et économique quittaient jadis l'Europe pour l'Amérique ou l'Afrique afin de court-circuiter leur misère native; les actuels ratés du passe-droit africain - impossible de réussir autrement en Afrique que dans le passe-droit, impossible d'y bâtir des châteaux et d'y accumuler de l'or par son industrie, comme en Amérique, en Russie ou en Chine; le passe-droit, autre nom du privilège ethno-politique, est l'or de l'Africain - s'embarquent pour l'Europe où le passe-droit est accessible, où il n'est pas de tyran ethnique pour le leur refuser. Leur arrivée en France crée aussitôt une ethnicisation nouvelle des rapports sociaux, elle redimensionne les rapports sociaux à l'échelle de l'ethnie, de la race, et pour cause: ces gens importent avec eux la conscience des paramètres de l'oppression qu'ils ont fuie en même temps que celle du Graal de leur libération.
14 avril 2009, 12:42   Re : à Bernard Lombart
Cher Bernard, L'homme sans gravité, livre d'entretiens de Charles Melman est un ouvrage qui nourri ma réflexion. Vous le trouveriez en Folio essais.
14 avril 2009, 13:39   Re : Quelle France
"Le schéma contre-colonial est bien identique au schéma colonial: des ratés de la réussite sociale et économique quittaient jadis l'Europe pour l'Amérique ou l'Afrique afin de court-circuiter leur misère native;"

Des ratés de la réussite sociale, sans doute y en avait-il, mais aussi des proscrits non-volontaires, mais aussi des aventuriers, des missionnaires. Ce qui les unissait cependant, il me semble, c'était le sentiment qu'ils seraient actifs dans ces régions parce qu'ils en savaient plus que les naturels dans toutes sortes de domaines.

La quête du passe-droit n'a pu s'exercer (quand elle s'est exercée, et tel n'a pas été obligatoirement le cas), que sur la conscience, à tort ou à raison, d'une supériorité technique et morale (la morale occidentale, issue du christianisme, ayant permis la maîtrise technique.)

Que la quête du passe-droit ait animé le déplacement de certains colons a été rendu possible parce qu'il n'y avait pas que cette quête et que ce n'était pas sur l'idéal de cette quête que la colonisation avait été rêvée mais sur l'impératif d'évidence que l'Occident avait une mission. De la conquête de l'Algérie, Hugo écrit en 1830 : "C'est la civilisation qui marche sur la barbarie. C'est un peuple éclairé qui va trouver un peuple dans la nuit. Nous sommes les Grecs du monde ; c'est à nous d'illuminer le monde." (et il sera le premier, dans les années 50 de son siècle, à dénoncer la sauvagerie de l'armée française au Maroc.)

Rien de tel dans une contre-colonisation que personne ne se donne la peine de théoriser, sinon sous la forme de la réclamation d'un dû, réclamé aux descendants de ceux qui se crurent désignés par l'histoire pour éclairer le monde... et qui n'y croient plus.
Utilisateur anonyme
14 avril 2009, 14:04   Re : Quelle France
Oui, cher Orimont, l'aventure coloniale fut avant tout un grand projet civilisationnel, pour le meilleur et pour le pire... Finissons en aussi avec le vieux mythe du "néocolonialisme" économique qui aurait asséché l'Afrique,- au contraire, il lui a permis de se multiplier démographiquement, ce qui pour nous est la pire des choses.
14 avril 2009, 14:12   Re : Quelle France
Deux instances à distinguer cher Orimont dans le mouvement colonial, celui des gouvernements initiateurs et discourants, et celui du petit peuple à la recherche de promotion personnelle, d'aventures, de grands espaces et d'exil consenti; et deux temps, celui de 1830 et de l'idée que la civilisation et le progrès doivent éclairer le monde et celui du petit peuple en mouvement de colonisation qui intervint plus tard. Et il est vrai, en superposition à cela que chez les gouvernants, le premier temps, celui de la lumière en marche, a largement débordé sur le second (Guy Mollet en reprenant le thème jusqu'en des 1957 pour l'Algérie).

La quête du passe-droit n'a pu s'exercer (quand elle s'est exercée, et tel n'a pas été obligatoirement le cas), que sur la conscience, à tort ou à raison, d'une supériorité technique et morale (la morale occidentale, issue du christianisme, ayant permis la maîtrise technique.)


Très juste, évidemment. Mais interrogez-vous sur la manière dont l'Africain percevait cette situation de privilège du colon blanc, ses prérogatives: une bonne partie des sociétés africaines racialisait l'octroi du passe-droit colonial au blanc à tel point que les sociétés post-coloniale ont calqué la règle de cet octroi sur l'appartenance ethnique. C'est la fuite hors des contraintes post-coloniales que viennent chercher en France ces migrants. Pour le malheur de tous, ils ne réussissent qu'à ethniciser chez nous toute problématique, à reproduire et à transplanter la revendication ethnique du passe-droit et de la prérogative telle qu'elle existe chez eux. Ce n'est pas leur identité ethnique qui est détestable, ce n'est pas l'Africain qui est détestable, c'est l'ethnicisation des rapports humains qu'il nous impose en nous l'apportant dans son bagage, à la fois comme source de toute contrainte et arme de sa libération. Il ne connaît point d'autre cadre d'émancipation ou d'affranchissement de l'individu. L'enrichissement matériel qui fait le Graal des Chinois, ethniquement unifiés et égaux, ne l'intéresse pas.

Qu'est-ce que le sans-papier et qu'est-ce qui le rend si sympathique à nos bobos post-soixante-huitards ? Le sans-papier est un impatient, un resquilleur qui n'attendra pas la délivrance d'un visa, qui n'aime pas faire la queue aux ambassades, c'est un quêteur de passe-droit, un emprunteur de raccourcis. Et dans cette impatience même, il est soixante-huitard, il est "subversif". Rendu chez nous, il ne sait s'arrêter, il est programmé pour revendiquer le tout-tout-de-suite (droit au logement, à l'embauche, aux soins médicaux gratuits, à l'accueil, aux prestations sociales, droits à tout sans attendre et sans faire la queue). Le sans-papier en réclamation de droits est un tout-colonial fort de son droit ethnique, tel qu'il a cru voir que l'était le blanc à l'époque coloniale, et la revendication raciale est le tremplin de sa promotion; ce levier dont il fait usage, d'autres que lui, dans la société post-coloniale, en ont usé chez lui à ses dépens, ce qui explique sa venue chez nous, et qu'il entende en faire usage ici comme d'autres le font chez lui.
14 avril 2009, 14:45   Re : à Bernard Lombart
Oui, moi aussi. J'ai seulement eu un sursaut de le voir accolé à ces mots-là.
14 avril 2009, 14:47   Re : Quelle France
Cette vision du passe-droit lié uniquement à la race, celle des blancs, que les Africains auraient hérité de la colonisation s'enracine aussi dans l'idéologie du relativisme culturel selon laquelle la civilisation occidentale ne vaut pas mieux que les autres, et que, par conséquent, nos compétences spécifiques dans toutes sortes de domaine ne sont pas à valoriser plus que les leurs.
14 avril 2009, 14:49   Re : à Bernard Lombart
Vous connaissez sans doute son article sur la Royal ? (Ici.)
14 avril 2009, 15:07   Re : à Bernard Lombart
Citation
ces gens importent avec eux la conscience des paramètres de l'oppression qu'ils ont fuie en même temps que celle du Graal de leur libération.

Citation
Le sans-papier est un impatient, un resquilleur qui n'attendra pas la délivrance d'un visa, qui n'aime pas faire la queue aux ambassades, c'est un quêteur de passe-droit, un emprunteur de raccourcis. Et dans cette impatience même, il est soixante-huitard, il est "subversif". Rendu chez nous, il ne sait s'arrêter, il est programmé pour revendiquer le tout-tout-de-suite (droit au logement, à l'embauche, aux soins médicaux gratuits, à l'accueil, aux prestations sociales, droits à tout sans attendre et sans faire la queue).



Eh bien, cher Francis, on voit que vous connaissez bien l'Afrique noire . Merci pour ces analyses remarquables.
14 avril 2009, 15:11   Re : à Bernard Lombart
Merci Bernard cet excellent article de Melman m'avait échappé ...
14 avril 2009, 15:17   Re : à Bernard Lombart
Et cet ouvrage de Gustave Le Bon, auquel on revient toujours, est disponible intégralement sur le Web...
14 avril 2009, 18:41   Re : Quelle France
Cher Orimont, vous m'avez ôté les mots du clavier.
Je voudrais vous poser le genre de question que j"ai déjà posé à Jmarc et à Petit-Détour. J'ai l'impression d'un certain changement dans vos messages . Je les trouve moins modérés qu'avant. J'étais tombée juste avec Jmarc - que j'avais trouvé, lui, plus indulgent - et Petit-Détour. Ai-je vu juste aussi à votre sujet ? Si oui, et si ma queston n'est pas trop indiscrète, qu'est-ce qui explique ce changement ?
14 avril 2009, 20:29   Re : Quelle France
Citation
que sur la conscience, à tort ou à raison, d'une supériorité technique et morale (la morale occidentale, issue du christianisme, ayant permis la maîtrise technique.)

Cher Orimont,

Avez-vous lu René Girard ?
15 avril 2009, 00:54   Re : Quelle France
Cher Rogémi

Non, je n'ai pas lu René Girard.

En ce moment, c'est Hugo, Bove, Dekobra, Suetone (et Omer Englebert, of course).
15 avril 2009, 07:11   René Girard
Cher Orimont,

Je crois que vous êtes mûr pour lire cet auteur qui prétend que seul le christianisme a permis les découvertes et le progrès technique car une société qui croit que les objets sont animés cad qui croit e. a. aux esprits ou aux djinns est incapable de construire une locomotive ou un avion.

Mais bon...

Quoi qu'il en soit: si des fois l'envie vous prend de le lire je vous recommande le titre " Quand ces choses commenceront" qui est épuisé mais que vous trouverez pour un prix modique [entre 5 et 8 €] sur n'importe quel bouquiniste en ligne.
15 avril 2009, 08:07   Re : René Girard
Croyez-vous que les chrétiens ne croient pas "aux esprits ou aux djinns" ?
15 avril 2009, 09:06   Re : René Girard
Citation
Croyez-vous que les chrétiens ne croient pas "aux esprits ou aux djinns" ?

Il y a même des agnostiques, des athées et autres laiques qui vont voir des diseuses de bonne aventure et qui se font faire des horoscopes, cher Bernard !

L'Eglise a combattu avec opiniâtreté la superstition ...
15 avril 2009, 11:06   Re : René Girard
Un petit peu réducteur quand même de la pensée de Girard, votre résumé cher Rogemi. Les Japonais croient dur comme fer aux djinns, aux Kappas, et autres elfes, lapin habitant la Lune et petits poneys roses voguant emmi les étoiles. Ils ont construit le Shinkansen, conçu le robot Abo et ont sûrement dû inventer quelque machine à tirer des trous au golf tout en essorant la salade. Ils ont aussi créé la plus puissante machine industrielle au monde dans les trois décennies qui ont suivi la Guerre. C'est malheureux à dire Rogemi, mais le monde est horriblement plus complexe qu'on le voudrait: on croit pouvoir enfin en résumer l'essence, quand l'essence fuit de toute part, parfois dangereusement.
15 avril 2009, 11:17   Re : René Girard
Citation
C'est malheureux à dire Rogemi, mais le monde est horriblement plus complexe qu'on le voudrait: on croit pouvoir enfin en résumer l'essence, quand l'essence fuit de toute part, parfois dangereusement.

Vous avez raison, cher Francis, mais je n'ai absolument pas le temps de developper et c'est pour cette raison que j'aurais dû me taire.

Est-ce imaginable que le Japon ait pu arriver à l'industrialisation et au progrès technique de lui-même sans passer par l'imitation de l'occident ?
15 avril 2009, 11:46   Re : René Girard
Le Japon traditionnel illustre parfaitement le fait que la perfection technique et l'industrialisation sont deux choses différentes.

Alors qu'ils avaient, avec une très grande facilité, commencé à développer une industrie, notamment militaire, au XVIe siècle, les Japonais ont décidé d'arrêter et de se fermer à toute influence occidentale. Ils ont alors atteint ce qui a sans doute été le degré ultime de la civilisation non-industrielle, avec une perfection esthétique qui magnifiait jusqu'aux petits détails de la vie quotidienne, une perfection technique éblouissante dans tous les arts (au sens traditionnel de ce terme) et une perfection de civilisation dans les rapports humains.
15 avril 2009, 12:10   Re : Quelle France
Vous exprimez parfaitement, cher Marcel Meyer, ce qui me séduit dans la civilisation japonaise, ce raffinement qui a, aussi, beaucoup influencé le monde occidental.
15 avril 2009, 12:46   Re : Quelle France
Cher Francis, permettez-moi d'insiter : Certes il y eut des passe-droits dans la colonisation française, mai ils ont été compensés globalement, comme le souligne Orimont, par d'énormes bienfaits. Croyez-vous les Africains de l'époque assez bêtes pour ne pas s'en être rendus compte et ne pas avoir vu dans ces bienfaits la caractéristique de la civilisation occidentale ? Ce qui a changé avec la contre-colonisation d'aujourd'hui, c'est, comme vous l'avez dit vous-même, d'ailleurs, qu'ils réclament, en France, les mêmes passe-droits sans les compenser par un apport civilisationnel susceptible d'améliorer en quoi que ce soit notre existence, bien au contraire . Ils le font avec d'autant moins de complexes que, encouragés par l'idologie du relativisme culturel, ils sont désormais persuadés que leur civilisation vaut largement la nôtre.
15 avril 2009, 14:07   Re : René Girard
Tout juste. Et puis, allez un peu voir les vaticinations d'un Isaac Newton...
15 avril 2009, 15:39   Re : Quelle France
L'attelage formé par les soixantuitards et les fraîchement débarqués en France, sur l'air du "tout-tout-de-suite", de l'"ici et maintenant" et du passage de tous les caprices me semble très pertinent (et non exempt d'images assez comiques.)

Reste que cette question du "tout-tout-de-suite" me parait toujours abordée, ici et ailleurs, sous l'angle moral, comme si, subitement, d'amateurs de lenteur, de labeur et d'efforts qu'ils étaient, les hommes, à partir des années soixante, avaient été séduits par une idéologie tombée du ciel leur soufflant de "jouir sans entraves" et de vivre dans un éternel présent. Je crois pour ma part que c'est l'expérience de l'immédiateté, rendue possible par le progrès technique et les machines domestiques, qui a, et de très loin, précédé tout verbiage idéologique. "Tout-tout-de-suite" commence par le doigt qui appuie sur un interrupteur et fait jaillir la lumière et se termine par ces messages instantanément expédiés aux quatre coins de la planète. N'importe qui - et depuis un demi-siècle au moins - fait l'expérience quotidienne du "tout-tout-de-suite", fut-il le plus traditionaliste des individus. Il me semble alors inévitable - et sans contenu moral - qu'une tournure d'esprit capricieuse, infantile, se soit à ce point répandue.

"Vous ne pouvez avoir le matérialisme à tout crin et le maintien d'une France traditionnelle, il vous faut choisir." écrit de son côté jmarc. Ne faudrait-il pas étendre ce "matérialisme" précisément au "tout-tout-de-suite", non pas du seul point de vue de l'acquisition d'objets et de la satisfaction immédiate de n'importe quel désir, mais aussi du point de vue des gestes les plus ordinaires de la vie quotidienne ? Cette France laborieuse décrite par jmarc, c'est d'abord celle pour qui la vie n'est pas facilitée par les machines domestiques, c'est celle de la lenteur, de l'occasion de méditer en faisant les choses, en coupant son bois, en allumant son feu, par exemple, plutôt qu'en appuyant sur un bouton de radiateur (geste d'ailleurs déjà menacé par l'obsolescence avec ces appareils qui se mettent en route d'eux-mêmes, après programmation.) Comment conserver le sens du labeur dans un tel contexte et ne pas se trouver confronté à un caprice universel ?

Il ne s'agit pas, à mon avis, de condamner moralement le "tout-tout-de-suite" car autant condamner la présence de la plupart des objets qui nous servent. Il s'agit de savoir quoi faire du temps gagné. Se prosterner cinq fois par jour est une hypothèse...
15 avril 2009, 15:43   Colonisation à l'est
En ce qui concerne la colonisation, une chose a pour moi toujours été mystérieuse. C'est le mythe de la supériorité de l'homme blanc.

Entendons-nous : que l'Occident ait été bien plus avancé que l'Afrique au sens large ou les Amériques, c'est une évidence.

En revanche, l'argument "civilisationniste" perd toute sa pertinence en extrême-orient.

Je reviens de Shanghai, et le dépeçage (avorté) de la Chine me paraît relever de la folie. De même, une visite à Tokyo m'a convaincu de l'inanité des jugements portés il y a cent ans à propos du Japon.

Je ne suis en particulier absolument pas convaincu que la civilisation russe de 1900 ait été supérieure à la civilisation japonaise de cette époque (en tout cas, militairement, elle ne l'était pas).

Le point de vue des Orientaux est d'ailleurs intéressant : le "Temple du pays apaisé", qui n'est pas spécialement un lieu voué aux Amis du Désastre, nous dépeint la seconde guerre mondiale comme une guerre anti-colonialiste, sous le nom de "Greater East Asia War".
15 avril 2009, 16:03   Re : Quelle France
Chère Cassandre,

Comme vous, je ne pense pas que dans ce chassé-croisé entre colonisation et contre-colonisation on soit en présence de quelque chose de simple et de rationnel. Il n'y a pas d'échange de bons ou de mauvais procédés entre ces cultures; les ex-colonisés ne nous "rendent pas la monnaie de notre pièce". Ils sont simplement dans un univers où les perceptions sont autres. La mécompréhension de l'autre, de ses motivations, de ses visions, et l'assymétrie des perceptions sont totales. La colonisation occidentale se voulait entreprise d'émancipation, d'élargissement des peuples vers l'universel (l'universel de la science, de la technique, de la médecine, de la lumière devant chasser les ténèbres de l'ignorance et des superstitions, la religion n'étant à peine plus que la dernière ou la première de celles-ci); tandis que le programme du contre-colon est d'enfermer l'autre dans soi - voir ce programme désormais affiché sur les sites islamistes (partisan d'une islamisation de l'Europe) comme Omma.com, etc. On le voit, les démarches sont opposées: les premiers aspiraient naïvement à élever (vers les hauteurs de la civilisation et du progrès) des populations jugées arriérées, pour avancer ensemble vers un mieux universel, et dans une égalité de principe souhaitable et presque envisageable dans le long terme (dont la réalisation par une égalité de statuts était toujours reportée à plus tard tout ne cessant cependant de constituer sinon un but à atteindre, du moins un principe louable); les seconds veulent de façon centripète nous convertir à eux, nous arrêter, nous stopper dans le point d'aboutissement suprême qu'ils ont défini et qui est pleinement actuel et existant (soit un Etat de droit islamique comme peut l'être, par exemple l'Etat Libyen) et une finitude, un achèvement de l'Histoire qui se caractérise par le contraire de l'égalité de statut - la dhimmitude. Il n'y a donc pas symétrie ou jeu de miroir entre colonisation et contre-colonisation. Les attitudes de recherche du passe-droit comme bien suprême, l'obsession du passe-droit sont des phénomènes qui s'expliquent par une contamination croisée, si je puis dire entre les deux démarches: les ex-colonisés ayant projeté sur le Blanc de la colonisation le statut familier du dominant ethnique tel qu'il existe depuis des siècles en Afrique - cependant que le colon blanc la plupart du temps ne se percevait pas nécessairement ainsi - les passe-droit dont ils voyaient le Blanc jouir sur le continent noir ont fait l'objet d'une interprétation ethnicisée semi-consciente - ou parfois sottement proclamée - de sa part, laquelle exige dans le cadre de la contre-colonisation sa réparation symétrique par le truchement d'une ethnicisation artificielle des rapports sociaux dans la France d'aujourd'hui. La prétendue islamophobie, dans ce cadre de pensée, le prétendu racisme, doivent être non seulement combattus, mais réparés, dédommagés, compensés par l'octroi de passe-droits (discrimination positive au faciès).

C'est ce phénomène qui m'a amené à écrire en amont de ce fil que revendication de passe-droit et irracisme vindicatif fonctionnent comme les deux pistons d'un moteur à deux temps: les sociétés africaines traditionnelles, à clivages ethniques forts, font du passe-droit le bien suprême, les prérogatives du colon ayant été perçues ainsi par le colonisé, le voilà qui, étant retombé dans des sociétés post-coloniales immobilisées par la règle immémoriale du passe-droit et de la corruption, n'y trouvant pas d'issue, entreprend sa contre-colonisation en allant ethniciser les sociétés occidentales où la revendication du passe-droit (le premier de tous étant précisément l'octroi sans contrepartie de papiers aux sans-papiers) se fonde, se justifie dans et par cette ethnicisation (africanisation) artificielle et constitue une recette qui paye grâce à la bêtise ignorante des indigènes européens totalement neufs et innocents au jeu du passe-droit ethnique. Sitôt que l'on a clamé qu'il y a racisme, la demande de passe-droit/réparation se trouve logiquement fondée. L'irracisme entraîne le passe-droit qui exacerbe les clivages ethniques, lesquels enflamment l'irracisme et relancent la réclamation de réparations/passe-droit. Le rôle de la Halde étant d'assurer la courroie de transmission de ce moteur à deux temps de la contre-colonisation.

On retiendra que le contre-colonisateur, usant de moyens et d'objectifs constitués dans son pays (la valorisation du passe-droit à l'africaine étant au coeur du dispositif mental de son action), ne prend nullement sa revanche sur le colonisateur blanc de jadis, mais bien plutôt sur les dominants de son pays, qui ne lui ont lâché aucun passe-droit, aucune occasion de valoriser son existence. Il prend sa revanche contre ses oppresseurs africains en quelque sorte en se payant sur un tiers: l'indigène européen; et son invocation de la colonisation européenne de l'Afrique est fausse et hypocrite; elle n'est qu'un écran de fumée, un élément du dispositif d'extorsion de passe-droits européens en tant que substituts des passe-droits africains qui lui sont refusés.
Utilisateur anonyme
15 avril 2009, 16:03   Re : Quelle France
Cher Rogemi j'ai comme la désagréable impression de ne plus rien comprendre à la pensée de René Girard...
15 avril 2009, 16:43   Re : Colonisation à l'est
Bien cher Jmarc,

Si vous vous intéressez à ce qui est arrivé à Shanghaï pendant la Guerre, je vous recommande la lecture de Empire of the Sun et The Kindness of Women, deux romans autobiographiques de J.G. Ballard qui se font suite. Ballard est né et a grandi à Shanghaï jusqu'au déclenchement des hostilités avec le Japon; il fut interné dans un camp de concentration japonais pour civils occidentaux pendant près de deux ans. Ces récits sont absolument fascinants. Ils vous donneront un aperçu de petite société des Occidentaux de la ville à cette époque, très fortement divisée entre nations, à travers le prisme de la vie au camp.

Qu'est devenu le vieil Hôtel de la Paix ? Toujours debout ?
15 avril 2009, 17:09   Shanghai
Bien cher Francis,

J'ai lu le premier, ainsi que les ouvrages suivants :

The Rise and Fall of a Decadent City 1842-1949

In the Shadow of the Rising Sun: Shanghai under Japanese Occupation

The Soong Sisters

J'ai par ailleurs été très surpris, lors de ma visite au musée-maison de Sun-Yat-Sen, de voir son amitié avec de nombreux Japonais mise en valeur. Figurait notamment une photo de Soong Ching Ling au soir de la vie de celle-ci, prise avec leurs descendants.

Il est d'ailleurs dommage que l'histoire des soeurs Soong ne soit pas mieux connue en France. Vous êtes sans doute familier de la formule "Ai Ling loved money, May Ling loved power and Ching Ling loved China".
15 avril 2009, 18:01   Re : Shanghai
Citation
En revanche, l'argument "civilisationniste" perd toute sa pertinence en extrême-orient.

Sans vouloir déplaire à Francis et à Jmarc il faudrait peut-être relire le Lotus et le Robot d'Arthur Koestler pour se replonger dans sa critique acerbe de l'Inde et du Japon.

Je vous rappelle que la Chine s'est vautrée dans le marxisme, une idéologie on ne peut plus occidentale et qu'elle rejeté sans la moindre vergogne les friperies de sa vieille civilisation.

La maniére goulue avec laquelle les peuples d'extrème-orient s'approprient des pans entiers de la civilisation occidentale est étonnante.

L'inverse n'a pas eu lieu, pourquoi ?
15 avril 2009, 18:09   Re : Shanghai
Citation
Cher Rogemi j'ai comme la désagréable impression de ne plus rien comprendre à la pensée de René Girard...

Girard est un auteur difficile d'accès et Francis a eu raison de critiquer la facon cavalière avec laquelle j'ai évoqué une de ses positions anthropologiques.

Si vous n'avez pas encore lu "Quand les chose commenceront" et le suivant "Je vois Satan tomber comme l'éclair" faites le car vous serez ébahi par la profondeur de sa pensée qui ne s'arrête pas à la théorie mimétique.
Bien cher Rogemi,

Le pays que j'estime le plus civilisé et cultivé d'Europe, c'est à dire l'Allemagne, s'est, pour sa partie orientale, successivement vautré dans le nazisme et dans le marxisme. Cela relativise un peu les comportements chinois.

Par ailleurs, je faisais référence à la situation de la période 1860/1905 : pour la presse occidentale et les milieux colonialistes de l'époque, le Japon était le pays des "petits hommes jaunes", avec un certain nombre de clichés afférents. Le 27 mai 1905, l'amiral Togo prouva à Tsushima que la supériorité occidentale n'était pas totale sur mer.
Le pays que j'estime le plus civilisé et cultivé d'Europe, c'est à dire l'Allemagne, s'est, pour sa partie orientale, successivement vautré dans le nazisme et dans le marxisme.

Oui, enfin, pour le marxisme, dites plutôt, cher jmarc, qu'« on » l'y a vautré !
15 avril 2009, 19:27   Eileen Chang
Oui, je connais cette formule sur les soeur Soong. Je ne l'avais pas entendue depuis longtemps. Je m'étonne que vous la connaissiez "déjà". Tous les Chinois ne la connaissent pas. Votre capacité d'assimilation d'une culture qui vous est si étrangère est remarquable; elle force l'admiration.

Quand le livre "The Soong Dynasty" de Sterling Seagrave parut à Hong Kong, dans le début des années 80, son auteur, pourtant américain, dut déménager sans laisser d'adresse, de crainte des représailles, pouvant venir des deux côtés du détroit de Taïwan. C'était l'époque où le journaliste Henry Liu fut "liquidé" par les services secrets. Ce livre pourtant écrit très tardivement, restitue la saga des soeurs Soong avec une acuité telle qu'il secoua certaines idées reçus chez tous le monde (les diaspora chinoises tout autant que les occidentaux encore maître des lieux à Hong Kong et Macao). Il marqua un tournant dans les consciences.

Un autre ouvrage sur Shanghaï, autre roman autobiographique que je vous recommande vivement, écrit en anglais par une dame chinoise de Shanghaï déjà âgée, et qui refait la chronique de la Révolution culturelle dans cette ville: Life and Death in Shanghai, par Nien Cheng. Je le tiens pour un des ouvrages les plus éclairants sur la Chine moderne et la dernière de ses grandes révolutions.

Ah pardon, une autre écrivain chinoise, que je tiens pour le meilleur de tous, elle aussi de Shanghai: Eileen Chang, qui écrivait dans une langue chinoise superbe, classique, très féminine, et toujours avec une délicieuse pointe d'humour, dans les années 50 et 60. Tout ce que vous pourrez trouver d'elle (en anglais et en français) est à lire; certaines de ses oeuvres - notamment une de ses nouvelles ayant pour théâtre la chute de Hong Kong lors de l'offensive japonaise - ont été adaptées au cinéma. Mais mon roman préféré a pour titre anglais "The Rice-Sprout Song" qui se situe pendant une des première campagnes de rectification maoïste, en 1951 et où tout ce qui devait s'appeler plus tard la Révolution Culturelle est préfiguré, décrit, analysé. Ce roman est une réussite totale. If fut écrit par Eileen directement en anglais. Eileen est morte en solitaire, il y a quelques années (en 1995, à Westwood en Californie), où elle vivait coupée du monde. On n'a découvert sa dépouille que plusieurs jours après sa mort. Ceux qui se sont penchés sur cette oeuvre le savent: Eileen Chang était l'un des plus grands écrivains chinois du XXe siècle, pour moi le plus original, talentueux, lucide et visionnaire sur son temps.

Eileen Chang

Rectificatif: 《秧歌》 (The Rice Sprout Song) fut d'abord écrit en chinois avant que l'auteur elle-même n'en produise une version anglaise.
15 avril 2009, 19:28   Chine et Japon
Bien cher Rogemi,


Ne prenez pas en mauvaise part ce que j'ai écrit supra.

Jusqu'à l'âge de quarante-cinq ans, j'avais, malgré des voyages, une image assez conformiste de l'Asie.

En creusant la question, je me suis aperçu que c'était en fait un monde d'une autre logique, d'une extrême subtilité.

Je prends l'exemple des idéogrammes : pendant des décennies, j'y ai vu une sorte d'hiéroglyphes ou de rébus, sans plus. Je ne me suis rendu compte qu'ensuite du génie de ce système. Par exemple, je n'ai découvert qu'il y a cinq ans l'usage des idéogrammes en coréen et en japonais.

Dans ces conditions, ayant vu des peintures chinoises ou japonaises, lu des textes de ces pays, je ne comprend pas que des gens intelligents n'aient pas considéré qu'ils étaient différents mais non inférieurs.
15 avril 2009, 19:36   Idéogramme
Francis me contredira sans peine, mais voici un exemple de simple amateur.

Par exemple, Shang Hai veut dire à peu près "au-dessus de la mer", avec l'idée que c'est en amont et point trop loin (déjà une difficulté de traduction !).

Le second caractère (qui est le même en kanji japonais) signifie "mer". Quand vous le regardez, vous voyez qu'à gauche il y a la racine "eau", puis à droite deux autres sous-caractères qui finissent par évoquer la totalité et l'origine (je m'exprime mal...).

Cela veut dire qu'un chinois ou un japonais, qui ne saurait pas ce que ce caractère signifie dans sa totalité, pourra en deviner le sens car il y aura un arapport avec l'eau.

Dans nos langues occidentales, "mer" n'a aucun rapport avec "eau".
15 avril 2009, 19:43   Re : Idéogramme
Ah, il y aurait bien le langage analytique de John Wilkins, dont parle Borges ; mais je crains que nous autres occidentaux préférions qu'il y ait un saut, justement, entre les mots qui tournent autour d'une même réalité.
15 avril 2009, 19:44   Livres
Bien cher Francis,

Les deux ouvrages viennent d'être commandés à Amazon à l'instant même, pour USD 45.90 !
15 avril 2009, 19:46   Re : Idéogramme
Un des opus d'Eileen Chang est la traduction en mandarin d'une chronique en langue Wu (qui est la langue du pays de Shanghaï, franchement incompréhensible à qui vient de Pékin ou de Canton - Wu était le nom d'un royaume antique de cette région). Eileen intitula ce recueil (où les belles de Shanghaï figurent en bonne place) : Hai Shang Hua, soit 海上花. Voyez-vous le jeu de mot ? Littéralement, ces trois mots signifient "fleurs flottant sur la mer", ce qui est déjà suffisamment évocateur en soi, mais il se trouve que les deux premiers mots inversent le nom de Shanghaï, qui se lit désormais comme reflété dans un miroir qui serait..... précisément un plan d'eau ! Ce qui signale d'emblée au lecteur trois choses: nous sommes à Shanghaï, mais nous sommes sur le "monde flottant" (qui connote celui des lieux de plaisir) et parmi les fleurs, et ce monde est en lui-même un peu "l'envers de l'histoire contemporaine" puisqu'il s'écrit à l'envers.
Utilisateur anonyme
15 avril 2009, 19:48   Re : Idéogramme
Moi je viens de le commander chez Alapage pour seulement 15 euros port compris ! J'espère que ça vaut le coup, sinon...
15 avril 2009, 19:49   Exemple remarquable
Bien cher Francis,


Ce petit titre illustre exactement mon idée mal formulée : cette langue écrite remarquable des idéogrammes aurait sûrement plu au Maître de Plieux, par tous les passages qu'on peut y trouver...
15 avril 2009, 19:56   Re : Idéogramme
Ah mon dieu mais lequel ? J'en ai mentionné au moins trois ...
15 avril 2009, 20:01   Re : Idéogramme
Claudel dans "Idéogrammes en Occident" révèle une bonne part de ce à quoi nous sommes aveugles chez nous. Le petit exemple que représente le nom "Hai Shang Hua" a son équivalent chez nous dans bien des choses. Le mot français cygne en est un, que Claudel rendit fameux, regardez-le bien, ne voyez-vous dans l'y le cou du volatile reflété vers le bas dans l'eau du lac, et son brechet dans le c, et sa queue dans l'e final ?
Utilisateur anonyme
15 avril 2009, 20:06   Re : Idéogramme
15 avril 2009, 20:09   Grand Nombre
Au Grand Monde (qui est d'ailleurs en réfection, je me suis empressé de lui rendre hommage à Shanghai) succèdent les Grands Nombres (de passages).

J'en vois un quatrième : "Fleurs de Shanghai", qui est d'ailleurs le titre du film.

J'en vois un cinquième : dans mon esprit, cet idéogramme (hua) peut être associé à la dépense futile, et donc au fait que nous avons quatre poivrots...

Un sixième : "flower house" n'est-il pas une autre appellation du bordel ?

A partir d'un simple titre, que vous avez associé tout de suite à Shanghai, on trouve une infinité de résonances, d'images...
15 avril 2009, 20:09   Claudel
J'ignorais ce titre...
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter