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Dur métier ...

Envoyé par Philippe Versini 
09 mai 2009, 06:20   Dur métier ...
"Ici, tout est une lutte"
LE MONDE | 08.05.09 | 14h55 • Mis à jour le 08.05.09 | 14h55
Le collège Jean-Perrin, situé non loin de la porte de Montreuil, dans le 20e arrondissement parisien, compte environ 400 élèves. Un établissement de taille modeste, ce qui devrait faciliter un fonctionnement serein. Mais voilà : plus rien n'est facile à Jean-Perrin. Pourtant, le collège ne présente aucun trait caractéristique des établissements défaillants. Il est dirigé par une principale appréciée et aucun problème n'est signalé du côté de l'équipe éducative. Mais les conseils de discipline s'y multiplient. Peut-on les éviter ? Ce serait nier la notion même de sanction. Alors, leur succession rythme l'année.

Le premier conseil, début octobre 2008, était motivé par des vols commis par un élève de 3e dans les vestiaires de sport. Un problème administratif est à l'origine du deuxième. Le troisième avait pour objet une tentative d'agression d'un autre élève de 3e, empêché par des témoins d'asséner un coup de chaise à un camarade. Le quatrième était lié à une agression physique sur une enseignante de français : un élève de 5e l'avait coincée contre le tableau, avant de lui jeter des craies à la figure.

Les cinquième et sixième conseils, à l'approche de Noël, étaient dus à une intrusion. Pour comprendre cette affaire, il faut savoir que Jean-Perrin compte deux conseillers principaux d'éducation (CPE), un homme et une femme. "La" CPE, voyant pénétrer dans l'établissement un élève exclu pour plusieurs jours, lui demande de sortir. L'élève refuse, la prend à partie et tente de lui donner un coup de poing, stoppé in extremis par "le" CPE. L'élève se retourne alors contre celui-ci, le bouscule puis le fait tomber en arrière en le saisissant par les cuisses. Un autre élève a répondu du fait d'avoir, lors du même incident, asséné des coups puis tenté d'étrangler un surveillant qui venait secourir le CPE.

Janvier commence avec un septième conseil, pour "menaces proférées par un élève à l'encontre de plusieurs adultes", dont la CPE, qui a porté plainte pour être protégée. Juste avant les vacances de février, deux élèves tentent de la pousser dans l'escalier, motivant les huitième et neuvième conseils de discipline, le 5 mars.

Enfin, le 20 mars, c'était le douzième conseil de discipline de l'année au collège Jean-Perrin. Le motif de comparution de l'élève ? Avoir frappé "délibérément" une jeune camarade avec une chaise et lui avoir cassé le bras. Outre cette affaire, deux autres élèves comparaissaient. L'un pour "manquements répétés au règlement intérieur et refus systématique de l'autorité des adultes", l'autre pour les mêmes motifs, ainsi que des "menaces et intimidations à l'encontre d'un professeur".

Combien d'exclusions définitives, au total ? Les délibérations sont secrètes. Mais chacun sait que les auteurs de violences graves n'y échappent généralement pas.

C'est dans ce contexte que, le 3 février, quand le collège est informé de sa dotation en heures d'enseignement pour la rentrée 2009, l'équipe se rebelle. "Avec une prévision de perte de 36 élèves, on nous retirait 38 heures de professeur par semaine, ce qui équivaut à la suppression d'une classe", expliquent Frédérique Bezançon et Jerôme Ferec, deux trentenaires professeurs d'histoire géographie et de sciences de la vie et de la terre (SVT), syndiqués au SNES. L'équipe dépose alors un préavis de grève pour le 3 mars et revendique un classement du collège en éducation prioritaire, "catégorie 5", un critère parisien indiquant un niveau maximal de difficulté en fonction de la composition sociale de l'effectif. Ce classement permettrait d'avoir davantage de professeurs et de surveillants pour encadrer les élèves.

La grève du 3 mars est suivie "à 100 %", rapporte Frédérique Bezançon. Le 5, une délégation de professeurs et de parents est reçue au rectorat par le responsable du second degré. "Il nous a dit qu'on avait déjà beaucoup de moyens pour un petit établissement et qu'une refonte des critères de classement à Paris était prévue pour 2010", résument les enseignants. Leur interlocuteur leur promet néanmoins que les difficultés seront prises à leur "juste mesure"... pour la rentrée 2010.

Jean-Perrin est un collège aux multiples projets pédagogiques. On y étudie le latin et le grec ancien, et l'équipe "se démène", assure Jérôme Ferec. Pour expliquer cette dégradation, il souligne la disparition progressive de la mixité sociale. D'abord à cause d'une modification du secteur de recrutement du collège, intervenue il y a sept ans, et maintenant dans le cadre de la suppression de la carte scolaire, "parce que les dérogations se multiplient". C'est à ce dernier facteur qu'il attribue la différence entre les classes de 3e, où "subsiste encore un petit mélange", et cette 6e qui lui fait passer " sa pire heure dans la semaine". Selon Frédérique Bezançon, "une majorité d'élèves semble hors d'atteinte, hors d'état de comprendre ce que nous disons. Ils sont tout le temps dans le hurlement, le rapport de force, la recherche de la domination"...

Ce constat est confirmé par d'autres membres de l'équipe. Sur les six établissements qu'a connus Chloé, professeure d'anglais, "c'est de loin le plus dur". Clarisse, professeure de français, a connu cinq établissements. Et sa conclusion est la même : "Une heure de cours et t'es mort ! Tout est une lutte. Le silence, c'est une lutte. Le travail, c'est une lutte. Faire sortir une feuille, c'est une lutte."

Luc Cédelle
09 mai 2009, 06:38   Re : Dur métier ...
"Pourtant, le collège ne présente aucun trait caractéristique des établissements défaillants."

Allo ? Oui, bonjour, c'est pour un décryptage, j'ai une phrase, là, dans un article, je comprends pas bien, pourriez m'envoyer un décrypteur ?
Oui, bonjour, désolé, Monsieur, nous n'avons que des décrypteures.
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