Le site du parti de l'In-nocence

Oui, nous avons besoin de la Turquie en Europe !

Envoyé par Pierre-Marie Dangle 
01 juin 2009, 19:58   Oui, nous avons besoin
Nous autres, Européens, sommes devenus des gens qui ont besoin et qui l'avouent, besoin des autres, besoin des Turcs, besoin des Chinois, besoin de diversité, besoin de cellules psychologiques, besoin de travail, besoin de loisirs, besoin des jeunes, besoin des vieux, besoin de nature, besoin d'équipements, besoin de sécurité, besoin de liberté, besoin, besoin, besoin, besoingneux.
Moscovici est très fort dans le bla, bla, bla...
01 juin 2009, 22:51   Cherchez l'intrus
besoin des autres, besoin des Turcs, besoin des Chinois, besoin de diversité, besoin de cellules psychologiques, besoin de travail, besoin de loisirs, besoin des jeunes, besoin des vieux, besoin de nature, besoin d'équipements, besoin de sécurité, besoin de liberté
Mais plus aucun désir vrai.
Utilisateur anonyme
02 juin 2009, 10:32   Re : Oui, nous avons besoin de la Turquie en Europe !
Merci pour cet article. Je l'avais vu sur le site du Monde mais le titre m'avait découragé : j'avais peur de relire les mêmes inepties resservies à chaque fois dans ce débat. Je n'avais pas tort mais l'article est intéressant car c'est une bonne synthèse. Il rassemble à peu près tous les (mauvais) arguments des défenseurs de l'entrée de la Turquie dans l'Europe, avec beaucoup de démagogie et de mauvaise foi. C'est même une prouesse de la part des auteurs : tous leurs arguments sont faux ou contestables. Au risque d'être un peu pédant, je ne peux m'empêcher d'en relever quelques uns :

"la vocation européenne (de la Turquie) n'a cessé d'être répétée depuis 1963"
Comme si affirmer et "répéter" une vocation à entrer dans l'Europe justifiait quoi que ce soit.

Elle serait "rejetée dans les profondeurs de l'Asie" (ou encore "vers le fin fond des steppes asiatiques")
Faut-il comprendre qu'un refus propulserait dans l'espace la Turquie, pays d'Asie Mineure et du Proche Orient, jusque dans "les profondeurs de l'Asie" ? Mais alors, où se trouvent la Norvège et l'Islande, toutes deux non membres de l'UE ?

"Faut-il pour autant (...) Se forcer à être myope pour que le regard s'arrête sur une ligne imaginaire séparant en un point précis"
Quel serait l'intérêt, pour un Etat, d'intégrer une Europe "sans ligne imaginaire séparant en un point précis", c'est à dire, selon ces brillants spécialistes de géopolitique, sans frontière ?

"il faut être un Américain ignorant comme Barack Obama pour promouvoir un plan aussi aberrant"
Bush, que les auteurs du texte doivent certainement admirer comme Obama, défendait déjà l'entrée de la Turquie dans l'Union. Et puis la référence obligée à Obama devient vraiment insupportable. C'est devenu un blanc-seing.

"la Turquie est culturellement étrangère à l'Europe"
Tous les exemples donné par les auteurs pour prouver le contraire sont tirés de l'Antiquité grecque et romaine, antérieure, donc, aux invasions turcs et à l'Islam.

"La Turquie, seul Etat laïque au monde à majorité musulmane, n'est-elle pas un contre-exemple qu'il conviendrait de promouvoir au lieu de le rejeter"
Comme s'il fallait intégrer tout Etat dont on voudrait "promouvoir" l'exemple. Cet argument des défenseurs de l'entrée de la Turquie dans l'Union, l'un des plus courants, relève du chantage.
Ce relevé des arguments est très éclairant, Guillaume.
Il en est un, cependant, qui ne figure pas dans cette liste : c'est celui qui consiste à dire : "Pourquoi n'accorderiez-vous pas à la Turquie le droit d'entrer dans l'Union Européenne ?" A cela, Pierre Manent, dans La raison des nations, répond :

"[...] que les démocraties européennes soient tenues de respecter leurs citoyens musulmans en respectant scrupuleusement leurs droits - leurs droits de citoyens - ne signifie nullement qu'elles soient tenues d'accorder à une nation musulmane le "droit" de venir faire partie de leur communauté de nations. Il n'est pas question ici ni de "droits" ni de "droit" ! Par quelle étrange confusion de pensée dirait-on que la Turquie, ou d'ailleurs n'importe quel autre pays, "a le droit" d'entrer dans les conseils européens ? Peut-être est-ce souhaitable pour telle ou telle raison, mais ce ne saurait être la matière d'un droit. Les droits égaux et la justice égale n'ont de sens, et d'ailleurs ne sont possibles, qu'entre les citoyens d'une communauté déjà existante et organisée selon un régime démocratique."

Pierre Manent, La raison des nations, pp. 64-65.
Oui, cher Guillaume, une synthèse de mauvais arguments ; ses auteurs sont d'ailleurs si contents du second que vous relevez qu'ils nous le servent deux fois :
"rejetée dans les profondeurs de l'Asie"
"rejeter la Turquie vers le fin fond des steppes asiatiques "
(Nos amis n'aiment guère les profondeurs.)

Ils n'ont d'ailleurs pas peur du ridicule, puisqu'ils n'hésitent pas à lancer une audacieuse comparaison :
"Les Turcs sont venus de loin. Comme nos ancêtres celtes."
(Hein ? qu'en dites-vous, de celle-là ? Au moins font-ils preuve ici d'originalité...)

Et ils n'oublient pas non plus, bien sûr, de saupoudrer le tout d'une bonne dose de cet ingrédient sans lequel on ne peut parfaitement disqualifier un adversaire, dans ce système de pensée, à savoir la peur, bien sûr :
"un simplisme qui fait la part belle à des peurs irraisonnées"
"enfermés dans une angoisse obsidionale"...
Et "l'humiliation" que constituerait pour la Turquie la perspective de rester à jamais en dehors de L'Union européenne !
Utilisateur anonyme
02 juin 2009, 12:17   Re : Oui, nous avons besoin de la Turquie en Europe !
Ce chantage à l’humiliation et à l’extrémisme qui en résulterait – chose probable, il est vrai - est insupportable. L’argument est connu : la Turquie a consenti à de nombreux efforts de démocratisation pour se conformer aux « standards » de l’Union, et un refus serait donc dramatique. Il donnerait aux Turcs le sentiment de s’être sacrifiés pour rien…

Mais imaginons un instant le cas contraire : la Turquie entre dans l’Union. Elle devra alors redoubler d’efforts pour transposer les innombrables normes communautaires, très différentes voire parfaitement contraires à la culture politique et aux mœurs du pays. Les Turcs auront l’impression d’être occidentalisés, contraints - « dominés » diront certains. Ce qui ne devrait pas franchement contribuer à calmer les extrémistes. Mais j’entends déjà les justifications anticolonialistes, deuxième étape de l'intégration de la Turquie : l’Occident essaie d’imposer sa culture et sa vision du monde par le biais des normes communautaires et des droits de l’homme ; l’Europe, pour ne pas être raciste, doit être rééquilibrée au profit d’autres cultures, etc.

C’est un cercle vicieux.
J'entendais l'autre soir, je ne sais plus à quelle émission, un intellectuel camerounais qui souhaitait une "recolonisation", car la démocratie était absente les régimes dictatoriaux dominants qui s'approprient les richesses existantes ainsi que les aides apportées au profit de leur clan. Il critiquait les frontières imposées après la colonisation disant qu'elles ne correspondaient à aucune véritable nation et que l'Afrique devrait pour bien fonctionner ne constituer qu'une seule nation. Poursuivant sur sa lancée, il critiquait cette mesquinerie constituée par les nations comme en Europe. Se sentant citoyen du monde démocratique, la solution serait selon lui que les anciennes puissances colonisatrices envoient de nouveaux colons pour y établir la démocratie, et que les habitants des pays d'Afrique en contre-partie viennent comme ils le souhaitent librement dans les pays d'Europe afin de vivre en démocratie. Poussant l'argumentaire encore plus loin, il indiquait qu' un très grand nombre d'Africains regrettent de n'avoir pas connu l'apartheid et souhaitent vivement qu'on puisse l'établir chez eux, car une fois qu'ils s'en seront débarrassés, la voie sera ouverte à la démocratie. L'idée d'être citoyen du monde avant tout est une véritable plaie dans les discussions. Comment ne pas passer pour un rabat-joie losqu'on critique une aussi noble et heureuse perspective et surtout si simple. C'était un débat et personne ne s'est d'ailleurs essayé à le contredire...
"rejeter la Turquie vers le fin fond des steppes asiatiques "

C'est aimable pour les habitants de ces contrées, les Turkmènes peut-être, à moins que les rédacteurs n'imaginent ce "fin fond" encore peuplé de Huns faisant cuire leur steak sous la selle de leur cheval, comme on nous l'apprenait à l'école primaire à notre grand émerveillement ?

Ce "fin fond des steppes asiatiques" sent un mépris, au bas mot, d'avant-guerre. Qu'y aurait-il eu pourtant d'extraordinaire à ce que la Turquie se rapproche beaucoup plus activement qu'elle n'a fait des anciennes républiques soviétiques musulmanes devenues indépendantes et qui sont bien souvent turcophones ?
Utilisateur anonyme
04 juin 2009, 11:16   Re : Et le Turkmenistan a besoin de qui ?
Alain Juppé - Michel Rocard : l'UE face à la Turquie.

Rocard croit-il vraiment ce qu'il dit ?

Et Juppé de même ?
Oui, ils y croient. Le débat n'est plus entre l'Europe confédérale ou fédérale, c'est-à-dire entre une Europe des nations ou une nation Européenne, mais entre l'unification européenne et une construction à vocation universaliste : « il ne s’agit plus de construire une nation européenne mais de contribuer à rapprocher les peuples. (...) Je pense que c’est justement parce que la Turquie est musulmane, et non en dépit de sa religion, que nous avons intérêt à ce qu’elle intègre l’Union européenne. L’Europe sera dès lors l’exemple du dialogue pacifié entre la civilisation judéo-chrétienne et l’islam. Et la même logique pourra s’appliquer à l’élargissement à tout le pourtour méditerranéen, voire au-delà. Quelle contribution extraordinaire à l’avenir du monde ! » écrit Michel Rocard.
Duo de tarés !
Utopistes vénéneux ! Abandonnistes de rase campagne !
Utilisateur anonyme
04 juin 2009, 16:19   Re : Oui, nous avons besoin de la Turquie en Europe !
Michel Rocard justifie l'entrée de la Turquie par l'abandon du projet fédéraliste. Or, si l'Europe fédérale n'existe pas en effet, il oublie un peu vite les pouvoirs dont disposent la Commission et le Parlement. Contrairement à ce qu'il sous-entend, la Turquie dans l'Union Européenne, par la voix de son gouvernement et de ses élus au Parlement, disposerait d'une véritable capacité d'action sur les normes communautaires qui, faut-il le rappeler, priment sur les normes nationales.

Quant à Alain Juppé, il n'est pas mieux, en particulier quand il affirme qu'il ne faut pas refuser la Turquie dans l'Union pour des raisons culturelles et "civilisationelles", alors que c'est le cœur du problème. D’ailleurs, l'Economie, qu’il invoque pour justifier son opposition, est un faux argument, facilement contestable : de ce point de vue, la Turquie est déjà très intégrée et certains pays qui ont rejoint l'Union n'étaient pas mieux lotis. Avec cette argumentation, il tend la perche aux promoteurs de la Turquie dans l'Union.

Je remarque que, comme les auteurs de la tribune du Monde, il ne cite que des exemples tirés de l'Asie mineure antique et/ou chrétienne pour démontrer que de nombreux liens culturels existent entre l'Europe et la Turquie. Mais en utilisant de tels exemples, il démontre exactement le contraire de ce qu'il affirme. D’ailleurs, l’Europe a laissé des traces de sa civilisation sur tous les continents ; le monde n’en est pas européen pour autant.

Mais le fin mot est prononcé par Michel Rocard, qui dans un moment de lucidité avoue : "l'adhésion turque familiariserait l'Europe à la présence de l'Islam". Tout est dit.
Mais enfin de quel droit ces gens se permettent-ils de jouer à l'apprenti sorcier avec les peuples et les nations ? Depuis quand l'Europe aurait-elle vocation à servir de cobaye pour donner l'exemple d'une coexistence pacifiéee avec l'islam, alors que jamais et nulle part au monde cette coexistence pacifiée n'a existé ? Puisqu'en général le meilleur ne pose aucun problème, gouverner n'est-il pas prévoir ... le pire ? Même s'il n'y avait qu'une chance sur dix que la Turquie dans l'UE se révèle un désastre, comment peut-on risquer un tel pari quand on se prétend un homme politique responsable , d'autant que cette sorte de désastre serait à peu près irréversible ? Tout ceci implique un tel mépris des peuples dont ni l'opinion ni les souffrances éventuelles ne sont envisagées que le mot de démocratie appliquée à notre pays (et à d'autres) ne témoigne plus que d'une gigantesque imposture.
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter