Sujet apéritif

Lesquels font preuve de plus de bravoure, de ceux qui embarquaient avec Christophe Colomb ou de ceux qui montent dans un engin spatial direction la planète Mars ?

Ceux qui embarquent avec Renaud Camus sur son Oeuvre ?

La conscience du danger n'est pas la même. Plus forte aujourd'hui, elle ne m'empêcherait pas de trouver la technique spatiale plus fiable; mais je n'ai l'expérience, ni de l'une ni de l'autre aventure.

Euh, vous êtes un tout petit peu en avance, là, cher Orimont... Vous pouvez employer le futur pour la seconde partie de votre alternative, et pour quelque temps encore !
Et puis, pourquoi vouloir hiérarchiser les bravitudes ?

"Et puis, pourquoi vouloir hiérarchiser les bravitudes ?"

Mais c'est écrit dans le titre, cher Francmoineau : c'est un sujet d'apéro !

Je pencherai pour accorder plus de bravoure aux navigateurs qu'aux spationautes pour la raison que n'importe qui pouvait se poser la question d'embarquer sur un navire et, par conséquent, ceux qui partaient bravaient l'inconnu de leur propre initiative, en connaissance de cause ou sur un coup de tête, tandis que les spationautes sont sélectionnés, entraînés, tout ce qu'il y a de plus coachés. Ils sont peut-être plus courageux, mais moins braves.

Les navigateurs étaient braves mais aussi intéressés par les richesses qu'ils pensaient découvrir, ce qui atténue un peu leur bravoure.

Oh mais ! ça se complique ! (et les variantes ne sont même pas encore servies !) Alors comme ça l'appât du gain nuirait à la bravoure ? La bravoure n'irait pas sans la gratuité ? hum... Ce serait pas plutôt la bravade, ça ?

(Et les spationautes, par quoi sont-ils intéressés ? Quel est le salaire d'un spationaute, à propos ?)

L'appât du gain peut faire perdre de la lucidité sur le danger, et diminue d'autant le mérite d'aller à sa rencontre.

Bon, puisqu'on en est au troisième Pastis, je vous dirai tout de go que je n'aime pas beaucoup le terme spationaute, cher Orimont : son étymologie gréco-latine bancale ne plaide pas en sa faveur ; de plus, il a été forgé dans un esprit revanchard un peu mesquin. Je lui préfère celui de cosmonaute, qui est bien plus évocateur, voire poétique, à mes yeux, et qui a pour lui une antériorité certaine ; ou, à la rigueur, celui d'astronaute, qui serait d'ailleurs plus approprié ici puisqu'il s'agit de se rendre sur Mars. Mais je m'éloigne de votre questionnement initial et vous prie de m'en excuser. Je reprendrai volontiers un doigt de Porto.

Je me demande si les plus courageux ne sont pas ceux qui restent sur Terre, mettez-moi encore un verre !

Pas de mélanges, Fancmoineau ! Je crains le pire à votre prochaine intervention.

Exactement comme l'appât du gin, chère Ostianto ! Heu, où est-il donc ?
(Je voulais dire Os-ti-na-to, naturellement)

A la vôtre !

Merci ! Qui a dit que le premier musulman avait été envoyé dans l'espace ?
Il faut fêter ça !

J'aurais bien parlé de cosmonaute moi aussi, pour ainsi dire instinctivement, mais une velléité de... de quoi ? Je ne sais pas si on note tout, là.

Enfin, pour en revenir à nos braves, d'Ostinato on entend : "L'appât du gain peut faire perdre de la lucidité sur le danger, et diminue d'autant le mérite d'aller à sa rencontre." L'appât du gain créerait son ivresse ? Ah oui, ça se défend. L'oncle Picsou, les yeux remplacés par des pièces d'or, se jetant dans la caverne pour s'emparer d'un coffre sans voir l'ours qui dort à côté, retenu in extremis par Mickey, le qui va imaginer un plan et prendre les risques de son exécution, le voilà le vrai brave et, en plus, il ne va même pas garder le magot !

Obi Wan, vous êtes le picon bière du zinc !

Merci pour le compliment, Orimont, je n'ai pourtant jamais piloté, je vous jure !

C'est bien le premier sujet à propos duquel je trouve que les intervenants manquent terriblement de rigueur, de précision et pour tout dire de culture. Je me vois dans l'obligation de rappeler que les connaisseurs ajoutent au picon bière une tombée de kirch et quelques gouttes de citron. J'ai moi-même réalisé de grandes choses avec ce breuvage et il ne faut pas chercher ailleurs la source de la bravoure de mon cousin, Jacques Cartier.

On y a droit, dans la capsule ?

On a droit à quoi Orimont, dans la capsule ? Vous ne suggérez tout de même pas que les spationautes en route pour Mars seraient entubés au picon-bière dans leur combinaison, avec des poches de ce breuvage disposées sous le capitonnage d'amiante (et non sous le casque, en raison de l'apesanteur qui n'aiderait pas à faire couler le liquide vers le bas) tels jadis les marins de Colomb biberonnant le rhum sur le château arrière entre deux maneuvres ! Enfin vous n'y pensez pas... à l'arrivée, "un petit pas pour un homme un grand pas pour l'humanité" et vlan, le nez dans la poussière martienne dès la descente de l'échelle, la chaussure gauche restée accrochée au bastingage du module... l'effet que ça aurait sur le public !

Tout bien réfléchi, enfin, à ce stade de la réflexion, reconnaissons que le rhum a dû aider à donner à ces marins une bonne part du courage dont les spationautes, gonflés et ballonnés par trois mois de jus de carotte lyophilisé et de bouillon d'algues, seront très cruellement et très injustement privés au cours de leur voyage vers Mars. Souhaitons-leur, en compensation, de trouver sur les plages de Mars où ils débarqueront, de jolies martiennes en petite tenue vert fluo (les martiennes, pas la tenue), à la poitrine en silicone naturel, qui leur accrocheront des leis de plastique au cou en se déhanchant sur des airs autres que martiaux.

Pour moi ça sera un verre de rosé de Bandol et un canapé de tapenade noire, bien frais le rosé de préférence hein ! Merci.

Bien cher Francis,


Vous venez de me dégoûter de la capsule. J'imaginais une sorte d'entreprise cosmique, avec des Billy Budd de l'espace, et voici que vous agitez le spectre des martiennes...

Bien cher Jmarc,

Je sens en vous un nostalgique des grandes chasses à la baleine, où la seule femelle en vue, n'est autre que... la baleine. Moby Dick, par exemple, sept cent pages sans nanas, et dix-huit mois de la vie des Village People en haute mer racontée dans tous ses détails -- une véritable bible homosexuelle.

Bien cher Francis,

Verriez-vous Alex Briley dans le rôle de Daggoo ?

(Chose horrible, en plus : Moby-Dick était une baleine blanche, ce qui se dit "sperm whale"...).

Moby Dick est un roman à clef comme on n'en fit jamais. "Sperm whale", oui, bien sûr, en est un premier indice. Tout le reste suit, à commencer par le Dick de son nom.

Ah, Cher Francis, vous devriez écrire une Encyclopédie universelle des oeuvres, pour Mille et Une Nuits.

Oh vous savez, Francis, pour aller sur Mars, c'est l'absolu de la formule ariégeoise : on se boit et on se mange ce qu'on s'apporte sur soi c'est-à-dire ce qu'on se distille, sachant que le voyage est long et que pour limiter le paquetage on prévoit de sustenter l'équipage en recyclant ses propres déjections jusqu'à les rendre comestibles.

Pour le rosé, l'Europe nous appelle.