Ainsi cette femme dont il est évident qu'elle a été nommée uniquement en raison de ses origines ethniques et qui a fait preuve de la plus totale (et prévisible) incompétence, cette femme qui (à moi ?) semble en plus remarquablement antipathique, vaniteuse, cassante, futile, ainsi elle serait
populaire ?
Rachida Dati en campagne ou la revanche d'une disgrâciée
En Ile-de-France, " Madame Rachida " teste sa popularité dans l'espoir d'autres combats
REPORTAGE
Ce dimanche de Pentecôte à Coulommiers, (Seine-et-Marne) Rachida Dati se fait attendre. Comme souvent, la garde des sceaux est en retard. " Les stars se font toujours désirer ! ", rigole Nicole, retraitée de la Banque de France, en week-end dans la Brie. Franck Riester, le maire (UMP) de la ville guette son arrivée : " Vous allez voir ! Vous allez voir ! Je n'ai jamais vu ça ! dès que les militants et les gens la voient, ils se comportent comme des fans ", jubile-t-il.
Soudain, une jolie tête brune apparaît. Fine silhouette en Lacoste bleue, en jean's à avec un petit cadenas doré à la ceinture, la numéro deux sur la liste Majorité présidentielle aux européennes en Ile-de-France est aussitôt happée par une nuée de chalands, entourée d'enfants avec leurs parents qui lui réclament des autographes et une photo. Peu diserte, très souriante, elle se plie au jeu comme une vedette en tournée pour la sortie de son dernier CD.
Puis elle arpente la grande rue : " Bonjour Madame Rachida, vous êtes encore plus belle qu'à la télé ", lui glisse un passant. " Le bébé va bien ? ", lui demande une maman. " Je savais que vous alliez venir ! ", s'exclame une vieille dame avec ferveur. " Je veux ma bise ", lui lance la marchande de fleurs, au milieu du marché.
Une journaliste du quotidien allemand Tageszeitung l'accoste après l'avoir suivie parmi les étals de fruits et de fromages : " J'ai noté que personne sur le marché ne vous a parlé d'Europe ! " " Je fais beaucoup de débats par ailleurs ", répond Rachida Dati. Elle ajoute toute fière : " Hier, c'est une journaliste polonaise qui m'a suivie. "
" BUZZ INCROYABLE "
Qui l'eut crû ? La presse européenne se passionne pour sa campagne. Der Spiegel, Die Zeit mais aussi la RAI italienne, le Sunday Télégraph consacrent des reportages à celle qui, il y a quelques semaines à peine, n'était qu'une ministre évincée du gouvernement par Nicolas Sarkozy. Condamnée malgré elle à s'exiler à Strasbourg, cherchant l'appui de conseillers en communication pour gommer son image trop frivole.
En France, même l'UMP n'en revient pas. En quelques semaines, " elle a créé un buzz incroyable " s'exclame une conseillère de Franck Riester. Directeur national de la campagne de l'UMP, le député maire de Coulommiers reconnaît qu'il " ne mesurait pas à quel point elle était populaire ".
A Mantes-la-Jolie, à Provins, à Chanteloup-les-Vignes, à Paris, partout, où elle passe, Rachida Dati prend des bains de foule qui la lavent de l'affront. Cette campagne devait être son calvaire, elle est devenue sa revanche.
Sur son chemin, à Coulommiers dimanche, à peine quelques piques : " Non aux peine-plancher ! ", marmonnaient quelques jeunes en colère sur son passage. " C'est une féroce, une intrigante et une liberticide ", assurait Jean Lescat, écrivain, en achetant son pain.
Mais elle n'a rien entendu. Avant de s'envoler, elle confie : " La popularité ca ne suffit pas. Pour gagner la confiance des gens, il faut avoir quelque chose à leur dire, à leur proposer. " Elle sait qu'elle n'est qu'en " semi-disgrâce et qu'elle reviendra dès lors qu'elle aura montré " qu'elle travaille ", glisse un proche. " J'ai pu constater, au fil des meetings, qu'elle n'était pas qu'une gravure de mode. Elle apprend vite ", s'exclame l'ex-journaliste Jean-Marie Cavada, candidat en troisième position sur la même liste.
Avec plus de quarante réunions, débats ou déplacements en trois mois, la garde des sceaux peut prétendre à la palme de la candidate la plus engagée dans la campagne. Encore pas tout à fait au point sur l'Europe - elle hésite quand on lui demande où se situe le siège de la Cour européenne de justice - elle se démène pour faire oublier son difficile début de campagne, n'oublie jamais de mettre en avant le bilan de Nicolas Sarkozy et distribue les promesses.
" Michel Barnier et moi, on va se battre pour que vous puissiez bénéficier des fonds du programme européen d'études Erasmus ", promet-elle aux élèves d'une école parisienne d'apprentis charcutiers, bouchers, pâtissiers, le 25 mai avant de lancer " Je reviendrai vous en rendre compte ".
Le retour, Mme Dati ne cesse d'y penser. En 2014, elle s'imagine candidate à la mairie de Paris si François Fillon ne se présente pas. Mais avant, il y a 2010. Elle songe à prendre la tête de liste dans la capitale aux régionales. Mais, sur tous ses grands desseins, elle sait que Nicolas Sarkozy garde la main.
En attendant, elle se prépare " au cas où ". Dès qu'elle aura quitté le gouvernement, Rachida Dati lancera son association " C'est à vous ", pour " promouvoir la citoyenneté mais pas uniquement dans les quartiers ", et surtout pour avoir ses propres relais d'opinion. Françoise Sampermans, ex-patronne de L'Express et du Point en sera la secrétaire générale. L'homme d'affaires et mécène, Marc Ladreit de Lacharrière qui a présidé son comité de soutien pendant sa campagne municipale dans le 7e arrondissement a promis de l'aider.
" Elle a toujours fonctionné aux réseaux. C'est comme ça depuis qu'elle est au berceau ", souligne un de ses conseillers.
Béatrice Jérôme