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Le public de Roland-Garros est-il le plus stupide du monde ?

Envoyé par Gérard Rogemi 
Oui et le plus con aussi.

C'est pendant la quinzaine de ce tournoi que l'on constate avec effroi à quel point la bétise et l'arrogance démocratiques, matinées de rectitude politique ont contaminé les esprits en France.
A quel sujet nous livrez-vous cette pensée, cher Rogemi ? J'avoue avoir souvent été frappé par l'incorrection et la vulgarité croissantes du public des matches de tennis, mais je suppose que vous avez une anecdote récente en tête ?
Utilisateur anonyme
05 juin 2009, 16:26   Re : Le public de Roland-Garros est-il le plus stupide du monde ?
Pas étonnant, courir après une balle, quoi de plus stupide ? Il faut être chien pour aimer cela. Au contraire, la pétanque fait appel aux plus élevées facultés de l'esprit et permet aux joueurs d'arborer de magnifiques couvre-chefs, tels celui-ci :
et de partager d'excellents breuvages, tels celui-là :
La liste des inconvenances de ce public est tellement longue que cela donne le tournis. Ils prennent un joueur en grippe et applaudissent à chaque faute qu'il commet. C'est une honte.

C'est exactement ce qui se passe en ce moment où des milliers d'idiots assis dans ce stade ont pris parti pour Gonzalès le chilien contre le suédois.

On croit rêver...
Cher Rogemi,
Je ne partage pas votre sentiment. Il est impossible à quelqu'un qui ne serait pas licencié à la FFT d'obtenir une place (réservée quatre ou cinq mois à l'avance), sauf au marché noir ou invitation. Le public de Roland Garros, composé de joueurs de tennis, encourage d'abord les Français et il prend toujours parti pour le plus faible ou celui qui est mené à la marque, et cela afin de faire durer les matches le plus longtemps possible : trois manches gagnantes expédiées en une heure et demie, comme cela arrive parfois, ce n'est pas un match, mais une exécution.
La preuve que ce public n'est pas aussi écervelé que vous le croyez, c'est, entendues sur un court, ces définitions du socialisme, du communisme et du gauchisme.
Le socialisme consiste à ne pas reprendre une balle longue (il faut se déplacer vite, on est un peu paresseux en régime socialiste) en espérant très fort qu'elle sera "faute" (ou "out" ou "dehors"). Le désir de la voir "faute" est plus fort que toute appréhension sensée de la réalité. Bien entendu, la balle tombe dans les limites du court et elle dément les voeux et autres souhaits.
Dans la même situation, le communisme consiste bien entendu à ne pas essayer de reprendre la balle, tout en espérant qu'elle sera "dehors", et quand elle tombe dans le court, à tricher et à déclarer "faute" la balle bonne.
Le gauchisme, lui, va plus loin : il traite de "fasciste" l'arbitre qui, dans cette même situation, infirme la décision du communisme et juge "bonne" une balle manifestement "faute".
Ah ! Du moment qu'ils daubent sur les gauchistes, ils peuvent aller en paix et donnent un modèle d'éducation, quoi qu'il fissent
"Pas étonnant, courir après une balle, quoi de plus stupide ? Il faut être chien pour aimer cela."

Heu, heu heu, en effet, Agrippa.
Citation
Pas étonnant, courir après une balle, quoi de plus stupide ? Il faut être chien pour aimer cela.

Couché, médor je veux dire Agrippa ...

Citation
trois manches gagnantes expédiées en une heure et demie, comme cela arrive parfois, ce n'est pas un match, mais une exécution.

J'aime votre causticité cher JGL car ce qui caractérise le public de Roland-Garros c'est qu'il est constitué de gens du Tout Paris, de la haute finance , de la politique, du show-business, etc... pour faire simple tous ceux que nous appellons ici : les Amis du Désastre.

Autrement-dit un public de gens mal élevés, de goujats qui ignorent tout des régles les plus élémentaires du fair-play.
Utilisateur anonyme
05 juin 2009, 21:20   Re : Le public de Roland-Garros est le plus spirituel du monde
Les chats aussi d'ailleurs ont l'air d'aimer ça :

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Incroyable ! Ottokar et Orage aiment le tennis :

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De manière générale le tennis, qui était un sport de gentlemen il y a encore une trentaine d'années, est devenu un cirque où les joueurs se tiennent sur le court comme le clown à nez rouge (M. Loyal étant l'arbitre) chez Zavatta. Ce Monfils et ses gesticulations simiesques (se tambouriner la poitrine de ses deux poings en fin de manche, en ouvrant la gueule les lèvres en avant, il faut tout de même le faire) représente la dernière en date de cette illustration.

Il y avait déjà le jet de raquette intempestif, vertical, vers le zénith, avec lequel cet abruti de Yannick Noah jugeait bon de manifester sa frustration en même temps que son importance, puis l'allongement de tout son long sur le cour dans la position du gisant, façon Forget, pour indiquer à la galerie que le héros a récolté une victoire épuisante mais bien méritée, et à présent Monfils en polo sans manches, bobbing up and down sur ses baskets en attendant la balle comme s'il était Michael Jordan sur le point de se faire un panier.

La joie intense de jouer au tennis, et même de gagner un match, se voit ainsi avilie, niée, noyée dans la frime, la suffisance, la "gagne" (ou la "cagne") et autres manifestations morbides de soi et de sa gloriole intime face au monde.

A vomir.
» le jet de raquette intempestif, vertical, vers le zénith, avec lequel cet abruti de Yannick Noah

J'ai vu un ado faire cela, noahmimétiquement, devant son père ahuri, qui lui avait offert une bonne raquette bien chère...
En somme l'élite tennistique se caractérise, à différents degrés selon les individus (Federer étant peut-être le champion le moins marqué par cette évolution), les caractéristiques communes des élites modernes : narcissisme, théatralité vide, vulgarité, culte de l'efficacité, brutalité, impolitesse, goût du fric et du star-system, etc.

Le Chilien Gonzalez a essuyé hier une trace de balle avec son derrière pour montrer son désaccord avec l'arbitre. Quelques jours auparavant, Roddick a pourri un autre arbitre tout à fait correct, simplement par frustration. Il s'en est fallu de peu qu'il ne s'empoigne avec Monfils, son adversaire, qui souriait insolemment. Une joueuse dont le nom m'échappe a frappé chaque coup de son match en poussant des cris de bête blessée, jusqu'à provoquer l'indignation du public. J'ai vu Federer finir un match en frappant négligemment dans sa raquette, envoyant la balle au hasard dans le public : qui l'a prise sur la tête ?
Citation
Le Chilien Gonzalez a essuyé hier une trace de balle avec son derrière pour montrer son désaccord avec l'arbitre.

Cher Olivier
C'est à la suite de cette grossièreté de Gonzalès approuvée bruyamment par le public que j'ai posté hier mon billet. Heureusement que Robin Soderling ait malgré tout remporté la partie. Même le commentateur d'Eurosport fut choqué par le comportement inqualifiable du chilien.
Ah, ça ne se passait pas comme ça du temps de Connors / McEnroe, je vous le dis !
Je trouve que Soderling fait preuve de retenue comme ses prédécesseurs Edberg, Willander, Borg.
Citation
Ah, ça ne se passait pas comme ça du temps de Connors / McEnroe, je vous le dis !

Bien sûr que si mais au moins le public ne se comportait pas de maniére inconvenante et les joueurs n'essayaient pas de battre leurs adversaires en utilisant des méthodes appellées dans le monde du tennis professionnel "winning ugly".

En général les insultes étaient réservées aux arbitres de chaise.
06 juin 2009, 12:32   De ch'val !
"Une joueuse dont le nom m'échappe a frappé chaque coup de son match en poussant des cris de bête blessée, jusqu'à provoquer l'indignation du public."

Et le manager du champion qui, s'avisant au dernier point du match de la victoire de son poulain, se prend à hennir en traversant le court les bras au ciel, en sautant le filet comme un cheval l'obstacle à Auteuil, et qui fait se fendre très à propos le commentateur dans le micro d'un "le manager du champion Machin a poussé un grand tennisman" ! Qu'est-ce que vous en faite ?
On peut tout à fait penser, d'ailleurs, que les Connors et Mc Enroe présentaient déjà les signes d'avilissement que nous observons aujourd'hui sous une forme un peu différente, à la fois plus polissée et plus violente.

Je suis toujours étonné qu'un joueur proférant des insultes à l'encontre d'un arbitre ou de qui que ce soit ne soit pas immédiatement sanctionné (de la perte d'un point, d'un jeu ou même d'une manche).
Cher Rogemi, je n'avais pas compris que le public avait soutenu Gonzalez. C'est effarant.
J'ai trouvé ce petit billet sur un blog sportif : on y découvre que Soderling n'a pas toujours eu bonne réputation (le billet date de l'année dernière) :

"On n'en parle quasiment jamais, par "respect" diront certains ou plutôt par pratique du politiquement correct, mais le circuit de tennis masculin n'est pas uniquement peuplé de gentlemen à la James Blake, Tim Henman, Alex Corretja ou Carlos Moya. Il y a aussi de beaux enfoirés. L'équipe tennisonline a voulu faire le tour pour vous des joueurs les moins appréciés par leurs pairs.

Il y a peu, Marcelo Rios était le grand méchant loup du circuit tennistique (Voir article du Canard sur le terrible gaucher) . Récemment, Mike Bryan confiait que le Chilien ne disait jamais bonjour à quiconque. On se souvient aussi de son indifférence devant la blessure de Wayne Ferreira à Roland Garros. La liste de ses faits et gestes est longue... On ne retrouvera sans doute jamais un aussi beau spécimen que Marcelo Rios, mais certains joueurs essaient de reprendre le flambeau.

Robin Soderling, le métronome suédois, est sans doute aujourd'hui l'un des joueurs les plus détestés du circuit. En 2007, à l'entame de cinquième set contre Rafael Nadal, Soderling n'a pas trouvé mieux que de mimer de manière grostesque la façon de l'espagnol de remettre son sous-vêtement en place avant chaque service. A ce propos, le suédois n'est pas le seul à s'agacer des TOC de Nadal ou de son temps très limite à servir. Roger Federer est régulièrement venu attaquer l'espagnol sur son petit manège avant de servir. Paul-Henri Mathieu s'est lui aussi montré agacé en conférence de presse sur le "cirque" de Nadal à l'échauffement dans les vestiaires. Même son de cloche chez Tsonga à l'Open d'Australie quand il a déclaré "quand on le voit faire son truc, on a presque envie qu'il tombe et se blesse...". Mais revenons à notre "ami" Soderling : à Wimbledon, cette année, il s'est distingué en voulant allumer Roger Federer à bout portant alors que celui-ci était à la volée. Pas un regard, pas un mot d'excuse. Ses attitudes avec le public sont très limites et dans les coulisses, ce n'est un secret pour personne : le suédois est loin d'être apprécié par tout le monde.

Les joueurs tchèques semblent également tenir le bon bout dans le domaine. Tomas Berdych et Radek Stepanek se situent dans la droite lignée de leur prédécesseur Ivan Lendl, qui prenait un malin plaisir à allumer ses adversaires lors de l'échauffement à la volée.
Tomas Berdych s'est maintenant distingué à plusieurs reprises pour son manque de fair-play évident. En 2006, à Wimbledon, il singe la technique de Fabrice Santoro de manière ridicule... N'empêche, ce jour là, ce petit frimeur a failli se faire éliminer par Fabulous Fab. En 2008, à Roland Garros, le tchèque s'est attiré les foudres de Mickaël Llodra après sa défaite en 5 manches. Le tchèque a justifié lors de la poignée de main au français sa défaite par une annonce qui lui était soi-disant défavorable par le juge de ligne. Pourtant, l'arbitre était descendu de sa chaise, avait confirmé la marque : à la télé, le hawk-eye confirmait la décision de l'arbitre.
Quant à son compère Stepanek, c'est plus son attitude hors des terrains qui gênent : tout d'abord, il a le tort d'être, malgré les apparences, l'un des favoris de ces dames (Stepanek a sans doute l'un des plus beaux palmarès du circuit en la matière, avec Martina Hingis en ex-fiancée et Nicole Vaidisova actuellement). Ensuite, beaucoup de joueurs lui reprochent de se tenir à l'écart et de ne pas se mélanger.

L'ensemble de la clique argentine (Coria, Gaudio, Nalbandian, Chela, Calleri, Canas...) n'est guère apprécié également. Les affaires de dopage récurrentes des gauchos (Coria, Chela, Puerta, Canas et d'autres) ainsi que leur tendance à ne jamais se mélanger n'arrangent pas leur réputation. L'histoire du crachat de Chela en direction d'Hewitt (pour lequel il paya une amende) n'a pas contribué à calmer les histoires. En son temps, Coria était le contre-exemple du joueur à copier l'attitude [phrase incompréhensible] : tentative de triche permanente, de déstabilisation des adversaires : même André Agassi avait refusé de lui serrer la main.

Autre sud-américain dans le collimateur : Paul Capdeville. Le très limité chilien, qu'on ne voit quasiment jamais (et tant mieux) a l'air d'en tenir une couche selon Jérémy Chardy qui a récemment avoué "qu'avec lui, il y a toujours des embrouilles".

En vrac, pour terminer, deux joueurs qui ont pu poser quelques problèmes : Almagro (qui avait explosé de joie au moment de la blessure de Safin à Valence en 2005) et Vince Spadea, toujours prêt à embrouiller les matchs."
06 juin 2009, 13:03   Haaaaannnn !
Le spectacle de n'importe quel exercice physique de type sportif ne peut que dégénérer en grossièreté.

Gilles Ménage raconte que le Cardinal de Richelieu aimait beaucoup à se dépenser physiquement, nous dirions qu'il était sportif, mais qu'il ne tolérait pas d'être surpris dans cet effort.
Citation
(qui avait explosé de joie au moment de la blessure de Safin à Valence en 2005)
Malheureusement il y a trop d'argent en jeu et beaucoup de joueurs ne parviennent pas à gérer la pression énorme qui s'exerce sur eux.

Citation
En 2006, à Wimbledon, il singe la technique de Fabrice Santoro de manière ridicule...
Il faut reconnaitre que Fabrice Santoro par son jeu complétement iconoclaste a horripilé plusieurs générations de joueurs.
"Ce qui caractérise le public de Roland-Garros c'est qu'il est constitué de gens du Tout Paris, de la haute finance , de la politique, du show-business, etc...".

Il ne faut pas confondre le public réel et le public montré à la télévision. Un tournoi de tennis ne se réduit au spectacle que les organisateurs vendent aux chaînes de télévision et que celles-ci mettent en scène. Le public réel est bon enfant, assez bien élevé, composé de connaisseurs, d'initiés, de joueurs amateurs (la FFT compte près de 2 millions de licenciés), qui réservent cinq ou six mois à l'avance une entrée pour une journée à RG et qui vont à RG pour voir de beaux matches (qu'ils voient mal des hautes tribunes, trop éloignées, du Central ou du court n° 1). Le public montré à la télévision est celui des "loges" - loges louées à l'année par des entreprises ou des groupes financiers et où ceux-ci invitent leurs meilleurs clients ou leurs employés méritants ou les gens du show-biz en promotion.

Les deux publics n'ont rien en commun, sinon de se trouver le même jour ou à la même heure dans un même lieu, mais séparés les uns des autres, les premiers (les amateurs, ceux qui ont payé leur place) tenant le haut du "pavé" (les tribunes), les seconds, tout près du court, occupant la "galerie", comme dans les jeux de paume d'autrefois.

On ne peut guère assimiler le public de RG d'il y a quarante ans (assez peu nombreux) à celui d'aujourd'hui. Ce ne sont plus les mêmes classes sociales qui jouent au tennis. Pourtant, les petits-bourgeois d'aujourd'hui, ceux qui jouent au tennis et qui composent le public réel, ont conservé, où que ce soit dans le monde, même dans les pays "du tiers-monde", un peu du vernis de distinction (la politesse en particulier) des joueurs de tennis des années 1920-1960. Pour ce qui est des meilleurs joueurs, aujourd'hui professionnels, naguère amateurs, il est possible que le monde ait basculé, les intérêts immédiats des joueurs, intérêts pécuniaires et financiers, rendant (apparemment) caduques les anciennes règles de courtoisie.
Citation
On ne peut guère assimiler le public de RG d'il y a quarante ans (assez peu nombreux) à celui d'aujourd'hui. Ce ne sont plus les mêmes classes sociales qui jouent au tennis. Pourtant, les petits-bourgeois d'aujourd'hui, ceux qui jouent au tennis et qui composent le public réel, ont conservé, où que ce soit dans le monde, même dans les pays "du tiers-monde", un peu du vernis de distinction (la politesse en particulier) des joueurs de tennis des années 1920-1960

Cher JGL,

Je n'ai strictement aucune connaissance du monde tennistique francais et je m'en remets complétement à votre jugement.

Vous avez certainement raison en avancant que "Les deux publics n'ont rien en commun".

Pratiquant moi-même ce sport ici en Allemagne depuis 35 ans et je n'ai jamais appartenu à un club francais et il serait donc déplacé de ma part d'émettre un avis sur le sujet.
Bien cher Orimont,

Je ne partage pas votre point de vue. L'activité physique était fort pratiquée par la noblesse d'ancien régime.

Son passe-temps favori était la chasse, à cheval. Je ne sais si vous avez tenu des heures sur un cheval, mais je puis vous assurer, étant un très mauvais cavalier, que cela demande de réelles qualités physiques.

Par ailleurs, elle pratiquait l'escrime, et des jeux comme le jeu de paume.

Plus près de nous, vous avec l'exemple des écoles anglaises de l'ère victorienne, avec la passion de l'aviron et des sports collectifs.
Mais jmarc, je n'ai pas dit que l'activité physique ne se pratiquait pas sous l'Ancien Régime, simplement qu'elle n'était pas une occasion de spectacle de masse.
Des magistrats, des hommes d'étude, des savants: Pasquier, Fauchet, Henri Estienne, éprouvaient le même engouement que tout le reste de la nation, depuis le Roi jusqu'au dernier des artisans: «Jeu que j'ai bien aimé, dit le président Fauchet, et plus commun aux Français qu'à tous leurs voisins.» — «Je donnerai le premier lieu (au jeu) de la paume, écrit le philologue Henri Estienne, auquel on peut aussi dire la nation française être plus adonnée qu'aucune autre: témoin le grand nombre de tripots qui sont en cette ville de Paris. Et avons bien raison d'y être plus adonnés, tant pour y être plus habiles et adroits, que pour être un exercice non moins beau et honnête que profitable 34 .»

Rien de tel que l'exercice pour le corps, et même pour l'esprit, disait-on encore, à une époque où la part de l'esprit n'était certes pas des moindres, en 1668, au plus beau temps du Grand Roi: «L'exercice du jeu, dûment fait, échauffe le corps et les membres, purge les humeurs superflues et étrangères en les faisant évaporer, fortifie les facultés naturelles, éclaircit et réjouit l'esprit; en telle manière que l'homme qui sait choisir certain jeu d'exercice honnête et en user sagement, en vaut beaucoup mieux tant pour sa santé corporelle que pour la vivacité de son esprit.»

Suivent les «ordonnances (remontant à 1592) du royal et honorable jeu de la paume», lequel n'a guère d'autre inconvénient que de tellement exciter les joueurs qu'ils s'emportent parfois en jurons effroyables. C'est un grand tort; au jeu comme à la guerre il faut se posséder. — «Messieurs qui désirez vous ébattre et jouer à la paume, faut jouer, afin de récréer le corps et délecter les esprits, sans jurer ni blasphémer le nom de Dieu. Avant de jouer, convient tourner la raquette pour savoir» à qui le service. Dans les cas douteux, consulter les naquets ou marqueux, mais de préférence le public, constitué en tribunal arbitral, toujours formé alors de gens compétents, car à cette époque tout le monde jouait.

Des concours publics avec prix — des «championnats» — étaient organisés. Le jeu était ouvert trois jours durant à tous venants et le maître du jeu donnait «aux champions qui voulaient s'exercer au dit prix» trois objets: une couronne de fleurs, une paire de gants; enfin, prix suprême, un éteuf d'argent ou une raquette. Les joueurs devaient prendre, comme jadis les tournoyeurs, divers engagements préliminaires, proportionnés à l'importance de ces pacifiques batailles; le plus difficile à observer était de ne pas jurer; aussi les infractions étaient-elles punies d'amende: «Toutes personnes qui désirent jouer audit prix y seront honnêtement reçues, à la charge de ne jurer ni blasphémer le nom de Dieu, sous peine, pour chacune fois, de cinq sols d'amende.»

La bataille étant à tous venants, les «défendants», comme jadis Regnault de Roye ,Boucicaut et Saint-Py, doivent être à leur poste, les trois jours, du matin au soir. Ils seront donc au jeu à partir de huit heures du matin et ne s'en iront qu'à sept heures du soir, avec permission seulement d'aller «changer de chemise, et boire et manger à l'heure du dîner pendant une heure seulement».


Le jeu était qualifié de royal, et non sans cause. Capétiens, Valois et Bourbons s'étaient transmis, avec la couronne, l'amour de cet exercice. François 1er y était fort habile; son fils Henri II , tout autant. Il avait fait construire au Louvre une magnifique salle pour ce jeu 40 . «Il jouait à la paume et très bien, dit Brantôme. Il se plaisait fort quand la reine sa femme, madame sa sœur, et les dames le venaient voir jouer, comme souvent elles y venaient, et qu'elles en donnassent leur sentence, comme les autres, des fenêtres en haut.» Charles IX , écrit en 1561 Giovanni Michieli, ambassadeur de Venise, «aime passionnément le jeu de paume et l'exercice du cheval,» malgré que la «moindre fatigue le condamne à un long repos». Le duc de Nemours (Jacques de Savoie), le modèle des cavaliers, brille dans les palais et dans les camps, se distingue à la guerre et en amours, et ne dédaigne pas de s'acquérir, par-dessus le marché, à grande peine et par une longue pratique, la réputation d'excellent joueur de paume. Il était propre à tout, «très adroit et de belle grâce... les armes belles en sa main. Il jouait très bien à la paume: aussi disait-on les revers de M. de Nemours; jouait bien à la balle, au ballon, sautait, voltigeait, dansait,» et, par toutes ces qualités réunies, gagnait la faveur des dames. Brantôme déclare en avoir connu deux, «des belles du monde, qui l'ont bien aimé... Plusieurs fois leur ai-je vu laisser les vêpres à demi dites pour l'aller voir jouer ou à la paume ou au ballon, en la basse-cour du logis de nos rois.» Mais la femme qui fit le plus pour sa gloire ne fut aucune de ces deux dames-là et ne put jamais le connaître: ce fut Mme de La Fayette, qui le choisit pour héros de son immortelle Princesse de Clèves.

Quant à Henri IV , le plus «en cervelle» de tous ces rois et qui suffit à tout, chasse, administration, amour, guerre et jeux, il est constamment à la salle de paume. Dès le lendemain de son entrée dans Paris, on le trouve au jeu de la Sphère. L'entrée eut lieu, rapporte Lestoile, le 15 septembre 1594; le roi, «fort riant... avait presque toujours son chapeau au poing, principalement pour saluer les dames et demoiselles qui étaient aux fenêtres.

Le vendredi 16, le roi joua à la paume tout du long de l'après dînée, dans le jeu de paume de la Sphère.

Le samedi 24, le roi joua à la paume dans le jeu de la Sphère. Il était tout en chemise, encore était-elle déchirée sur le dos, et avait des chausses grises, à jambes de chien, qu'on appelle.»

Le 27 octobre, «le roi ayant gagné, ce jour, quatre cents écus à la paume, qui étaient sous la corde, les fit ramasser par des naquets et mettre dans un chapeau, puis dit tout haut: — Je tiens bien ceux-ci; on ne me les dérobera pas, car ils ne passeront point par les mains de mes trésoriers.»

En 1597, au milieu des affaires les plus graves, «il passait son temps à jouer à la paume et c'était d'ordinaire à la Sphère,» où les dames venaient le voir et en particulier «madame de Monsseaux», autrement dit Gabrielle d'Estrées. «Et ne laissait pour cela Sa Majesté de veiller et donner ordre à tout ce qui était nécessaire au siège d'Amiens pour le mois suivant; lequel étant venu, il donna congé au jeu et à l'amour, et y marcha en personne, faisant office de roi, de capitaine et de soldat, tout ensemble,» et reprit la ville aux Espagnols 41 .

Louis XIV avait un paumier-raquetier en titre, et les princes, un maître de paume qui leur donnait des leçons et qui était «porte-raquette du roi». Ces fonctions de cour subsistaient au siècle suivant; le maître-paumier avait l'honneur de «présenter la raquette au roi. Il a douze cents livres de pension, et cinquante livres, payées par le premier valet de chambre, pour chaque fois que le roi joue». Six marqueurs de cour complétaient ce personnel et recevaient chacun dix francs pour chaque partie royale 42 .

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