La conception monothéiste du monde nous dit que les temps ont changé, qu'ils changeront et que l'éternité n'est pas de ce monde.
La conception mécaniste congruente au polythéïsme, à l'agnosticisme, nous dit que le temps est aujourd'hui ce qu'il fut toujours; elle nous propose également de considérer les lois universelles de la mécanique comme stables de toute éternité. C'est à dire que pour elle, l'éternité est visible ici et maintenant.
Le concept d'évolution, de progression quelle qu'elle soit, est foncièrement en accord avec le monothéïsme prêcheur et mobile (le pélerinage monothéiste, à la Mecque ou à Saint-Jean de Compostelle fait passer le pèlerin d'un état spirituel A à un état B qui est autre). La progression, le passage progressif ou brusque d'un état à un autre, dans la vision monothéiste
abolit les états antérieurs, elle ne les renouvelle pas circulairement comme dans le monde païen.
Le créationniste chrétien qui affirme que Dieu a créé le cheval, l'araignée et le crocodile en quelque sorte
de toute pièce se trompe peut-être, et même certainement, pourtant, cette erreur contient un fond de vérité car ce disant il affirme qu'il y eut un état du monde sans araignée, sans cheval, auquel fit suite un état du monde où l'araignée, le cheval devinrent présents. Il me semble que l'entreprise Darwinienne reconnaissant ce phénomène entreprit de le polir en lui trouvant une explication, en le rationalisant, et donc, comme son époque l'exigeait, de le doter d'un moteur, d'un mécanisme stable (bref en introduisant le principe mécaniste immuable dans un évolutionnisme d'essence monothéiste-progressif).
Le Darwinisme est boiteux de ce paradoxe qui est aussi une aporie : il propose comme ressort de l'évolution
un corps de lois non-évolutives !