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L'attraction dont on ne se lasse pas

Envoyé par Thomas Rhotomago 
Extrait d'un rapport du Sénat sur l'aménagement du territoire (1999) :

"1. L'extension progressive de la surface des espaces périurbains par M. Pierre DELORME, directeur de la diffusion et de l'action régionale à l'INSEE

Merci Monsieur le Président, Monsieur le sénateur, Mesdames, Messieurs. Les cartes ici présentes résument les travaux faits par l'INSEE, l'INRA, la DATAR etc. pour essayer de mieux cerner ces différents concepts d'urbain, périurbain, rural.

Cette carte s'appelle " territoires vécus " parce qu'elle est basée sur l'observation des tribulations de nos concitoyens dans leur vie quotidienne. Désormais on ne naît plus, on ne vit plus, on ne meurt plus, on ne travaille plus dans le même village. Notre vie quotidienne est soumise à des tas de déplacements qui ne s'organisent pas au hasard. Le territoire s'organise à partir des phénomènes de polarisation, d'attraction et de zones d'influence. Il y a des lignes de force qui sont liées à des attractions et l'attraction qui structure principalement l'espace dans notre monde actuel, c'est l'attraction de l'emploi et c'est à partir des déplacements entre le domicile et le lieu de travail qu'a été faite cette délimitation des différents espaces."
Et dire que ce petit monument a été pondu en ...1999 ! quand on le dirait volontiers de 1969.

"Désormais on ne naît plus, on ne vit plus, on ne meurt plus, on ne travaille plus dans le même village." Admirable découverte !

et cette ânerie:
c'est l'attraction de l'emploi et c'est à partir des déplacements entre le domicile et le lieu de travail qu'a été faite cette délimitation des différents espaces

à l'heure où les bassins d'emploi sont en passe de disparaître, où le télétravail et le bureau à domicile, voire nomade, sont appelés à devenir la norme grâce à Internet, où des villes de province, la campagne délaissée, accueillent de plus en plus d'actifs indépendants, devenus sous-traitants au moins à temps partiel, des grandes entreprises installées dans les ci-devant "bassins d'emplois". ..

Si l'INSEE n'existait pas, le Désastre devrait l'inventer.
Je vois, cher Francis, que vous êtes friand de cette prose. Voici donc la suite. C'est toujours M. Delorme qui parle :

"Contrairement à la ville de pierres, ces espaces périurbains sont plus composites puisqu'ils résultent d'une avancée de formes urbaines à l'intérieur d'un périmètre rural, donc il subsiste dans ces espaces de la forêt, des exploitations agricoles etc. Ce phénomène a été très bien décrit dans le rapport du sénateur Larcher et l'on voit bien qu'il y a là des espaces de confrontation puisqu'il y a des cultures, des activités, des modes de vie différents mais il est clair que ces espaces sont soumis à une forte influence de la ville. Tout cela a été appelé " espace à dominante urbaine " et le reste est un espace qualifié de " dominante rurale ". Une frontière artificielle a été tracée entre ces espaces périurbains et le reste en mettant un seuil : au moins 40 % des actifs résidant dans une aire urbaine y travaillent aussi. De l'autre côté de cette frontière il y a des espaces qui sont déjà sous influence de la ville et avec le résultat du recensement nous verrons des modifications.

Dans le reste du territoire rural, il y a aussi des petites villes entre deux mille et cinq mille qui fonctionnent comme des petites villes mais qui sont du milieu rural. Il reste un rural isolé qui est tout le reste.

Quelques chiffres pour situer tout cela :

- les pôles urbains représentent 60 % de la population pour 7 % de la surface,

- les espaces périurbains représentent 15 % de la population totale pour 22 % de la surface,

- le rural représente treize millions de population soit 24 % pour une surface de 70 %.

Il est intéressant d'étudier la dynamique parce que l'extension des villes se fait d'une part par la surface et d'autre part par la croissance démographique à l'intérieur d'un même périmètre.

Juste deux chiffres : entre 1982 et 1990 il y a eu une croissance d'environ quatre millions de personnes du domaine urbain avec pour moitié une extension en superficie et pour une autre moitié une extension en population.

Ce phénomène d'influence de la ville sur son environnement est de plus en plus marqué. J'avancerai une explication : les nuisances mêmes de la ville telles que l'encombrement créent de l'emploi. Il y a des tas d'activités qui sont là pour gérer l'encombrement : creuser des tunnels, faire des parkings etc. ; alors que dans l'espace rural, la faible densité de population n'est pas créatrice d'emplois. Il faut gérer dans les espaces périurbains ce mélange d'influence de la ville et d'un maintien de la campagne."
C'est beau non ?

Pour créer de l'emploi, l'emploi salvateur, celui, bien abrutissant, qui empêche de voir la merde qui nous entoure, et bien c'est simple: créer d'abord du chaos, de l'encombrement, du désordre périurbain, de la nocence et de la gêne, l'emploi, courageusement, viendra y porter remède, en ouvrant des rocades autoroutières, des tunnels pour évacuer le caca vers la plus grande banlieue et la campagne qui n'attend que d'être gagnée par le phénomène qui vient à elle, inexorablement, mais encore trop lentement.

Faire des parkings. Faire des parkings. Et dire que la campagne et l'espace rural doivent encore attendre des années pour se voir aménagés en parking. C'est pas juste.

L'auteur de ce rapport n'est pas un débile mental, comme je l'avais pensé d'abord. C'est un fou.
Avez-vous vu L'Arbre, le Maire et la Médiathèque, ce Rohmer méconnu ?
Fou mais pas isolé dans sa folie, cet homme. Très représentatif, à mon avis, de la tournure d'esprit à peu près délirante qui s'est installée jusqu'à l'absurde dans ce fameux "monde du travail". Comment s'en étonner ?
C'est en effet tout un modèle de société, de civilisation qui se donne à lire: un modèle d'histoire vécue par les hommes et non créée par eux, vécue réactivement à la contrainte, quand la contrainte, la gêne, la désorganisation artificielle du milieu est la seule chose délibérément, machiavéliquement créée; et quand cette création n'a d'autre fin avouée que celle d'alimenter le mouvement historique (que l'on ne peut plus, en 1999, nommer progrès).

L'histoire vécue/subie comme réponse laborieuse à une contrainte que les hommes se créent désormais sans s'en cacher, bref, la folie, telle que l'avait entrevue Alfred Jarry.
» Avez-vous vu L'Arbre, le Maire et la Médiathèque, ce Rohmer méconnu ?

Non. À lire ce qu'en dit Wikipedia, je suis tenté de le commander à ma médiathèque...
Oui, moi aussi ; si ce n'est, toutefois, que Melle Dombasle y chante, ce qui me fait un peu hésiter...
Quand Arielle Dombasle est entre de bonnes mains on peut en tirer quelque chose, exemple Perceval le Gallois du même Rohmer.
Estrosi: "Ne pas entrer dans la course à la prime"
Propos recueillis par Nolwenn Le BLEVENNEC et Antoine MALO
Le Journal du Dimanche

>> L'été social pourrait-il virer à l'orage? Certes, les ouvriers de New Fabris, l'équipementier automobile de Châtellerault (Vienne), ont mis fin à leur mouvement vendredi et n'ont pas fait sauter leur usine, comme ils avaient un temps menacé de le faire. Mais d'autres restructurations et fermetures de sites, comme celui de Molex à Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne), risquent d'occuper très vite le devant de la scène. Autant de dossiers qui sont sur le bureau de Christian Estrosi, le ministre de l'Industrie.

Christian Estrosi défend sa gestion du dossier New Fabris, qui s'est conlu vendredi. (Reuters)Christian Estrosi défend sa gestion du dossier New Fabris, qui s'est conlu vendredi. (Reuters)
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La "double casquette" de Groupe Alpha


Les New Fabris ont mis fin vendredi au conflit qui durait depuis un mois et demi. Mais ils partent en colère, avec une prime supra-légale de 12 000 euros alors qu'ils en réclamaient 30 000. Comprenez-vous cette amertume?
Quand on regarde un compte rendu à la télévision, on se dit: « Les pauvres, ils ne partent qu'avec 12 000 euros! » Mais c'est faux ! En effet, grâce au contrat de transition professionnelle que plus de trois quarts des salariés ont déjà signé, ils vont toucher pendant un an 95 % de leur salaire. Et dès la semaine prochaine j'ai voulu que six personnes de Pôle Emploi viennent à Châtellerault afin d'accompagner au plus près ces salariés dans leur recherche
d'un travail. En plus de tout cela, ils auront entre 17 500 et 19 000 euros d'indemnité de licenciements. Vous voyez que, contrairement à ce que disent ceux qui veulent toujours plus, les salariés de New Fabris auront
tous les atouts en main pour envisager au mieux l'avenir.

Oui, mais les salariés de Continental ont eu, eux, 50 000 euros. Ne vaudrait-il pas mieux fixer une somme plancher pour éviter un sentiment d'injustice?
Le rôle du gouvernement n'est pas celui-là. Ce n'est pas à nous d'exiger une somme minimum aux entreprises. Non, je ne veux pas entrer dans une course à la prime. Je veux d'abord me battre pour redonner du travail aux ouvriers qui l'ont perdu, pour sauver les industries de France. Je comprends le désarroi
de certains salariés. Mais, mon boulot, c'est de leur dire: "Allez les gars, relevez le défi! Et je vous aiderai à vous en sortir." Pour moi, la page de New Fabris ne s'est d'ailleurs pas tournée hier. Je prends aujourd'hui l'engagement de me rendre dès la rentrée à Châtellerault pour leur parler avenir. Je travaille aussi à ce que des activités s'implantent là-bas et je vais tout mettre en oeuvre pour contribuer à y créer 400 emplois dans les six à huit mois.

Ces emplois ne correspondront donc pas toujours au savoir-faire des ouvriers
licenciés...
Nous sommes entrés dans une société où chacun aura deux, trois métiers au cours de sa vie. Pour cela, il nous faut innover par un travail de reconversion et
de transformation de l'activité professionnelle. Il serait peut-être temps d'expliquer que ce début du 21e siècle ne sera pas comme celui du 20e. Le monde
du travail évolue. Il est vital de s'y adapter.

N'y a-t-il pas des entreprises qui profitent de la crise pour licencier?
Sans doute. C'est pour cela que je dois être ferme et juste.

Est-ce le cas de Molex, l'équipementier automobile, qui souhaite délocaliser
son activité en Slovaquie?
La crise est peut-être un prétexte pour les dirigeants américains de Molex, que je vais rencontrer le 25 août. Ils ne peuvent pas brader cette entreprise. Je
vais tout faire pour qu'ils acceptent de céder l'activité à l'un des
deux repreneurs déjà en lice. C'est essentiel pour faire de Molex un dossier de référence et montrer que le gouvernement joue son rôle.

Pour Sanofi, qui souhaite fermer quatre sites en France malgré l'annonce de gros profits, vous adopterez la même attitude?
Oui, je vais aussi me battre pour Sanofi. Je suis heureux de vous annoncer que j'ai déjà obtenu du PDG de Sanofi France que le site de Porcheville (Yvelines), sur lequel pesaient les plus gros risques, ne fermera pas. Il restera à Sanofi ou sera cédé à un repreneur qui s'engagera à ne pas licencier. Quant aux trois autres sites, j'y travaille et j'ai très bon espoir

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"Nous sommes entrés dans une société où chacun aura deux, trois métiers au cours de sa vie."

Ceux qui "entrent en politique" à 20 ans pour en sortir à 80 en savent quelque chose.
Oui, j'allais le dire : d'ailleurs, un Delon "utilisé" par Visconti...
"BERLIN — Le candidat social-démocrate à la chancellerie allemande, Frank-Walter Steinmeier, distancé dans tous les sondages à moins de deux mois des élections, promet le plein emploi d'ici 2020, dans un pays frappé de plein fouet par la crise, rapporte la presse ce week-end.

M. Steinmeier devrait présenter lundi après-midi ses propositions pour montrer "comment l'Allemagne peut créer 4 millions d'emplois nouveaux dans la prochaine décennie avec une politique intelligente", rapporte le Spiegel à paraître lundi."

Il semble qu'à peu près toute la classe politique allemande se soit moqué de lui. Ne fait pas rêver qui veut.
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