Le site du parti de l'In-nocence

Hélène Cixous

Envoyé par Francis Marche 
16 septembre 2009, 01:29   Hélène Cixous
Je ne savais pas qu’Hélène Cixous existait encore. Non seulement elle existe, mais elle est encore Hélène Cixous, l’ancienne compagne de Jacques Derrida est curieusement encore belle ; elle est encore l’angliciste H.C. à l’œil de biche, à la bouche volontaire et à la parole hésitante ; son visage sculpté et maigre, osseux et régulier comme un masque ressemble, par mimétisme inconscient, à celui de son feu compagnon. Evidemment, comme tous ceux qui savent écrire, H.C. ne sait pas parler.

Sur le plateau de télévision, il est question du 11 septembre ; prenant l’émission en cours, j’entends que H. C. dit que la conspiration et le révisionnisme sont à distinguer même si, face à Marin Karmitz, elle est vite arraisonnée pour déclarer, à mi-voix, que l’un appelle l’autre.

L’un appelle l’autre bien sûr mais à cause de quoi ? A cause de ceci : l’œuvre des assassins du siècle fut d’abord une œuvre de fiction. Hitler était un auteur de fiction qui, emporté dans cette œuvre, la fit authentiquement subir à ses victimes, tout en la cachant après l’avoir clamée. Hitler dit qu’il va exterminer les juifs, puis extermine les juifs mais cache et dissimule et enrobe d’ambiguïté cette extermination. Il en est ressorti un trouble historique dans lequel le révisionnisme eut des circonstances atténuantes. Quelles circonstances atténuantes ? Et bien disons que le révisionnisme à beau jeu et dit le vrai lorsqu’il dit qu’après tout la Shoa n’est qu’une fiction. A vrai dire, il dit vrai, la Shoa est bel est bien une fiction, sauf que pour la fois unique dans l’histoire, parce que cette fois fut la première et qu’elle ne se produira plus, la fiction fut accomplie dans le réel ; la fiction emporta le réel dans son jeu.

La solution dite finale ne pouvait être nommée ni conçue ni pensée ni concrétisée autrement que dans un état du monde où, pour la première fois, l’animé portait à la fin de son film le mot fin. Rien, avant cet animé, n’avait de fin, ni d’histoire achevée, ni, dans les actions enchaînées des hommes, de répercussions qui ne connussent un terme arrêté.

Il n’était guère que dans les studios de Berlin et de Hollywood que l’histoire en image mouvante portât un terme nommé fin. La solution finale, hollywoodienne dans son inspiration (l’image emporte l’acte qui emporte la finalité et la fin), participe encore de l’image, de l’emportement diabolique.

Revenons à Hélène Cixous et au 11 septembre. Le 11 septembre 2001 est un événement filmé, une tragédie en acte, progressive, accomplie, nantie d’une fin, d’une datation indiscutable et d’une unité de temps et de lieu classiquement définie ; elle comporte ainsi toute la griffe fictionnelle et complotée (mise en scène) qui « prête le flanc » à l’interprétation paradoxale que peut en faire le révisionnisme. Sa fin étant arrêtée elle ressort comme complotée ; et tous, H. Cixous, et Mathieu K. de nous dire, légitimement, en bon vigilant de toutes les logiques : là où il y a le mot fin, il y a complot, il y a coup monté, mise en scène, fascisme. Ils ont raison. Pourtant, le réel, au-delà de toute raison, tue quand même, et tue deux fois par la voix d’hommes qui s’en revendiquent. Les auteurs du 11 septembre sont-ils ceux, les barbus des grottes afghanes, qui s’en revendiquent ? Oui : celui qui revendique l’autorat de la fiction est l’auteur du meurtre, quel que soit le sens putatif des images et celui de leur scénario libre de toute appartenance. Celui qui dit « le meurtre est de moi », il faut lui imputer le meurtre, car sinon, il est pas de fin au mouvement de mort.

Le 11 septembre, comme l'hitlérisme ou le fascisme, interroge les hommes sur la possibilité d'un complot, soit celle que laisse naturellement supputer aux hommes toute fin ultime; c'est que le diabolique événement fut filmé, retransmis, présenté en une artificieuse mise en scène qui s'annonça comme un coup de théâtre (ouvert par un "bang" comparable à celui du brigadier des scènes d'autrefois) et se conclut par l'effondrement de la scène, comme en un théâtre de cruauté. Le déroulé de ces actes est trompeur: il dénonce une fiction. Et oui: il y a fiction. Mais il y a immolation d'innocents aussi. Cela est possible: le 11 septembre, comme la deuxième guerre mondiale, est un coup monté, un coup de théâtre, un gigantesque faux événement hollywoodien, en même temps qu'une effroyable, sanglante immolation. Cela est encore très difficile à admettre par la plupart de nos contemporains: qu'un événement puisse être faux, grossièrement faux, et cela étant, grossièrement, et très authentiquement cruel et sanglant.
Utilisateur anonyme
16 septembre 2009, 22:34   Re : Hélène Cixous
Remarque 1 : Ben Laden n'a jamais dit de façon claire qu'il était l'auteur des attentats du 11 septembre 2001.

Remarque 2 : la version officielle est elle-même une théorie du complot. Le complot islamique mondial d'Al Quaïda.

Cela dit, votre vision des évènements historiques sous un éclairage fictionnel et théâtral est très belle.
17 septembre 2009, 00:24   Re : Hélène Cixous
Elle est surtout parfaitement absurde.
17 septembre 2009, 00:26   Re : Hélène Cixous
Merci cher Marcel. Voilà un commentaire qui jette un éclairage utile sur la question.
17 septembre 2009, 00:30   Re : Hélène Cixous
En effet Francis, cette réalité-là est bluffante.

Dans le sillage de ce que vous dites si pertinemment, il me souvient d'une discussion avec un énergumène israélien qui voulait absolument soutenir que l'on pût et dût examiner la "Solution finale" sous l'angle de la menace que représentaient les Juifs, ressentie comme telle par les Allemands, examiner réellement s'entend, et non comme élément de fiction.
Pour preuve de cette nécessité il cita ce passage du journal de Goebbels glané dans Wikipedia :

« Regarding the Jewish Question, the Führer is determined to clear the table. He warned the Jews that if they were to cause another world war, it would lead to their own destruction. Those were not empty words. Now the world war has come. The destruction of the Jews must be its necessary consequence »

Or il y a effectivement un élément fascinant dans ces phrases, qui tient dans l'articulation presque savante du bluff monté en épingle et de ses conséquences qui doivent être déroulées dans le réel. Cela pourrait s'énoncer ainsi : les Juifs ne sont évidemment pas responsables du déclenchement de la guerre, laquelle était de toute façon souhaitée et planifiée par les nazis ; ils n'en sont que la cause fictionnelle, de propagande, le prétexte fallacieux. Mais le fait de la guerre advenu, son responsable si faussement putatif devra encourir la punition promise si la guerre a lieu, et ce dans le registre le plus réel qui soit.
Non moins fascinante d'ailleurs est l'éventualité que Goebbels admît véritablement la validité d'un tel raisonnement, puisque cela est consigné dans un journal intime : la nécessité de l'exécution d'un effet (la punition) pourvu que se réalise ce dont on a faussement promulgué la cause.
Dans ce cas, c'est un remarquable exemple de perversion innocente.

A propos du lien entre conspiration et révisionnisme : pourquoi après tout des antisémites déclarés nieraient-ils la réalité de ce qu'il ne peuvent manquer de souhaiter ?
La raison la plus immédiate est d'exonérer le national-socialisme et de le rendre plus fréquentable, mais c'est un motif purement de façade, une sorte d'hommage (de circonstance et de mauvaise foi) que le vice rend à la vertu. Je crois qu'il est une raison plus fondamentale, qui tient surtout dans l'affirmation de la réalité et la persistance du motif qui justifia la nécessité d'éliminer les Juifs, c'est à dire l'existence d'une juiverie internationale complotiste empoisonnant les esprits et les peuples "sains" à des fins purement de profit et d'intérêts propres.
Si le mensonge de la Shoah a si bien pris, c'est que le complot est plus que jamais d'actualité, visant à obscurcir et culpabiliser des innocents pour en soutirer de grasses dividendes, sous forme de compensations de toute nature...
Autrement dit, on affirme la nécessité de ce dont on nie la réalité, et ce en la niant.
La conclusion en est frappante : si les Juif n'ont jamais été de fait traités comme ils le méritent, et s'ils le méritent, alors il faut que cela se (re)produise dans le futur.
Le révisionnisme est l'annonce de l'avènement nécessaire et prochain de ce qu'il révise.
17 septembre 2009, 00:32   Re : Hélène Cixous
Je vous en prie, cher Francis, il n'y a pas de quoi. Cela me rappelle une conférence donnée par Bill Clinton il y a un an ou deux sur un sujet sans rapport avec la question. A la fin, durant la séance de dialogue avec le public, quelqu'un lui a demandé ce qu'il pensait de la thèse selon laquelle les attentats avaient été planifiés par des autorités américaines. Sa réaction a été simplement de demander : "How dare you... how dare you ?" Comme Clinton et la plupart des gens sains d'esprit, je trouve cette manie parfaitement obscène et n'ai que mépris et colère pour elle.
17 septembre 2009, 00:33   Re : Hélène Cixous
PS. "Voilà un commentaire qui jette un éclairage utile sur la question."
Quelle question ? Il n'y a pas de question en dehors de celles que se posent des esprits malades.
17 septembre 2009, 00:41   Esprit malade
"Esprit malade", "génie pour le déplaisant", bientôt "vipère lubrique" je suppose. Je commence à goûter la vraie saveur de ce forum moi.
17 septembre 2009, 00:43   Re : Esprit malade
Mais non, Francis, nous ne vous ferons pas le plaisir de vous crucifier.
17 septembre 2009, 00:57   Re : Esprit malade
Non plus celui de débattre ou d'essayer de penser apparemment.
17 septembre 2009, 01:05   Re : Esprit malade
Dans ce domaine, ma position est extrêmement simple : on ne débat pas, car il est impossible de le faire de façon rationnelle, avec les tenants de la pensée magique, qu'il s'agisse des amateurs d'astrologie, des négationnistes de la destruction des Juifs d'Europe ou des partisans de la théorie du complot interne concernant le 11 septembre. Point, en ce qui me concerne, final.
17 septembre 2009, 01:38   Double bluff
Les Juifs ne sont évidemment pas responsables du déclenchement de la guerre, laquelle était de toute façon souhaitée et planifiée par les nazis ; ils n'en sont que la cause fictionnelle, de propagande, le prétexte fallacieux. Mais le fait de la guerre advenu, son responsable si faussement putatif devra encourir la punition promise si la guerre a lieu, et ce dans le registre le plus réel qui soit.

C’est ce qu’Aldous Huxley appelait « l’esprit de l’escalier à l’envers » : la recherche dans un passé récent de causes imaginaires à l’actualité de faits irrationnels. Dans l’autre sens, le sens « descendant », cette mauvaise foi nourrit un double bluff : le crime est annoncé (« nous allons exterminer les juifs »), il est ensuite perpétré dans le strict respect des termes de l’annonce, mais sa perpétration est dissimulée, brouillée, maquillée, illogiquement décontextualisée et désolidarisée de l’annonce, ce qui trouble les témoins historiques qui réinterprètent l’annonce comme un coup de bluff. A vrai dire, l’annonce était bien un coup de bluff mais un coup de double bluff : elle était une annonce sincère toute destinée, par le truchement de cette désolidarisation, à faire ultérieurement accroire à une nature fictionnelle ou spécieuse de l’entreprise ; et ce double bluff sert à installer le révisionnisme futur duquel on escompte que, en effet, tôt ou tard, il relance l’entreprise.

Jusqu’à l’ère de l’image mouvante et de ses montages savants, la réalité n’était jamais cousue de fil blanc, si bien que paradoxalement, par le même effet de double bluff, lorsque la réalité du crime est « bien présentée » -- action dramatique magnifiquement cadrée (et dramatiquement magnifiée) dans une unité de temps, de lieu, d’action comme celle du 11 septembre, avec apothéose finale parfaitement synchronisée -- par l’image filmée télédiffusée, elle a pour effet de bluffer les témoins qui, parce qu’ils ne sont pas des esprits malades, parce qu’ils sont sainement avertis des techniques dramatiques modernes classiquement mises en œuvre dans toute fiction filmée, doutent de l’authenticité de l’événement. Pendant ce temps, des innocents trépassent, des barbus dans des grottes, revendiquent. Au risque ne n’être pas compris, je maintiens que ce type d’événement est une fiction, comme désormais, et depuis l’ère du « minuit du siècle », tout événement historique majeur est fictionnellement motivé, est fiction filmée, avec mort réelle des figurants.
17 septembre 2009, 03:25   Re : Hélène Cixous
Mais cher Francis, en quoi votre analyse se démarque-t-elle de celle de Baudrillard, dont vous semblez reprendre la thèse assenée depuis des décennies ? (le simulacre, vous-dis !)
17 septembre 2009, 10:36   Re : Hélène Cixous
Elle s'y superpose, ici accidentellement, en réponse à l'accusation "d'esprit malade" qui m'a fait quelque peu dévier d'une idée que cette accusation a tuée dans l'oeuf. L'idée originelle était qu'à partir d'un moment historique du siècle, les actes politiques des hommes cessèrent d'être dictés par la pensée politique pour, disons-le crûment, se mouler dans une forme cinématographique et dramatique avec un commencement et une fin qui intervînt dans un laps de temps suffisamment bref pour que les témoins de la fin aient été aussi témoin du départ (unité de temps). La "solution finale" est la solution d'une fin rapprochée. Soit l'apposition du mot fin à un emballement de fiction actualisée et filmée. L'effondrement des tours jumelles fut mêmement "solution finale" d'un film dramatique qui dura exactement la durée standard d'un film hollywoodien: une heure et demie, pas plus. Les impératifs de la mise en scène et de la représentation informent le scénario, étranger à toute logique historique ou politique du réel (l'Italie mussolinienne qui déclare la guerre à la France en contradiction avec les liens récents qu'elle avait encore confirmés 25 ans auparavant durant la première guerre mondiale, etc.). Qui est l'auteur du scénario du 11 septembre 2001 ? Ben Laden et ses hommes. Très certainement oui. Et qui est le chef de production du film ? Un esprit sain se souviendra que des esprits malades il ne sort pas que des chimères. L'esprit malade de Hitler conçut la Shoa, scénario délirant qui n'en devint pas moins réalité. Le chef de production ne pouvait se trouver ailleurs que sur les lieux du tournage. La difficulté à concilier ces deux hypothèses, celle d'un scénariste à distance qui attaque une maison de production quand cette maison est celle-là même chargée d'assurer la mise en scène et le tournage pose une difficulté grande, certes, mais nullement incontournable. La physique du XXe siècle nous a enseigné avec le chat de Schrödinger que le principe d'incertitude ne nuisait nullement à la tangibilité des faits. Il y a dissociation, en même temps qu'association objective et bornée dans le temps, entre le scénariste et son producteur, entre le bourreau et ses victimes. La destruction de la maison de production faisant partie du scénario, elle impose sa borne dans le temps à cette association, et la fin du film, pour les besoins de l'histoire réelle, rétablit l'antagonisme mortel entre les deux agents. Mais pour que cet antagonisme prévale de juste droit et de juste logique et pour ainsi dire sainement, il avait fallu l'événement aux ressorts intimes ainsi paradoxaux, lequel pour les besoins de sa réalisation imposa cette temporaire association.
17 septembre 2009, 12:25   Re : Esprit malade
» on ne débat pas

Il y a le réel. De ce réel, il y a établissement de « faits », ce qui est déjà une construction mentale. De ces « faits », l'on peut chercher une compréhension : ici commence la fiction. Toujours. Je crains, cher Marcel, que vous ne rameniez le propos de Francis à d'anciennes discussions, compréhension ou interprétations, oiseuses en effet... L'on ne convoque pas Cixous, en général, pour alimenter un délire d'extraterrestre...
17 septembre 2009, 12:54   Pensée magique
Et moi qui trouvais dans les communiqués du Parti un je-ne-sais-quoi de chamanique...
19 septembre 2009, 14:56   Re : Esprit malade
C'est pourtant ce qu'il semble désirer le plus ardemment...
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter