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Les traces

Envoyé par Thomas Rhotomago 
08 octobre 2009, 10:46   Les traces
Imaginons les dinosaures traversant l'Ain. Je dois admettre que la découverte de ces pas de mastodontes m'invite plus à la rêverie que le projet de colonisation de Mars ou la recherche d'une autre bon sang de planète qui pourrait ressembler un peu à la Terre et où on pourrait flanquer le surplus démographique et transporter ailleurs l'impérieux besoin de faire, de ne pas « rien-branler-ce-serait-trop-facile ».

Il semblerait qu'on ne s'en remette pas, de ce colossal « struggle for life » qui a présidé aux débuts d'homo sapiens, placé dans un environnement peu soucieux de lui ménager le moindre privilège et tout disposé, au contraire, à en faire un gibier commode. Cette frousse bleue de nos aïeux troglodytes s'est comme transmise et trouve son exutoire contemporain dans des terreurs climatiques de masse ou des observations très pointues du cosmos afin de prendre la fuite au plus vite parce que cet incorrigible environnement pourrait bien redevenir hostile, sans plus d'égard pour l'homme qu'à l'époque où les volcans s'en donnaient à cœur joie à la surface de la Terre. Et cependant, prendre la tangente cosmique, ne serait rien d'autre que muter encore un petit coup, grimper à l'échelle de l'évolution et s'équiper un peu les cinq sens pour le voyage inter galactique.

Hors tout jugement de valeur, peut-on imaginer qu'un groupe d'individus durablement installés dans l'espace, d'une façon ou d'une autre, et y faisant souche, conserverait encore beaucoup de traits communs avec un Terrien d'aujourd'hui ?
08 octobre 2009, 12:31   Re : Les traces
Orimont Bolacre écrivait:
(...)
>
> Hors tout jugement de valeur, peut-on imaginer
> qu'un groupe d'individus durablement installés
> dans l'espace, d'une façon ou d'une autre, et y
> faisant souche, conserverait encore beaucoup de
> traits communs avec un Terrien d'aujourd'hui ?

Cher Orimont,

Permettez-moi de nouer ce fil à votre intervention récente où vous écriviez:

(...)
> Le "border line" de 12 ou 13 ans prolifère un peu
> partout, dirait-on, et fait frissonner. Le "border
> line" de 12 ou 13 ans - qui va grandir, qui a déjà
> grandi, au point que les prisons sont désormais
> équipées d'une aile psychiatrique - est à
>l'évidence un dommage collatéral de la technique.
(…)


Dommage collatéral de la technique, oui mais aussi dommage prévisible et très central causé par certain parti pris éducatif. Je vous conseille vivement la lecture de l'"École des illusionnistes", d'Élisabeth Nuyts, auteur-éditeur: illusionnistes.

C'est à la fois une analyse et un pamphlet, l'ouvrage est bien documenté et on y apprend pas mal de choses. L'auteur, spécialisée dans le sauvetage d'enfants et de jeunes adultes en perdition linguistique et comportementale, livre aussi son expérience du traitement dans des anecdotes où apparaît nettement une sorte de complot contre l'esprit, comme si l'on voyait la mutation anthropologique s'effectuer sur une table d'opération. Il y est beaucoup question des fameux deux cerveaux, et le dernier chapitre fait un lien, avec raison à mon sens, entre la philosophie New Age et les méthodes modernes de lecture et plus généralement d'apprentissage.

Ce livre établit explicitement et clairement la responsabilité de certaines politiques éducatives dans le surgissement des nouveaux genres et des nouvelles tendances de la violence infantile et juvénile (et plus si vie plus longue), ou de son inflation.

Comme nous le voyons à propos des nouveaux moyens techniques, qui sont un facteur décisif de ce processus, l'humain occidental (au moins) se transforme insensiblement. Sans jeu de mots, il y a fort à parier que ce sera dans le sens de l'insensibilité (voir les retouches vidéos qui nous font revenir à un sens moins branchouille du mot "pirate"), insensibilité qui peut très bien s'accompagner d'une sensiblerie en surface ou aux marges.

D'où ma question après, ou dans un certain sens avant la vôtre: le Terrien d'aujourd'hui conserve-t-il encore beaucoup de traits communs avec le Terrien de tout juste hier ?

corrigé: une répétition sans importance, une coquille.
Utilisateur anonyme
08 octobre 2009, 14:22   Re : Les traces
Citation

Hors tout jugement de valeur, peut-on imaginer qu'un groupe d'individus durablement installés dans l'espace, d'une façon ou d'une autre, et y faisant souche, conserverait encore beaucoup de traits communs avec un Terrien d'aujourd'hui
Espérons que non (mais je crains que ceci soit un jugement de valeur).
08 octobre 2009, 19:22   Re : Les traces
Et cependant, prendre la tangente cosmique, ne serait rien d'autre que muter encore un petit coup, grimper à l'échelle de l'évolution et s'équiper un peu les cinq sens pour le voyage inter galactique.

Hors tout jugement de valeur, peut-on imaginer qu'un groupe d'individus durablement installés dans l'espace, d'une façon ou d'une autre, et y faisant souche, conserverait encore beaucoup de traits communs avec un Terrien d'aujourd'hui ?


Cher Orimont, la question que vous posez a été traitée très à fond par Olaf Stapledon en 1930, dans son roman Last and First Men (Methuen). Au bout du roman, dans deux milliards d'années, l'humanité réside sur Neptune. Il s'agit de la version n° 18 de l'humanité, qui est devenue capable d'ingénierie génétique à partir des 3e hommes, dans quelque 20 millions d'années, la première initiative des susdits étant de créer des cerveaux géants. (On retrouve ici l'absurde prudence des anticipateurs qui se croient toujours obligés d'expliquer qu'on inventera peut-être le voyage interplanétaire au XXXe siècle, si on a de la chance, ou bien que nos descendants de l'an 4000 maîtriseront possiblement l'atome, mais qu'il ne faut pas rêver.)
08 octobre 2009, 19:35   Re : Les traces
Merci, Chatterton, pour cette indication bibliographique qui tombe dans le grand vide de mes connaissances de la science-fiction.


Corto, vous espérez que les humains installés dans l'espace ne ressemblent plus aux Terriens d'aujourd'hui ? Est-ce à dire que vous êtes séduit par le "transhumanisme" ?
Utilisateur anonyme
09 octobre 2009, 09:53   Re : Les traces et le retour aux sources
Quesaco, le transhumanisme ? Je pensais plutôt à René Char qui écrivait en 1959 :
Citation

Aux riverains de la Sorgue
L'homme de l'espace, dont c'est le jour natal sera un milliard de fois moins lumineux et révélera un milliard de fois moins de choses cachées que l'homme gravité, reclus et recouché de Lascaux, au dur membre débourbé de la mort.
Corto, voici ce que j'avais compris (de travers) dans votre message :

Il me semblait qu'en utilisant le verbe "espérer", vous vouliez dire : oui, espérons que les Terriens de l'espace ne ressembleront plus aux Terriens d'aujourd'hui, c'est-à-dire qu'ils seront meilleurs (encore une fois, à cause du verbe "espérer") De là, j'ai songé au tranhumanisme :


D'après Wikipédia (extrait) :

"Le transhumanisme est un mouvement culturel et intellectuel prônant l'usage des sciences et des technologies afin de développer les capacités physiques et mentales des êtres humains. Le transhumanisme considère certains aspects de la condition humaine tels que le handicap, la souffrance, la maladie, le vieillissement ou la mort subie comme inutiles et indésirables. Dans cette optique, les penseurs transhumanistes comptent sur les biotechnologies et sur d'autres technologies émergentes. Les dangers comme les avantages que présentent de telles évolutions préoccupent aussi le mouvement transhumaniste[1].

Le terme « transhumanisme » est symbolisé par « H+ » ou « h+ » et est souvent employé comme synonyme d'« amélioration humaine ». Bien que le premier usage connu du mot « transhumanisme » remonte à 1957, son sens actuel trouve son origine dans les années 1980, lorsque certains prospectivistes américains ont commencé à structurer ce qui est devenu le mouvement transhumaniste. Les penseurs transhumanistes prédisent que les être humains pourraient être capables de se transformer en êtres dotés de capacités telles qu'ils mériteraient l'étiquette de « posthumains »[1]. Ainsi, le transhumanisme est parfois considéré comme un posthumanisme ou encore comme une forme d'activisme caractérisé par une grande volonté de changement et influencé par les idéaux posthumanistes[2]

Les visions transhumanistes d'une humanité transformée ont suscité de nombreuses réactions tant positives que négatives émanant d'horizons de pensée très divers. Francis Fukuyama a ainsi déclaré, à propos du transhumanisme, qu'il s'agit de l'idée la plus dangereuse du monde[3], ce à quoi un de ses promoteurs, Ronald Bailey, répond que c'est, au contraire, le « mouvement qui incarne les aspirations les plus audacieuses, courageuses, imaginatives et idéalistes de l'humanité »[4]."
Corto écrivait:
-------------------------------------------------------
> Quesaco, le transhumanisme ? Je pensais plutôt à
> René Char qui écrivait en 1959 :
> Aux riverains de la Sorgue
> L'homme de l'espace, dont c'est le jour natal sera
> un milliard de fois moins lumineux et révélera un
> milliard de fois moins de choses cachées que
> l'homme gravité, reclus et recouché de Lascaux, au
> dur membre débourbé de la mort.

Tiens, c'est bizarre, hier soir j'ai failli vous écrire que je croyais deviner votre "Espérons que non" comme une ironie sur le fantasme de remise à neuf (ou celui plus modeste d'"échange standard"), et plus au fond comme l'opinion que l'ici-bas terrien est notre incorrigible mais irremplaçable lieu, et bien sûr infiniment plus riche que l'infini.

On peut voir Internet et les nouvelles technologies, nouvel espace hors sol, comme une figure virtuelle (préparatoire ?) de ce futur inter-galactique virginal. Dans une version de ce fantasme ça se passerait sur terre, et il suffirait que la technique y réalise l'homme nouveau, le "post-". La Terre, monstrueusement équipée d'engins mémorisateurs mais en réalité vidée de sa vivante mémoire serait enfin - est déjà - une Lune. "Activisme caractérisé par une grande volonté de changement"... On se marre bien finalement.
10 octobre 2009, 05:13   La corde tendue
On peut toutefois avancer sans trop se risquer qu'ils ressembleront davantage aux hommes actuels que ceux-ci ne ressemblent aux dinosaures qui semblent pourtant avoir votre préférence.
Utilisateur anonyme
10 octobre 2009, 15:40   Re : Les traces
Merci beaucoup, cher Orimont, d'avoir éclairé ma lanterne sur le transhumanisme. Oui, par le verbe espérer, je signifiais bien le souhait d'une autre humanité, mais plutôt par un retour amont que par une fuite éperdue dans la technologie. C'est mélophile qui l'a perçu, mais peut-être que je ne trouve pas cela aussi "marrant" qu'elle (ou que lui ?), finalement.
Utilisateur anonyme
11 octobre 2009, 13:48   Re : Les traces
Comme celles des dinosaures, les traces sur Internet ne s'effacent jamais tout à fait...

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