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Communiqué n° 628 : Sur une élection à l’Académie Française

Le parti de l’In-nocence, sans nier les talents de M. Jean-Loup Dabadie dans le domaine de la chanson et du cinéma populaire, ne peut considérer comme une bonne nouvelle son élection à l’Académie Française et n'accorde aucun crédit à la prétendue vertu qu'aurait ce nouvel académicien de donner « un peu d’air frais » à l'institution.

Le parti de l'In-nocence constate avec inquiétude que six fauteuils restent encore vacants, et que cette Assemblée ne semble plus savoir comment s’y prendre pour les pourvoir, comme si les personnalités capables de porter haut la langue française étaient devenues ou trop rares ou incompatibles avec l'idéologie dominante.
18 avril 2008, 21:53   Poste à risque
Il y a des raisons : les candidats se sont aperçu que la fonction était à risque...
18 avril 2008, 22:22   Re : Poste à risque
Un ami du parti de l'In-nocence constate pour sa part que l'un des candidats qui avaient ses faveurs ne semble pas s'être déclaré. Et, du coup, il trouve que le parti de l'In-nocence ferait mieux de la mettre en veilleuse, sur ce sujet particulier.
"sans nier les talents de M. Jean-Loup Dabadie dans le domaine de la chanson et du cinéma populaire"

Tout est dit, c'est cinglant de mépris. Grandiose.
Jean-Loup Dabadie aime la langue française, il en a joué très joliment, toujours avec beaucoup de classe, en association avec Julien Clerc. Ils ont contribué à donner à la chansonnette ses titres de noblesse; il a chanté l'amour avec passion et gravité, dans la beauté. C'est de la très bonne et très française culture française populaire. Je suis donc heureux qu'il soit à l'Académie, mais pas autant que malheureux que Charles Trenet n'y soit jamais entré.
Il existe, je crois, une Académie de la chanson (ou quelque chose comme ça : "Institut Charles Cros", est-ce que ça existe toujours ?, où M. Dabadie, qui a du talent et est fort sympathique, a toute sa place. Sa personne n'est pas en cause. Faire de lui un académicien, pourquoi pas ? Mais cela ne nous empêche pas de penser que cette élection (et d'autres avant celle-ci) témoigne, non pas d'une crise (après tout, les crises se surmontent facilement ou se guérissent), mais du lent effacement, de l'esprit des modernes que nous sommes, de la signification que les hommes ont, de tout temps, accordée aux symboles publics ou nationaux ou aux grandes représentations, au recul, à la distance, aux mises en scène et à la théâtralisation : cette élection n'est que le énième signe de ce phénomène de recul de l'esprit des quelques domaines qui lui étaient réservées. On peut s'en réjouir, si l'on adhère au monde tel qu'il est. Personnellement, bien que je n'en sois pas étonné : ainsi va le monde depuis trente ans, cela me désole, non pas moralement, bien sûr, mais parce qu'une nouvelle forteresse, d'où une résistance pouvait être organisée, vient de tomber.
Obi, je rêve ou quoi ?
Ben non Boris ! Il y a des catégories, et à l'intérieure de celles-ci, pour moi, des merveilles. Mlle Chloé me ravit. Léo Ferré chantant Aragon, par exemple, m'atteint en plein coeur, Ma préférence porte une couleur unique dans ma vie, avec les Kinder totenlider par Janet Baker, j'ai failli rendre ma femme folle tant je les repassais, et la Javanaise, et... toute la musique, quand elle est bonne. Vous voyez ce que je veux dire, je suis sûr.
Au point de vue de la langue, vous savez comme j'apprécie la simplicité, et arriver, en trois mots, à installer un monde, comme ces grands auteurs de chansons, cela me fait tomber d'admiration.
Utilisateur anonyme
19 avril 2008, 12:45   Toute la musique, quand elle est bonne
Mais moi aussi j'aime Ferré chantant Aragon, et j'adore Charles Trenet, mais il est question de l'Académie française, non ?

Vous voulez parler de Mamzelle Chloé, au fait ? Très jolie chanson, en effet.
Mais vos Kinder, là, ça se mange ?

La chanson, très bien, mais ce n'est pas de la musique !
Employer le terme de musique dans le sens extensif, comme c'est l'usage quasiment exclusif aujourd'hui n'a pas beaucoup de sens parce qu'une catégorie qui englobe à la fois Bach et NTM, Mozart et Claude François, ou même Miles Davis et France Gall n'apas grand intérêt. C'est un peu comme employer le concept d'écrit pour désigner à la fois Proust et Nous Deux, Baudelaire et le catalogue de la Redoute.
Ou "art" pour englober la Chapelle Sixtine et une publicité pour un déodorant.
Utilisateur anonyme
19 avril 2008, 13:22   "Toute la musique"
Pas tout à fait, cependant. Nous deux, que vous le vouliez ou non, est incontestablement "écrit". Écrit ne fait que désigner le moyen par lequel un contenu est porté à notre connaissance. En revanche, quand on dit "musique", on ne dit pas "son", on dit plus. La musique se différencie par exemple du bruit, alors que le son peut être les deux. Si vous voulez faire le parallèle, il faut le faire avec la littérature.

Le son est avant le bruit qui est avant la musique ; comme dans la chaîne percevoir-ouïr-écouter-entendre-comprendre. Il est d'ailleurs extrêmement significatif que "les musiciens" d'aujourd'hui, pour parler de leur… "musique", parlent du Son.
19 avril 2008, 13:23   Son
N'est-ce pas une traduction de l'américain, un peut comme on disait en français "cela sonne bien" ?
19 avril 2008, 13:35   Re : "Toute la musique"
» Pas tout à fait, cependant. Nous deux, que vous le vouliez ou non, est incontestablement "écrit".

Je crois que Marcel voulait dire « littérature », non ?
Dans les chansons, il y a du texte et de la musique, et je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas trouver de la haute poésie, de la superbe littérature dans ces textes. Mais comme quand on rentre sur le domaine d'un spécialiste on risque fort de se faire fusiller (je sors d'en prendre), je ne recommence pas avec vous cher Boris, je ne suis pas maso; même être battu avec une fleur me fait souffrir (pour la fleur).
Kindertoten lieder, aïe aïe aïe, ça commence déjà !
Utilisateur anonyme
19 avril 2008, 13:41   Re : "Toute la musique"
Bien sûr qu'il voulait dire "littérature". Mais il a écrit "écrit". Comme d'autres disent "son".

Jmarc, je sais bien qu'il s'agit d'une "traduction", mais ce n'est pas à vous que j'apprendrai que les importations linguistiques sont aussi signifiantes que les néologismes…
Utilisateur anonyme
19 avril 2008, 13:44   Ce qu'on dit
« Dans les chansons, il y a du texte et de la musique (…) »

Oui, et dans la musique il y a des notes et des silences… Et tout est dans tout…

Obi, pardonnez-moi, mais je ne suis pas un spécialiste.
Non, Boris est LE spécialiste.

A ce propos Beethoven était surnommé Tondichter : le poète des sons.
Utilisateur anonyme
19 avril 2008, 14:15   Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir
Non, Olivier, je ne suis pas spécialiste, ni UN, ni LE spécialiste. Il se trouve que je suis musicien, c'est tout. Je ne vais pas devoir m'en excuser, si ? C'est un peu comme si vous disiez à un écrivain qu'il est "un spécialiste de l'écrit", vous voyez ? Je pensais que sur ce forum, les mots, et la manière dont on les emploie, avaient leur importance. Je me trompe ?


((("Poète des sons", en toutes le langues que vous voulez, Olivier, on a dit ça de combien de musiciens ?)))




Debussy
Il y a aussi que ces auteurs populaires ont plus fait pour la langue française, la richesse du vocabulaire, sa précision, l'amour de sa belle pratique que bien des grands littérateurs (Proust y compris qui fait figure plutôt de repoussoir).

Un bon petit diable à la fleur de l'âge
La jambe légère et l'œil polisson
Et la bouche pleine de joyeux ramages
Allait à la chasse aux papillons

Comme il atteignait l'orée du village
Filant sa quenouille, il vit Cendrillon
Il lui dit : "Bonjour, que Dieu te ménage
J't'emmène à la chasse aux papillons"

Cendrillon ravie de quitter sa cage
Met sa robe neuve et ses botillons
Et bras d'ssus bras d'ssous vers les frais bocages
Ils vont à la chasse aux papillons

Il ne savait pas que sous les ombrages
Se cachait l'amour et son aiguillon
Et qu'il transperçait les cœurs de leur âge
Les cœurs des chasseurs de papillons

Quand il se fit tendre, elle lui dit : "J'présage
Qu'c'est pas dans les plis de mon cotillon
Ni dans l'échancrure de mon corsage
Qu'on va à la chasse aux papillons"

Sur sa bouche en feu qui criait : "Sois sage !"
Il posa sa bouche en guise de bâillon
Et c'fut l'plus charmant des remue-ménage
Qu'on ait vu d'mémoir' de papillon

Un volcan dans l'âme, ils r'vinrent au village
En se promettant d'aller des millions
Des milliards de fois, et mêm' davantage
Ensemble à la chasse aux papillons

Mais tant qu'ils s'aim'ront, tant que les nuages
Porteurs de chagrins, les épargneront
Il f'ra bon voler dans les frais bocages
Ils f'ront pas la chasse aux papillons

Georges Brassens
Je voulais bel et bien dire "écrit" et non littérature. Il ne me serait pas venu à l'idée de mettre Nous Deux et le catalogue de la Redoute dans la catégorie "littérature".
Utilisateur anonyme
19 avril 2008, 16:00   Re : Trenet ou Foch ?
"Au point de vue de la langue, vous savez comme j'apprécie la simplicité, et arriver, en trois mots, à installer un monde, comme ces grands auteurs de chansons, cela me fait tomber d'admiration."

Oui moi aussi, cher Obi Wan. Et j'aurai bien vu Trenet à l'Académie. Je crains que certains ne surestiment la qualité des membres de cet auguste cénacle. Pour une Marguerite Yourcenar, combien de maréchaux élus pour de mauvaises raisons, tel Foch en 1918 ou Pétain en 1929 ? Je vous fais grâce de la longue liste des scribouillons académiciens dont rien ne justifie de les faire sortir de l'oubli où ils reposent.
Certes, ce que vous dites, Corto, n'est pas faux. Mais les "scribouillons" que vous évoquez, tout du moins, étaient capables - sauf démenti - d'écrire un livre entier en bon français, tel qu'il était enseigné avec rigueur à l'Ecole de la République avant son effondrement. Cette aptitude à manier la langue avec correction, sinon avec talent, était une condition minimale.

Au rythme où vont les choses, Didier Barbelivien et MC Solaar seront bientôt éligibles.
Gustave Flaubert affirme à Louise Colet que la poésie du clinquant est supérieure en ce qu'elle est triste" (lettre du 6 au 7 août 1848; Correspondance). La naïveté peut devenir un élément essentiel de l'esthétique et de la poésie en particulier. Aussi il me semble que la poésie ne devrait pas entrer à l'Académie. Ce n'est pas sa place, c'est celle de la littérature.
La poésie fait partie de la littérature, qui est l'art de l'écriture, qu'elle soit triste ou gaie, ou j'avale mon Proust !
Didier Barbelivien et MC Solaar, ces deux vieilles barbes réactionnaires ?
19 avril 2008, 18:16   Point cardinal
Il semblerait que le fauteuil de Mgr Lustiger soit encore vacant car l'Académie ne parviendrait pas à s'accorder sur le nom d'un ecclésiastique, dont il est de tradition qu'il occupe ce fauteuil-là.
Mgr Daegens, évêque d'Angoulême, a été élu jeudi au premier tour. C'est lui qui occupera le fauteuil de Mgr Lustiger.
Il doit exister une poésie qui déborde de la littérature et une autre trop modeste pour y prétendre, comme "ces mendiants qui ont un chapeau grandiose" ; c'est à cette dernière que je pensais.
19 avril 2008, 20:10   Chaises musicales
Je pensais que cet évêque avait été élu au fauteuil de René Rémond...

Je croyais que le quatrième fauteuil était le fauteuil cardinalice, car Mgr Lustiger avait remplacé Mgr Decourtray. Il se trouve que, dans le passé, les cardinaux ont occupé un peu tous les fauteuils...
19 avril 2008, 20:22   Re : Chaises musicales
Beaucoup de fauteuils, peu de clients : voilà un bar qui ferait mieux de fermer...
Utilisateur anonyme
19 avril 2008, 20:23   Re : Chaises musicales
Claude Dagens a bien été élu au premier fauteuil (celui de René Rémond). Le quatrième fauteuil (celui du cardinal Lustiger) n'a pas encore de nouveau titulaire.
Utilisateur anonyme
19 avril 2008, 23:35   Re : Chaises roulantes
Un bar ? Avec une clientèle de tea-room ? Vous avez raison, cela ne peut pas marcher.
Ah ? Je m'étais fié aux informations publiées par Le Figaro.
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